Maintenant que nous avons vu les principaux réglages d'un Noise Gate, passons à l'aspect pratique des choses en commençant par l'usage classique : la suppression de bruits.
Du silence et du bruit
Le bruit est partout, c’est un fait. Même lorsque vous êtes tranquille chez vous, il y a toujours un son ambiant qui arrive jusqu’à vos oreilles. Que ce soit le buzz d’un frigo, le son lointain de la rue, le chant des petits oiseaux, voire le témoin de veille d’un téléviseur : il est impossible d’y échapper. Et vous savez quoi ? C’est tant mieux car le bruit de fond est perçu par notre cerveau comme quelque chose de naturel. À tel point que les rares personnes ayant expérimenté une fois dans leur vie le silence absolu vous diront toutes sans exception que cela est très perturbant. Pour la petite histoire, j’ai eu l’occasion de passer un moment seul dans une chambre anéchoïque. La seule source sonore n’était autre que moi-même. Eh bien au bout d’un certain temps passé dans un silence pesant, j’ai commencé à entendre une sorte de petits grincements à intervalles irréguliers… Au final, je me suis aperçu que c’était tout simplement le bruit que faisaient mes paupières lorsque je clignais des yeux… Je suppose qu’en l’absence de bruit ambiant, mon cerveau a voulu se raccrocher à quelque chose et, hormis le son de ma respiration qui était facilement identifiable, c’est la seule chose qu’il a dû trouver. Flippant, non ?
Bref, le bruit est partout et c’est normal. Dans le monde de l’audio, il intervient donc forcément. À l’enregistrement, les micros peuvent capter les bruits de fond qui nous entourent. Mais ce n’est pas tout. Les machines servant à enregistrer (micros, amplis, convertisseurs, etc.) génèrent également un bruit qui leur est propre et qui finit immanquablement sur les prises. De plus, même une fois bien au chaud dans nos STAN, il peut y avoir ajout de bruit par la quantification, le dithering, etc. Bien sûr, une chaîne d’acquisition audio ainsi qu’une manipulation du « son numérique » parfaitement maîtrisées peuvent minimiser de façon drastique l’intervention de ces bruits de fond. Mais le cumul de ces sons à la phase de mixage, aussi imperceptibles soient-ils, peut poser problème. D’où l’emploi de Noise Gates.
Principes de base
Le paramétrage d’un Gate de façon à atténuer ces bruits de fond est quelque chose de plus subtil qu’il n’y paraît. Et malheureusement, il n’y a pas de règle immuable en la matière tant cela dépend du signal source. Enfin si, il y a tout de même une chose qui ne change jamais lors de l’emploi d’un Noise Gate dans cette situation, c’est sa « position » en premier insert de piste. En effet, mieux vaut se débarrasser de tous les parasites avant d’effectuer le moindre traitement du signal (EQ, compresseur, ou autre) qui pourrait amplifier ces derniers. Pour le reste, je ne peux que vous donner quelques conseils de base…
À l’évidence, il convient de placer le niveau seuil juste au-dessus du bruit de fond et en dessous de la moindre portion de signal « utile ». Pour l’attaque, il faut qu’elle soit suffisamment rapide pour ne pas trop altérer les transitoires naturelles du signal traité mais pas trop véloce non plus, sous peine de provoquer un « clic » audible. Quant au relâchement, c’est peu ou prou la même tisane. Il faut un réglage relativement rapide pour que l’action du Gate reprenne assez tôt et ne laisse donc pas traverser une portion de bruit, mais également suffisamment lent pour que le déclin naturel ne soit pas avalé. Si vous avez du mal à gérer ces constantes temporelles, je vous conseille alors d’être souple avec le paramètre « Range ». En effet, si vous appliquez un « Range » énorme de −80 dB, l’action du Gate sera forcément évidente à l’oreille et la moindre approximation dans le réglage des autres paramètres se verra comme le nez au milieu de la figure. Alors qu’avec un « Range » modéré d’une dizaine de décibels, cela passera quasiment inaperçu. Certes, vous atténuerez moins le bruit, mais est-ce si grave ?
Après tout, comme je vous l’ai déjà expliqué, le bruit de fond est quelque chose de naturel alors pourquoi ne pas en laisser un peu ? Si la proportion de bruit par rapport au signal utile est raisonnable, il n’y a aucune raison de trop s’en faire. D’ailleurs, pour terminer, laissez-moi vous dire que la « mode actuelle » est plutôt à l’ajout de bruits de fond via les émulations de machines vintage comme les simulateurs d’enregistreurs à bande par exemple. Cela apporte un certain charme « old school » lorsque c’est maîtrisé. Mais comme d’habitude, tout est histoire de goût et de dosage.
La semaine prochaine, nous parlerons de la gestion de la repisse au moyen d’un Noise Gate.