Ce nouvel épisode de notre série consacrée au "mastering fait maison" va s’intéresser à quelques situations courantes d’utilisation d’un égaliseur.
En pratique
Les zones des haut et bas médiums sont généralement celles qui sont le plus chargées. Comme ce sont les fréquences auxquelles l’oreille est le plus sensible, elles influent largement sur la perception globale du son, d’où le soin tout particulier que vous devriez leur porter. C’est pourquoi nous commencerons par là.
Un mix trop « brouillon », manquant de définition, gagnera grandement en précision avec un léger creux entre 100 et 300 Hz. Nul besoin d’y aller à la hache, un ou deux décibels devraient largement suffire à améliorer les choses de façon significative. D’ailleurs, si vous coupez trop, vous risquez de perdre en « épaisseur », votre mix sonnera « creux ».
Un son à tendance nasillarde, quant à lui, se corrigera en creusant entre 250 Hz et 1 kHz. Encore une fois, attention à ne pas y aller trop fort sous peine d’obtenir un mix plat.
Enfin, si votre musique souffre d’un excès d’agressivité, il faudra chercher à creuser entre 1,5 et 3 kHz. La punition pour un excès de zèle se payera cette fois-ci par un son étouffé.
Lors de ces « coupures » dans le médium, prêtez tout particulièrement attention aux éventuels dégâts collatéraux sur les voix, les guitares et la caisse claire puisque ces derniers occupent une place de choix dans cette zone du spectre. Si vous perdez trop la voix, essayez en parallèle un léger boost entre 2 et 3 kHz. Pour les guitares et la caisse claire, c’est aux alentours des 500 Hz que cela se passe.
Passons maintenant au bas du spectre. Si votre mix manque d’air, avant de taper dans le haut, il est souvent plus judicieux dans un premier temps de baisser légèrement les basses fréquences avec un filtre en plateau placé autour de 90 Hz. Comme toujours, point trop n’en faut. Si votre basse perd en définition, une bonne astuce consiste à repérer sa tonalité dans le morceau et à en augmenter doucement la fondamentale correspondante. Si c’est le corps de la grosse caisse qui s’évapore, un petit filtre en cloche pourra atténuer le problème.
Le haut du spectre est à manier avec délicatesse tant il peut déséquilibrer un mix. En effet, si un boost au-dessus de 6 kHz peut donner plus de vie, d’air ou de brillance, un excès de décibels prendra vite trop de place et masquera le reste du spectre tout en entraînant plus rapidement une désagréable fatigue auditive chez l’auditeur. D’autre part, remonter les aigus lorsque le matériel de départ n’est pas des plus riches à ce niveau-là ne sert généralement pas à grand-chose hormis augmenter des bruits indésirables. Dans ce cas-là, mieux vaut utiliser un exciteur d’harmoniques qui créera de la matière sonore.
Nous avons à peu près fait le tour de la question. Avant de passer à la suite, notez tout de même qu’à chaque modification d’une zone du spectre, il vous faudra certainement réajuster les autres tant tout ce beau monde est interdépendant. Pensez aussi à régulièrement bypasser votre EQ, histoire d’être sûr que ce que vous faites améliore réellement les choses.
Tools of the trade
Nous clôturerons ce chapitre sur l’égalisation en situation de mastering par une brève liste non exhaustive des plug-ins d’EQ aptes à accomplir cette lourde tâche avec brio :