Aujourd’hui, nous allons voir en détail l’automation de la piste principale de votre mix. Il s’agit bien souvent de la piste de chant, mais cela peut tout aussi bien être un instrument soliste. Cette véritable star de votre compo mérite une attention toute particulière à l’heure de l’automation, car, en définitive, tout le reste n’est là que pour la mettre en valeur. Notez qu’afin de simplifier l’écriture et la lecture, j’appellerai cet instrument Alpha dans le paragraphe suivant.
Le diable est dans les détails
Partons du principe que votre automation fonctionnelle pour cette piste alpha est déjà faite et positionnons-nous du côté artistique de la force. Selon moi, la première chose à faire se résume à automatiser le volume d’Alpha de façon « grossière » en fonction des sections du titre à mixer. Pour être plus clair, en s’appuyant sur le schéma classique couplet/refrain, montez le volume sur les refrains et baissez-le sur les couplets pour respecter la logique basique des montagnes russes émotionnelles du récit musical.
Puis, dans un deuxième temps, je vous invite à prendre la peine d’automatiser avec précision ce volume afin de révéler les moindres détails de votre piste alpha. Dans la langue de Shakespeare, cela s’appelle « to ride the fader », soit littéralement « chevaucher le fader ». Beaucoup de néophytes font l’impasse sur cette étape. Pourtant, c’est cette dernière qui va exacerber la musicalité de votre instrument alpha en le rendant plus dynamique, plus vivant, et ce, de façon beaucoup plus naturelle que ne pourrait le faire un compresseur par exemple. Le plus beau dans tout ça, c’est que cette chevauchée est en quelque sorte gratuite — hormis le coût de votre STAN — puisqu’elle ne dépend d’absolument aucun plug-in, juste de l’automation du fader de volume. Alors, pourquoi s’en priver ?
Ainsi, n’hésitez pas à partir à la chasse aux détails cachés en toute fin de phrase musicale afin de les mettre en avant, par exemple un souffle particulièrement émouvant ou un bruit de frottement de doigt attachant. Profitez-en également pour vous assurer que le discours d’Alpha est parfaitement intelligible à tout moment : baissez les notes ou les mots trop forts et remontez ceux qui sont trop en retrait. Enfin, atténuez consciencieusement le moindre son parasite, qu’il s’agisse de sibilances, de bruits de bouches inesthétiques, de plosives trop marquées, etc.
Toutes ces manœuvres peuvent vous paraître fastidieuses et chronophages, mais je vous assure que le jeu en vaut largement la chandelle. Vous verrez qu’à force d’appliquer cette méthode, non seulement sa mise en œuvre vous sera plus aisée, mais vous remarquerez également très vite que votre piste Alpha n’a, au final, pas tant besoin que ça de traitements lourds en termes de compression, de-essing et compagnie. Mine de rien, le rendu sonore global vous en sera reconnaissant !
Pour finir cet épisode, voici un résumé complet et chronologique du processus d’automation que j’utilise :
- Automation fonctionnelle pour chacune des pistes que j’effectue généralement en « dessinant » à la souris ;
- Automation artistique globale pour toutes les voies de la console virtuelle avec écriture en temps réel autant que faire se peut, en plusieurs passes si besoin ;
- Automation artistique de détail pour le ou les instruments alpha, de préférence en temps réel pour le côté « performance vivante » en mettant à profit le mode d’automation Touch, mais avec d’éventuelles retouches en dessinant le cas échéant.
Ce n’est bien évidemment pas la seule façon de faire, mais j’espère que cela pourra vous aider à créer votre propre « workflow » d’écriture de l’automation.