Jusqu’ici nous avons envisagé l’automation d’un point de vue relativement théorique. C’est bien gentil, mais à un moment il faut se lancer. D’où la problématique du jour : comment réalise-t-on concrètement les automations ? Par l’entremise d’une surface de contrôle ou à la souris ? En temps réel ou pas ? C’est ce que nous allons voir…
Arnold & Willy
Comme le criait haut et fort cette fameuse série de mon enfance : « Faut de tout pour faire un monde » ou « It takes different strokes to move the world » en version originale. Eh bien en matière d’automation, c’est exactement la même tisane. De fait, il n’y a pas une seule et unique manière de faire les choses, juste certaines solutions plus adaptées selon les tâches à effectuer.
Pour l’automation fonctionnelle, dont le principe même implique des changements de paramètres souvent rapides, mais surtout précis, le « dessin » à la souris sera le moyen le plus sûr d’arriver facilement à vos fins. En effet, nul besoin ici d’agir en temps réel, quelques clics sur votre courbe d’automation, une lecture de contrôle du passage pour vérifier que l’objectif est atteint, et un léger ajustement le cas échéant feront largement la blague.
En revanche, le cas de l’automation artistique est beaucoup plus sujet à controverse. D’un côté, il y a ceux qui ne jurent que par la méthode « Dessinez, c’est gagné ! » tant les STAN d’aujourd’hui offrent un niveau de souplesse sans précédent lorsqu’il s’agit d’enchaîner lignes et courbes parfaites en un tournemain. Dans l’absolu, on ne peut pas franchement leur donner tort : une automation exécutée en temps réel lors de la lecture du titre à mixer prend nécessairement plus de temps à réaliser et ne sera jamais à la hauteur de la perfection d’un tracé effectué à la souris. De l’autre côté, il y a les détracteurs du croquis au mulot qui opposent généralement à la virtuosité de la méthode précédente sa nature strictement visuelle. Et comme jusqu’à preuve du contraire, l’oreille est aveugle, ils préfèrent la méthode « old school » tout en temps réel dont le rendu est plus musical « à leurs yeux ». Et tant pis si cela s’avère chronophage, car nécessitant bien souvent plusieurs passes, le jeu en vaut largement la chandelle et c’est la musique qui en ressort gagnante.
Personnellement, j’oscille entre ces extrêmes afin de profiter du meilleur des deux mondes. L’automation en temps réel, les mains rivées aux manettes, me semble effectivement plus musicale. Dans ces moments-là, j’ai l’impression que la STAN est un véritable instrument de musique à part entière et je joue littéralement sur les potards et faders afin d’exécuter la meilleure performance possible, un peu comme lors d’un concert finalement. Ce côté « Live » imprime à mon sens un supplément d’âme au titre, et les éventuelles imperfections de jeu d’automation y participent grandement. Cependant, je ne suis tout de même pas totalement obtus, si malgré deux ou trois tentatives en temps réels certaines bavures me paraissent trop criardes, j’empoigne alors allègrement ma souris pour rectifier le tir fissa sans l’ombre d’un remords.
Ce discours est bien joli, mais j’en entends déjà certains maugréer que tout le monde ne possède pas la surface de contrôle qui va bien afin de pouvoir écrire toutes les automations nécessaires en temps réel. Certes. Je n’ai d’ailleurs pas moi-même de surface de contrôle digne de ce nom dans mon home studio personnel. Mais il me semble qu’il est toujours possible de plus ou moins s’arranger avec les moyens du bord. Pour ma part, je ne dispose pas d’une véritable surface de contrôle dédiée, mais j’utilise une combinaison Nektar Panorama P6, Novation Nocturn et iPad 2 qui me donne entière satisfaction. Je n’ai cependant pas toujours ça sous la main quand je « joue en extérieur »… Lorsqu’il n’y a rien d’autre qu’un mulot à disposition, je me contente alors d’automatiser en temps réel les paramètres que j’estime cruciaux pour le titre à mixer et je dessine le reste. Même si cela demande parfois beaucoup plus de passes, les modes d’automation disponibles dans nos STAN facilitent tout de même grandement la chose et ce compromis n’est en définitive pas si mal que ça.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui ! Dans le prochain épisode, nous passerons au crible l’automation de la vedette de votre mix tant celle-ci est primordiale…