Suite et fin de notre pot-pourri de trucs et astuces en ce qui concerne l'égalisation en situation de mix…
Unagi
Au risque de paraître lourd, je vais me répéter. Si vous ne deviez retenir qu’un seul et unique conseil de ce chapitre consacré à l’égalisation, ce serait celui-là : égalisez en mono et en contexte ! Si vous ne vous souvenez pas du pourquoi du comment, rendez-vous ici et là.
D’autre part, comme vous avez dû le remarquer, il est préférable de privilégier une approche soustractive, c’est-à-dire qu’avant de booster à tout va, il est plus sain d’atténuer. Par exemple, le raisonnement ne doit pas être « ici, il manque des basses donc je vais les amplifier », mais plutôt « ici, l’équilibre ne joue pas en faveur des basses donc je vais diminuer le reste du spectre afin d’obtenir une balance plus adéquate ». N’oubliez jamais le fameux adage dans la langue de Shakespeare : « less is more ». Cette façon de faire est, à terme, beaucoup plus constructive car elle préserve, voire augmente votre réserve de gain disponible, et surtout cela crée de la « place » pour les autres instruments. Une fois les atténuations effectuées, rien ne vous empêche alors de faire quelques boosts de-ci de-là afin d’accentuer encore plus l’effet recherché. Bref, en un mot comme en cent, en atténuant plus qu’en amplifiant, vous atteindrez plus facilement vos objectifs.
À ce propos, afin que l’égalisation soit la plus musicale et naturelle possible, il convient d’utiliser une largeur de bande relativement étroite (facteur Q élevé) lorsque l’on retire quelques dB et, inversement, une largeur de bande importante (facteur Q petit) lorsque l’on en ajoute.
Pour rester dans l’optique « less is more », je vous encourage à utiliser le moins de bandes possible. Je sais que cela peut paraître incongru comme réflexion suite à la lecture des articles précédents, mais le fait est que moins vous utiliserez de bandes d’égalisation, plus le résultat sera transparent. À mon sens, l’utilisation de 5 bandes est un grand maximum. S’il y a besoin de plus, c’est que la prise n’est tout simplement pas bonne par rapport à mes objectifs et donc, dans la mesure du possible, autant régler le problème à la source et refaire l’enregistrement.
Une autre astuce qui vaut son pesant de cacahuètes, utilisez des morceaux de référence ! Comme je vous l’ai déjà expliqué, j’ai toujours un – voire deux – morceau(x) de référence à portée de main dans un esprit proche de celui que j’essaye d’atteindre afin de vérifier que je ne suis pas en train de me fourvoyer. En situation d’égalisation, cela me permet de confronter l’EQ que j’applique à tel ou tel instrument avec le son dont j’essaye de m’approcher. De plus, basculer de l’écoute de votre morceau à celle d’une référence permet également de lutter contre le phénomène d’accoutumance auditive dont je vous parlais dans l’article précédent. C’est une excellente façon de remettre les choses en perspective.
Pour finir, voici une technique très peu utilisée lorsque l’on débute et qui peut pourtant faciliter grandement les choses. Pour vous l’expliquer, faisons un petit détour par l’une de mes séries préférées : Kaamelott. Dans l’épisode « Unagi III », le roi Arthur essaye tant bien que mal d’enseigner à Perceval et Karadoc une technique de combat consistant à ne pas regarder son assaillant directement en face mais plutôt à maintenir son regard à 30 degrés afin de mieux percevoir le moment où il va attaquer. Ne voyez ici aucun rapport avec la température, même si cette astuce est un peu chaude à mettre en place…
Mais quel est le rapport avec la musique me direz-vous ? Eh bien lorsque l’on mixe c’est un peu pareil d’une certaine façon. Lorsque vous travaillez sur un instrument en particulier, plutôt que de focaliser votre attention sur cet instrument, il peut être utile de se concentrer sur le reste du morceau afin de juger du bien-fondé du traitement à appliquer. Pour prendre un exemple, plus parlant, quand vous égalisez le bas du spectre d’une guitare, écoutez l’effet que cela produit sur la basse et la grosse caisse. Vous devriez vous rendre compte à un certain point que le coupe-bas que vous appliquez sur cette gratte permet de « révéler » le grave du couple basse/grosse caisse, ce qui indique que vous êtes dans le vrai. Je ne prétends pas que cette technique est nécessaire et suffisante, mais elle a le mérite de mettre au centre de vos préoccupations les questions d’articulations entre les instruments. Et la beauté de la chose, c’est que cette approche ne se limite pas à la seule question de l’égalisation ! Comme vous le constaterez, il m’arrivera bien souvent d’y faire référence dans la suite de cette série sur le mixage.
La semaine prochaine, je vous donnerai une liste non exhaustive de plug-ins aptes à remplir cette lourde tâche qu’est l’égalisation en situation de mixage.