Dans ce deuxième volet consacré à l'égalisation en situation de mixage, je vais vous parler d'une autre petite technique "secrète", puis nous verrons par où commencer concrètement le travail.
Mono le héros
Si travailler en contexte est le secret pour une égalisation réussie (voir l’article précédent), égaliser en mono est une astuce tout aussi efficace. En effet, si vous réussissez à obtenir une articulation parfaite entre les instruments en mono, le passage en stéréo ne posera aucun problème et accentuera même encore plus cette sensation d’articulation. L’inverse en revanche sera faux les 3/4 du temps.
De plus, dites-vous bien que la plupart du temps personne n’écoute de la musique en étant tranquillement assis à la position idéale pour profiter pleinement de la diffusion en stéréo. En général, l’auditeur lance la lecture et continue de vivre sa vie. Qui n’a jamais mis de la musique pour aller prendre sa douche, pour cuisiner ou tout simplement en fond sonore pour descendre quelques chopines avec des amis ? Dans de telles situations, l’écoute peut facilement être assimilée à une écoute en mono.
Par conséquent, égaliser en écoutant dans un premier temps en mono est un réflexe sain lorsque l’on travaille sur l’articulation des pièces du puzzle sonore. Une fois que les éléments s’entendent tous suffisamment distinctement, vous pourrez alors repasser en stéréo pour peaufiner le tout en travaillant l’égalisation du point de vue de l’espace 3D.
Méthode Allègre
Bien, maintenant nous allons pouvoir attaquer le travail d’égalisation à proprement parler. La plupart des tutoriels que l’on trouve sur le web préconisent de commencer par le traitement de l’instrument phare de votre titre, puis de passer au deuxième élément le plus important, etc. Cette façon d’aborder les choses ne m’a jamais réellement convaincu, d’autant qu’elle incite à traiter les pistes les unes après les autres en solo, ce qui est une hérésie à mon sens.
Personnellement, je préfère de loin pratiquer une approche plus globale que je qualifierais de dégraissage fréquentiel. Cela consiste à faire le ménage dans le spectre de chacun des éléments en se débarrassant des fréquences « inutiles » afin de faire de la place pour tout le monde. Concrètement, je commence toujours par nettoyer le bas du spectre des instruments qui n’en ont pas réellement besoin. Ensuite, je passe au bas/médium, puis j’enchaîne avec les médiums, et je termine logiquement par le haut du spectre. Notez que lorsque je parle de nettoyage, il faut bien entendu comprendre qu’il s’agit d’atténuer des fréquences.
Cette approche soustractive a plusieurs avantages. Premièrement, puisque vous atténuez, vous n’attaquez pas votre réserve de gain, au contraire, vous l’augmentez, ce qui est toujours ça de pris. Deuxièmement, en procédant de la sorte, vous ne risquez pas d’être trompé par le syndrome du « c’est plus fort donc c’est mieux ». Enfin, contrairement à la technique du boost à tout va qui consiste à faire passer aux forceps les instruments les uns par-dessus les autres, ici, chacun des éléments se révèlera de lui-même par petites touches successives de façon à trouver sa place naturellement au sein du puzzle sonore.
La semaine prochaine, nous verrons en détail le travail de dégraissage du bas du spectre.