Aujourd’hui, nous allons nous pencher sur le cas de l’égalisation. Je vous préviens tout de go, nous allons camper sur le sujet un bon moment, car l’égaliseur est l’outil par excellence lorsqu’il s’agit de mixer.
Pour ceux d’entre vous qui ne savent absolument pas ce qu’est un égaliseur, je vous invite à lire l’un de nos précédents articles en guise de préambule. D’autre part, je sais très bien que la plupart des lecteurs de cet article sont déjà plus ou moins au courant de ce qui va suivre, mais ce n’est tout de même pas le cas de tout le monde. Et puis une piqûre de rappel n’a jamais fait de mal à personne, non ? Enfin, à mon humble avis, la répétition est à la base de tout apprentissage. Du coup, c’est par là que ça se passe…
À quoi ça sert ?
Nous pouvons considérer les égaliseurs comme des faders de volume plus perfectionnés. En effet, ils permettent d’amplifier ou d’atténuer un signal non pas dans sa globalité, mais en fonction de fréquences spécifiques. Il en découle une palette d’application extrêmement large.
L’égalisation est principalement employée pour favoriser l’articulation entre les différents éléments constituant le puzzle sonore, c’est-à-dire que, d’une part, cela permet de différencier les instruments les uns des autres afin qu’ils trouvent leur place au sein du puzzle, et que, d’autre part, ces pièces s’emboîtent parfaitement de façon à donner un tout cohérent.
Par extension de ce principe d’articulation, l’égalisation influe également sur le positionnement dans l’espace 3D de chacun des éléments. L’utilisation d’égaliseurs en adéquation avec le panoramique, la réverbération et/ou le delay accentuera la sensation d’espace d’un mix.
Enfin, un EQ peut jouer sur la « couleur et le contraste sonore ». En effet, le rendu fréquentiel d’un son pèse pour beaucoup dans notre perception des choses. Ainsi, on parle de chaleur et d’énergie pour le bas du spectre, de définition et d’air pour le haut, etc.
Ces trois utilisations de l’égalisation sont à prendre en considération de façon simultanée lorsque l’on applique un EQ à une piste. Dans la pratique, il faut donc se poser les questions suivantes avant de toucher à la moindre bande de fréquences d’une piste :
- Avec quels éléments est-elle en compétition ?
- Avec quels autres éléments doit-elle s’emboîter ?
- Où est-ce que je souhaite la placer dans l’espace 3D ?
- Quelle couleur doit-elle avoir ?
En contexte
Trouver les réponses à ces questions implique indubitablement un constat : l’égalisation s’effectue en contexte, et non pas en solo ! En effet, si nous reprenons notre métaphore du puzzle, vous viendrait-il à l’idée de tailler une pièce sans savoir où la placer, à côté de qui elle se trouvera, ou ce qu’elle doit représenter ? Bien sûr que non. Pourtant, le débutant a une fâcheuse tendance à vouloir égaliser chaque piste de façon isolée. Il fait un son superbe en solo pour chacun des éléments, car ça lui semble plus facile, mais lorsqu’il écoute le résultat de l’ensemble, plus rien ne va. Ce réflexe d’égalisation en solo est contreproductif au possible, et même une perte de temps pure et simple.
Comme je l’ai déjà évoqué lors d’un précédent article, chaque pièce d’un puzzle n’a pas besoin d’être belle en soi, seul le rendu global compte. Si vous n’êtes toujours pas convaincu de la chose, dites-vous bien qu’au final personne d’autre que vous n’entendra vos pistes en solo ; les auditeurs n’écouteront jamais que votre musique comme un tout. Alors, quel est donc l’intérêt de faire un magnifique son pour la basse, la guitare ou la batterie si le mélange sonne brouillon ?
Quant à la soi-disant difficulté d’égaliser en situation, c’est-à-dire avec toutes les pistes en lecture, eh bien sachez que c’est une légende urbaine. C’est d’ailleurs exactement le contraire ! Pour prendre un exemple concret, il est beaucoup plus facile de couper dans le grave une guitare rythmique avec la piste de basse en lecture, car alors la basse joue son rôle de soutien et l’on n’a donc aucun scrupule à tailler plus haut sans avoir peur que la guitare en question sonne « petit bras ».
Je sais que j’insiste beaucoup sur cette histoire d’égalisation en contexte, mais croyez-moi sur parole, c’est le secret pour une égalisation réussie !
Une petite remarque cependant. Il peut arriver qu’une égalisation en solo soit nécessaire, mais c’est dans un cas bien précis : lorsque l’on cherche à éradiquer une mauvaise résonance à une fréquence spécifique dans une prise. Et encore, l’écoute en solo ne sert qu’à identifier la fameuse fréquence ; pour l’atténuer, mieux vaut une nouvelle fois le faire en contexte.
Sur ce, rendez-vous dans le prochain épisode pour la suite de cette histoire d’EQ !