Sujet de la discussionPosté le 22/08/2017 à 16:47:30[Bien débuter] Les accidents heureux
Aujourd’hui, je vous propose un épisode un peu particulier s’écartant sensiblement du sujet principal de cette série puisque nous allons discuter de l’intérêt que peuvent avoir certains « accidents » dans le contexte de la création musicale.
Très intéressant cet échange !
Même si ça dévie un peu parfois : par exemple quand on passe de l'usage raisonné de l'accident, à la production "spontanée" de l'enfant. Mais, ce n'est pas bien grave : ce sont les aléas de toute conversation de groupe.
À propos de cet "usage raisonné de l'accident", c'est juste de relever le bruit extérieur intempestif, le mec qui se prend les pieds dans ses manettes (!), etc. Mais ce serait aussi intéressant de considérer les 'accidents de conscience"... Je veux dire : on a une idée, on la suit, on la perd, on la retrouve... croit-on, et on ne se rend même pas compte qu'elle nous revient un peu cabossée... Après ce petit détour par un inconscient sournois...
On peut avoir gagner au change. Ou pas.
...
Quant aux manifestations "spontanées" (de
l'enfant, du "fou", etc.)... La spontanéité de la production de l'oeuvre est-elle une valeur ?
Est-ce 'bon' parce que spontané ? Est-ce 'mauvais' parce que délibéré ?
En d'autres termes : qu'est-ce qui m'intéresse, me donne une émotion, me rend plus ouvert au monde, etc. ? Est-ce le mode de production, ou bien le produit ? Est-ce le processus de travail, ou bien l'oeuvre ?
Chacun pourra répondre pour lui-même, je suppose.
Dans la série "Les accidents fertiles", on peut citer celui (d'accident) qui est d'une certaine façon le déclencheur de toute une recherche (très consciente !) - celle de Steve Reich.
Pour ceux qui ne connaissent pas l'anecdote : le compositeur veut juxtaposer deux enregistrements identiques donnés simultanément par deux magnétophones. (Oui : c'est au temps de la bande magnétique.) Sauf que, bien sûr, deux mécaniques ne peuvent pas fonctionner de manière rigoureusement identique. Donc : 1) déphasage. Mais 2) progressif.
Et alors 2), en boucles assez longtemps, ça donne quoi ?
Soit 1) le mec se dit "Sh... Mier...#@!"
et il laisse tomber.
Soit 2) il se dit : "Ah mais... c'est pas mal, ce truc... pas mal intéressant !"
Et il développe à partir de ce truc accidentel, tout un tas de principes de composition, qui peurent encore servir cinquante ans après.