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analomane
« Un peu surcoté - un sampleur moyen sauvé par la section de FX - son plat et ennuyant »
Publié le 23/11/24 à 11:07
Rapport qualité/prix :
Mauvais
Cible :
Les utilisateurs avertis
On ne présente plus l'ASR10, le soi-disant fleuron d'Ensoniq…
Back in the Dayz, on disait que c'était carrément le sampler à absolument avoir... et certains continuent de le répéter comme un Mantra. Alors oui -c’est vrai- il y a 25 ans j’ai fait exactement comme tout le monde à Paris : j'ai suivi le troupeau et j'ai acheté mon ASR Clavier d'occase à Manu de LFO à Pigalle. C'était 1800 euros. Très cher pour moi à l'époque mais après tout, valeur sûre ou pas ? parce que "tout le monde" dans le milieu en parlait comme le "must have", l'incontournable sampler qui tue, la machine à hit... Sampler bien réputé, il était présenté sans cesse comme la pierre angulaire du son des Neptunes, des Daft, des stars du Hip hop, de Pharel etc...
Et si j'avais déjà un K2000R, j’avais envie d’évoluer vers un truc plus punchy et j’ai hésité avec la SP1200 (qu'on m'avait prêté quelques jours et j'avais bien senti qu'il se passait quelque chose avec cette grosse boite à beat bizarroïde). Mais le bon sens m'a poussé à choisir 16 mo et la stéréo plutôt que 10 secondes de 12 bits. Si j’avais su… Que de regrets !!! il vaudrait mieux toujours suivre son instinct et ne pas faire des choix de raison qu’on regrette toujours… amèrement.
C'est vrai que remis dans le contexte des années 90, l’ASR reste un appareil attractif sympa et intéressant (je ne dirai jamais le contraire). Gear de moyenne gamme, il avait beaucoup de qualités pour son prix de vente neuf en boutique d'un peu plus de 3000$ : il embarque jusqu’à16 mo, 8 sorties directes, 31 de polyphonie, des entrées sampling analog et digital et surtout la section d'effets 24bits que les gens décrivaient comme le meilleur FX de la planète. En outre l’ASR permet de coffrer des layers dans tout les sens – de faire du transwaves avec les samples comme unité transwave : c’est une usine à gaz, une vraie petite station de travail…
Vous l'aurez donc compris, on nageait à l'époque en plein dans la culture du "home studio" et dans cet amateurisme balbutiant, l'ASR était à nos yeux déjà quelque chose de sérieux… Aujourd’hui ça peut faire rire mais il faut se rappeler qu’hier était vraiment un autre monde, ou la Terre était ronde et l’information était blonde et ne circulait pas aussi vite que maintenant : on connaissait les machines uniquement par le bouche à oreille et finalement on ne connaissait pas grand-chose.
Pour continuer à bien me conformer comme tout le monde, j’ai acheté quelques mois après le S950 pour avoir le combo. J’étais soi-disant bien. Et c’était pas si mal c’est vrai. On aura fait quelques dizaines de tracks avec tout ça, et quelques chouettes maxis avant d’être balayé par la crise du téléchargement en 2005… mais c’est une autre histoire.
J’aurai pu revendre tout ca pour une poignée de dollars – vers 2008 – mais les prix étaient tellement sinistrés que ca ne valait même plus le coup et même si j’avais arrêté de produire de la musique, je m’étais dit : un jour peut-être... et L’ASR est resté à mes cotés 20 ans de plus. Il est définitivement parti il y a 15 jours…. Et franchement BON VENT !
Autant vous dire que j’ai eu le temps de l’investir et le coup de la fame ne marche plus sur moi ; je constate d’ailleurs que le nombre de PA est très élevé, gros turn-over qui montre quand même que ce n'est plus considéré comme un "keeper" pour de nombreux producteurs.
Je ne veux pas tailler pour tailler mais je crois qu’à un moment donné, faut un peu arrêter les frais avec le côté légendaire de ce clavier. Sur Facebook, je tombe assez régulièrement sur des posts du type « the better sampler of the Universe ». Je ne m’attends pas à ce que vous soyez d’accord avec moi et je ne risque pas de me faire des amis sur ce sujet, mais un peu de nuance et de recul serait la bienvenue. Au delà de la nostalgie, que reste-t-il vraiment de l'ASR10 ? Car si on ouvre ses oreilles et qu’on regarde les choses de près, un ASR10 ce n’est quand même pas tant la teuf :
-Techniquement : en termes de réalisation c’est un des pires sampleurs, assez mal realisé avec sa coque over comprimé et son alimentation grille-pain qui lui a valu d’être reconnu le meilleur keyboard pour faire cuire un œuf sur la coque. Au bout de trente minutes, il est déjà quasi brûlant. La conception est tellement géniale que malgré ce gros souci de dissipation, il n’y a même pas un ventilo…. Si on ajoute à cela les récurrents problèmes de display, la fragilité des boutons de front panel, les modwheel qui collapse... Essayez d’accéder au front par vous-même et on en reparle.
- Le son ? Soi-disant le gros son US bien rond bien chaud typique d’Ensoniq? Je pense que cette réputation vient du Mirage et des premiers hybrides ESQ1 SQ 80 qui ont été des best-seller d’Ensoniq et qui sonnaient bien grave pour du 8 bits. Mais si on regarde la copie technique 13 ans plus tard, rien de bien excitant dans un asr10 : du 16 bit standard multiplexé, avec path numérique, filtre numérique et niveau converto c’est un pauvre Philips TDA1541A – un classique des platines CD low-cost… Pas étonnant qu’en comparaison, même le Mirage du haut de ses 8 bits l’explose littéralement. A dire aussi que l’ASR n’est même pas stéréo natif.
- Le fameux boost ? Encore une blague. Certains parlent même du « boost magique de l’ASR » et ont acheté ce sampler pour ça. Quand on sait ce que c’est franchement la loose… En fait, le boost est juste un atténuateur. Boost off diminue le niveau de sortie de -12db. Boost on rétablit le niveau nominal normal. source : Ensoniq service Manuel (voir l'image en bas).
- L’os et l’ergonomie : alors oui on finit par s’habituer mais c’est mal branlé. Tout est tordu. C’est du Ensoniq classique. L’ergonomie centré utilisateur n’était pas dans les prérogatives de Bob Yannes
- Le séquenceur : anecdotique pour ne pas dire poliment simple curiosité comme la variole.
- FX : ah ben voila quand même un point fort, pour un effet embarqué 24 bits, ça sonne quand même pas mal. Ça permet de cacher toute la misère à grand coup de Phaser DDL37… et le resampling reste une bonne idée.
En conclusion, l'ASR10 est un gros bouzin fatigué, mal fagoté, dont on se demande à chaque allumage si il va tenir le choc...Sonorité lissé et clean typiquement 16bits - c'est extrêmement cher pour ce que c'est car over-surcoté par une fame post années 90. Tout ce qui a été touché par Thomas Banglater est frappé par cette malédiction
Une fois qu'on prend du recul avec cette machine, on a simplement envie de la revendre.Pourtant n'importe quel bon EMU - même les derniers - même le S1000 a un son plus intéressant en terme d'alias, de depitch et d'épaisseur.
Au bilan tout est relatif et question de point de vue. A l'époque des sound blaster, il est vrai que l'ASR semblait vraiment bien percutant... 30 ans plus tard dans des configs blindés de Burl, d'Apogee et de vrais sampleurs professionnels (EII, EIII, Fairlight , NED ... ), il ne ressemble plus à rien.
D’ailleurs après avoir passé une soirée à faire tourner un Emulator 3 en test, j'avais voulu faire une petite comparaison avec mon ASR.... je m'en suis jamais remis !
Back in the Dayz, on disait que c'était carrément le sampler à absolument avoir... et certains continuent de le répéter comme un Mantra. Alors oui -c’est vrai- il y a 25 ans j’ai fait exactement comme tout le monde à Paris : j'ai suivi le troupeau et j'ai acheté mon ASR Clavier d'occase à Manu de LFO à Pigalle. C'était 1800 euros. Très cher pour moi à l'époque mais après tout, valeur sûre ou pas ? parce que "tout le monde" dans le milieu en parlait comme le "must have", l'incontournable sampler qui tue, la machine à hit... Sampler bien réputé, il était présenté sans cesse comme la pierre angulaire du son des Neptunes, des Daft, des stars du Hip hop, de Pharel etc...
Et si j'avais déjà un K2000R, j’avais envie d’évoluer vers un truc plus punchy et j’ai hésité avec la SP1200 (qu'on m'avait prêté quelques jours et j'avais bien senti qu'il se passait quelque chose avec cette grosse boite à beat bizarroïde). Mais le bon sens m'a poussé à choisir 16 mo et la stéréo plutôt que 10 secondes de 12 bits. Si j’avais su… Que de regrets !!! il vaudrait mieux toujours suivre son instinct et ne pas faire des choix de raison qu’on regrette toujours… amèrement.
C'est vrai que remis dans le contexte des années 90, l’ASR reste un appareil attractif sympa et intéressant (je ne dirai jamais le contraire). Gear de moyenne gamme, il avait beaucoup de qualités pour son prix de vente neuf en boutique d'un peu plus de 3000$ : il embarque jusqu’à16 mo, 8 sorties directes, 31 de polyphonie, des entrées sampling analog et digital et surtout la section d'effets 24bits que les gens décrivaient comme le meilleur FX de la planète. En outre l’ASR permet de coffrer des layers dans tout les sens – de faire du transwaves avec les samples comme unité transwave : c’est une usine à gaz, une vraie petite station de travail…
Vous l'aurez donc compris, on nageait à l'époque en plein dans la culture du "home studio" et dans cet amateurisme balbutiant, l'ASR était à nos yeux déjà quelque chose de sérieux… Aujourd’hui ça peut faire rire mais il faut se rappeler qu’hier était vraiment un autre monde, ou la Terre était ronde et l’information était blonde et ne circulait pas aussi vite que maintenant : on connaissait les machines uniquement par le bouche à oreille et finalement on ne connaissait pas grand-chose.
Pour continuer à bien me conformer comme tout le monde, j’ai acheté quelques mois après le S950 pour avoir le combo. J’étais soi-disant bien. Et c’était pas si mal c’est vrai. On aura fait quelques dizaines de tracks avec tout ça, et quelques chouettes maxis avant d’être balayé par la crise du téléchargement en 2005… mais c’est une autre histoire.
J’aurai pu revendre tout ca pour une poignée de dollars – vers 2008 – mais les prix étaient tellement sinistrés que ca ne valait même plus le coup et même si j’avais arrêté de produire de la musique, je m’étais dit : un jour peut-être... et L’ASR est resté à mes cotés 20 ans de plus. Il est définitivement parti il y a 15 jours…. Et franchement BON VENT !
Autant vous dire que j’ai eu le temps de l’investir et le coup de la fame ne marche plus sur moi ; je constate d’ailleurs que le nombre de PA est très élevé, gros turn-over qui montre quand même que ce n'est plus considéré comme un "keeper" pour de nombreux producteurs.
Je ne veux pas tailler pour tailler mais je crois qu’à un moment donné, faut un peu arrêter les frais avec le côté légendaire de ce clavier. Sur Facebook, je tombe assez régulièrement sur des posts du type « the better sampler of the Universe ». Je ne m’attends pas à ce que vous soyez d’accord avec moi et je ne risque pas de me faire des amis sur ce sujet, mais un peu de nuance et de recul serait la bienvenue. Au delà de la nostalgie, que reste-t-il vraiment de l'ASR10 ? Car si on ouvre ses oreilles et qu’on regarde les choses de près, un ASR10 ce n’est quand même pas tant la teuf :
-Techniquement : en termes de réalisation c’est un des pires sampleurs, assez mal realisé avec sa coque over comprimé et son alimentation grille-pain qui lui a valu d’être reconnu le meilleur keyboard pour faire cuire un œuf sur la coque. Au bout de trente minutes, il est déjà quasi brûlant. La conception est tellement géniale que malgré ce gros souci de dissipation, il n’y a même pas un ventilo…. Si on ajoute à cela les récurrents problèmes de display, la fragilité des boutons de front panel, les modwheel qui collapse... Essayez d’accéder au front par vous-même et on en reparle.
- Le son ? Soi-disant le gros son US bien rond bien chaud typique d’Ensoniq? Je pense que cette réputation vient du Mirage et des premiers hybrides ESQ1 SQ 80 qui ont été des best-seller d’Ensoniq et qui sonnaient bien grave pour du 8 bits. Mais si on regarde la copie technique 13 ans plus tard, rien de bien excitant dans un asr10 : du 16 bit standard multiplexé, avec path numérique, filtre numérique et niveau converto c’est un pauvre Philips TDA1541A – un classique des platines CD low-cost… Pas étonnant qu’en comparaison, même le Mirage du haut de ses 8 bits l’explose littéralement. A dire aussi que l’ASR n’est même pas stéréo natif.
- Le fameux boost ? Encore une blague. Certains parlent même du « boost magique de l’ASR » et ont acheté ce sampler pour ça. Quand on sait ce que c’est franchement la loose… En fait, le boost est juste un atténuateur. Boost off diminue le niveau de sortie de -12db. Boost on rétablit le niveau nominal normal. source : Ensoniq service Manuel (voir l'image en bas).
- L’os et l’ergonomie : alors oui on finit par s’habituer mais c’est mal branlé. Tout est tordu. C’est du Ensoniq classique. L’ergonomie centré utilisateur n’était pas dans les prérogatives de Bob Yannes
- Le séquenceur : anecdotique pour ne pas dire poliment simple curiosité comme la variole.
- FX : ah ben voila quand même un point fort, pour un effet embarqué 24 bits, ça sonne quand même pas mal. Ça permet de cacher toute la misère à grand coup de Phaser DDL37… et le resampling reste une bonne idée.
En conclusion, l'ASR10 est un gros bouzin fatigué, mal fagoté, dont on se demande à chaque allumage si il va tenir le choc...Sonorité lissé et clean typiquement 16bits - c'est extrêmement cher pour ce que c'est car over-surcoté par une fame post années 90. Tout ce qui a été touché par Thomas Banglater est frappé par cette malédiction
Une fois qu'on prend du recul avec cette machine, on a simplement envie de la revendre.Pourtant n'importe quel bon EMU - même les derniers - même le S1000 a un son plus intéressant en terme d'alias, de depitch et d'épaisseur.
Au bilan tout est relatif et question de point de vue. A l'époque des sound blaster, il est vrai que l'ASR semblait vraiment bien percutant... 30 ans plus tard dans des configs blindés de Burl, d'Apogee et de vrais sampleurs professionnels (EII, EIII, Fairlight , NED ... ), il ne ressemble plus à rien.
D’ailleurs après avoir passé une soirée à faire tourner un Emulator 3 en test, j'avais voulu faire une petite comparaison avec mon ASR.... je m'en suis jamais remis !