Audiophony est une des marques de la société Hitmusic (qui possède aussi Contest, dédiée à la lumière) créée à Cahors en 1991. L’objectif original était l’animation de soirées dansantes et la vente de matériel de sonorisation et d'éclairage, mais la société s’est depuis fortement développée et propose nombre de produits audio et lumière. Nos petits Français de Cahors nous ont envoyé une table dénommée DJinn, dont voici le test détaillé.
La boîte : mais qu’est-ce qu’il y a INNside ?
À l’ouverture du carton, nous découvrons une console apparemment d’excellente facture. La majeure partie de la table est en métal, les boutons, potards et molettes sont de très bonne qualité avec un toucher agréable. Seuls les faders sont un peu en retrait. Une mention spéciale pour les jogs qui sont de très bonne qualité, en métal cerclé de gomme. La console ne peut pas être auto-alimentée en USB et elle possède une alimentation cachée à l’intérieur de la table (on la raccorde avec un câble 220V). Vous avez deux « lecteurs » totalement symétriques que nous détaillerons plus loin, chacun peut être configuré en lecture USB autonome, en entrée analogique standard ou en contrôle MIDI d’un logiciel. La configuration mixte est possible : Piste A en midi et Piste B en USB. Chaque lecteur possède un écran LCD de bonne dimension.
Une documentation en anglais et en français (27 pages) est fournie, ce n’est pas lourd, mais elle est relativement claire. Enfin, l’ensemble est de bonne dimension (pas aussi grand qu’un Traktor S4 mais 42 cm x 30 cm x 9 cm tout de même !) À notre surprise, pas de CD d’installation, ni de logiciel fourni avec le produit.
Les 3 modes de fonctionnement de la console
En mode MIDI, l’écran LCD est désactivé et ne vous servira à rien. Il faudra vous équiper d’un logiciel à installer sur votre ordinateur, car aucun n’est fourni dans la boîte. Cette table dispose d’une carte son interne 4 entrées / 4 sorties afin de pouvoir l’utiliser avec ces logiciels. Sur le site du fournisseur, il nous est recommandé de télécharger Virtual DJ, j’applique donc la recommandation en téléchargeant la version Home 7.0.3 sur leur site, installation très facile et reconnaissance immédiate du contrôleur DJinn, mais il vous faudra acheter la version PRO pour utiliser votre contrôleur plus de 10 min… Aïe : 299$ tout de même ! Ayant à ma disposition une version de Traktor PRO, je tente de télécharger sur le site d’Audiphony le mapping de la console pour Traktor. Cela fonctionne, le mapping prend en charge tout le transport (enfin : play, volume, master, gain et équaliseur), c’est quand même très light… C’est vraiment histoire de dire que le mapping existe pour Traktor, les effets, modes et LEDs ne sont pas encore pris en charge. Il faudra donc utiliser de préférence Virtual DJ qui dispose d’un mapping bien plus abouti.
En Mode analogique, là aussi l’écran LCD ne sert plus à rien, mais il continue à afficher les informations du lecteur USB que nous détaillerons après. Je raccorde mes deux lecteurs CD sur les entrées analogiques de la table et on se rend compte immédiatement que là aussi c’est très léger et que le cœur de la console n’est pas là (patientez, ça arrive juste derrière). On aurait pu s’attendre à un petit calcul de BPM (même manuel avec la touche « Tap ») et les effets ne s’appliquent pas non plus, seule la partie centrale de la table est active : crossfader, faders, équaliseurs, vumètres…
Le mode USB : c’est là le véritable intérêt de cette table, le cœur du DJInn. Les modes analogiques et midi viennent en complément de ce mode USB central.
Les supports de lecture
Seuls vos supports formatés au format FAT 16 ou 32 seront reconnus. Seuls vos fichiers mp3 et wav sont supportés. C’est quasiment systématique pour ce type de platines autonomes, mais je ne désespère pas un jour pouvoir lire l’ensemble de mes morceaux (dont aac, flac, mp4 et autres)… Mais çà ne sera pas encore pour aujourd’hui. Deux molettes permettent de parcourir vos 99 dossiers max et vos 99 fichiers max par dossier. Vous pourrez choisir entre deux entrées USB (U1 et U2) pour chaque piste, ce qui signifie que vous pouvez lire le même morceau de la même clef USB en même temps. Le dossier N°1 est la racine du support USB. Notons que tous les fichiers présents et non compatibles sont tout simplement ignorés (ils ne perturberont donc pas votre recherche).
L’afficheur LCD
De bonne taille, l’écran LCD affiche toutes les informations de contrôle disponibles (bar graph de progression dans le morceau, nom du dossier, titre du morceau, durée restante, compteur de BPM, % de correction du tempo). Une petite spécificité : un vumètre indique le niveau de mémoire antichoc (6 barres de 2s chacune = 12s de mémoire antichoc, à mon sens inutile, car votre clef USB supporte plutôt bien les chocs à moins de la faire passer sous un camion… Mais les secrets de la DJinn sont impénétrables !). Notons que beaucoup de paramètres de cet afficheur sont configurables via les options avancées : « Scroll Speed » permet de régler la vitesse de défilement du titre du morceau, « Intensité lumineuse » et bien d’autres…
Le tempo est calculé plutôt rapidement (< 3s), seuls quelques morceaux compliqués en terme de rythme lui donneront du fil à retordre (environ 10s). Un grand fader permet d’ajuster le tempo calculé automatiquement. La plage est réglable : +/- 6%, 10%, 16%, 100%. Un bouton « Tap » vous permettra en plus de rentrer le BPM à la main si cela est nécessaire. Pas de touche de synchronisation (ni pour le mode MIDI d’ailleurs… Tant mieux pour les puristes, il faudra tout faire à la main, à l’ancienne !)
Les boucles : T’es INN ou t’es OUT ?
Comme souvent une touche IN et une touche OUT mais ces touches s’appellent « A » et « B »… Vu la taille des touches autant mettre in et out, cela aurait été plus clair. Une fonction de modification à la volée du point de sortie de la boucle est très sympa sur ce type de produit (sert essentiellement pour des boucles de petites tailles). La touche reloop permet de sortir de la boucle ou de la rappeler si besoin.
Exercice pratique :
Admettons que nous ayons un dossier A avec deux morceaux A1 et A2, un dossier B avec deux morceaux B1 et B2
Nous enregistrons 4 points points cue C1, C2, C3, C4 associés à chacun de ces quatre morceaux (C1 -> A1, C2 -> A2, C3 -> B1, C4 -> B2)
Vous êtes dans le dossier A, vous ne voyez que C1 et C2, vous êtes dans le dossier B vous ne voyez que C3 et C4.
Vous êtes dans le dossier A, vous appuyez 4s sur save, C1 et C2 sont sauvegardés dans le fichier .DBH du dossier A
Vous êtes dans le dossier B, vous appuyez 4s sur save, C3 et C4 sont sauvegardés dans le fichier .DBH du dossier B
Vous éteignez la table, vous la rallumez, les points cue sont alors vides.
Vous rechargez les points cue du morceau A1, seul C1 apparaît
Vous rechargez les points cue du morceau A2, C1 et C2 apparaissent.
Vous rechargez les points cue du morceau B1, seul C3 apparait (C1 et C2 n’apparaissent plus car vous avez changé de dossier)
Vous rechargez les points cue du morceau B2, C3 et C4 apparaissent.
Les effets disponibles sont les suivants : Echo, Flanger, Filter, Skid (simule l’arrêt ou le démarrage d’un platine vinyle lorsque vous appuyez sur Play/Pause). Pour chaque effet, deux paramètres sont modifiables (X et Y) de manière très simple : on appuie sur le bouton X ou Y et on tourne le jog pour régler le paramètre. Ces effets sont classiques et de qualité correcte. Comme vu plus haut ils ne s’appliqueront qu’à vos morceaux MP3 (pas d’effet sur vos entrées analogiques).
Jogs, Relay et mixage
Il existe deux manières d’attaquer le jog : par le dessus ou par le côté. Par le côté vous ajustez le BPM du morceau afin de le caler avec le voisin. Par le dessus, notre petit jog détecte que vous lui effleurez l’épiderme et il va réagir à vos avances selon 3 modes :
– Mode Vinyl : permet de scratcher sur votre morceau
– Mode Cue : permet de faire du scratch, mais autour du point Cue activé
– Mode Classic : Le plateau du dessus est désactivé, vous réglez le BPM comme si vous touchiez le jog par le côté.
On aurait, par contre, aimé un mode de navigation très rapide au sein d’un morceau grâce à ces beaux jogs (au lieu d’avoir à maintenir enfoncé, les boutons « Search »), mais cela ne semble pas être possible.
La fonction Relay est matérialisée par un bouton en plein milieu de la table, elle permet d’enchainer les deux pistes A puis B puis A sans que vous ne fassiez rien… Par contre c’est un peu binaire, pas de synchronisation de BPM, pas de crossfader automatique.
La section mixage est assez standard, avec un fader et un vumètre pour chaque voie, un crossfader avec une option de « fader start » qui permet de lancer ou stopper le morceau automatiquement sur les fins de course. Notons aussi la possibilité de choisir entre 3 courbes différentes de comportement du crossfader.
La connectique
En face avant, nous retrouvons une section casque avec une fiche jack 6,35 mm pour le brancher. Un bouton de volume permet littéralement de s’exploser les deux tympans en même temps ! Certains ont des besoins de volume je le conçois, mais à ce point-là quand même ! Notons une petite particularité par rapport aux consoles récentes du même type : on a juste un crossfader voie A / voie B pour le casque, mais pas de mix entre les pré-écoutes et le master. Vous n’aurez donc pas de bouton permettant de sélectionner la pré-écoute au casque… C’est basique, mais ça marche. Ceux qui aiment pouvoir avoir un retour du master au casque seront déçus. La qualité du son est bonne, on regrettera la présence d’un léger souffle si vous n’avez aucun morceau qui tourne, mais rien de bien gênant.
Pour le micro, là aussi une fiche jack 6,35 mm pour le brancher, avec son bouton de volume associé, mais aussi le bouton de volume du 2e micro que l’on peut raccorder en face arrière. Enfin, un potard qui joue le rôle de baby équaliseur : basses/aiguës et le commutateur de Talk over (permet de baisser de –20dB le son de la musique quand le micro s’active afin qu’il soit audible)
La face arrière est bien fournie, et on retrouve :
– La prise d’alimentation 220V (pas besoin de bloc d’alimentation, il est à l’intérieur de la table, ce qui doit expliquer en partie ses 4,4 kg bien pesés…
– Le deuxième port USB pour raccorder vos MP3
– Le port USB permettant de relier l’ordinateur
– Deux sorties master : symétrique en XLR et non symétrique en RCA.
– Une sortie Booth en RCA
– Les deux entrées externes CHA et CHB (accompagnées des commutateurs Line / Phono permettant de s’adapter à tous vos périphériques analogiques)
– L’entrée du 2e micro (combo : Jack 6,35 mm ou XLR)
À qui s’adresse la DJinn ?
Plutôt aux discos mobiles évidemment, cela permet de se passer totalement d’ordinateur et de voyager léger avec son petit disque dur USB dans la poche. Le tarif se situe tout de même autour des 500€, ce qui, pour les amateurs ou les débutants, peut être onéreux. Il est donc probable qu’ils se tournent vers des produits un peu moins chers chez Hercules ou DJTech. Dans la même veine, nous avions testé il y a quelque temps le DJ-Tech U2 Station MKII qui se rapproche pas mal de cette DJinn, même si cette dernière est mieux finie et globalement de meilleure qualité.
Conclusion
La DJinn a su nous toucher par la qualité de sa finition, de ses jogs et de ses afficheurs LCD. Cependant, à ce prix là, il manque vraiment quelques fonctionnalités qui auraient pu en faire un produit très complet : l’amélioration de la gestion des points cue et les effets appliqués aux sources analogiques. On aurait aimé aussi avoir Virtual DJ LE dans le bundle. Je reste toujours un peu sur ma faim quant à la faible compatibilité de lecture de fichiers en mode USB, mais c’est relativement standard sur ce type de produits. Le produit séduira certainement les discos mobiles à la recherche d’un produit solide et de qualité pour leurs animations.