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Vincenticello Vincenticello

« L'analogique moderne qui a présence et personnalité  »

Publié le 12/06/25 à 10:08
Rapport qualité/prix : Correct
Cible : Les utilisateurs avertis
Je me décide à poster un avis pour cet instrument exceptionnel dont j'ai eu la version 8 voies en 2022 puis 16 voies en 2024, parce que je continue de penser qu'il est sous-estimé et demande du temps et de nombreuses comparaisons pour être justement évalué. Bien sûr, j'utiliserai des métaphores et évoquerai des impressions personnelles, surtout sur la base de comparaisons avec d'autres instruments, mais à partir d'une pratique sincère et d'un souci de partage.

J'ai eu d'autres analogiques récents mais c'est le seul que j'ai gardé. Il complète parfaitement avec un son plus "galactique" et droit et moins "fruité" et mouvant que les vintages mes analogiques anciens. Il n'est pas vivant par le chatoiement aléatoire de ceux là, qu'il s'agisse de la force et de la saturation naturelle du Memorymoog, du spectre large et de la subtilité des harmoniques aiguës du Jupiter 8 ou des couleurs éclatantes de l'OB-Xa. Mais il est vivant par la définition, la finesse et la puissance du son.


Le Moog One a une personnalité et il fait ce que les anciens ne font pas, si l'on cherche par exemple des sons de guitare, des sons croissants, éclatants et denses, des pianos électriques percutants avec certaines harmoniques aiguës originales. Ses copies de pad, strings et brass des anciens restent sèches, plus ternes et respirent moins, mais il a dans ses registres-là des possibilités différentes et intéressantes dans leur forme, moins fidèles à la présence des instruments acoustiques mais originales.

Par rapport à l'OB X8 et au Prophet 10 rev 4 que j'ai eus plus d'un an, il ne copie pas ou mal son ancêtre mais ces deux derniers synthés sonnent trop comme des reconstruction avec une matière sonore plus terne et morne de types de sons antérieurs parfois formellement bien reproduits. J'avoue n'avoir eu que peu de plaisir à entendre le son produit répondre au jeu sur ces claviers. J'ai rapidement essayé le Moog Muse dont les sweet spots sont plus immédiats que sur le One, mais globalement le son avait moins de présence et d'élégance, et le Polybrute 12, très réussi semble apparemment sonner avec moins de clarté et de force. Mais je ne peux porter de jugement ferme tant que je n'ai pas joué plusieurs mois sur un instrument, même pour exprimer mon goût le plus personnel.

J'ai également possédé plus d'un an le formidable River de Baloran et il est clair que c'est le seul synthé moderne avec un grain vivant vintage, que j'aurai gardé si les vintages n'avaient pas quand même un peu plus d'éclat, de force et des harmoniques encore plus magiques. Si j'avais à choisir un seul synthé entre le One et le River, je serai bien embêté... car quand même je trouve le son du One mieux défini, son utilisation plus fluide et l'arpégiateur plus impressionnant avec une projection plus percutante et rayonnante des notes.

L'ergonomie du Moog One me semble inégalée et son usage est paradoxalement facile en dépit des possibilités infinies et surtout en dépit du temps pour trouver des nouveaux sons impressionnants ou émouvants, mais à chaque fois alors cela se fait de manière plus originale que sur d'autres synthés.
Seule la gestion des librairies me semble améliorable, pour éliminer les copies intempestives ou accéder à tel son précis rapidement au delà du set.

J'utilise très modérément les effets dont on pouvait attendre mieux, mais le défaut principal reste sans doute le grain de départ un peu droit et moins lumineux que celui du Memorymoog mais qui peut prendre des formes plus nombreuses néanmoins, dont certaines subliment vraiment le point de départ, au sens où elles le font oublier et où s'il avait les vcos d'un des anciens ce serait le synthé ultime. Peut-être qu'il est un peu le haut bois des synthés : certains vont trouver le haut bois un peu nasillard par comparaison avec une trompette ou un violon, mais on peut aussi trouver la trompette baveuse et le violon bavard par rapport au haut bois, subtil, réservé et émouvant... Le Moog One n'est pas réservé mais il traite ses harmoniques avec une couleur et une originalité propre, principalement en raison de ses deux très beaux filtres.

En tous cas, il ouvrait une voie dans les synthés modernes qu'on n'aimerait pas se voir refermer au profit d'instruments plus immédiatement raccoleurs ou copieurs... Il est clair que les réparateurs pointent son possible manque de réparabilité et les utilisateurs son peu de mises à jour, mais il faudrait pousser Moog, à rebrousse poil de ce que semble l'évolution avec InMusic..., à mieux assurer la continuité sur ces points en faisant connaître l'enthousiasme que peut susciter la voie ouverte par un instrument original, puissant et magnifique, à propos duquel je ne voulais que partager un peu mon enthousiasme !