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< Tous les avis Novation Peak
coyote14 coyote14

« Une avancée qualitative, une valeur sûre »

Publié le 10/08/18 à 00:21
Rapport qualité/prix : Correct
Cible : Tout public
Mise à jour de cet avis, après parution de l'OS 1.2 qui comble pas mal de manques et ajoute de nombreuses fonctionnalités

Le Peak est un synthétiseur hybride numérique/analogique 8 voix monotimbral sous forme de rack desktop, dont la philosophie comme l'architecture ne sont pas sans rappeler celle du Virus Desktop. Il n'est pas rackable, mais peut se voir adjoindre un « Peak Stand », 2 supports qui se vissent sur les flancs en lieu et place des flancs en bois (plus de 100 euros tout de même le stand)

Le Peak voit l'arrivée chez Novation d'une nouvelle génération d'oscillateurs numériques très haute résolution, basé sur la technologie des FPGA. C'est d'ailleurs pour cette raison que la mention « Oxford Oscillators » trône fièrement sur la façade synthé (Oxford étant une allusion à Chris Hugguet, le géniteur de l'OSCar, l'un des premiers synthés hybride alliant oscillateurs numériques et synthèse analogique, consultant pour cette partie du synthétiseur et collaborateur de longue date de Novation).

Commençons donc par cette section oscillateurs, puisque nous y sommes : qu'apporte cette nouvelle technologie ? A la première écoute, rien de révolutionnaire, il serait malhonnête de dire qu'on est frappé d'emblée par quelque chose de très différent de ce qu'on a l'habitude de côtoyer sur les synthés analogiques ou Virtual Analog. C'est à l'usage qu'on note que la disparition des petits travers de nos VCO et oscillateurs basés sur DSP.

La très haute résolution de travail (24 Mhz) de ces oscillateurs élimine pour de bon le phénoméne d'aliasing qu'on observe presque toujours sur les synthés numériques : les premières générations de Virus, le V-synth avant sa version 2, les Nord modular, JP8000...laissaient toujours apparaître ce son scintillant et brouillon dans les extrêmes aigus. Ici, rien de tout cela : premier bon point qui, du coup, nous rapproche du fonctionnement des oscillateurs analogiques.

Comme ces oscillateurs sont numériques, on bénéficie de toutes les qualités de traitement induite par leur précision : c'est précieux pour la FM, le Ring Modulateur,...qui requièrent des formes d'onde très stables.

On pourrait s'arrêter là et se dire que le Peak a une section oscillateurs purement numérique avec le manque de caractère, la froideur et la droiture induite par cette technologie, mais le Peak offre plusieurs paramètres permettant de simuler le comportement analogique : le paramètre Drift fait bouger chaque oscillateur individuellement pour simuler les imperfections induites par la boucle de régulation imparfaite du tuning des VCO et amène beaucoup de vie dans le signal. Le paramètre Diverge simule lui une dérive fixe d'un polyphonique analogique, lorsque chaque voix est mal calibrée, et que le fait de plaquer des accords procure l'épaisseur et ce léger detuning si musical. Les mesures à l'oscilloscope montrent l'effet de ces paramètres qui induisent les dérives souhaitées sur les notes tenues ou les releases longs. Enfin, mais nous en reparlerons dans la section effet, 3 niveaux de saturation permettent de salir le son de différentes façons, de la plus subtile et la plus radicale, dans le domaine analogique cette fois.

Le Peak met donc à disposition des oscillateurs extrêmement polyvalents, allant de la forme d'onde la plus pure jusqu'à la forme d'onde la plus imparfaite, bancale, saturée...Bravo !

Dans le détail des fonctionnalités proposées, on a donc 3 oscillateurs strictement identiques (on n'est donc pas dans la philosophie du Schmidt 8 voice qui propose 4 oscillos tous très différents). 5 formes d'onde : 4 basiques (sine, tirangle, saw et square) et une cinquième dénommée « more » sur la façade et qui recouvre en fait les tables d'onde. Il y en a 60 désormais avec l'OS 1.2 au choix, regroupant chacune 5 formes d'onde basiques entre lesquelles une source de modulation pourra opérer des transitions progressives. A noter que, même numériques, ces tables d'onde peuvent bénéficier de Drift et Diverge, ou comment induire dans un oscillateur purement numérique les défauts des analogiques. Pour naviguer entre les différentes tables d'onde, il faut passer par le menu pour sélectionner parmi les 60 disponibles. Mais pour morpher dans les différentes ondes d'une même table d'onde, l'encodeur « Shape Amount » permet d'affiner avec beaucoup de précision laquelle des 5 ondes sera sélectionnée, ainsi que toutes ses positions intermédiaires. La quantité des tables d'onde, en progrès avec l'OS 1.2, n'est pas excessive (un Prophet VS en comportait 96!), et cette partie du synthé n'est pas du niveau d'un Waldorf dont c'est la spécialité, mais bien que minimaliste, c'est très au-delà d'un gadget, et on peut vraiment faire du sound design sur cette base. Le choix des tables d'onde offre des formes d'onde plutôt basiques, ou bien plus abstraites / métalliques, et certaines d'entre elles mettent à disposition des ondes à formant qui simulent des fréquences vocales, comblant partiellement l'absence de filtres à formants sur la machine.

Le paramètre Shape Amount est soit fixe (réglage "Manual"), soit modulable par l'enveloppe de modulation 1 ou le LFO1, la sélection se faisant par un bouton en façade. Ces 3 sources de modulation sont cumulables avec chacune leur dosage individuel (très inhabituel, même si très puissant!) Mais ce qui est très bon et peu commun sur un synthé, c'est que l'action du Shape Amount ne se limite pas aux transitions au sein d'une table d'onde : il a une action y compris sur les oscillateurs simples. Sur la sinusoïde, il rajoute des harmoniques. Sur le triangle, il a un effet encore plus drastique de waveshaper qui n'est pas sans rappeler le « metallizer » du Minibrute. Sur la saw, qui est en fait une « double saw », il gère le déphasage entre les 2 dents de scie pour aboutir à une dent de scie plus complexe. Sans surprise, sur l'onde carrée, il va moduler la PWM, laquelle va jusqu'à l'effacement total dans le réglage extrême. Voilà qui part bien, on n'a pas encore attaqué les filtres que cette section oscillateur nous offre déjà beaucoup, à partir d'un nombre de réglages pourtant très limité.

Comme partout sur la machine, le menu offre bien plus de possibilités dans le menu, qu'on appelle avec le bouton « OSC » au-dessus de l'écran. C'est donc là qu'on choisit la table d'onde (qui n'a d'effet que lorsque « more » est choisi en façade). Un réglage de note fixe permet de supprimer tout lien entre note jouée et hauteur de clavier, qui reste fixe (utile pour tout ce qui est bruitage). La plage de pitch bend est réglable par oscillateur (rare, ça, en général, le réglage de bend est par programme, voir global à tout la machine). Il peut être positif (jusqu'à 1 octave) ou négatif ! Bien vu.

Chaque oscillateur dispose également d'une synchro d'oscillateur, qui est particulière : là où d'habitude, on lock le redémarrage d'une forme d'onde d'un oscillateur par un autre, ici, chaque oscillateur dispose d'un oscillateur inaudible/virtuel, qui ne sert qu'à régler la synchronisation ! On règle le tuning de la synchro dans ce menu, et elle peut bien sûr être une destination de modulation (par enveloppe, LFO, etc...). Voilà qui est malin, car cela évite de sacrifier un oscillateur (il en faut habituellement 2 pour la synchro : un maître qu'on n'entend pas, et un esclave qui se cale sur le maître). Donc 3 oscillateurs pouvant bénéficier de 3 synchros indépendantes !

Continuons l'orgie de la section oscillateur : voilà le multi-Saw, actif uniquement quand la forme d'onde SAW est sélectionnée en façade. On peut donc démultiplier, sans aucune conséquence sur la polyphonie, des SAW detunable, pour un son bien épais. Les amateurs de nappes bien épaisses, de stabs Techno/House vont être à la fête ! Par contre, le Shape Amount devient inactif dans ce cas.

Il y a un paramètre commun à tous les oscillos : le « Keysync » qui permet de locker les oscillateurs en phase à chaque attaque de note. Sur un synthé analogique, un oscillateur est toujours libre en phase, et une attaque de note ouvre simplement le VCA à n'importe quel moment de son cycle. Le paramètre « Keysync » force l'oscillateur à redémarrer toujours au même point si on le souhaite. Là encore, c'est une fonction qui permet d'obtenir un résultat précis quand on souhaite faire un son dans le domaine numérique.

C'est enfin dans cette section OSC qu'on peut filtrer le Noise, qui est unique (contrairement au MatrixBrute, par exemple, qui en a 4), mais qui dispose donc de son propre filtre LPF. La documention ne dit rien sur la nature de ce noise (numérique ? analogique?), peu importe : il fait le job. Dans la matrice de modulation, il est même une source de modulation pour le filtre, comme sur un Minimoog.

Nous avons droit à un Ring Mod, de l'oscillateur 1 vers le 2. Pas de problème, ça fonctionne, ce n'est pas le ring mod le plus spectaculaire que j'ai pu croiser (on n'est pas sur un CS80...), mais cela permet des textures FX très efficaces, métalliques, parfois très fines. Un ajout bienvenu. Assigné à la modwheel, il permet de métalliser le son de façon très convaincante !

Dommage que ces oscillateurs n'aient pas un réglage LOW pour être utilisés comme LFO...Mais la section LFO compense largement cela, comme nous le verrons.

Et la FM me direz-vous ? Eh bien...Elle n'est pas dans la section oscillateurs ! Mais dans la section modulation ! Rendez-vous là-bas pour en parler.

Vous l'avez compris : cette section oscillateur, de par ses possibilités, ses qualités...est l’indiscutable point fort de ce synthé. La question de départ étant « quelle est la valeur ajoutée de la nouvelle technologie FPGA », je pense que nous avons répondu en grande partie ici, car je ne pense pas qu'une section oscillos basée sur des DSP aurait permis tout cela.

La section filtre offre un unique filtre, mais multimode (LPF, BPF et HPF), résonant, sur 12 et 24dB/oct. Il s'agit du filtre analogique du Bass Station 2 qui a été recalibré pour être utilisable sur un instrument polyphonique. On est en terrain connu, pas de surprise, il est efficace, analogique et cela s'entend. Le réglage « VCA » de la section oscillateur permet de l'attaquer plus ou moins fort, comme sur un Minimoog avec le dosage de chaque oscillateur. On est tout de même fondé à se demander l'utilité de ce réglage de VCA ? Étant donné que chaque oscillateur a déjà son réglage de volume. Je pense qu'il y a un intérêt pour la section modulation, dont le VCA est une destination : on peut ainsi jouer un son même sans enveloppe, avec un LFO, ou avec n'importe quelle commande MIDI.

Le filtre est bien auto-oscillant en 24dB/oct, mais aussi en 12 dB/oct ! (même s'il est moins fort). Quand l'encodeur Key tracking est poussé complètement à droite, on a un suivi du clavier parfait, de l'infrabasse jusqu'aux ultrasons. Ce filtre est très bien calibré ! Allez donc modifier le paramètre « Filter Diverge » dans le menu « Voice », et vous verrez en quoi la simulation de défaut de calibrage du filtre par voie est bien audible quand le filtre auto-oscille. Ce filtre rend possible tout ce qu'on obtient habituellement avec un filtre résonant, des bruitages, sweeps, kicks...Pas de doute, cette section de la machine est bien analogique !

En façade, on peut moduler le filtre avec l'oscillateur 3 (donc faire de la FM de filtre), ainsi que le LFO1 et, donc, le suivi de clavier. La matrice de modulation permet de moduler ce même cutoff avec bien d'autres sources de modulation internes et externes, ainsi que la résonance, le drive du filtre et la distorsion. Egalement, le niveau d'envoi du Noise vers le filtre, comme déjà vu.

Par défaut, l'enveloppe de filtre est l'enveloppe MOD1, mais n'importe quelle enveloppe ou LFO peut piloter les différents paramètres du filtre via la matrice de modulation.

Bien vu : l'encodeur du Cutoff est, comme sur le Bass Station 2, plus gros que tous les autres, et codé sur 8 bits (256 valeurs) ce qui amoindrit considérablement l'effet d'escalier qu'on observe habituellement. D'autres paramètres sensibles comme le tuning des oscillos bénéficient également d'encodeurs 8 bits.

Parlons rapidement des enveloppes. Bonne nouvelle : il y en a 3 en façade : ce sont des ADSR , auquel l'OS 1.2 a adjoint 2 fonctionnalités très importantes : elles sont désormais bouclables, d'une part, et elle disposent d'un étage « Hold », qui est une durée de maintien. Evidemment, ces 2 fonctions ne sont accessible que par le menu « Envelope » et non depuis la façade, puisque ajoutées par la suite. Pas de paramètre « retard » comme sur un OSCar (Chris Hugget aurait pu leur souffler l'idée...). Les enveloppes sont les seules fonctions pilotées par des sliders sur la machine, ce qui est plus visuel et adapté pour des enveloppes, convenons-en. Niveau rapidité, elles sont de très bon niveau, pas de problème de ce côté là, et les temps de Release peuvent être très long (j'ai mesuré, de l'ordre de 32 secondes !).

Nous voici arrivés aux excellents LFO ! Excellents, car comme vous allez le voir, ils offrent des caractéristiques peu communes ! Il y a 2 LFO depuis la façade, qui peuvent piloter presque tout sauf les paramètres d'effet, et 2 LFO (3&4) dédiés aux effets dans le menu du même nom, qui disposent des mêmes formes d'onde, mais de moins de réglages (slew, fade in/out...sont indisponibles).

Leur vitesse : il y a 2 plage de réglage : une lente (de 0 Hz à 200Hz) et une rapide (de 0 Hz à 1600Hz). Vous avez dit 0 Hz ? Est-ce à dire que, réglé au mini, le LFO n'est en fait qu'un signal fixe/constant ? Oui ! On peut donc figer une valeur pilotée par un LFO en le mettant à zéro.
Un paramètre Sync permet de verrouiller la fréquence du LFO sur une horloge MIDI, qu'elle soit interne ou externe. Ici encore, on peut aller sur une large plage de réglages, jusqu'à 64 temps !

Les formes d'onde, au nombre de 4, peuvent sembler peu nombreuses (triangle, saw, square, sample&hold), mais on peut les tordre avec le paramètre « Slew » (LFO1&2 uniquement) : c'est un paramètre qui arrondit les angles vifs des formes d'onde, jusqu'à les rendre quasiment sinusoïdales. Ainsi, le carré va progressivement pouvoir morpher en sinus, tout comme le triangle. Le Sample&Hold passe d'un signal étagé à des montagnes russes aléatoires.

Autre originalité : on peut régler le nombre de cycles d'un LFO, entre 1 à 127, jusqu'à, bien sûr, un fonctionnement classique de LFO avec un nombre de cycles perpétuel. A quoi cela peut-il bien servir ? Réponse : à avoir des enveloppes supplémentaires ! Etant donné que les cycles de LFO peuvent être très longs, (et synchronisés sur une subdivision du tempo), étant donné sur le paramètre Slew permet de les façonner/arrondir et que la phase de la forme d'onde peut être verrouillée...on peut donc définir une enveloppe (ou une combinaisons d'enveloppes via la matrice de modulation) qui aboutit à des enveloppes complexes !

Bien sûr, cela n'a d'intérêt que si l'on a un LFO par voix et non par patch, comme la polymod d'un Prophet 5/6 ou d'un OB6 : je vous rassure, c'est bien le cas, et c'est suffisamment rare pour être signalé. En général, sur les Virtual Analog, le LFO est global. Sur les analogiques aussi, sauf dans le cas de la polymod. Voilà également pourquoi les oscillateurs n'ont pas de réglage « low » : inutile de sacrifier un oscillateur, puisqu'on les FPGA permettent d'avoir 2 vrais LFO par voix. Le paramètre « common » permet toutefois de reproduire le comportement classique d'un analogique à un seul LFO, en synchronisant les LFO de toutes les voix si besoin.

Sur les LFO1&2, un réglage de fondu (Fade) et de retard (Gate) en façade est dispo sous un seul encodeur appelé Fade Time. Dans le menu LFO, on a le choix entre Fade In, Fade Out , Gate In et Gate Out: les 2 premiers agissent dès qu'une touche est enfoncée, mais de 2 façons : le Fade In fait apparaître le LFO progressivement, le Fade Out permet au LFO d'attaquer « pleine balle » et de s'estomper progressivement. Le Gate In, mal nommé, est un simple retard : le LFO démarre à 100% une fois un temps écoulé (et ajusté par Fade Time). Le Gate Out propose le contraire : le LFO démarre immédiatement à 100%, mais s'arrête d'un coup au bout du temps écoulé. Il n'est malheureusement pas possible de combiner ces 4 réglages, mais c'est déjà peu commun d'en avoir autant.

Nous voici arrivés aux effets, au nombre de 3 : Chorus, Delay et Reverb, mais je vais y glisser les différents mode de saturation de la machine. Ces saturations sont analogiques, contrairement aux Chorus/Delay/Reverb qui sont numériques. Il y a 2 drives : l'un avant le filtre (réglable en façade via un encodeur dédié) et l'autre post-filtre, accessible uniquement via le menu Voice. Il aurait été plus logique de procéder comme pour les enveloppes MOD1 et MOD2 : une seule commande, mais un switch pré/post en façade pour piloter l'un ou l'autre sans aller dans le menu...Bref. Ce drive permet de saturer très progressivement les étages audio pour les faire travailler différemment selon qu'on agit avant le filtre ou après. Attention, les réglages sont à utiliser avec parcimonie, mais on écrête plus ou moins finement le signal. L'overdrive agit par voix, contrairement à la distorsion qui agit après le sommateur sur le bus stéréo principal, juste avant le processeur d'effet. Cet effet de distorsion est lui beaucoup plus radical. Il ramène un peu de souffle, mais permet de donner du gain à la machine. Le Peak peut donc reproduire le signal d'un synthé analogique comme les CS60/80 de Yamaha dont le gain à chaque étage donnait ce son plein et un peu boursoufflé. En montant cette distorsion, on perd en finesse sur le forme d'onde, mais on gagne du « corps », et du « coffre ». Utilisé avec parcimonie, il permet de rendre le son plus chaleureux, mais rien n'interdit l'excès pour faire des textures « à la TB303 » par exemple.

Les effets numériques sont aussi générés par le FPGA. Leur qualité est bonne, au-dessus de la moyenne de ce qu'on trouve habituellement dans cette gamme de prix. Il y a 3 Type de Chorus : un double, un quadruple et un effet d'Ensemble. Le plus spectaculaire est le quadruple, les 2 autres sont plus communs. En façade, on choisit le type de chorus et la vitesse du LFO, ainsi que le dosage, et dans le menu, on peut régler l'amplitude de la modulation et la profondeur du feedback (positive ou négative). Il est regrettable que la vitesse du Chorus ne soit pas plus rapide, cela aurait été utile pour créer certains sons de string machine. Dans les réglages extrêmes de feedback, on est très proche d'un flanger, mais en aucun cas d'un phaser : bon à savoir.

Le Delay n'a qu'un algorithme, mais pas mal de paramètres dans le menu. Son temps peut être asservi à une horloge MIDI depuis la façade, le paramètre time affichant alors des divisions temporelles. Ce delay peut aller jusqu'à environ 1,4 secondes par battement. Le paramètre Slew (qui n'a rien à voir avec le slew des LFO, ici, il s'agit plutôt d'un Lag) indique à la machine comment elle doit se comporter quand on modifie la vitesse des échos depuis la façade : à quelle vitesse vont-ils atteindre la vitesse cible ? Les réglages élevés vont modifier les échos très progressivement (jusqu'à plusieurs dizaines de secondes!) et les réglages faibles vont très rapidement raccourcir ou allonger les échos avec un effet sur le pitch du son. Le résultat n'est pas forcément très analogique (on n'est pas dans la simulation de delay à bandes), mais c'est assez amusant et peut s'avérer créatif en situation live. Par défaut, le delay est mono, mais on peut établir un ratio L/R qui produit un motif panoramique pour chaque écho : original ! Il ne reste qu'à définir la largeur stéréo par le paramètre Width, et on a achevé le tour de ce delay de qualité convenable, peut-être toutefois le moins bon des 3 effets. Dans ses réglages extrêmes, on arrive tout de même à produire des effets type réverb à ressort, mais on ne va pas jusque dans les effets de modulation, on n'est pas (encore) chez Soundtoys !

La Reverb : Novation a été malin lors de la promotion du Peak, il l'a beaucoup mise en avant, et j'en profite pour remettre un peu les choses à leur juste niveau, en toute humilité, pour relativiser l'intérêt sur cette réverb. Elle dispose de 3 réglages en façade, laissant à penser qu'on a 3 algorithmes différents : pas du tout ! La différence entre le réglage 1, 2 et 3 est simplement la taille de la réverb (RevSize), qu'on peut changer pareillement dans le menu dédié FX. On voit d'ailleurs bien, quand on est dans ce menu, l'action du bouton de sélection de la réverb qui ne fait que changer la valeur du paramètre size. Novation l'affiche d'ailleurs clairement dans le manuel en expliquant qu'il ne s'agit que d'un raccourci de valeur, affinable dans le menu. Qu'on se le dise : il n'y a qu'un seul algorithme de réverb dans cette machine ! On peut comme sur chaque effet ajuster le LP Damp et HP Damp pour amortir le signal traité, à ne pas confondre avec LoPass et HiPass qui le filtrent carrément, et le PreDelay (sans surprise...). Depuis la façade, Time permet de modifier le Decay de la réverb, lequel atteint plusieurs dizaines de secondes !!! Donc cette réverb est excellente, ses réglages permettent de couvrir beaucoup de besoins. Je ne saurais dire si c'est une hall ou une stage...On a toutefois du mal à faire des réglages type Room. L'image stéréo et la profondeur est très bonne, elle apporte beaucoup sur les programmes longs type nappe, et enveloppe le son sans abimer le signal d'origine. Enfin une réverb qui ne brouille pas le son. On est ici très au-dessus des processeurs qu'on trouve sur les DSI OB6 et P6, indiscutablement. On n'est toutefois pas au niveau d'un réverb haut de gamme dédiée, type BigSky ou Space, mais elle demeure un élément important du son du Peak, et pour une fois qu'on a davantage qu'une réverb cache-misère dans un synthé, ne boudons pas notre plaisir.

Le meilleur est pour la fin : on a le choix entre plusieurs routing des 3 blocs d'effet. Parallèle est le routing par défaut, où chaque son passe de façon égale dans chaque processeur d'effet, sans aucune interaction entre eux. En série, toutes les combinaisons possibles existent (soit 6) entre les 3 blocs d'effet, et c'est extrêmement bien vu, surtout par rapport à la concurrence américaine.

Nouveauté de l'OS 1.2, certains paramètres d'effet peuvent être une destination des modulations. Cela ne se passe pas dans la matrice de modulation générale, mais dans le menu effet, où la menu modulation général est fidèlement reproduit, spécifiquement pour pilotes des paramètres d'effets (pas tous : le « size » de la réverb n'y est pas, par exemple). Une différence : les LFO1 et 2 (ceux de la façade) sont remplacés par 2 nouveaux LFO 3&4 identiques mais avec moins de paramètres. On peut, par exemple, piloter le niveau de la distorsion ou le feedback du chorus avec une sinusoïde calée sur le tempo. Un très bon ajout qui donne de la profondeur aux sons.

Utile : un bouton Bypass permet de désactiver les effets numériques, mais pas la distorsion. Je ne saurais dire s'il s'agit d'un true bypass, le manuel n'indique rien là-dessus, et je n'entends pas de relai s'activer conjointement à l'appui de la touche. En tous cas, ça fait le job et le signal n'est en rien altéré.

Cette section effet est donc de qualité, on n'est pas au niveau d'une Workstation en termes de possibilités, mais il vaut mieux avoir 3 bons effets que 18 mauvais, n'est-ce pas ? Mention pour le Quad Chorus et la Reverb qui sont d'un très bon niveau, le reste étant plus commun.

Parlons maintenant de la gestion des voix du Peak. Commençons par rappeler que l'instrument est monotimbral, et qu'il s'agit là de son plus gros défaut. On aurait aimé créer des splits, des layers de nappe et d'arpèges...Peine perdue, c'est son principal handicap par rapport au Rev2 entre autres, c'est vraiment dommage, inutile de le contester.

C'est la section Voice qui gère l'allocation des voix du Peak. On a un mode Unison qui permet d'empiler 2, 3, 4 ou 8 voix, avec un Unison detunable et une répartition stéréo des 8 voix via le paramètre UniSpread. A noter que ce dernier agit même lorsque Unison est désactivé pour répartir les 8 voix dans le champs stéréo. L'Unison Detune produit bien l'effet escompté, mais son réglage maximum aurait pu aller encore plus loin. On regrettera qu'il n'y ait aucun moyen, en dehors du paramètre UniSpread, de moduler le panoramique des voix dans le Peak (curieux, ça!).

Les différents mode de jeu sont les suivants: Mono déclenche toujours le même oscillateur. MonoLG fait la même chose, mais rend actif les modes de déclenchement des enveloppe « legato » présentes dans les différents menus : l'enveloppe ne se redéclenche pas tant que l'on jour lié (on aurait pu imaginer n'avoir qu'un seul réglage à un seul endroit, au lieu d'aller dans 2 menus différents pour faire la même chose...Bref). Le mode Mono 2 fait la même chose que le mode Mono 1, mais en activant alternativement chaque voix. Ce mode peut sembler sans intérêt, mais il est là pour simuler le mode mono des synthés analogiques polyphoniques pour ceux qui en disposent : c'est utile quand les paramètres Filter Diverge et Osc Diverge sont réglés sur des valeurs hautes : on n'a pas tout à fait la même note à chaque fois. Le mode Poly est le mode classique à 8 voix, et Poly2 en est une variante : en Poly, chaque note jouée déclenche un nouvel oscillateur. En Poly2, ce n'est le cas que si la note est nouvelle, une note répétée continuant à jouer le même oscillateur. Ces 2 modes sont ceux qu'on retrouve que les Roland Jupiter/MKS, ils permettent à la machine de se comporter différemment lorsque par exemple on utilise le glide : en mode poly, chaque note glide à chaque accord, en poly2, seules les nouvelles notes glident.

Dans ce mode, un patch level permet de stocker le volume de chaque programme, précieux pour éviter les sautes de volumes d'un synthé dont on parcourt les presets.

Le glide, ajustable depuis la façade de l'appareil, a un bouton d'activation on/off (on se serait contenté d'un encodeur qui, à zéro, n'aurait eu aucune action, comme sur un Pro One...). Dans le menu, le glide peut être modifié en « pré-glide », un auto-bend qui attaque le pitch de la note par le dessous (valeur négative) ou le-dessus (valeur positive), l'encodeur en façade servant alors à déterminer la longueur de cet effet.

Passons à l'arpégiateur : doté de son propre menu, tout se règle quasiment à l'écran, car la façade n'offre que la possibilité de l'enclencher et d'en déterminer le Gate (la longueur de notes, à ne pas confondre avec la vitesse de son motif). Dans le menu, on a accès au sempiternel Swing, ainsi qu'à la division temporelle (qui peut aller jusqu'à 8 temps!). L'arpège peut être « free run » sans tenir compte du moment où les notes sont enfoncées au clavier, ou refaire partir son motif quand on appuie sur une touche du clavier à condition de jouer staccato (c'est à dire détaché : c'est le gate du clavier qui indique à l'arpégiateur de repartir de zéro). Le nombre d'octaves couvertes peut aller de 1 à 6 (bien!). Un étrange paramètre Rythm est de la partie : il permet d'appliquer l'arpège sur un motif rythmique prédéfini, à choisir parmi 33. Plus on incrémente le numéro de pattern, et plus on s'aventure sur des motifs complexes, sans toutefois atteindre la complexité d'un module Karma de chez Korg. Les motifs d'arpège sont du classique, à l'exception d'un mode Chord qui permet de faire des arpèges d'accords. Ce n'est pas équivalent au mode Chord des synthés DSI, qui permettent d'enregistrer un accord et de jouer le même accord au clavier ou à l'arpégiateur. Ici on peut changer d'accord à tout moment. C'est dans ce même mode qu'on règle les modes de synchronisation de l'arpégiateur, mais plus généralement de toute la partie MIDI de la machine : on peut se caler sur une horloge MIDI externe, en USB comme en MIDI.

Concernant l'arpégiateur, il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c'est que l'arpégiateur émet en MIDI vers l'extérieur, on pourra donc l'utiliser pour piloter des instruments externes ou des VST, bon point. L'ajout de notes en cours de route enrichit bien l'arpège en cours d'évolution, à partir du moment où il reste au moins une note appuyée sur le clavier, c'est normal, mais ça va mieux en l'écrivant, ayant déjà croisé des arpégiateurs un peu stupides dans ma vie. Et là, c'est le drame : l'arpégiateur du Peak n'interprète pas les données de vélocité, alors que même celui de l'UltraNova le permet! Cela veut dire que si vous jouez un accord constitué de notes de vélocités différentes, il va vous resservir un motif avec toutes les notes à la même vélocité. Pire : toutes les notes seront jouées à la vélocité maximale : non seulement on ne peut pas choisir sa vélocité par note, mais pas davantage par accord ! Voilà qui est particulièrement stupide, ce n'est pas un bug, c'est un choix, et un très mauvais. Je l'ai contourné en me servant de l'arpégiateur du Keystep Arturia, un clavier maître à 110 euros qui lui gère parfaitement cela et envoie des motifs avec les bonnes vélocités au module sonore du Peak qui, du coup, sonne beaucoup mieux ainsi ! Hey, Novation : ça va pas bien, non ? Corrigez ça tout de suite !

La matrice de modulation est un point fort de la machine, mais n'est pas non plus révolutionnaire, car il est vrai que les certains virtual analog et même néo-analogiques avaient placé la barre assez haut ces derniers temps (Virus, DSI Prophet 12, et même le Rev2...). Néanmoins, elle possède quelques particularités très bien pensées. Il y a 16 modulations possibles par programme, désormais centralisée sur un seul menu depuis l'OS1.2 : une destination (« qu'est-ce que je veux moduler ») et 2 champs sources (« par quoi »). On commence par sélectionner l'un des 16 emplacements. Puis la destination : le pitch de chaque oscillateur ou de tous les oscillateurs, la synchro de chaque oscillo, le Shape de chaque oscillo, le niveau de chaque oscillo/noise/ring, le VCA (et donc c'est là qu'on peut produire du son sans appuyer sur un clavier pour produire un drone, par exemple), les paramètres du filtre (Drive, Disto, Cutoff et Resonance), la vitesse de 2 LFO, les segments ADR de chaque enveloppe (super pour programmer des patchs très expressifs). C'est là également qu'on peut faire de la FM : chaque oscillateur peut moduler en FM un autre oscillateur (1=2, 2=3, 3=1). Enfin, le noise peut moduler le filtre et l'oscillo 1, l'oscillateur 3 pouvant moduler le filtre.

On règle le profondeur de modulation. On a 2 sources de modulation, mais on peut n'en activer qu'une. 2 cas de figure : si 1 seule source de modulation, elle va moduler la destination, mais s'il y en a 2, elles vont être multipliées : si l'une des 2 sources est à zéro, le modulation ne se produira pas. C'est utile de combiner 2 sources de modulation, cela permet pour l'une de ses utilisations les plus classiques, de déclencher un vibrato en modulant le pitch des oscillos avec une combinaison de sources {LFO + Molette de modulation}. Les sources sont : Direct (modulation toujours active), molette de modulation (CC#1), l'aftertouch (le Peak peut répondre à l'aftertouch polyphonique), les 2 pédales d'expression, la vélocité, le suivi de clavier, les 2 LFO en mode Bipolaire ou Unipolaire, les 3 enveloppes, les 2 boutons Animate et l'entrée CV. Cette dernière peut envoyer des signaux de très haute résolution, le Peak les convertit à environ 1kHz sans aliasing, ce qui permet d'entrer dans le Peak une source de modulation allant jusque dans les fréquence audio.

Les réglages généraux sont peu nombreux, mais il n'y a pas d'omission notable. La mémoire peut être protégée, et il est important de comprendre que la machine est livrée avec 2 banques de 128 sons remplies, les 2 autres étant vides. Toutefois, les 4 sont réinscriptibles et on peut effacer les programmes d'origine. Ces programmes sont disponibles quand on se connecte sur l'appli online de Novation avec son Peak branché en USB, c'est assez bien fait et c'est également ainsi qu'on procède aux mises à jour.

Il semble d'ailleurs qu'une mise à jour ait inclus un paramètre qui manquait au Peak, ce que SynthWalker avait relevé dans son test : c'est le mode Jump/Catch, qui permet de définir comment les encodeurs vont réagir en fonction de la valeur stockée dans le programme. C'est corrigé avec une fonction dénommée Pickup (drôle de nom...) et qui laisse le choix entre les 2 solutions. On trouve le réglage du contraste de l'écran OLED qui est lisible, mais d'une définition inférieure à ce qui se fait maintenant de mieux (Prophet 12, etc...). Il ne permet aucun affichage graphique. Réglable aussi le délai pendant lequel la valeur d'un paramètre s'affiche à l'écran quand on bouge un encodeur : bien vu, on a rarement accès à ce genre de choses sur un synthé. J'apprécie aussi qu'on ait toujours à l'écran 2 valeurs de paramètres : celui qui est stocké dans le programme, et celui qu'on est en train d'éditer. La machine dispose aussi d'une routine de calibration, que j'ai testée sans encombre, mais qui prend tout de même quelques minutes pour calibrer toute la partie analogique de la machine. La réponse à la vélocité, l'accord global (Tuning grossier/fin) complètent le tableau. Viennent ensuite les paramètres MIDI, avec le choix de l'unique canal (puisque monotimbral...) auquel on demande au Peak de répondre, une commande Local qui définit sur les commandes du Peak doivent envoyer des infos MIDI out, le choix d'émettre des notes de l'arpégiateur en MIDI, les filtres d'émission/réception des contrôleurs MIDI/NRPN, des banques et patch/programmes. La machine est aussi dotée d'un dispositif qui détecte la polarité des pédales qu'on lui branche, réglage qu'on peut forcer si l'on le souhaite : ça c'est bien, car quelque soit la pédale embarquée, on est sûr qu'elle s'adaptera au besoin, on devrait avoir ça sur tous les synthés ! Les pédales peuvent activer les fonctions « animate », ces petits pad en façade issue de l'ultranova. A ce propos, je trouve ces pads assez dispensables sur la machine. Ils fonctionnent comme une source de modulation en tout-ou-rien, et peuvent être maintenus verrouillés par un tout petit bouton poussoir « hold » trop petit et trop souple de part sa matière caoutchoutée (il faut appuyer simultanément sur ce petit « hold » et le pad « Animate » qu'on souhaite verrouiller. Il aurait été plus malin de le verouiller par un appui long). Un update a aussi ajouté une page au menu Settings : Volume Range qui semble régler le headroom du Peak, entre -6dB, -3dB et 0dB. Ce menu n'est d'ailleurs pas mentionné dans le manuel qui n'en fait pas état, probablement parce qu'il n'existait pas lors de la rédaction du manuel. Les fonctions de back-up permettent de sauvegarder les programmes banque par banque, ou toutes ensemble. Les réglages de la machine sont aussi sauvegardables, en USB ou via le MIDI Out.
L'OS1.2 a aussi apporté la possibilité de créer ses gammes microtonales, bravo !

On arrive à la fin et je m'aperçois que je n'ai pas de parlé de la fabrication de la machine. On a évoqué l'écran au contraste réglable, qui comporte 4 lignes. La première porte le nom du menu, les 3 autres lignes les paramètres qu'on peut sélectionner avec les 3 boutons contextuels à gauche de l'écran. Hélas ils ne sont pas alignés avec les caractères de l'écran, ce qui est une source de confusion. Tous les encodeurs offrent une résistance agréable et, lorsqu'une position centrale est requise, un petit crantage permet de caler précisément l'encodeur où il faut : très bien, très agréable avec leur surface caoutchoutée. La plupart des boutons de sélection allument des diodes, et tout est clair. Je salue la présence du bouton « Initialize » qui ramène dans la mémoire tampon un programme vierge (assez rare ça, tellement utile), mais qui peut aussi si on le souhaite renvoyer la position des commandes en façade (nouvelle option apportée par l'OS 1.2, dans le menu settings : « Inipatch » ou « Live »),le bouton compare qui fait écouter en alternance le programme en cours d'édition et le programme sauvegardé. Audition ne fait que jouer une note C3 quand on n'a pas de clavier sous la main (jouer une petite séquence aurait été plus utile pour vraiment pouvoir programmer le Peak sans clavier). Bref, toutes ces commandes sont les bienvenues. Au chapitre des regrets, la touche « save » en façade est très bienvenue, mais 4 menus successifs pour sauvegarder un son, c'est trop (le 1er pour nommer le son, le 2nd pour choisir l'emplacement, le 3ème pour définir une catégorie, et le dernier pour sauvegarder, enfin! C'est beaucoup trop, et c'est source d'erreur, je pensais avoir sauvé un programme à plusieurs reprise, mais un menu manqué et mon programme n'avait finalement pas été enregistré!) Le sérigraphie de la machine est lisible, les indications se situant sous les commandes, ce qui est pratique. La coque acier est solide, l'engin est trapu et bien lourd, les flancs en bois ne sont manifestement pas en bois massif, mais peu importe, ils sont jolis et laissent un ajourage affichant le logo Novation. À l'arrière, on a un interrupteur marche/arrêt, un port Kensington pour mettre un antivol, et le connecteur pour le bloc d'alimentation externe (beurk). Le trio de prise MIDI est rejoint par un port USB par lequel ne transite que du MIDI et malheureusement pas d'audio. 2 entrées pédales, suivies d'une paire de sorties stéréo pseudo-symétriques (c'est à dire asymétrique, mais avec une impédance adaptée à des entrées symétriques : on aurait préféré de vraies sorties symétriques). La sortie casque se trouve également à l'arrière, ce que je trouve un peu plus dommage pour ma part, d'autant que les sérigraphies des prises arrières ne sont pas reprises sur la façade. Enfin, une entrée Control Voltage, utilisable comme source de modulation, permet de piloter les paramètres du Peak par une source externe, comme un modulaire, un step modulateur (qui lui manque, voici de quoi le combler avec, par exemple, un petit SQ1 de Korg...), et elle acceptera du -5V/+5V.
Enfin, il convient de préciser que la machine ne chauffe absolument pas, et est parfaitement silencieuse, dénuée de tout ventilateur.

Et si on parlait du résultat que procure le Peak ? Après tout, on est là pour ça, non ?

Le Peak fait un choix qui est clair : un synthé ultra-classique dans son architecture et ses fonctionnalités (à l'exception de la section oscillo survitaminée), mais qui fait monter la qualité d'un cran par rapport à tout ce qui a été fait en la matière. Voilà un synthé qui pourrait potentiellement jeter un pont entre le monde des synthés numériques et analogiques, en offrant ce qu'il y a de meilleur dans les 2 mondes. La précision et la finesse de programmation des synthés numériques, leur souplesse aussi, et le caractère bien trempé des ancêtre analogiques, dont il est parfaitement capable de simuler les défauts qu'on aime tant. Pour chacune des catégories, il rivalise avec les meilleurs polyphoniques, et c'est sans doute le synthétiseur le plus polyvalent niveau sonorité de toutes mes machines. Un son de bass mono qui déboite ? Un son de brass vintage ? Un arpège énervé ? Un son de piano DX ou une nappe FM ? Il fait tout cela avec beaucoup de grâce et d'expressivité via ses modulations excellentes. Les effets de très bonne qualité font partie intégrante du son. Novation correspond bien à ma philosophie des synthés : je n'ai jamais cru à la hiérarchie des technologies les unes par rapport aux autres. Par contre, je pense que pour certaines choses, il vaudra mieux un synthé numérique et pour d'autres, un analogique. L'Evolver en son temps avait bien démontré qu'en alliant des oscillateurs numériques d'un côté et analogiques de l'autres, on pouvait faire une bécane hybride avec une vraie personnalité, un synthé un peu tout terrain. Le Peak, grâce à ses oscillos ultra polyvalents et l'architecture analogique du reste de la machine, prend le meilleur des 2 mondes et nous le met à disposition. Bien sûr, cela nous vaut quelques concessions : le prix d'abord, puisque le Peak se vend désormais autour de 1100 euros neuf (il est sorti à 1400), ce qui n'en fera pas le synthé le plus abordable, mais très sincèrement, aucun polyphonique dans les 500/700 euros ne lui fera de l'ombre. La concession la plus importante est la monotimbralité et, dans une moindre mesure, le nombre de voix. J'apprécie aussi la simplicité de cette machine : avec l'appui de l'excellent manuel en PDF certes, mais très bien rédigé et en français, on a des explications très claires et un petit cours de synthèses qui s'appuie sur le Peak : ceux qui veulent apprendre comment programmer un synthétiseur peuvent vraiment faire leurs armes sur le Peak sans aucune appréhension, ce n'est pas du tout une machine « prise de tête ».
La machine va de l'analogique classique à papa jusqu'au son agressif ou métallique, aidé par des filtres et enveloppes nerveuses, renforcés par plusieurs niveau d'overdrive et de distorsion. On regrette le nombre d'emplacements de programmes qui est honorables (4 banques de 128 patches), mais il faudra écraser les sons d'usine pour en bénéficier en totalité. Heureusement, l'appli en ligne de sauvegarde des programmes aide bien, elle est bien faite, mais devoir compter sur un programme en ligne pour gérer ses patches...Elle est aussi disponible en standalone. Heureusement la machine peut aussi dumper ses programmes en MIDI/USB de façon classique.
On peut regretter l'absence d'entrée audio et tout ce que cela aurait permis : suiveur d'enveloppe, vocodeur, filtrage de samples/loops. L'audio over USB aurait aussi été un bon ajout, d'autant que la machine étant monotimbrale, seuls 2 canaux devaient être véhiculés. La moindre interface audio à 100 euros fait cela désormais.
On trouve toujours le matériel qu'on achète formidable, on a tous ce petit travers. Si bien qu'on accepte plus facilement les petits défauts d'un appareil pour lequel on a sacrifié une partie de ses économies. J'avoue avoir ce défaut, en être conscient, pour autant, j'aime énormément ce synthé, un bon gros couteau suisse, champion de la catégorie « tout terrain » des synthés à accès direct en façade. Beaucoup auraient aimé une version clavier, c'est vrai aussi : elle viendra si le succès du Peak est au rendez-vous, ce qu'il mérite, mais la concurrence est acharnée sur le secteur des polyphoniques sous la barre des 2000 euros. Saura-t-il tirer son épingle du jeu ? Il me semble voir le Peak dans beaucoup de vidéos sur internet, et ceux qui l'ont adopté en font un très bon retour : je me joins bien volontiers à eux. On peut donc parler de valeur sûre, et si vous avez peur de vous tromper en l'achetant, je souhaite lever vos craintes : il ne vous décevra pas, même s'il ne vous donnera pas davantage le sentiment d'avoir affaire à une révolution en termes de synthé. Il vous offrira ce petit pas en avant sur la qualité du son et la polyvalence.


J'aime :
la très grande polyvalence sonore : tantôt précis, froid, numérique, tantôt fat, imparfait, gras.
La qualité intrinsèque des éléments constitutifs du son : osc, filtres, enveloppes...et l'absence d'aliasing.
Pas mal de caractéristiques quand même parmi ce qui se fait de mieux : 3 oscillos, 3 enveloppes, 4 LFO,...
Les saturations/distos à tous les étages qui permettent de donner du coffre et de la présence
La section oscillateur survitaminée rendue possible par les FPGA, 70 tables d'onde et la possibilité de sculpter ses oscillateurs.
L'excellente section LFO1&2, pleine de trouvailles (nombre de cycles) et allant à des résolutions élevées
Le workflow, rapide, clair, simple grâce aux commandes et aux bouton de menus (système type Ensoniq) qui rend la machine compréhensible par tous.
la qualité de fabrication au rendez-vous
Des encodeurs non-crantés avec un cran de centrage lorsque nécessaire. Ceux qui pilotent des paramètres sensibles sont codés sur 8 bits (256 valeurs).
Une machine bien née, très stable, qui peut aller sur scène sans aucune appréhension.
la qualité des effets, au-dessus de la moyenne, leur routing.
une FM simplifiée, mais qui sonne et qui couvre l'essentiel des besoins.
La possibilité de verrouiller la phase des oscillos et des LFO.
Enveloppes bouclables.
La matrice de modulation qui permet beaucoup d'expressivité et d'interactions avec le son, notamment la possibilité de moduler les paramètres d'enveloppes.
L'ajout avec l'OS1.2 de la modulation des paramètres d'effets.
La récente baisse de prix, qui le ramène sous le prix du Rev2 desktop 8 voix.
La synchro des oscillateurs qui n'accapare pas 2 oscillos. La présence du ring mod.
Une entrée CV haute résolution pour piloter des paramètres via la matrice de modulation.
L'arpégiateur émet en MIDI Out
Pas d'omission dans la synchro d'horloge MIDI des paramètres (LFO, Delay...)
Toutes les commandes émettent des messages MIDI (= machine facile à automatiser dans un DAW).
Il y a un économiseur d'écran, bien vu.
Un appareil élégant, compact qui ne chauffe pas le moins du monde.
Le manuel utilisateur, très bien fait, très didactique (mais en PDF...)
Le support Novation, qui fait évoluer ses machines régulièrement et gratuitement.

On peut ne pas aimer :
la monotimbralité
8 voix seulement
l'absence d'entrées audio
Aucun moyen de moduler le panoramique des voix (mais on peut les répartir dans l'espace stéréo via l'UniSpread).
Absence de fonction de copier/coller (entre enveloppes, LFO, oscillos...)
Les boutons animate ne servent pas à grand chose (auraient avantageusement été remplacés par un tap tempo...)
Quelques maladresse d'ordre ergonomiques (4 appuis pour sauver un son, etc...)
L'arpégiateur qui n'interprète pas les données de vélocité ! Honteux ! Affreux ! Ignoble !
Pas de step séquenceur, ni de séquenceur.
L'USB ne fait pas transiter d'audio.
La prise casque à l'arrière.
L'écran OLED pas fin, non graphique
Contrairement aux apparences, un seul algorithme de réverb (même s'il est très bon).
Un petit phaser n'aurait pas été de trop.
Le prix du stand optionnel