Musique et expériences d'intériorité
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Anonyme
Suite à une demande formulée dans un post sur la musique ambient, voici un post consacré aux différents liens qui peuvent exister entre musique et expériences liées à des états de conscience modifiée induites par la musique.
L'origine et les grandes lignes de la discussion:
Citation de Gianni Andon :
Est ce que ca vous arrive en écoutant des morceaux, de voir soudainement une partie de votre jeunesse défiler? [avec l'exemple de Boards of Canada - Bocuma]
Citation de Muh Nods :
Ce que tu dis m'interpelle beaucoup, puisque j'ai ressenti la même chose lorsque j'ai écouté Boards Of Canada pour la première fois... J'ai vu défiler plusieurs "flashs", remontant à mon adolescence, en particulier quelques moments très particuliers, très précis, que j'avais totalement occultés.
Citation de Xheindrichs :
Pour ma part, cela me semble logique, ou en tout cas compréhensible. [...] Dans certains états de conscience modifiée, pas mal de choses étonnantes peuvent survenir, comme par exemple le fait qu'une "tranche" de mémoire se réactualise dans la conscience. C'est fréquent...
Citation de Gianni Andon :
Citation de Xheindrichs :Je te l'accorde mais la musique reste quelque chose de subjectif, aussi belle soit-elle. Que de tels sons provoquent les mêmes sensations chez beaucoup d'auditeurs demeure quand même un mystère
[...]
Cela demeure tout de même un peu plus mystérieux lorsqu'on s'attaque à la mémoire qui appartient temporellement au passé (nous n'avons pas tous eu la même vie et les mêmes souvenirs) alors que la musique, ambient en l'occurrence, prétend seulement offrir au présent, à l'instant I, les vertus qu'on lui attribue généralement
[...]
j'ai ressenti exactement la même chose. Pourtant je n'ai pas partagé mon enfance avec ce cher Muh Nods
Évidemment. tu n'as pas eu accès à la MÊME mémoire (vu que tu n'as pas vécu sa vie), mais bien au même PROCESSUS. [...] Comme tu dis, la musique peut offrir au présent les vertus qu'on lui prête (énervante, calmante, etc...) Si on pose comme hypothèse qu'elle donne des réminiscence pour un public particulier (sensibilisé au départ), on peut dire qu'elle réactualise des souvenirs dans le présent de l'auditeur. Se remémorer, c'est retrouver, dans le présent, des contenus de conscience passés liés aux 5 sens. Pour moi, la mémoire n'appartient pas au passé.
Citation de Gianni Andon :
C'est un constat que tu fais là. Moi je voudrais savoir COMMENT expliquer ce processus que tu décris et qui nous fait remonter des années en arrière
Citation de Xheindrichs :
On ne peut pas EXPLIQUER ce processus sans faire une étude approfondie. Mais on peut COMPRENDRE que cela PEUT fonctionner fréquemment de cette manière chez des sujets qui ne sont liés que par leur attrait pour cette musique. On peut le comprendre en juxtaposant des constats et en concluant sous forme d'hypothèses.
Les constats:
1) Certains aiment la musique ambient, d'autres pas.
2) Chez certains sujets, ceux qui "aiment", l'écoute de la musique ambient, dans certaines conditions, peut induire un état de conscience modifié.
3) Dans les états de conscience modifiée la conscience peut vivre de nombreuses choses inhabituelles, a tout moment. Une de ces choses est l'arrivée d'un souvenir à la conscience, quel qu'il soit.
4) Ceux qui aiment l'ambient l'écoutent, et s'informent ou échangent à son propos.
5) Ceux qui se regroupent pour échanger à propos d'un sujet échangent souvent à propos de la manière dont ils vivent ce sujet.
6) Si à l'écoute de l'ambient, on rencontre l'expérience de réminiscence, que l'on trouve un groupe centré sur ce sujet où on se sent suffisamment à l'aise pour en parler, on en parlera.
7) Dans ce groupe de personnes qui écoutent de l'ambient, il y a de fortes chances pour que d'autres personnes se retrouvent dans cette expérience (pour les raisons 2 et 3).
8) Lorsque deux personnes se rendent compte qu'elles ont vécu chacune des expériences hors du commun, et qu'elles se sentent suffisamment à l'aise, elles échangeront à ce propos.
On peut donc raisonnablement poser l'hypothèse que l'ambient peut favoriser les réminiscences (de 1 à 3). Donc, il est COMPREHENSIBLE que tu aies vécu le même processus que Muh Nods (1 à 3 pour chacun) et que vous en parlez (de 4 à 8).
Le terme "processus" est important: je ne parle pas de CONTENUS. Muh Nods ne t'a pas parlé du soudain souvenir de la glace qu'il léchait tout en regardant sa voisine en train de se toiletter dans sa salle de bains... Et tu ne t'es pas écrié "Oh, mais je me suis souvenu de la même chose, la même glace, la même voisine". Vous avez chacun parlé de flashes liés à l'enfance, pour l'un, et à l'adolescence, pour l'autre. Tu n'as donc pas ressenti la même chose, mais expérimenté le même processus...
Pour ce qui est de l'EXPLICATION, pour aller au-delà de l'hypothèse, cela mériterait bien un mémoire en psychologie transpersonnelle, en ethnologie, en musicologie, etc...
Quant à la mémoire, pour moi, elle n'appartient pas au passé. C'est un processus qui s'active au présent pour "emmagasiner" ou pour "restituer" des contenus mentaux. Ces deux travaux de la mémoire ne peuvent se dérouler que dans un présent. Quant aux contenus mentaux, les souvenirs, ils ne sont pas (toujours pour moi ;) ) de l'ordre du passé. On peut imaginer, conceptuellement, qu'ils se "réfèrent" à un événement survenu dans le passé, mais ces souvenirs restent le résultat d'une réactivation et réinterprétation au présent de certains circuits neuronaux en l'état où ils sont actuellement. C'est d'ailleurs une des raisons pour laquelle la mémoire peut s'altérer... En se remémorant le passé, on plonge ... dans le présent.
Citation de Gianni Andon :
il est dur de partager tout cela sur un forum. Notre façon d'écouter de la musique et de l'interpréter est strictement personnelle et indescriptible. Il y'a un fossé entre la pensée et la parole. Le passage de la pensée à la parole, du ressenti à l'énoncé est un meurtre quelque part, une démystification vulgaire. C'est pour cela que j'évite les superlatifs concernant les musiques que je présente parfois ici. Faire cela c'est s'attribuer les émotions qui constituent cette musique et la démystifie.
Citation de Xheindrichs :
C'est vrai que parler de quelque chose de si subjectif, intime est difficile. C'est une sorte de traduction de mouvements interne, faite sans dictionnaire. Et comme le dit l'expression, "Traduttore tradittore" (Le traducteur est un traître). En même temps, c'est particulièrement intéressant de lire des récits d' "expériences intérieures", des collections de trahisons, parce qu'elles pointent toutes vers leur source...
C'est drôle parce qu'on a vraiment des conceptions très différentes... Caractériser les musiques (avec des superlatifs ou non), pour moi, c'est un peu l'opposé que de s'attribuer ces caractéristiques. C'est plus de l'ordre de les sortir de soi, avec tous les avantages que cela comporte (on peut les regarder, les comprendre, les faire se rencontrer avec des caractérisations d'autres personnes, etc...), mais aussi les inconvénients à accepter (le constat d'incomplétude du langage, d'inadéquation inéluctable entre le mot et la chose, d'incommunicabilité de ce qui fait l'intériorité).
Pour l'émotion, elle est, momentanément, dans l'esprit de celui qui crée la musique. Elle est aussi, momentanément, dans l'esprit de celui qui l'écoute. Mais les deux émotions peuvent très bien être très différentes... En tout cas, l'émotion n'est pour moi absolument pas dans la musique. On la crée/subit à l'intérieur de nous en fonction de multiples facteurs, dont l'audition de telle musique (ou de tels accords, de telles sonorités) n'est qu'un des éléments.
Le langage ne démystifie pas l'expérience, précisément parce qu'il passe à côté. Il rate sa cible à chaque fois. La part de mystère reste donc entière. Quant au musée, il ne démystifie pas l'œuvre d'art, parce qu'il passe encore à côté. Une œuvre d'art ne peut être présentée en totalité dans un lieu anonyme, car elle est étroitement liée à l'intériorité du peintre dont personne n'a la clé. Si on avait accès à toute la réalité de la peinture, du peintre et du lien qui les unit, là, ok, il y aurait démystification, et en même temps, perte de l'attrait/intérêt pour cette œuvre (voire pour les autres œuvres). Si le choc entre l'œuvre et le spectateur est étouffé, la raison est à trouver chez le spectateur, dans sa manière d'entrer en contact avec ce qui l'entoure, dans sa manière d'envisager une œuvre d'art et l'utilisation d'un musée. Le musée ne donne que ce que nous venons y chercher. 99% des ont des motivations consommatoires; les 1% restants ont une motivation contemplative. Il y a fort à parier qu'ils vivent la confrontation à une œuvre de manière très différente.
Citation de Gianni Andon :
je suis d'accord avec ce que tu dis en partie, un peu moins dans la dernière partie mais ton avis est peut être plus objectif que moi car le mien reste sans doute partial.
Je ne suis pas peintre mais je suis un dessineux, j'ai un ami peintre, je connais quelques peintres et je m'intéresse beaucoup à ce sujet donc mon point de vue est artistique, sans prétention aucune. J'ai peu de théories sur ce sujet car pour moi il ne s'agit que d'expériences et de "ressentis". Ce qui n'est pas dénué de sens non plus.
Voilà... Peut-être que le sujet (et les autres dans cette veine) intéressera certains...
A bientôt
Xa
Anonyme
vous êtes sévères avec le new-age, et pourtant vos "expériences d'intériorité" ne sont-elles pas justement le fond-même du new-age (non la musique seulement, mais la philosophie-religion en générale)
Salut Mr Absynth n°2
Sévères? Bah... Comme le serait un peintre "peintre" face aux oeuvres d'un type qui utilise de la peinture pour faire des tableaux destinés à de la décoration dans un resto, par exemple. Les moyens sont les mêmes (peinture, toile / son, cd), les destinations sont très différentes (créer une ambiance, une image, une atmosphère propice à la détente et la consommation / exprimer, rechercher, témoigner de quelque chose qui a sa fin en soi). Le new age est une musique utilitaire, qui sert à quelque chose a priori. La motivation de l'artiste new age, est, je pense, de relaxer les écoutants, de les faire s'arrêter de fumer (avec techniques de metahypnose), etc. Il prend des voix, des sons classiques (guitares, violons, etc, des sons de la nature, il mélange le tout et le résultat suit souvent un schéma assez classique, peu déroutant... On sait quasi ce qu'on achète à l'avance. La pochette est également explicite. On voit une forêt, un ruisseau, et on est déjà conquis parce qu'on sait qu'on va entendre des sonorités de ruisseaux. L'ambient ne sert, je pense, à rien de prédéterminé par l'artiste qui soit en dehors de sa musique elle-même. Il est beaucoup moins explicite, prédéterminé.
Il y a une différence entre ce que je conçois être une "expérience d'intériorité" et ce qui constitue le new age. Le new age se caractérise par un choix de certains éléments parmi différentes pratiques, religions, spiritualités, philosophies, éléments sortis de leur contexte et rassemblés dans un nouvel ensemble. C'est un peu le marché, où l'acheteur prend ce qui lui convient. L'expérience d'intériorité est un moment vécu par un individu qui crée une cassure dans ce que le quotidien a de "normal" et que l'individu relit en termes de lien avec une dimension plus profonde (a minima "différente", a maxima "absolue") de l'existence. L'individu qui représente à l'extrême les expériences d'intériorité sont des ermites, des mystiques. C'est l'archétype de celui qui doute, qui expérimente par lui-même, qui sait. L'individu du new age est plus du type de celui qui croit, de celui qui suit (sans jugement de valeur). Il est finalement plus proche d'un système religieux (dogmes, dimension collective, rassemblements prévus à l'avance, officiant, histoires, hiérarchie, lieux...) que ne l'est le mystique (expérience, individualisation, solitude, spontanéité de l'expérience, autonomie, ... ) qui, même si, la plupart du temps, il s'inscrit dans un contexte religieux, il s'en écarte, allant plus loin, de par ses expériences et son ressenti. De nombreux mystiques (chrétiens surtout, même déclarés "saints") s'expriment dans le sens d'un au-delà de Dieu, de sa vacuité, ce qui fera les grands jours de l'inquisition).
A bientôt
Xa
Anonyme
Voilà une réponse bien nette et claire comme la partie cartésienne de mon cerveau les adore. On s'entend effectivement sur ce qu'on appelle le new-age dans cette conversation : ta description est suffisamment imagée.
Bien que je synthétise plus facilement le son que mes pensées sur ce sujet, je dirais que les frontières ne sont pas si bien délimitées et même s'entremêlent. D'un côté on a Andreas Vollenweider et sa harpe magique (et son immense talent) qui est très nettement étiqueté "new-age" (et en effet, il "est" new-age) alors que sa musique est bien plus ambitieuse et s'écoute autrement que comme un papier peint, tandis que l'ambient de Eno (en rapport à l'invention du terme) correspond justement à ta définition du new-age, on glisse facilement vers la musak : détente, consommation, ...
Par ailleurs, je suis certain que les fans de Yanni (du new-age si je ne me trompe) connaissent pour beaucoup cette expérience d'intériorité dont tu parles et qu'à l'inverse beaucoup peuvent passer du Steve Roach (de l'ambient) juste pour meubler le silence.
En fait j'ai été moi-même très sévère avec le new-age il fut un temps, mais me méfie maintenant de ce type de certitude.
Par ailleurs, ces expériences d'intériorité sont accessibles à travers toutes musiques et ne sont pas réservées à l'ambient (bien que, comme dit, ce genre soit particulièrement propice à ce type d'écoute) : tu sais mon admiration pour les espaces de Ligeti, l'orgue de Messiaen, les monophonies du XII° siècles,... et même les partitas de Bach (violon en particulier) sont planantes à souhait, selon la façon de les percevoir, et ça c'est une donnée bien individuelle qui défie tout classement (y compris sans jugement de valeur).
anton.
il se trouve que c'est le champ qui me permet de mieux explorer mes divers intérêts pour la musique en général et le son en particulier.
D'accord! Et tu utilises quoi pour cela? Une faucheuse, un râteau?
Quant à JMG Le Clézio, quel rare écrivain ! L'amour du mot et de la phrase, chose qui se dilue tant de nos jours. Mais Haï à 180 euros d'occasion S'il existe en e-book à prix raisonnable, je m'achète une liseuse !
Content de voir qu'il y'en a qui apprécie encore cela. J'ai eu la chance de le trouver pour quelques euros. Je te le souhaite également.
Plateau of mirrors Mon blog musique et création.
[ Dernière édition du message le 03/04/2011 à 19:14:07 ]
Anonyme
Et j'ai un zebra qui broute dans mon champ, et puis j'y cultive de l'absynth
PS : en fait, je voulais dire "qui me permet le mieux d'explorer"
[ Dernière édition du message le 03/04/2011 à 19:59:57 ]
anton.
L'individu qui représente à l'extrême les expériences d'intériorité sont des ermites, des mystiques. C'est l'archétype de celui qui doute, qui expérimente par lui-même, qui sait. L'individu du new age est plus du type de celui qui croit, de celui qui suit (sans jugement de valeur). Il est finalement plus proche d'un système religieux (dogmes, dimension collective, rassemblements prévus à l'avance, officiant, histoires, hiérarchie, lieux...) que ne l'est le mystique (expérience, individualisation, solitude, spontanéité de l'expérience, autonomie, ... ) qui, même si, la plupart du temps, il s'inscrit dans un contexte religieux, il s'en écarte, allant plus loin, de par ses expériences et son ressenti.
Je suis d'accord avec tout ça. C'est ce qui définit l'exotérisme (extérieur) et l'ésotérisme (intérieur) propre à chaque religion. Je pense immédiatement aux rites soufis qui aborde la musique, pourtant interdite en Islam, d'un point de vue transcendantal.
Bien que je synthétise plus facilement le son que mes pensées sur ce sujet, je dirais que les frontières ne sont pas si bien délimitées et même s'entremêlent. D'un côté on a Andreas Vollenweider et sa harpe magique (et son immense talent) qui est très nettement étiqueté "new-age" (et en effet, il "est" new-age) alors que sa musique est bien plus ambitieuse et s'écoute autrement que comme un papier peint, tandis que l'ambient de Eno (en rapport à l'invention du terme) correspond justement à ta définition du new-age, on glisse facilement vers la musak : détente, consommation, ...
Tout à fait. Je pense que chacun a sa définition du new-age. Si l'on regarde les choses de façon général et avec distance, Eno est celui qui a, inconsciemment ou non, fondé les bases du new-age dans ce qu'il a de plus mauvais. Il a fondé une sorte de mouvement avant gardiste pour l'époque, grâce a une notoriété quand même déjà acquise, qui lui a permis de légitimer et promouvoir cette perspective musicale. Pour moi il est aussi critiquable que défendable car on ne peut pas lui enlever le fruit de ses collaborations qui lui ont permis de faire valoir son talent au niveau des techniques de studio. Je pense que là est son vrai talent au delà de l'idéologie ambiant et ses contours un peu flous.
Plateau of mirrors Mon blog musique et création.
[ Dernière édition du message le 04/04/2011 à 05:43:19 ]
Anonyme
Citation :(il avance ton projet ?)
Ca avance bien, merci. Enfin, il y a eu une rupture d’inspiration de 15 jours, mais ça reprend.
Voilà une réponse bien nette et claire comme la partie cartésienne de mon cerveau les adore. […] Bien que je synthétise plus facilement le son que mes pensées sur ce sujet, je dirais que les frontières ne sont pas si bien délimitées et même s'entremêlent.
C’est certain. Ceci dit, pour faciliter la compréhension du brol, il faut bien différencier les choses, quitte à les trahir. Après, on peut réenvisager les choses comme étant plus « floues », moins catégoriques, bref, telles qu’elles le sont.
Au niveau de tes exemples, c’est là que les choses sont encore plus floues.
1) Andreas, dans discogs, est catalogué « (Electronic, Jazz, Rock, Hip Hop, Pop, Classical, Stage & Screen, Folk, World, & Country, Latin, , Blues) ». Dans wikipedia, il est classé dans le genre « World-pop-jazz », ce qui me semble plus correct. Immense talent, oui, sans doute, mais il pourrait bien se prêter, pour ma part, aussi, à une écoute de type new age. Sa musique est positive, pas alambiquée, non prise de tête, et pourrait aussi s’accorder à un cadre commercial, genre fond d'ambiance dans un resto ou une bouquinerie ésotérique.
sa musique est bien plus ambitieuse et s'écoute autrement que comme un papier peint
On arrive là dans des considérations très subjectives. Une musique ambitieuse pour certains l’est moins pour d’autres. Pour certains, David Guetta écrit des trucs plus ambitieux que Jean-Michel Jarre. Ici, chacun entend la musique à sa manière, et chacun semble avoir sa définition du new-age.
2) tandis que l'ambient de Eno (en rapport à l'invention du terme) correspond justement à ta définition du new-age, on glisse facilement vers la musak : détente, consommation, ...
Exactement, il le dit et l’assume lui-même au point de mettre en sous titre « music for airports », et explique dans le livret l’intention de sa démarche en ce sens. Ceci dit, on pourrait très bien l'écouter dans un contexte très différent d'un aéroport, un casque sur les oreilles, les yeux fermés dans un fauteuil... Tout comme la musique new-age, note.
Il y a donc une « écoute » new age et une « écoute » ambient. L'intention de celui qui met le disque et/ou de celui qui l'écoute va être déterminante. Mais aussi, en définitive, une musique spécifiquement new age, pour moi, c'est la musique cheap qu'on trouve dans les supermarchés en compilation à prix écrasés avec une photo inspirant le calme ou avec des termes qui annoncent la couleur directement « relaxation, zen, ... ». La musique de Yanni, même si elle est d'intention « new age » au sens « spirituel » du terme, est, pour moi, plus axée Electronic world music. J'ai pas mal de cd d'Enya (classiquement cataloguable de New age) et il m'arrive encore de les écouter (ce ne sont donc pas des achats accidentels honteux).
je suis certain que les fans de Yanni (du new-age si je ne me trompe) connaissent pour beaucoup cette expérience d'intériorité dont tu parles et qu'à l'inverse beaucoup peuvent passer du Steve Roach (de l'ambient) juste pour meubler le silence.
Absolument!
Par ailleurs, ces expériences d'intériorité sont accessibles à travers toutes musiques et ne sont pas réservées à l'ambient
Bien entendu. Ais-je dit le contraire? Le titre du thread est d'ailleurs « Musique et expériences d'intériorité », ce qui peut englober tout. Pour ma part, le quintet en do majeur de Schubert, Ma mère l'oie de Ravel, Clair de lune de Debussy, Gymnopédie d'Eric Satie, ou encore l'Adagio pour cordes de Barber sont très « porteurs ». Même des musiques que je qualifie de new age au sens fort (musique de supermarché en compile pour commerces ou pour arrêter de fumer) peuvent mener à ce type d'expérience. Pourquoi pas? Le plus « bel » exemple est les cd hemisync du centre Robert Monroe.
et ça c'est une donnée bien individuelle qui défie tout classement
Oui, comme je le dis plus haut. C'est juste ton « pourtant » dans « pourtant vos "expériences d'intériorité" ne sont-elles pas justement le fond-même du new-age » qui laisse sous-entendre qu'on se battrait contre la musique new-age alors que les expériences d'intériorité seraient le fond (de commerce?) du new-age. En nous relisant, je ne nous trouve pas si critique, finalement (ou alors j'ai dû passer à côté de quelque chose de grave), et l'expérience d'intériorité n'est pas, ni originellement, ni spécifiquement, l'apanage du new-age.
Tchu, pas évident...
A bientôt
Xa
Anonyme
Hip-hop pour Vollenweider ? ... ah oui, peut-être pour la prestation de human beatbox (bien inutile d'ailleurs) de sa dernière tournée. Ce qui me semble plus ambitieux c'est ses partitions si on les compare aux nappes sirupeuses et arpèges formatés du new-age de supermarché. D'ailleurs c'est fou à quel point ce genre est codifié : j'ai eu l'occasion d'avoir entre les mains un "cahier des charges" pour un tel projet, hallucinant comme chaque élément, chaque minutage est imposé par le label : c'est eux qui conçoivent le morceau, toi tapluka. On peut facilement dire, sans sourciller, qu'un musicien qui accepte ce deal, ne fait ça que pour son business, pas pour l'art, et encore moins dans un soucis d'éveil spirituel de l'auditeur. J'ai vu que Logos intervenait quelquefois côté matos sur AF : s'il nous lit, son point de vue serait très intéressant à lire ici (en toute objectivité, je le lirais avec intérêt, toujours prêt à changer d'avis).
Le point important finalement est ton idée que c'est l'auditeur et sa façon d'auditer qui définissent le style, plus même que l'intention de l'auteur (l'auteur pouvant être auditeur de sa propre musique et s'étonner après coup de ce qu'il produit )
Anonyme
si le titre est bien "Musique et expériences d'intériorité", on lit ambient vs new-age en sous-titre (à lire en diagonale les posts comme je l'ai fait... à tort certainement, mea culpa)
On lit ambient vs new age dans maximum 10 posts sur 76, je pense. Si on parle beaucoup d'ambient, c'est que le sujet est né sur le thread musique ambient, et qu'Andon et moi-même apprécions particulièrement ce genre.
le discours sur la spiritualité est tout de même plus proche du new-age que de l'ambient.
Je ne suis plutôt en désaccord, mais c'est probablement dû à mon rapport à l'ambient, ainsi qu'à mon sens très restreint du new age [en tant que 1) audition d'une musique planante dans un contexte consommatoire ou 2) compilation sans surprise vendue en supermarché pour 4,99€ pour 5 cd]
D'ailleurs c'est fou à quel point ce genre est codifié : j'ai eu l'occasion d'avoir entre les mains un "cahier des charges" pour un tel projet, hallucinant comme chaque élément, chaque minutage est imposé par le label : c'est eux qui conçoivent le morceau, toi tapluka.
Ca, c'est dingue! Tu parles d'une compile de supermarché ou d'un album plus "classique" à la Yanni? Enfin, voilà peut-être la clef de l'existence par ci par là d'une absence de "surprise" et de certaines niaiseries. Si l'artiste ne peut plus créer, plus faire évoluer le genre, ben c'est cuit, mort!
c'est l'auditeur et sa façon d'auditer qui définissent le style, plus même que l'intention de l'auteur
Oui, ça me semble être un tout: l'intention de l'auditeur, le contexte d'écoute, l'intention du créateur et le contexte de création.
A bientôt
Xa
Anonyme
anton.
Le dhikr soufi issu du documentaire d'Arnaud Desjardins sur les soufis d'Afghanistan.
Plateau of mirrors Mon blog musique et création.
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