Sujet Bach se posait-il vraiment la question du pourquoi et comment en composant ça?
- 35 réponses
- 12 participants
- 4 718 vues
- 12 followers
zub37
699
Posteur·euse AFfolé·e
Membre depuis 16 ans
Sujet de la discussion Posté le 22/10/2011 à 01:37:58Bach se posait-il vraiment la question du pourquoi et comment en composant ça?
Zub37 ( de la musique avant toute chose et pour cela préfère l'impair )
J-Luc Fabre
651
Posteur·euse AFfolé·e
Membre depuis 20 ans
11 Posté le 07/11/2011 à 01:06:42
le griot ne sait souvent que chanter des chants de griot. Ce n'est pas que ce n'est pas bien, c'est juste la limite de ce qui est appris seulement instinctivement. Reste que c'est quelque chose qui est transmis, même oralement, le griot ne devient pas subitement griot, comme le grateux lambda sortant du magasin avec sa copie strato croit que c'est lui qui a inventé l'accord de Do majeur.
Le joueur de sitar, c'est un contre-exemple, c'est une musique extrêmement codifiée, dans les enchainements de rythmes, de phrases et de motifs. Un musicien reste l'élève d'un autre, son maitre, toute sa vie.
Idem le musicien de jazz, c'est une musique qui,bien qu'improvisée (ou plutôt à cause de cela, car c'est comme lorqu'on parle, on doit faire des phrases cohérentes dans le cadre du sujet qu'est la grille harmonique) demande un bagage théorique, une étude de l'harmonie et du phrasé très importants. Je sais de quoi je parle, je suis avant tout un musicien de jazz (bassiste et contrebassiste). Il est vrai aussi qu'il y a eu ce que Miles Davis appelait des "musiciens naturels", des types au phrasé époustouflant qui pourtant n'avaient jamais étudié la musique. Mais pour rappel, je citerai cette phrase de Miles dans son autobiographie, à propos des musiciens de be-bop et de leurs préoccupations à cette époque: "nous étions des scientifiques du son. Quand une porte grinçait, on savait en quel ton."
Le joueur de sitar, c'est un contre-exemple, c'est une musique extrêmement codifiée, dans les enchainements de rythmes, de phrases et de motifs. Un musicien reste l'élève d'un autre, son maitre, toute sa vie.
Idem le musicien de jazz, c'est une musique qui,bien qu'improvisée (ou plutôt à cause de cela, car c'est comme lorqu'on parle, on doit faire des phrases cohérentes dans le cadre du sujet qu'est la grille harmonique) demande un bagage théorique, une étude de l'harmonie et du phrasé très importants. Je sais de quoi je parle, je suis avant tout un musicien de jazz (bassiste et contrebassiste). Il est vrai aussi qu'il y a eu ce que Miles Davis appelait des "musiciens naturels", des types au phrasé époustouflant qui pourtant n'avaient jamais étudié la musique. Mais pour rappel, je citerai cette phrase de Miles dans son autobiographie, à propos des musiciens de be-bop et de leurs préoccupations à cette époque: "nous étions des scientifiques du son. Quand une porte grinçait, on savait en quel ton."
[ Dernière édition du message le 07/11/2011 à 01:07:56 ]
lodeli
596
Posteur·euse AFfolé·e
Membre depuis 19 ans
12 Posté le 07/11/2011 à 10:51:29
Citation :
Il est vrai aussi qu'il y a eu ce que Miles Davis appelait des "musiciens naturels", des types au phrasé époustouflant qui pourtant n'avaient jamais étudié la musique
il y a en effet des grands musiciens qui n'ont jamais étudié la musique, mais il l'ont réinventée. A force de pratique, ils arrivent aux memes conclusions et aux memes regles que se qu'on apprend par la théorie officielle.
d'ailleurs en réalité, on a souvent un melange des deux. on travaille un instrument sans connaitre la moindre theorie (ou juste le solfège pour etudier la musique ecrite) puis au fur et à mesure qu'on progresse on s'interresse et on decouvre les regles de le theorie
ElderKruegger
629
Posteur·euse AFfolé·e
Membre depuis 18 ans
13 Posté le 07/11/2011 à 11:15:29
La théorie par définition n'est que la formalisation de ce qu'on a pu observer. Les "règles" sont préexistantes. Le gros avantage de la théorie c'est de faire gagner du temps pour comprendre comment cela fonctionne. Il est me semble-t'il une phrase qui dit : "Nous somme petits, mais sur les épaules de nos pères nous seront des géants". Cela illustre bien la fonction de la théorie. Cependant les limites d'une théorie sont qu'elle dépend des observations d'un individus imparfait, et que sans remise en question celle-ci se fige et empèche toutes évolution ; d'où l'intérêt de la recherche.
La théorie est un formidable outil, tout comme le solfège qui permet aux musiciens de communiquer autrement qu'avec leurs instruments grâce à ce "jargon". Cependant rien ne sert d'apprendre à écrire si on ne sait pas parler, au minimum il faut faire les deux en même temps.
Le solfège, la théorie c'est comme une guitare à 3000€ : si t'as rien à dire et que tu ne sais pas l'utiliser ça ne donnera rien.
De grand virtuoses comme Liszt n'ont jamais pu créer que des oeuvres techniques mais dénué d'inspiration, d'âme.
Donc pour revenir à la question du thread, oui Bach a utilisé tous les outils dont il disposait, y compris la théorie, mais ce qui fait le petit suplément d'a^me, ce quelque chose qui fait que beaucoup se sentent touche par sa musique ( jetez une oreille à son "et misericordiae" ) c'est son émotion, sa personnalité, et cela créé une certaine magie qu'il vaut mieu parfois ne pas expliquer.
Etre musicien n'est-ce pas avant tout être à l'écoute pour savoir saisir cet instant de magie, fruit du hasard, du subconscient, peu importe, mais écouter avant de faire du bruit afin d'honorer le silence.
La théorie est un formidable outil, tout comme le solfège qui permet aux musiciens de communiquer autrement qu'avec leurs instruments grâce à ce "jargon". Cependant rien ne sert d'apprendre à écrire si on ne sait pas parler, au minimum il faut faire les deux en même temps.
Le solfège, la théorie c'est comme une guitare à 3000€ : si t'as rien à dire et que tu ne sais pas l'utiliser ça ne donnera rien.
De grand virtuoses comme Liszt n'ont jamais pu créer que des oeuvres techniques mais dénué d'inspiration, d'âme.
Donc pour revenir à la question du thread, oui Bach a utilisé tous les outils dont il disposait, y compris la théorie, mais ce qui fait le petit suplément d'a^me, ce quelque chose qui fait que beaucoup se sentent touche par sa musique ( jetez une oreille à son "et misericordiae" ) c'est son émotion, sa personnalité, et cela créé une certaine magie qu'il vaut mieu parfois ne pas expliquer.
Etre musicien n'est-ce pas avant tout être à l'écoute pour savoir saisir cet instant de magie, fruit du hasard, du subconscient, peu importe, mais écouter avant de faire du bruit afin d'honorer le silence.
[ Dernière édition du message le 07/11/2011 à 11:16:01 ]
ElderKruegger
629
Posteur·euse AFfolé·e
Membre depuis 18 ans
14 Posté le 07/11/2011 à 11:17:40
mirak63
905
Posteur·euse AFfolé·e
Membre depuis 17 ans
15 Posté le 07/11/2011 à 12:18:40
Faut voir aussi que beaucoup vont utiliser la théorie comme une sorte de raccourcis pour ne pas avoir à dépendre de l'audition interne, si par exemple cette dernière n'est pas assez développée.
Alors qu'en fait un JS Bach ou des bons jazzmans, vont faire l'inverse, et se servir de la théorie pour organiser leur audition interne et la développer. Dans le fond ils font en fait tout à l'oreille.
La première approche améliorera l'audition interne un minimum tout de même, mais pas forcément autant que possible.
Par exemple avec la première approche on aura tendance à être superficiel, et se dire bon je connais la gamme majeure parceque dedans il y a do re mi fa sol la si, donc si je joue que des notes dedans ça devrait le faire.
Mais si par exemple on donne le do de la gamme do majeur, et qu'on peut pas chanter sol, alors c'est qu'on a enregistré une connaissance théorique sans faire bosser l'audition intérieure.
On ne connait pas vraiment la gamme de do sur le plan musical, car on est pas familier avec la sonorité de chacun de ses constituants. Ce qui rend du coup plus difficile le repiquage de musique, la création de phrases, de mélodies, et encore encore plus l'improvisation.
Certains arriveront à intégrer tout ça, sans jamais le bosser ni faire d'exercice, un peu comme cette histoire de musiciens naturels dont miles davis parle.
Peut être aussi que ces musiciens naturels ont en fait une méthode de travail totalement intégrée à leur pratique de la musique, qui fait qu'ils s'exercent s'en même s'en rendre compte !
Alors qu'en fait un JS Bach ou des bons jazzmans, vont faire l'inverse, et se servir de la théorie pour organiser leur audition interne et la développer. Dans le fond ils font en fait tout à l'oreille.
La première approche améliorera l'audition interne un minimum tout de même, mais pas forcément autant que possible.
Par exemple avec la première approche on aura tendance à être superficiel, et se dire bon je connais la gamme majeure parceque dedans il y a do re mi fa sol la si, donc si je joue que des notes dedans ça devrait le faire.
Mais si par exemple on donne le do de la gamme do majeur, et qu'on peut pas chanter sol, alors c'est qu'on a enregistré une connaissance théorique sans faire bosser l'audition intérieure.
On ne connait pas vraiment la gamme de do sur le plan musical, car on est pas familier avec la sonorité de chacun de ses constituants. Ce qui rend du coup plus difficile le repiquage de musique, la création de phrases, de mélodies, et encore encore plus l'improvisation.
Certains arriveront à intégrer tout ça, sans jamais le bosser ni faire d'exercice, un peu comme cette histoire de musiciens naturels dont miles davis parle.
Peut être aussi que ces musiciens naturels ont en fait une méthode de travail totalement intégrée à leur pratique de la musique, qui fait qu'ils s'exercent s'en même s'en rendre compte !
[ Dernière édition du message le 07/11/2011 à 12:27:40 ]
J-Luc Fabre
651
Posteur·euse AFfolé·e
Membre depuis 20 ans
16 Posté le 07/11/2011 à 12:41:29
Citation :
Cependant les limites d'une théorie sont qu'elle dépend des observations d'un individus imparfait, et que sans remise en question celle-ci se fige et empèche toutes évolution ; d'où l'intérêt de la recherche.
c'est ce qui fait par exemple que les différentes régions du monde ne fonctionnent pas sur les mêmes systèmes, s'étant développés indépendamment, le cas le plus flagrant (et qui nous ramène au sujet) est le tempérament: les musiques moyen-orientales et extrême-orientales ont d'autres tempérament, des quarts de tons...La recherche et les moyens de communication actuels nous permettent d'en savoir plus et de croiser nos idées et expériences, et sans que ça soit une standardisation ou une unification impossible, c'est plutôt un enrichissement.
Citation :
Cependant rien ne sert d'apprendre à écrire si on ne sait pas parler, au minimum il faut faire les deux en même temps.
Tout-à fait! l'un enrichit l'autre d'ailleurs. Et je rajoute (ça va dans le sens de ce qui a été dit) rien ne sert de parler si on n'a rien a dire et si on n'a pas d'idées. Connaitre le dictionnaire par coeur ne fait pas un discours intelligent et sensible, en musique c'est pareil.
Pour en revenir à Bach, (et au sujet principal) à une époque où on enregistrait pas, où les claviers n'étaient pas midi et pas d'ordinateurs à côté pour corriger ce qu'on a fait d'un premier jet, pour écrire des choses aussi complexes, c'est évident qu'il fallait connaitre la musique pour l'écrire, et à ce niveau là, c'est plus que de la connaissance, c'est de la science. Ce qui est étonnant chez lui, c'est que justement c'est d'une rigueur implacable (je parle des fugues), mathématique, et pourtant, cela va au delà de cela et ça a la capacité d'émouvoir.
Une petite comparaison avec Charlie Parker, toutes proportions gardées (désolé, je suis un musicien de Jazz!..). Si on écoute ses chorus, c'est d'une rigueur implacable! chaque tension laissée en suspends dans la phrase est récupérée plus loin et résolue, note par note! alors que dans le jazz moderne, si le phrasé découle du Bop, (avec son intérêt poussé pour les tensions et résolutions compliquées), on résoud des systèmes ou des paquets de notes par l'arrivée sur une seule. ça laisse plus de liberté et plus de marge d'erreur. Le plus étonnant, c'est que Parker faisait ça en improvisant totalement, et qu'il était alcoolo et câmé jusqu'à la moëlle!!! Pourtant il arrivait malgré ça à concevoir des phrases de fou!..
mirak63
905
Posteur·euse AFfolé·e
Membre depuis 17 ans
17 Posté le 07/11/2011 à 13:02:38
Mais bach lui on lui mettait une partition sous les yeux, il entendait ce que ça faisait dans sa tête je pense.
Et je pense que c'était pareil avec Charlie Parker, qui n'ayant pas de quoi acheter des disques, allait dans des librairies pour lire les relevés directement.
Maintenant on a vite fait de se dire, qu'il suffit d'écouter un disque, ou la radio, ou de mettre le fichier midi dans le pc.
C'est pratique, et plus facile, mais en même temps c'est ça de perdu dans le développement de l'audition.
Et je pense que c'était pareil avec Charlie Parker, qui n'ayant pas de quoi acheter des disques, allait dans des librairies pour lire les relevés directement.
Maintenant on a vite fait de se dire, qu'il suffit d'écouter un disque, ou la radio, ou de mettre le fichier midi dans le pc.
C'est pratique, et plus facile, mais en même temps c'est ça de perdu dans le développement de l'audition.
[ Dernière édition du message le 07/11/2011 à 13:27:37 ]
J-Luc Fabre
651
Posteur·euse AFfolé·e
Membre depuis 20 ans
18 Posté le 07/11/2011 à 13:06:53
Citation :
Peut être aussi que ces musiciens naturels ont en fait une méthode de travail totalement intégrée à leur pratique de la musique, qui fait qu'ils s'exercent s'en même s'en rendre compte !
Exact! et j'en ai une preuve, le guitariste manouche Yorgui Loeffler, avec qui je joue maintenant. Il est incapable d'écrire ce qu'il joue, de chiffrer les accords qu'il joue même quand il sont complexes. Ce qui fait qu'il a forcément son propre système, mais je ne sais pas lequel, donc si je lui dis "ici, pourquoi tu joues pas un C7b9?" il ne sait pas de quoi je parle. Et lui il ne bosse pas, il joue...quand il prend la guitare, en fait la répé est commencée!
Mais cela a ses limites, la connaissance de la musique lui permettrait d'aller au delà. Cependant, comme il a son système dans lequel il exprime toute sa spontanéité, apprendre un autre système pourrait lui être préjudiciable.
J-Luc Fabre
651
Posteur·euse AFfolé·e
Membre depuis 20 ans
19 Posté le 07/11/2011 à 13:10:43
Citation :
Mais bach lui tu lui mettais une partition sous les yeux, il entendait ce que ça faisait dans sa tête.
Et je pense que c'était pareil avec Charlie Parker
Ayant été formé "à l'ancienne", pour moi, c'est quelque chose d'indispensable.
lodeli
596
Posteur·euse AFfolé·e
Membre depuis 19 ans
20 Posté le 07/11/2011 à 14:01:03
Citation :
De grand virtuoses comme Liszt n'ont jamais pu créer que des oeuvres techniques mais dénué d'inspiration, d'âme.
j'espere quand meme que tu realises que tu portes un jugement qui manque totalement d'objectivité et qui est en contradiction avec ce que pense la majorité des amateurs de musique.
d'ailleurs je me demande qui sont pour toi les compositeurs qui ont de l'ame et de l'inspiration.
- < Liste des sujets
- Charte