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Compositeur - Parolier : être l'un ET/OU l'autre ? Musiques sans parole ?

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Sujet de la discussion Compositeur - Parolier : être l'un ET/OU l'autre ? Musiques sans parole ?
Hello

C'est la première fois que je crée un sujet dans la rubrique compo, et ceci à la suite d'une question issue d'un autre sujet. Je ne savais pas trop comment classer ça, ni vraiment déterminer la nature exacte du sujet. Alors soyez indulgents :oops: . Ce n'est pas forcément une question précise en attente de réponse, mais plutôt un débat.

Alors voilà. Pour résumer de manière très très grossière, j'essaye de composer des morceaux, jusqu'à maintenant dans le format chanson classique, c'est-à-dire musique+paroles dans une durée moyenne de 3-5min. Et jusqu'à maintenant, comme beaucoup, j'essaye de faire tout. Oui mais voilà, il devient très évident que je suis beaucoup moins faite pour écrire des paroles que pour composer de la musique. Non pas que mes musiques sont mieux que mes textes (quand il y en a :??: ), mais c'est plutôt que la souffrance de l'accouchement d'une musique n'a rien de comparable avec celle de l'accouchement d'un texte. La première me semble dure mais agréable, comme quelque chose de naturelle, alors que la seconde me semble comme une véritable corvée.

Plusieurs amis sur AF m'ont conseillé de m'y mettre, de prendre mon courage à deux mains, en me rappelant bien qu'écrire un texte n'était facile pour personne. Mais je sens bien que je ne suis pas faite pour ça.

Et puis il y aussi le fait que, dans le monde impitoyable d'Audiofanzine :clin: , on se sent un peu le canard boiteux si on n'est pas capable d'être à la fois compositeur et parolier. A ce que je sache, il y a plein de paroliers qui ne savent pas du tout composer, alors pourquoi un compositeur devrait absolument savoir tout faire dans sa chanson ? Ne pourrait-on pas être juste l'un ou l'autre ?
A ce que je sache, s'il n'y avait pas Bernie Taupin, ça m'étonnerait qu'Elton John aurait écrit ses textes tout seul !

A côté de ça, en ce moment je me sens inspirée musicalement, mais je sens que ça prend la tournure de quelque chose d'"instrumentaux". Et ce n'est pas la première fois. Ca m'est déjà arrivé plusieurs fois de presque "lutter" sur une musique pour trouver absolument des paroles. Alors du coup, à chaque fois, ça me freine, je suis bloquée, et je ne termine pas le morceau. Il m'est arrivée une seule fois de laisser faire, et ça a donnée le petit morceau qui est en premier sur ma page MySpace. Très petit morceau, mais il me plaît bien comme ça (je ne parle pas de la qualité des sons qui elle est à revoir), c'est comme si ça s'auto-suffisait instrumentalement.

Tout ça pour dire que du coup je suis en plein questionnement métaphysique en ce moment, pour ne pas dire que je suis complètement paumée.

Alors docteur, est-ce grave si l'on n'y arrive pas partout ?
Dans ce cas, faut-il séparer les rôles Compositeur / Parolier ? Trouver un parolier ?
Et docteur, est-ce grave si l'on fait de la musique sans parole ?
Et pourquoi ne pourrait-on pas exprimer son amUr, ou autre chose, uniquement par la musique ?
Qui sait, peut-être suis-je faite pour la musique instrumentale sans jamais l'avoir su ?
C'est vrai qu'en dehors de mes goûts musicaux de base sur lesquels j'ai essayé de prendre modèle (variété, pop, rock, funk, etc), j'ai toujours été en réelle admiration devant ce que faisaient (font) des gens comme Vangelis, Moroder, J-M Jarre,... et bien d'autres comme Mike Oldfield, Telepopmusik, Yanni, ou encore les compositeurs de musique de film.

Alors ? Qu'en pensez-vous, chers amis ? Suis-je définitivement perdue ?
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Bon Sarah : tes textes sont frais, j'ai aimé celui du bio. Par contre je te recommande deux choses :
quelques leçons de métrique, tu verras, c'est tout bête.
Et surtout de peaufiner unpeu plus, certains de tes textes proviennent du premier jet et ça se sent...

Et continue!
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Sarah,

je n'ai pas encore tout lu mais j'ai particulierement apprécié "j'ai cessé". curieux de l'entendre en musique, un jour.


Hors sujet : un lien du spectacle que nous jouons en ce moment autour de la poésie mise en musique.

https://www.gerardpitiot.com/pages/chantpi.htm

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Thread PA-SSIO-NNANT, et de haute volée (dans la forme comme le fond) :bravo2:

Il fallait s'y attendre, sur le terrain de la construction musicale, il y a ici de la variété: certains partent des paroles, d'autres de la musique.

Qu'est-ce que chacun voit comme avantages et/ou difficultés à la technique qu'il préfère adopter en général (je dis en général, car j'imagine qu'aucun d'entre vous n'emprunte qu'un seul chemin invariable et immuable dans la création)?

Si vous préférez une approche, qu'est-ce qui peut vous freiner à l'idée de tenter l'autre?
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Pour ma part c'est assez simple : je suis musicien amateur avec de grosses lacunes, le plus difficile étant de découvrir celles-ci... pas facile de savoir là on l'on flanche.

Par contre, j'ai fait des études de lettres et je connais bien la versification (ce n'est d'ailleurs pas si compliqué que ça). Je ne me suis jamais intéressé à la réthorique, ce qui est un grave défaut...

Alors, je préfère commencer là où je flanche : la musique. La mélodie, le riff, m'inspirent le sujet des paroles.
Je préfère mettre les paroles sur une chanson déjà bien construite (on oublie souvent de parler de construction dans la chanson, et c'est primordial). Pour les paroles, ben la plupart du temps je sue sang et eau, passe et repasse, rature, reviens, coure me jeter sous un train etc. Tout doit sonner, chaque parole doit avoir sa valeur. C'est le but recherché, évidemment, de là à y arriver.

Après vient l'arrangement, presque aussi fondamental que la construction. C'est le boulot le plus agréable, quand on enregistre piste par piste et on voit que la chanson prend forme.
Puis les mix, le master...

J'ai aussi mis des paroles en musique mais là c'est beaucoup plus instinctif, la mélodie vient tout d'un coup où je laisse choir, car une fois que j'ai la mélodie ratée dans la tête, je ne peux plus m'en débarasser!!!

Et puis voilà, tu peux passer sur mon myspace, il y a un poème de P. Éluard, le reste est à moi composé comme j'ai dit.
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Citation : Si vous préférez une approche, qu'est-ce qui peut vous freiner à l'idée de tenter l'autre?



je suis plus à l'aise avec les instruments, les arrangements qu'avec les mots. la difficulté, c'est de servir le texte, de ne pas le polluer, lui donner la bonne energie. Pour ça, il faut le comprendre..c'est sans doute tres con à dire mais combien de musiciens lisent à peine le texte. comment l'accompagner sans comprendre son sens ???
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Une chanson qu'est-ce que c'est ?
peu de phrases mélodique et plein de mots... c'est pour ça que c'est difficile d'écrire des paroles. Des paroles décentes, je veux dire. C'est très difficile d'écrire des paroles intéressantes, on s'en rend compte en écoutant Goldman : ça souffre, les rimes sont très pauvres, les synonymes manquent cruellement. Et puis c'est plein de stéréotypes, c'est vide, c'est creux.
Alors là on se dit : oh le pauvre, il a du en baver pour pondre une telle... une telle... bref, passons.

Le pire, c'est que ça ait l'air naturel, que ça coule de source... il m'est déjà arrivé de passer un mois sur 15 mots : parce que c'était la chute de la chanson (alors là c'est encore plus dur) et donc que ça devait marquer le coup.
Mais je suis content, personne ne s'en est jamais aperçu !
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Personnellement j'ai tenté un peu toutes les approches:
1) J'ai une musique ! Ouaiiis super, ça tourne grave le steak de la mort, mais... euh, qu'est-ce que je vais bien pouvoir dire ?... et là commence pour moi le plus dur des labeurs: écrire des paroles. Le plus dur et le plus frustrant aussi, parce que ne nous leurrons pas : le plus important dans une chanson, c'est bien le texte. Un texte percutant sur deux accords, ça fait une bonne chanson (voire pas d'accord du tout : voyez le rap). A l'inverse, une grille terrible affublée de paroles du niveau de "bo le lavabo", bah ça fait une chanson de merde et pis c'est tout. Donc, l'atmosphère, le style, le mais-z'où-vers-quoi tend ma chanson, c'est bien le texte qui l'indique. Et là, les regrets arrivent vite, une fois la musique calée et même le plus souvent enregistrée : le texte souffre, car il aimerait partir vers des ailleurs, sauf que dans ces ailleurs là, la musique suivrait pas, l'ambiance musicale ne collerait plus avec les idées du texte, et alors faudrait reprendre les enregistrements...
2) alors j'ai changé de stratégie, passé la brosse à reluire sur le dos d'un copain, et l'ai unilatéralement propulsé parolier. Libéré d'un poids énorme (la partie créative qui ne m'intéresse pas, en fait), j'attends. Et un jour tombe le texte. Comme je l'ai dit plus haut, qui installe une atmosphère. On gueule pas "Je t'aime, ma tendre gazelle" sur un riff metalliquesque (quoique... tout est faisable, mais bon). Donc à mon sens, cette deuxième approche est plus convaincante, car le texte guide plus facilement la musique que la musique ne structure le texte...
3) vient alors à mes yeux le temps de la maturité, où une ébauche (et simplement une ébauche) musicale, pose la première pierre. Sur cette ébauche, mettons une grille pour les couplets et une grille pour les refrains, mon parolier cogite, puis me soumet un, ou plusieurs textes, calés rythmiquement pour coller à aux grilles. Nous discutons. "Oui, moi là, tu vois... oui, mais moi... et là... comme ça, non ?" etc. La ligne mélodique du chant se dessine peu à peu, puis s'affine. Des idées d'arrangement, d'instrumentation, ici ou là, jaillissent. Toutes les idées sont bonnes à étudier, certaines resteront, mais il est sûr que seul, je ne les aurais pas toutes eues. Tout ceci précise la structure rythmique de la grille. A force d'allers-retours successifs, d'ajustage autant du texte par rapport à la musique que l'inverse, on arrive finalement à une compo équilibrée, riche de deux expériences, où les deux atmosphères - musicale et littéraire - se complètent et fusionnent parce qu'elles sont nées ensemble.

Donc tout ça pour finalement dire ça : c'est qu'à mon avis, pour un meilleur résultat, les deux processus de création doivent être emmêlés, doivent se développer ensemble. Créer d'abord la musique, et y coller un texte comme un papier peint sur un mur est je pense la moins bonne des solutions. Construire la musique sur un texte déjà calé, c'est mieux. Mais construire les deux ensemble, là on aboutit à un résultat homogène et équilibré.
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Oui effectivement dans le cadre de chanson, donc dans un style où le texte est au moins aussi important que la musique, si ce n'est plus, c'est le meilleur moyen de faire... Après c'est peut-être moins valable dans d'autre style. Moi j'écris toujours mes textes après la musique, et si je pars un peu coincé comme tu le décris, j'arrive toujours à m'en sortir et je pense que mes textes ne sont pas à côté de la musique, ni ne paraissent bridé par elle. Mais c'est sûr que dans mon style les paroles importent beaucoup moins que la musique... On ne peut pas tellement dire que je fasse de la chanson...

Raphaël Raymond, Compositeur, Arrangeur, Guitariste : http://www.raphaelraymond.fr 

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Citation : on arrive finalement à une compo équilibrée, riche de deux expériences, où les deux atmosphères - musicale et littéraire - se complètent et fusionnent parce qu'elles sont nées ensemble.



Bravo pour avoir résumé de façon aussi concise.

Juste ajouter que parfois il arrive à certains de savoir associer le mélange de ces deux approches. Mais curieusement, es "phénomènes" (pour les plus spectaculaires) sont généralement distendus entre deux univers antagonistes : paroles/musique

Des exemples faciles :
Ferré = contemporanité et rebellion / romantisme et nostalgie
Gainsbourg = anticonformisme et provocation / classicisme et rigueur
Renaud = Engagement et "gaucherie" / "franchouillerie " musicale
Brassens = Richesse du texte / dépouillement musical
Brel = profondeur du texte / parodie musicale
etc.

En fait je veux insister sur une chose : la bonne recette vient souvent de la confrontation de deux univers distants

La solution à priori évidente de "plaquer" un texte ou à l'inverse une musique sur des paroles est toujours la plus mauvaise solution.

A chacun de mesurer ce jeu entre les deux approches et de réussir à ne pas les inféoder

Bon, c'est un peu obscur, mais je vous livre le fond de mon sentiment
Faut que j'arrête le whisky ce soir ;)
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Pas d'accord. une chanson fonctionne avant tout par la mélodie. Il suffit de trouver les mots justes, c'est-à-dire ceux qui sonnent bien, même s'ils sont débiles.

Essayez de lire "que je t'aime" pour voir.
Pourquoi on commence à chanter une mélodie en yaourt ?

Pour moi ça commence comme ça "tralalalala", après je trouve les rimes qui pourraient sonner bien, ensuite un petit brin de phrase qui pourrait revenir, alors seulement vient ce que je veux dire, c'est là où il faut essayer de s'en tenir en dehors de toute lobotomie, chose que ne font pas certains paroliers dont tairait le nom, Goldman pour ne citer que lui...

Pour ça, je recommande la lecture du poème de Poe "le corbeau". Il analyse ensuite son texte en explicitant toute sa création : eh ben ça commence à peu près pareil, des sons tout d'abord, des rimes, la longueur des vers, puis du texte, puis le thème, pour arriver à une précision millimétrique.

Dans un tout autre registre, Jagger fait pareil, et plein d'autres. Mais tout d'abord, c'est le rythme et la mélodie qui prônent.

Un autre exemple différent : "les copains d'abord", tout le monde connaît hein, mais peu connaissent le texte : très riche en métaphores aasez obscures avec des références bibliques et même des citations en latin ! Faut avouer que c'est pas comme ça qu'on va toucher tout le monde. Par contre la ritournelle, avec la répétition de l'accroche, sont imparables. Il aurait pu chanter le Bottin là-dessus et ça marchait pareil.

Parce qu'il y a un rythme dans les phonèmes, les mots et la phrase bordel!!!


Un autre truc, la capacité d'interpréter : Brel aurait pu chanter du Pascal Obispo ou du Jordy que toutes les foules se seraient pâmées. Idem pour Hallyday, sauf que lui, il l'a fait !