Bon, d'abord,
ça fonctionne comment, un orgue ?
Ben, en gros, imaginez qu'un orgue c'est un ensemble d'un bon millier de flûtistes... pour un petit orgue, hein.
Pour un gros (celui de la photo au post numéro 1), on compte facilement plus de 10.000 "flûtistes".
Et pour un très gros instrument, on peut aller jusqu'à plus de 20.000.
Hein, autant ? Oui... mais non en fait. Pour être précis, il faut imaginer que chacun de ces flûtistes ne sait faire qu'une note et une seule.
Donc, chacun son son (y en a avec des grosses flûtes et d'autres avec des petites), et chacun sa note (y en a avec des longues flûtes et d'autres avec des courtes).
Le tuyau d'un orgue et la flûte à bec, ont le même principe de fonctionnement. Ci-dessous, une coupe d'une embouchure de flûte à bec:
L'air, qui provient des poumons du flûtiste, est canalisé vers une lame, un biseau, sur lequel il bute et se divise. En se divisant, il provoque une vibration. Cette vibration est reprise et amplifiée par le tuyau: un son est né.
Le tuyau de l'orgue réagit de la même façon, sauf que l'air n'est pas insufflé par un homme mais par une machine, et qu'il n'y a pas un tuyau, mais plusieurs.
http://laurent.tarrisse.perso.sfr.fr/test_gif/puce1.gifFonctionnement simplifié
Une soupape, commandée par la touche du clavier, ouvre ou ferme le circuit, donc laisse ou non passer l'air, vers le tuyau:
Voilà: une arrivée d'air, un conduit, une soupape, un tuyau, et une touche de clavier pour actionner la soupape: on a là les pièces maîtresses du fonctionnement d'un orgue.
Il suffit de multiplier le nombre de tuyaux pour avoir des notes différentes (il faudra alors une touche par note, comme sur un clavier de piano), ou de multiplier le nombre de tuyaux sur une même note pour avoir des sonorités différentes (on appelle cela un
registre).
http://laurent.tarrisse.perso.sfr.fr/test_gif/puce1.gifFonctionnement plus complexe: plusieurs tuyaux sur une seule note
La soupape directement liée à la touche commande toujours l'arrivée de l'air dans le conduit. On a rajouté un tuyau après le tuyau déjà existant : il a fallu mettre un T sur le conduit, et monter deux nouvelles soupapes, dans les conduits verticaux, afin de commander le passage de l'air dans les deux tuyaux :
Cas 1: les deux soupapes verticales sont closes. Même si on abaisse la touche, aucun air ne parvient au tuyau : pas de son.
Cas 2: on ouvre la première des deux soupapes verticales. Lorsqu'on abaisse la touche, l'air parvient au premier tuyau, et le fait sonner : une note est émise.
Cas 3: on ouvre les deux soupapes verticales. Lorsqu'on abaisse la touche, l'air parvient aux deux tuyaux à la fois et les fait sonner : DEUX notes sont donc émises pour UNE touche appuyée, on dit que les deux tuyaux "parlent".
On constate qu'on peut rajouter autant de tuyaux que l'on veut sur la note : en travaillant le timbre de chacun d'eux, on obtiendra des sons différents.
On constate également que le nombre de tuyaux n'influe pas sur le nombre de soupapes activées par la touche du clavier : donc un orgue de cent jeux n'est pas plus difficile (si on parle de l'effort musculaire à exercer sur la touche) qu'un orgue d'un seul jeu : mais il aura en revanche un son bien plus "harmoniquement" plein puisque plusieurs "voix" vont se mêler pour produire la note.
Par contre, un orgue de cent jeux nécessitera cent soupapes, chacune commandant un jeu. L'organiste dispose à la tribune des boutons qui lui permettent d'ouvrir ou fermer ces soupapes: on les appelle
tirants de registres. Ce sont les fameux "plein de petits boutons" qu'on voit de part et d'autre de Madame, dans la vidéo ci-dessus.