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Gotharman's Little deFormer 3
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Gotharman's Little deFormer 3

Workstation de la marque Gotharman's

Prix public : 1 249 € HT
Fsuchs Fsuchs

« Concentré de Gotharman »

Publié le 25/01/23 à 12:00
Rapport qualité/prix : Correct
Cible : Les utilisateurs avertis
Disclaimer : je possède la version MK1, et cet avis est à mettre en balance avec mon avis sur le LD2 dispo sur ce même site. Je risque d'être peut-être moins enthousiaste que les avis dithyrambiques disponible dans cette section. je souhaite juste apporter une légère contre mesure, aucun instrument n'étant parfait dans l'absolu... Mais encore une fois, il s'agit d'un avis hautement subjectif, basé sur mes attentes et mon utilisation...

Je possède le LD3 depuis deux ans maintenant. L'occasion faisant le larron, j'ai pu mettre la main sur une version "boostée" du petit déformateur, à la liste de specs juste étonnantes au regard de l'offre sur ce segment de machines.

Jugés plutôt :

- presque 1 go de RAM super rapide
- 6 entrées / sorties
- 2 filtres analogiques
- 4 entrées / sorties CV
- license "drum synth"

à rajouter aux specs "classiques" de la machine :

- séquenceur midi / synthétiseur / sampler
- 16 pistes (parts) librement assignables (synthé / sampler / midi / audio)
de 64 pas avec résolution et longueur paramétrables par piste
- Enregistrement en live (entendre par là sans coupure) de pistes audio avec fonction auto-chop (limité à 128 pas)
- lecteur d'échantillon, pas de limite de longueur de sample, 4 slots d'échantillon par pistes, non empilables mais "intervertissables" via séquenceur ou tout autres source de modulation
-fonction WaveChop qui permet de transformer le sampler en synthé à table d'onde en mettant bout à bout des tranches de samples
- 8 voix de polyphonie, allocation dynamique
- 2 layers de paramètres par pattern, morphables (on peut passer de l'un à l'autre un peu à la manière des scènes d'un Octatrack via un knob, ou en tant que destination de modulation)
- synthé polyphonique à forme d'onde morphable, PWM, FM, portamento ect...
- 16 LFO, morphables eux aussi, syncables et "retriggerables"
- 16 enveloppes librement assignables + 16 enveloppes de VCA
- 32 pistes de modulation (controller tracks) de 128 pas avec résolution et longueur paramétrables par piste
- 8 bus de mixage qui permettent le routage flexible des différentes sources sonores vers les effets d'insert ou "master" et les sorties individuelles
- à choisir parmi 24 effets d'insert + 12 effets "master", 1 effet d'insert par bus (soit 8 effets d'inserts au total ) et 2 effets "master".
- 1 liste de source et de destination et de modulation juste incroyable (je vous invite à aller les checker sur le manuel, flemme de compter...)
-2 filtres digitaux par parts, utilisable en parallèle (steeereeeooo) ou en série.

Le LD3 dans sa version MK1, c'est une boite de la taille d'un digitakt, en alu, consistant en 2 profils extrudés intégrant fond et front panel, fermés par deux flasques acier + plastique. Ce sont des type de boitier standard dans l'industrie, ce qui rajoute au feeling un peu DIY / craftmanship habituel des instrument Gotharman.
L'ensemble est très léger (- de 1kg), les potards sont de bonne qualité et l'écran tactile est de très bonne facture, de grade industriel. lumineux et réactif.les boutons sont eux aussi très agréable, le toucher et le retour sont plutôt satisfaisant, et ils ont l'air de pouvoir bien encaisser.
Sur le MK1, à la manière d'un LD2, les connectiques sont placées sur les côtés. A gauche les entrées / sorties audio et entrées / sorties CV. A droite, interrupteur, port USB, la sortie main (le left-out fait office de sortie casque), les entrées / sortie midi.

Le temps de boot est très rapide (- de 5 sec) et on commence sur l'écran principal affichant tempo, nom du pattern (ou preset dans le jargon "gotharmanien"), un compteur de Bar, le bouton pour sélection des presets, un bouton d'accès aux paramètres, et un ersatz de clavier redimensionnable et transposable.
les boutons du step sequencer, utilisés conjointement avec le bouton "function", permettent la navigation rapide dans les différents étages du LD3. navigation qui peut également se faire par le biais de l'écran tactile.

En pratique, on part avec un son initial de l'ordre de la grosse dent de scie bien forte et bien sale. on clique sur main, on rentre dans OSC et là on peut éditer le son (formes d'ondes morphables, FM, PWM, portamento ect...). C'est ici également que l'on choisira le type de génération du son (synth / sample / sample choppé / permutation de sample selon les 4 choisis pour la part) ainsi que les différentes sources de modulation sur les nombreux paramètres de synthèse, le tout au travers de 4 pages à sélectionner sur l'écran.
Les oscillateurs sonnent vraiment de manière franche et massive. ce n'est clairement pas analogique, mais ça empreinte à ce type de technologie quelque chose de l'ordre de l'épaisseur et de la chaleur, mais sans molesse...Digital, sans l'aspect froid et clinique, mais clairement cinglant.

On suit le trajet du signal, en retournant sous le menu main et l'on sélectionne les filtres. Ici, gros choix de filtres; allant du LP (X2) au HP (X3) en passant par le BP (X4), le lo-fi, le FAT, ainsi qu'un florilège de state variable filters.
les filtres digitaux sont assez dingue dans leur rendu, pouvant tamiser ou au contraire mettre en valeur le caractère assez définitif des oscillos. leur mode de dosage est particulier. on dose l'injection du signal et la quantité de son filtré, à réinjecter dans le signal original. Déroutant mais une fois maitrisé, c'est compliqué de retourner sur un filtre avec juste un cut-off et une résonance. là encore, tous les paramètres sont modulable, et la simple utilisation d'une ou plusieurs enveloppes en tant que sources de modulation ouvre de nombreuse et très précises possibilités quand à la sculpture du rendu.
En ce qui concerne le son, pas de "steping" audible, attention au gain, aka la réinjection du signal, des volumes trop important peuvent vite faire partir le son dans des territoires inconnus et flippants :)

On continue nos pérégrinations, doucement vers l'étage d'amplification.
C'est ici que se trouve l'enveloppe associée à notre part. Un ADSR classique et modulable, dont on peut choisir la courbe de réponse (linéaire, logarithmique, avec quelques modes permettant de quadrupler la longueur d'enveloppe ou de rendre celle-ci plus smooth si besoin). A noter un réglage drone, qui ouvre complètement le VCA, et qui est nécessaire d'être cranké quand on lit un sample sortant de la "temporalité" couverte par l'enveloppe.
C'est sous cette page que l'on choisit également le BUS vers lequel est routé la part.

La page de sélections des bus, justement. centre névralgique si il en est. c'est ici que l'on choisit la destination finale du son, à savoir vers les master effects, ou vers les différentes sorties.
plusieurs onglets sont disponibles, notamment la page dédié à l'enveloppe follower lié au bus, qui permettra, en tant que source de modulation, des effets de type sidechain, ou encore de doser finement la quantité d'un effet vers un autre bus, par exemple. On peut régler sur trois onglets le temps de release de l'enveloppe follower, son niveau relatif ainsi que la destination de cette enveloppe (vers un bus associé à un effet "master", par exemple).

Bon, plat de résistance, j'espère que vous avez encore un peu faim... bienvenue dans le section effet.
il y a donc effet d'insert et effet "master". Beaucoup plus d'effet d'insert, mais reverb et gros algos mythiques de chez Gotharman se trouvent uniquement dan sla section Master. En pratique, on selectionne sous l'onglet main la section FX, ou l'on enclenche Func, on sélectionne FX sur le step seq, et on sélectionne son slot comme on sélectionnerait une part.
Les effets sont l'ADN même de Gotharman, à base de re sampling en direct du bus associé. des effets de déconstruction audio qui feront entrer la machine dans le territoire granulaire. Aux appellations standard, Gotharman nous livre sa vision très nouvelle cuisine. Des algos type Delay permettent effectivement le delay, mais vous n'avez jamais entendu ça ailleurs. Les paramètres influent (pour vous donner une idée) sur le dosage de l'effet, la profondeur de l'effet (la quantité de répétition du son samplé) , le temps de delay (aka la longueur de la zone samplée), l’interpolation des répétitions entre elle (permet de rendre l'ensemble plus smooth, moins tranché, en scannant finement la zone de répétition afin de limiter les clics) et la quantité de feeback (réinjection douce ou sauvage). A l'arrivée on a un delay qui peut être très long ou au contraire très court, proche de ce qui ressemblerait à un chorus granulaire lo-fi. Au final ce n'est pas le genre de delay que l'on utiliserait pour donner un groove supplémentaire à une piste de drum, par ex. ça peut fonctionner mais le résultat sera très différent d'un bucket brigade.
Ce n'est qu'un exemple, mais que l'on peut appliquer à tous les effets dispos.

Et c'est surement ce qui rend cette machine aussi excitante en terme de génération sonore. Les paramètres sont très fins (511 valeurs, la plupart du temps bipolaires), et peuvent changer le son du tout au tout. Le potentiel de sound design est juste exceptionnel. Et imaginez le potentiel de tous ces paramètres modulés et inter-modulés.
En revanche, et j'insiste là dessus, si la signature sonore du LD3 est assez fabuleuse, le son est également très différenciant. Entendre par là qu'une track produite uniquement sur le LD3 sonnera très Gotharman. difficile de faire du "Vanilla" ou du "bread and butter". On est très loin du rendu policé et de l'esthétique sonore des instruments actuels.

A noter également que des filtres supplémentaires sont implémentés en tant qu'effet, ce qui permet à la machine de filtrer des signaux ext., ce qui est plutot cool.

Je fais un retour en arrière pour vous parler routine d'importation du son, sampling et chops.
le LD3 possède une section d'importation/édition de sample qui fonctionne en parallèle du "moteur central" du LD3. Dans cette section, vous pouvez choisir la source à sampler (entrées main ou individuelles, resampling, sampling mono ou stereo), la banque de sauvegarde, le gain à appliquer.
de la même manière, vous pouvez choisir le sample à importer dans l'éditeur... et procéder à l'édition.
Début du sample, édition fine du début du sample, longeur du sample, édition fine de la longueur du sample. Accessible également, un menu permettant de chopper son sample de manière automatique ou avec des valeurs numérique, mais également un menu avec représentation graphique. Ici, comme sur un bitbox, on peut utiliser potard ou doigt pour placer ses chops manuellement. Ne pas oublier de sauvegarder ensuite le sample.
Et de le rappeller dans la section OSC de la part, en pensant bien à activer le mode sampler / chopped keyboard (qui permet de rejouer les slices sur son clavier) ou Xfade mode ( qui permet la sélection par modulation des 4 samples chargés dans les 4 slots de la part)
Vous pouvez classiquement choisir ici les points de fin et de début de sample (réglages sauvegardé dans le pattern, le sample n'est pas modifié) le loop on/off ou trig (pas de mode reverse...) le pitch relatif, le chop à rejouer, et le nombre de chop à rejouer lorsque l'on trig le sample (parfait pour de la D'n'B) Il y a également un réglage du FM amount.... en gros, si tu choisis un bus comme étant signal audio porteur, celui-ci modulera le pitch du sample en fonction de la quantité de FM appliquée... c'est assez fou quand on y pense.
Bon bien sur, tous ces paramètres peuvent être modulés...

Voilà voilà... le séquenceur.
grosse partie si il en est.

Step séquenceur de 16 pistes pour 16 parts. 64 pas max, mais résolution descendant jusqu'à 1/4 soit 1 step qui équivaut à 1 ronde au lieu d'une noire, soit longueur relative de 256 pas
en pratique, on pose ses trigs sur le step sequenceur, et on édite les valeurs de note / leur durée sur l'écran, en tactile ou via les potards (on peut bien evidemment jouer sa séquence en live, via le clavier de l'écran ou via un clavier midi). C'est assez rapide et assez ergonomique. il y a un randomizer ainsi qu'un quantifier à preset, permettant la création de séquence à la volée, assez sympa pour du live.
il y a également des subtracks, permettant de changer l'ordre des notes dans une séquence, et de gérer le swing de la piste, swing qui est malheureusement assez rigide et robotique (3 valeurs de réglage par step, on est loin du microtiming Elektron). A contrebalancer avec la capacité de la machine à suivre un swing général qui est une destination de modulation... entendre par là LFO (par exemple) qui module le groove de la bécane... assez étonnant et inédit.

J'en profite pour parler des layers de paramètres. Par pattern (preset dans le language de Gotharman) on dispose de 2 layers de paramètres qui peuvent s'interpoller (morpher dans le language de Gotharman).
Il y a 2 types de morphing. le morphing des paramètres de son, et le morphing de séquences. chacun accessible via un potard dédié en façade, ou encore une fois en tant que destination de modulation. je vous laisse imaginer le délire :)
chaque layer est copiable et collable. les valeurs de morphing intermédiaires peuvent même être déterminés comme point de départ d'un layer, si d'aventure, en tournant le potard de morph, vous trouvez un réglage qui vous botte.
Deplus, les paramêtres de morph étant modulable, avec l'extension CV, elle peuvent être drivées avec un LFO externe. si ce LFO est une enveloppe qui boucle, déclenché par un trig lui même généré par quelques steps de séquenceur issues d'une séquence du LD3... je vous laisse imaginer le potentiel en terme de cross patching, rythme auto-génératifs ect.

Parlant de génératif, noter que le LD3 dispose de modulateur générateur de random. Encore un truc qu'il est unique dans une groovebox et qui permet quelques joyeusetés bien perchées :D

Bon, Alors, le LD3 est-ce que c'est la groovebox ultime?

Pros :

- qualité de fabrication et sentiment d'utiliser un instrument à part, confectionné par des mimines expertes et un vrai amour pour la question. On est loin des considérations marketing de certains gros groupes.
- l'ergonomie plutôt très au point, rapide, sans bug majeurs, ou du moins, bugs corrigés très rapidement.
- suivi de la machine totale, de nombreuse améliorations apportées, et communication très simple avec le créateur.
- le son unique et très à l'aise dans les domaines expérimentaux. Demande un peu plus d'expérience pour pouvoir le faire sonner de manière plus conventionnelle. Je dirais que à la rigueur, il y a d'autres machine pour ça.
- le concept "deformer" unique
- des possibilités énormes pour le prix pourtant conséquent, mais on en a pour son argent.
- l'auto-chop très bien implémenté et efficace. quelques finesses à maitriser en ce qui concerne la réduction des clicks dans les sons choppés, mais dans l'ensemble ça fonctionne très bien.
- les filtres digitaux énormes et super précis
- le mode song simple et complet
- la portabilité, possibilité d'utiliser une power bank pour l'alimenter.
- le principe du morphing de paramètres et de séquence. génial!
- la stabilité

Cons

Difficile de dire du mal de cette bécane, tant il s'agit d'un instrument qui reflète la vision unique de son créateur. Pourtant, en la comparant avec son prédécesseur, je trouve (et cela n'engage que moi) que le LD3 en fait un peu trop. Trop d'enveloppe, trop de LFO, trop de FX, trop de filtres, trop de capacités de modulation, trop de pistes de contrôle. je n'en utilise jamais plus que le 5ème... ça parait bizarre de dire cela, mais je ne lui trouve pas autant de charme que le LD2, pourtant infiniment plus limité ; mais certainement plus direct en terme de résultat, de groove, de patine. Avec le LD3 on tentera de faire des choses infiniment plus compliqué, et le résultat ne sera peut-être pas à la hauteur de l'investissement personnel
Ne me méprenez pas, j'adore ce LD3, d'autant que celui-ci permet la communication bi-directionnelle avec mon modulaire. Et pourtant. Je vais reprendre un analogie que j'avais déjà formulé je ne sais plus où. ça me fait penser à un groupe de rock garage qui aurait trouvé le succès avec un premier album enregistré dans une cave, et qui enregistre le second album dans un studio pro. on perd en urgence et en évidence. c'est un peu ça avec le LD3. Le son et l'esprit sont toujours là. mais à vouloir se mesurer aux caractéristiques des ténors, il y a quelque chose de l'ordre la lisibilité qui se retrouve un poil brouillé.
Bon, maintenant, c'est mon point de vue d'utilisateur des deux machines....

maintenant, et pour finir, les points négatifs "objectifs"

- le son, particulier à tordre afin qu'il sonne "poli"
- pas de reverse de sample... contournable via les effets qui disposent d'un mode "backward" mais c'est plus compliqué à utiliser et vachement spécial comme résultat.
- pas d'algo de timestretch, existe en tant q'effet, même remarque que plus haut, pas simple à mettre en oeuvre, pour un résultat lo-fi. mais ça a son charme. En revanche,
- l'enregistrement des automotions internes un peu quirky et compliqué à saisir
- le swing assez robotique, en tout cas difficilement musical.
- les fx, vraiment particuliers, avec des sweets spots compliqués à obtenir en mode "statique" (entendre par là qu'il faut moduler pour que ça sonne de manière intéressante)
- des aspirations de workstation, pour une machine à base de step sequencer, difficile de cerner l'entre-deux.. et puis merde, 8 voix de polyphonie.... bon, on peu resampler en interne...
- le tarif conséquent... cependant le Tiny LD est 30 pourcent moins cher... pour les mêmes possibilités, avec moins de switch, de potard et de mémoire...