Editorial du 24 décembre 2016 : commentaires

« J’irai pas !

- Allons, allons, Nicolas !

- J’irai pas, je te dis !

- Fais un effort, tout de même : c’est Noël !

- Ras-le-bol de Noël. Je vois pas pourquoi tout le monde se la coulerait douce pendant que je suis le seul qui travaille. Alors pour UNE FOIS dans ma vie, le 24, je veux rester à la maison !

- Je te rappelle que c’est quand même la seule nuit où tu travailles, Nicolas…

- Et alors ? Je l’ai pas mérité ma retraite ? J’ai pas assez donné ?

- Allons bon, tu crois à la retraite, maintenant ? Ne fais pas l’enfant !

- Parfaitement la retraite existe : si on est sage toute sa vie et qu’on est un bon Père Noël, on y a le droit…

- Grandis un peu Nicolas, et fais face à tes responsabilités : on est le 23, les lutins ont fini et ils ont même posé les patins en caoutchouc sur le traîneau pour le cas probable où il ne neigerait pas…

- M’est égal, j’irai pas…

- Et les enfants, hein ? Tu y as pensé ? Leur mine déconfite au réveil le 25 ? Tu crois qu’ils n’ont pas assez de problèmes comme ça avec leur parents pour qu’ils doivent en plus endurer les états d’âme d’un Père Noël gréviste ?

- Hmmmm…

- Regarde les milliers de lettres, Nicolas ! Ils t’attendent ! Ils comptent sur toi ! Tu n’as pas le droit ! Je te déf...

- OK ! OK ! O-K ! Je vais y aller….

- Enfin !

-  ...mais je fais pas les musiciens, alors !

- Comment ça « tu ne fais pas les musiciens » ?

- J’y arrive pas avec eux : entre ceux qui veulent telle pédale d’overdrive et pas telle autre, ceux qui veulent scratcher où bon leur semble, ceux qui veulent qu'on leur explique comme mixer ceci ou cela, ceux qui veulent la plus simple réverb au monde et ceux qui veulent la même boîte à rythmes qu’il y a 30 ans, mais un peu différente tout de même, je ne m’en sortirai jamais : je ne comprends rien à ce qu’ils veulent. Et je ne te parle même pas des dingos qui m’obligent à faire passer des pianos à queue par les conduits du chauffage central !

- Allons, allons mon Nicolas : ce n’est pas aussi compliqué que tu crois. Pour les quelques heures qui te restent, je t’ai même trouvé un site Internet plein de musiciens qui seront ravis de t’aider…

- Ils m’aideraient tu crois ?

- Évidemment ! D’ailleurs, regarde, à l’heure qu’il est, l’éditorialiste parle même de toi…

- Nom d’un grelot ! Il écrit tout ce qu’on dit !

- Oui, du coup, ce serait peut-être l’occasion de dire un petit mot aux musiciens qui vont nous lire, non ?

- Ma foi… Je ne sais pas quoi leur dire…

- (…)

- (…)

- Ca y’est : je sais !

- Vas-y, chuchote-le tout doucement à son oreille ; il va l’écrire…

- Bonne journée alors, et à la nuit prochaine… »

Los Teignoh-oh-ohs
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