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On Refait Le Patch #53 : Test de la réverbe FabFilter Pro-R - RRRrrrr !!!

9/10
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La réverbe de FabFilter est enfin là et vu la réputation d’excellence de l’éditeur hollandais, elle pourrait bien être un de ces produits de rupture qui remettent les pendules de la concurrence à l’heure. Il n’y a plus qu’à pousser le potard sur Wet pour le savoir…

Dire que la réverbe de FabFil­ter était atten­due est un euphé­misme car, sans qu’elle n’ait jamais été annon­cée, elle était à l’évi­dence l’ef­fet qui manquait le plus au cata­logue de l’édi­teur hollan­dais pour qu’il soit complet. Quand on connaît en outre le soin apporté par FabFil­ter à ses réali­sa­tions, tant sur les plans ergo­no­miques et fonc­tion­nels qu’au niveau du son, il va sans dire que l’ar­ri­vée de cette Pro-R est un événe­ment dans le petit monde des réverbes logi­cielles, où elle aura fort à faire pour se faire un trou tant la concur­rence y est achar­née.

Sans même parler des excel­lents proces­seurs à convo­lu­tion émanant d’AudioEaseLiquid­so­nicsWavesMeldaHOFAViennaVoxengo ou encore SIR, on dispose sur le marché de la réverbe algo­rith­mique de très nombreux éditeurs propo­sant des produits de haute volée : Lexi­con et Even­tide bien sûr, mais aussi Over­loud, Expo­nen­tial AudioFluxUVI, Waves, IK Multi­me­diaMeldaSonnox, Arts Acous­tic, Univer­sal Audio2CAu­dioSoftube, Wave ArtsReLab, Native Instru­ments, eaRe­ckonBrain­worx112dBPSP… Et c’est sans comp­ter Valhalla DSP qui a fait explo­ser l’en­trée de gamme en propo­sant à 50$ des plug-ins abso­lu­ment stupé­fiants, ou encore les éditeurs de STAN qui proposent avec leurs logi­ciels des réverbes de bien meilleure facture que par le passé.

Bref, pour se posi­tion­ner sur ce marché saturé, des algos de qualité ne suffisent pas : il faut soit emme­ner la réverbe sur d’autres terrains comme l’ont fait 2CAu­dio, Over­loud ou encore Zynap­tiq, soit propo­ser une ergo­no­mie qui simpli­fie le réglage de l’ef­fet. Car, c’est un fait : de tous les trai­te­ments qu’on utilise en produc­tion musi­cale, la réverbe est indu­bi­ta­ble­ment le plus complexe à maîtri­ser et à para­mé­trer, donnant souvent lieu à des usines à gaz qui demandent un docto­rat en trai­te­ment du signal dès lors qu’on veut s’aven­tu­rer hors des presets four­nis. C’est donc sur ces points qu’est atten­due la Pro-R, qui devra nous prou­ver qu’elle n’est pas une réverbe de plus.

R comme Réverbe

FabFilter Pro-R : space

Le nom du plug-in ne surpren­dra pas les habi­tués de FabFil­ter, pas plus que son inter­face. On retrouve en effet le design épuré et léché qui a fait le succès de la marque, avec une belle place lais­sée à la visua­li­sa­tion où s’ébattent des courbes parfai­te­ment lissées, flanquées de quelques boutons bien hiérar­chi­sés. C’est d’ailleurs de ce « quelques » que vient la première bonne nouvelle de cette Pro-R : Fabfil­ter a réussi en effet à se limi­ter à sept boutons pour les contrôles de son effet, assis­tés de deux courbes que nous allons détailler par la suite. Nous voici rassu­rés : on ne se retrou­vera pas comme chez Lexi­con, Over­loud ou encore 2CAu­dio avec des pages de para­mètres abscons pour régler la bête, d’au­tant que les noms de ces derniers sont assez parlants pour ne pas avoir à garder le manuel sur les genoux.

Commençons par le plus impor­tant d’entre eux, comme le montre sa taille : Space. Ce dernier déter­mine la taille de la pièce que vous allez simu­ler, adap­tant à la fois le temps de déclin de la réverbe (de 200 ms à 10 secondes) comme l’algo utilisé car, contrai­re­ment aux réverbes plus clas­siques, la Pro-R ne vous propose pas de choi­sir entre des programmes bien défi­nis (Ambience, Room, Cham­ber, Hall, etc.). Et même si ce système a été retenu par bien d’autres déve­lop­peurs avant FabFil­ter (eaRe­ckon, 112dB, Valhalla DSP, etc.), force est de consta­ter que c’est un choix perti­nent qui nous change des grosses Bertha où il faut raison­ner en termes d’algo avant de penser à la notion beau­coup plus intui­tive de pièce.

FabFilter Pro-R : brightcharacter

Fonc­tion­nant de concert avec Space, Decay Rate permet de dimi­nuer de moitié ou de doubler le temps de déclin défini par Space (du coup, si vous comp­tez bien, on peut donc avoir un temps de déclin allant de 100 ms à… 20 secondes, soit le modèle de Cathé­drale de stade dans le canyon !). Les autres para­mètres sont tout aussi évidents : outre Mix qui permet de défi­nir le dosage entre signaux traité et non traité, Bright­ness permet de jouer sur la façon dont la pièce va globa­le­ment absor­ber les graves et les aigus, Charac­ter intro­duit des modu­la­tions dans l’ef­fet, ce qui permet de passer d’une réverbe statique à un mouve­ment que Fabfil­ter décrit comme proche du chorus (on en est tout de même loin, disons qu’on a une grosse modu­la­tion des réver­bé­ra­tions géné­rées mais pas du signal) et Distance de défi­nir la proxi­mité de la source audio par rapport à l’au­di­teur. Nous reste Stereo Width qui, comme son nom l’in­dique, fera passer l’ef­fet du Mono à 0% vers le True Stéréo à 50%, puis à du Dual Mono à 100% pour enfin atteindre dans les 20 derniers % qui restent (le potard va jusqu’à 120 %) un mode malin où la réverbe passe en mode M/S et où le Side est ampli­fié. L’in­té­rêt : offrir une image stéréo bien large tout en préser­vant la compa­ti­bi­lité mono. C’est très bien vu.

Le huitième passa­ger

FabFilter Pro-R : predelaysync

7 potards pour tout régler ? Pas tout à fait si l’on consi­dère qu’en marge de ces para­mètres qui défi­ni­ront les grandes lignes de votre pièce, le potard de Prede­lay se cache dans le bas de l’in­ter­face, ce qui est assez étrange. Vu sa grande impor­tance (c’est lui qui défi­nit le temps qui s’écoule entre la source et les premières réflexions, ce qui contri­bue à la sensa­tion d’es­pace), on l’au­rait plutôt vu dans le bandeau supé­rieur avec ses petits copains tandis que Mix, qui est plus acces­soire (il ne servira qu’en Insert), aurait plus eu sa place au bas de l’in­ter­face, aux côtés des réglages des niveaux d’en­trée et de sortie. C’est d’au­tant plus dommage que ce Prede­lay est très bien pensé, offrant un réglage en ms (jusqu’à 500 ms) ou en divi­sion ryth­mique par rapport au tempo de l’hôte (de la noire jusqu’à la triple croche), ce que person­nel­le­ment, je ne me souviens pas d’avoir vu dans une réverbe et peut s’avé­rer d’une redou­table effi­ca­cité pour ne pas noyer un élément dans l’ef­fet. Bref, c’est malin et pratique. Mais pourquoi diable l’avoir mis là ? J’ai beau retour­ner le problème dans tous les sens, je ne comprends pas…

Reste à abor­der les deux derniers grands outils mis à notre dispo­si­tion : Decay Rate EQ et Post EQ.

Réverbe à spectre

Comme son nom l’in­dique, Post EQ est un égali­seur de 6 bandes placé en bout de chaîne qui vous dispen­sera de devoir utili­ser un plug-in dédié comme on a souvent besoin de le faire pour les besoins du mixage. Repre­nant les fonc­tions basiques comme l’er­go­no­mie d’un Pro-Q, il est couplé à un système de compen­sa­tion de gain qui vous permet de twea­ker votre EQ sans que cela change le niveau de la réverbe : merci d’y avoir pensé. C’est aussi à ce genre de petits détails qu’on recon­naît FabFil­ter.

FabFilter Pro-R : stereo

Mais face à cet EQ somme toute assez conven­tion­nel, l’ori­gi­na­lité vient plus de Decay Rate EQ qui permet de défi­nir libre­ment la façon dont se comporte votre pièce sur toute l’éten­due du spectre. Si en effet dans la plupart des réverbes évoluées ce genre de réglage se limite à un système de gestion du bas et des aigus avec un cros­so­ver, c’est à notre connais­sance la première fois qu’on peut réel­le­ment person­na­li­ser la courbe de réponse en fréquences de la pièce avec autant de préci­sion. Grâce à ses 6 bandes, cet EQ permet ainsi de simu­ler des réso­nances parti­cu­lières comme des trous dus aux annu­la­tions de phase, mais il offre en outre un moyen simple de faire des réverbes très complexes : on peut ainsi mettre l’ac­cent sur le timbre de la caisse claire plutôt que sur sa frappe, ou l’in­verse. Par ce biais, on peut surtout construire une pièce en parfaite adéqua­tion avec la piste trai­tée et le reste du projet, et on peut recou­rir à des réverbes bien denses et bien longues sans craindre de perdre forcé­ment en intel­li­gi­bi­lité sur les fréquences qui posent problème. C’est très fort de la part de Fabfil­ter et confère à Pro-R une grande poly­va­len­ce… pour peu que l’on ait conscience de sa voca­tion première : la musique.

En pratique

FabFilter Pro-R : curves

Un passage en revue des presets met en effet en évidence l’à-propos du plug-in sur tous types de sources, avec toujours beau­coup de musi­ca­lité et la possi­bi­lité de twea­ker très faci­le­ment les réglages pour parve­nir au résul­tat souhaité. Du placard à balais à la Mosquée-Cathé­drale de Cordoue, tout est a priori permis, même si on se rend compte que le plug-in reste avant tout pensé pour sonner bien, réaliste et pour un usage musi­cal. En effet, si les 20 secondes de déclin produisent des choses assez sympa­thiques, si grâce au potard Charac­ter on peut mettre du mouve­ment dans tout cela et si le pré-delay synchro­ni­sable permet de produire des patterns ryth­miques assez fun sur une batte­rie, il faut souli­gner toute­fois que cette réverbe n’est pas conçue pour le sound design comme peuvent l’être la ReMa­trix d’Over­loud ou encore la B2 de 2CAu­dio. On peut bien obte­nir quelques bizar­re­ries avec, mais en l’ab­sence de fonc­tion Freeze ou de la possi­bi­lité de jouer soi-même avec des modu­la­tions complexes, on peinera à emme­ner Pro-R vers des choses plus barrées. Ce n’est abso­lu­ment pas un reproche ; c’est juste un fait : la réverbe de FabFil­ter est un outil de mixage plus que de créa­tion sonore.

Et c’est dans ce registre qu’elle est redou­table car elle sonne très bien, s’avère très poly­va­lente, raison­nable en termes de consom­ma­tion CPU, et jouit surtout de l’ex­cel­lente concep­tion ergo­no­mique et fonc­tion­nelle qui fait la signa­ture de FabFil­ter. Avec son inter­face redi­men­sion­nable et ses contrôles clairs qu’il est très facile de para­mé­trer, soit au pavé numé­rique soit à la souris en s’ai­dant de nombreux raccour­cis, ou d’au­to­ma­ti­ser via le mode MIDI Learn, Pro-R est un régal à l’usage. Le rendu même de la réverbe qui, à mesure qu’on progresse vers des longs déclins, évoque des volutes de sable flou, concourt à cette impres­sion d’adé­qua­tion entre l’in­ter­face et l’ef­fet. En dehors du posi­tion­ne­ment saugrenu du Prede­lay, on n’est pas loin de la perfec­tion. Encore une fois : bravo !

Conclu­sion

Ce n’est pas encore avec Pro-R que FabFil­ter va ternir sa répu­ta­tion, bien au contraire. Le plug-in sonne non seule­ment très bien, mais il jouit d’une poly­va­lence surpre­nante et parvient à géné­rer une large palette de réverbes très convain­cantes, de la petite ambiance discrète au tsunami de réflexions. Comme souvent avec FabFil­ter, ce n’est pas tant sur l’ex­cel­lence sonore que l’édi­teur fait la diffé­rence mais sur la concep­tion de l’in­ter­face et de l’er­go­no­mie, et l’in­tel­li­gence des fonc­tions propo­sées. Ne serait-ce l’em­pla­ce­ment saugrenu et inex­pli­cable du potard Prede­lay, on sent en effet beau­coup de soin dans la façon dont les para­mètres ont été pensés pour favo­ri­ser au maxi­mum le rapport simpli­cité/effi­ca­cité. Au-delà du très perti­nent Decay Rate EQ, le compor­te­ment du potard Stereo Width est sur ce point un modèle du genre. Résul­tat : là où d’autres pondent des inter­faces bavardes qui rendent le para­mé­trage labo­rieux, FabFil­ter parvient à nous propo­ser un outil que le plus néophyte des utili­sa­teurs n’aura pas de mal à prendre en main.

Sans qu’il s’agisse d’un reproche, notons-le toute­fois : si cette simpli­cité ne se fait pas au détri­ment de la complexité du moteur de la Pro-R, elle résulte égale­ment de choix parfai­te­ment assu­més. La réverbe de FabFil­ter n’est pas une émula­tion de tel ou tel proces­seur, cepen­dant qu’elle n’est utili­sable qu’en stéréo et que le contrôle des modu­la­tions se résume au potard Charac­ter. Pour toutes ces raisons, ce ne sera peut-être pas l’ou­til que l’on conseillera aux sound desi­gners avides d’ex­pé­rience sonores comme à ceux qui font de la post-prod. Mais dans le contexte de la produc­tion musi­cale, Pro-R est un excellent choix qui simpli­fie gran­de­ment le quoti­dien et peut parfai­te­ment conve­nir pour mixer un album de A à Z. À ce titre, le dernier né de FabFil­ter pour­rait bien deve­nir deve­nir la ‘go-to’ réverbe de plus d’un musi­cien.

  • FabFilter Pro-R : display
  • FabFilter Pro-R : stereo
  • FabFilter Pro-R : curves
  • FabFilter Pro-R : brightcharacter
  • FabFilter Pro-R : space
  • FabFilter Pro-R : predelaysync

 

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Notre avis : 9/10

Award Innovation
Innovation
Award
  • Le son et la musicalité
  • Polyvalence
  • Simple à comprendre
  • Ergonomie et fonctions mûrement réfléchies
  • Le Decay Rate EQ, une vraie bonne idée
  • Le comportement du Stereo Width
  • Consommation CPU raisonnable
  • Modèle économique favorisant les bons clients
  • Positionnement incohérent du Pré-delay

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