S’il n'y avait qu'un seul effet à utiliser avec votre guitare, ce serait sans aucun doute une pédale d'overdrive. Oui, mais laquelle ? Pour le savoir, nous avons établi une base comparative en enregistrant minutieusement 33 pédales, chères ou bon marché, basiques ou sophistiquées, populaires ou confidentielles. How does it sound ? Like that !
Précisons en guise de préambule à l’attention des débutants qui nous lisent à quoi sert une overdrive : c’est un effet qui vise à reproduire la saturation d’un ampli à lampes poussé dans ses retranchements. Tout comme la fuzz et la disto, souligneront certains. Oui et non, répondra-t-on.
Oui, parce que tous ces effets ont pour but faire saturer le signal, non parce qu’ils n’aboutissent pas aux mêmes sons à la fin : la fuzz offre une saturation vraiment « cracra » au possible (le son saturé d’Hendrix sur Foxy Lady, celui du Satisfaction des Rolling Stones…), tandis que la disto présente quant à elle la saturation la plus extrême qui soit (c’est à elle qu’on doit le son métal, de Metallica à Pantera en passant par Iron Maiden ou encore Slayer). Quant à l’overdrive, c’est finalement la saturation la plus sage des trois, allant du léger crunch à des choses plus distordues, dans la mesure du raisonnable (disons du blues au rock, voire au hard rock).
Mais le mieux pour vous présenter l’overdrive, c’est encore d’écouter les pédales qui lui sont dédiées, l’un des objectifs de ce comparatif.
Les choix des pédales
Arrêter notre choix n’a pas été simple car en marge des grands classiques signés Ibanez, Boss ou Fulltone, nous tenions à proposer des challengers intéressants soit pour leur prix, leurs fonctionnalités ou encore leur réputation parmi les initiés. Après de nombreux débats, joutes oratoires et quelques bonnes bagarres (Comment ça, il est pas frais mon poisson ?), de la vingtaine de pédales que nous comptions enregistrer au départ, nous en somme arrivés à une liste de 33. Il vous suffit de cliquer sur la pédale de votre choix pour accéder au test et à la vidéo.
- AnalogMan King of Tone
- Behringer TO800
- Blackstar LT-Drive
- Bogner Ecstasy Blue
- Boss BD-2 Blues Driver
- Boss SD-1 Super Overdrive
- Carl Martin Classic DC Drive
- Catalinbread Dirty Little Secret MKIII
- Digitech DOD Overdrive Preamp 250
- Electro-Harmonix Germanium Overdrive
- Electro-Harmonix Soul Food
- Fulltone Fulldrive2 Mosfet
- Fulltone OCD
- Ibanez TS808
- Ibanez TS9
- JHS Charlie Brown V4
- Joyo JF-02 Ultimate Overdrive
- Keeley Electronics Red Dirt
- Klon KTR Centaur Overdrive
- Mad Professor Sweet Honey Factory
- Marshall BB2-Bluesbreaker II
- Maxon OD-808
- Maxon OD-9
- Mooer Blues Crab
- Mooer Green Mile
- MXR Custom Badass Modified Overdrive
- Suhr Shiba Drive Reloaded
- T-Rex Alberta II
- TC Electronic MojoMojo
- Visual Sound Route 808
- Wampler Paisley Drive
- Way Huge Pork Loin
- Xotic BB Preamp
Nous vous proposons également en bonus une vidéo de la Moog MF Drive. Avec son filtre étonnant, elle ne boxe pas réellement dans la même catégorie que les autres overdrives de notre comparatif, mais vous aurez un petit aperçu de ses capacités.
Évidemment, rien ne nous empêchera de la compléter dans l’avenir, sachant que nous avons établi un protocole d’enregistrement qui offre un maximum de flexibilité.
Guitares et ampli
Après avoir acheté toutes ces pédales (oui, ça fait une belle facture !) et défini les plans qui nous semblaient pertinents pour illustrer les différents registres de l’overdrive, nous nous sommes procuré le papa et la maman de toutes les guitares électriques : une Les Paul et une Stratocaster respectivement prêtées par Gibson et Fender, et que nous sommes allés faire régler par un luthier (DNG) pour que les deux instruments disposent des mêmes cordes (D’Addario 9–42) et du même confort de jeu.
Pour l’ampli, c’est encore vers Fender que nous nous sommes tournés pour récupérer, après en avoir dicuté avec notre communauté, un ’65 Twin Reverb.
Protocole d’enregistrement
Restait enfin à arrêter la méthodologie d’enregistrement. Deux possibilités s’offraient à nous : faire un enregistrement classique pour chaque pédale, où il faudrait rejouer au clic les 7 plans pour chacune des 34 pédales en reprenant l’ampli avec un ou deux micros, ce qui aurait fait 238 enregistrements, ou bien enregistrer une seule fois les 7 plans en récupérant le son des guitares uniquement, pour faire ensuite du reamping au moyen de notre ampli Fender et d’un simulateur de haut-parleur. Cette solution nous a vite paru préférable dans l’optique d’un comparatif car elle permettait de disposer d’une chaîne audio immuable où aucun autre élément n’aurait pu troubler la comparaison (micro qui bouge légèrement, guitariste meilleur ou moins bon sur telle ou telle prise, etc.). Évidemment, même si nous avons choisi d’enregistrer le signal dry de la guitare, les prises ont été réalisées avec une overdrive pour le retour son du guitariste, afin que celui-ci ne joue pas à l’aveugle.
Seul défaut de notre méthode : en dehors des réserves que pourront émettre les uns ou les autres sur l’usage d’un simulateur de HP (réserves qui sont le plus souvent faites d’a priori sans réelle expérience du procédé), le guitariste n’a pas adapté son jeu à chaque pédale.
Le protocole parfait n’existant pas, nous sommes toutefois convaincus que la méthodologie arrêtée était la meilleure pour remplir nos objectifs : comparer les pédales, et rien que les pédales.
Charlotte Reamping
Technique très utilisée en studio (Michael Wagener est entre autres un grand spécialiste de la chose), le reamping consiste à amplifier a posteriori un signal qu’on aura pris la peine d’enregistrer le plus dry possible. Pour cela, on utilise un boîtier de reamping qui permet de connecter la source audio (le signal dry donc) à la chaîne d’amplification et de récupérer le signal amplifié.
Si notre choix en matière de boîtier de reamping s’est vite porté sur Radial qui est une référence en matière d’utilitaire, nous n’avons pas trop hésité non plus concernant le simulateur de HP : avec ses fameux Torpedo basés sur de la convolution en temps réel, Two Note présente ce qui se fait de mieux dans le genre à l’échelle mondiale.
Nous avons donc opté pour un VB101 (renommé Torpedo Studio dans la gamme du constructeur), et sur un 2×12 de Twin Reverb repris par un Shure SM57 et un Neumann U87.
Histoire d’avoir une vue d’ensemble sur le projet, voici la liste complète du matériel utilisé :
- Guitares :
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- Fender American Standard Stratocaster 2016
- Gibson Les Paul Standard 2016 T, toutes deux montées avec des cordes D’Addario d’un tirant de 9–42
- Ampli : Fender ’65 Twin Reverb
- Simulateur de HP : Two Notes Torpedo VB-101 (SM57 + U87 sur baffle SilverJen, mesuré à partir d’un Twin Reverb Silverface équipé de 2 HP 12 pouces Jensen C12K)
- Boîtier de reamping : Radial Pro RMP Studio Reamper
- Interface audio : Universal Audio Apollo 8
- Monitoring : Dynaudio LYD 7 / Sennheiser HD650
- STAN : PreSonus Studio One 3 Pro
Over the drive
Vous savez à présent tout sur le comment de ce comparatif et les pourquoi de ce comment. Reste à écouter ces pédales qui, avouons-le, nous ont réservé plusieurs surprises à l’écoute, sachant que nous vous proposerons à l’issue de la publication de toutes ces vidéos un sondage pour déterminer quelles pédales réunissent le plus de suffrages. En espérant que tout cela vous servira à vous équiper de l’overdrive de vos rêves…