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Editorial du 11 février 2017 : commentaires

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Sujet de la discussion Editorial du 11 février 2017 : commentaires

En collaboration avec Caspar Addyman, professeur en psychologie du développement à l’université de Londres et Laurent Stewart, psychologue de la musique, la chanteuse Imogen Heap vient d’enregistrer une musique censée rendre les bébés joyeux. Usant d’un tempo élevé pour se caler au rythme cardiaque plus élevé des jeunes enfants, et de consonnes occlusives façon « ba » ou « pa », les trois compères ont testé plusieurs compos sur 26 bébés de moins de 12 mois pour aboutir à un résultat qui, a priori, devrait ravir nos petits d’hommes.

Gageons que dans quinze ou seize ans, ces mêmes bébés seront sans doute ravis de passer à autre chose et qu’alors, c’est vers vos compos à vous qu’ils se tourneront, réalisées avec le phénoménal Matrix Brute d’Arturia, la pédale Strymon Riverside, la contrebasse virtuelle ABU d’Ample Sound ou les processeurs d’Hacienda Labs. Au boulot donc !

Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.

Los Teignos
From Ze AudioTeam

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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

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11
:8O:
Citation :
qu'on a l'habitude de critiquer ici
Nous as-tu déjà entendu critiquer quoi que ce soit ICI sur AF ?
Quelle mauvaise foi :fache:
12
Citation :
Il y avait vraiment besoin de déranger des universitaires pour faire ce qui ressemble à toutes les chansons niaiseuses pour enfants sorties depuis que l'humain fait de la musique ?

Oui, parce qu'on ne peut se permettre de composer n'importe comment pour les enfants. Indépendamment de la qualité de la musique et des textes que l'on pourra toujours discuter, une règle est de mise : la tessiture des enfants ! Or, Boufadou, tout comme Anne Sylvestre d'ailleurs, ne les connaissent pas. Par acquis de conscience, je suis allé écouter Au rendez-vous des sorcières , (la première m'a suffi pour me faire une idée), c'est très écoutable, mais tout simplement inchantable. La question est donc de savoir si on chante pour les enfants ou pour faire chanter les enfants. Étant dans le métier depuis 35 ans, même avec la meilleure volonté du monde, il me serait donc impossible de faire apprendre Boufadou à mes élèves âgés de 6 à 11 ans.

Mais revenons, à l'édito. LT parle d'une chanson enregistrée pour rendre les bébés entre 6 et 12 mois (et non les enfants) heureux (et non pour endormir comme certains l'ont compris). Le résultat ne peut être que concluant, ceci pour plusieurs raisons. Passons tout de suite la langue utilisée (les anglophones ont autant le droit que les autres d'être heureux). Le climat qui s'en dégage est dépourvu de toute agressivité ce qui donne confiance, les fréquences plutôt aiguës, ce qui se rapproche effectivement du spectre sonore maternel. Il n'est qu'à entendre ce qu'on utilise pour les scènes d'angoisse ou de peur dans les films pour en comprendre l'effet inverse. Comme on dit : y a pas photo. Un sifflotement décontracté pour commencer. La voix de la femme, douce comme dans une berceuse. Une basse, bien que présente, très loin d'être envahissante. Des bruitages proches de ce qu'ils entendent tous les jours : bisous, gazouillis et autres areu-areu (les leurs comme ceux de leurs parents, à propos, quel est le "vrai mot de départ" pour areu-areu ?), utilisés à intervalles réguliers pour faire rigoler. Il fallait y penser. C'est bien calibré pour le but escompté. Un "simple" compositeur pour enfant n'y aurait pas forcément pensé. Alors, chapeau à ces universitaires qui ont su trouver le bon dosage en tout. Il est donc tout à fait normal que les bébés se reconnaissent dans cette chanson et l'apprécient. Prenez le temps d'écouter, sans voir la vidéo, en gardant vos préjugés par rapport à ce que vous connaissez déjà par ailleurs et qui peut vous irriter pour d'autres raisons, et essayer de garder en mémoire ce pour quoi elle a été composée. Si les télétubbies utilisent le même procédé, ce n'est pas sans raison.
De là à dire que 15 ou 16 ans plus tard, ces mêmes bébés voudront passer à autre chose, pas sûr en voyant les commentaires laissés par des adultes sur You tube.
Enfin, que l'on considère Mozart ou d'autres "grands" compositeurs comme étant de la musique bonne pour les oreilles, je n'en disconviens pas. De là à dire qu'elle rend heureux, c'est une affirmation que, pour ma part, j'éviterais.

[ Dernière édition du message le 11/02/2017 à 22:32:14 ]

13
Merci pour vos commentaires.

J'avoue ne pas être convaincu du tout par la démarche, d'autant qu'elle pose deux questions :

La musique est-elle faite pour rendre heureux ? Je ne suis pas sûr que cela doive être son but premier. Élever un enfant, n'est-ce pas au contraire lui proposer des choses qui sont au-dessus de lui pour lui donner envie de grandir ? Du coup, l'idée même d'une musique faite pour l'enfant, c'est un peu le cantonner à son monde, non ?

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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

14
C'est un ciblage marketing, comme la musique pour ados pour celle pour quinquagénaires qui se prennent encore pour des rockers (le samedi soir seulement).
15
Aucune réaction chez mon fils de 14 mois. Ça doit être réservé aux moins de 12...
"Même Led Zep écrivait pas des chansons universelles, ils laissaient ça aux Bee-Gees"
16
Citation :
La musique est-elle faite pour rendre heureux ? Je ne suis pas sûr que cela doive être son but premier. Élever un enfant, n'est-ce pas au contraire lui proposer des choses qui sont au-dessus de lui pour lui donner envie de grandir ? Du coup, l'idée même d'une musique faite pour l'enfant, c'est un peu le cantonner à son monde, non ?

Excellentes questions !
Abordons-les par le contraire, si tu veux bien. La musique est-elle faite pour rendre malheureux ? Autrement dit, quel est le pouvoir émotionnel de la musique ? Cela implique déjà le postulat que la musique a un pouvoir émotionnel par le fait qu'elle exprime quelque chose. Là-dessus, je pense que tout le monde sera d'accord. Reste à savoir la qualité et l'étendue de ce quelque chose. Étant donné que chacun reçoit différemment une même musique selon son âge, sa culture et son état d'humeur du moment (pour preuve les différentes réactions précédentes), on peut penser que ce quelque chose, si tant est qu'il ait été présent dans la tête du compositeur, est une variable difficilement cernable. On peut toutefois admettre qu'on ne va pas mettre une marche funèbre à une cérémonie de mariage. L'inverse est, là aussi, variable selon les cultures où, justement, il est presque tabou d'afficher de la tristesse à la mort de quelqu'un comme aux Antilles http://lamortfaitpartiedelavie.com/lire-et-decouvrir/art-culture/antilles-les-rites-funeraires-dantan-part-i/.
Donc heureux ou malheureux, même si le compositeur l'a voulue tels, reste l'usage que l'utilisateur en fera selon son choix et le but avoué ou non qu'il aura formulé. A-t-on toujours conscience de la raison pour laquelle on se passe telle ou telle musique ? Ce que l'on croît être une simple question de goût et de culture touche peut-être à quelque chose de beaucoup plus viscéral, de plus profond, d'ineffable, de charmant au sens étymologique, contre laquelle on ne peut rien, comme Ulysse et le chant des sirènes. Tu comprendras donc, LT, que le but premier de la musique ne peut avoir qu'une approche protéiforme.

Maintenant, comment élever un enfant pour lui donner envie de grandir ? Grave question que tout pédagogue, que sont aussi par voie naturelle les parents, doit se poser. Tout ce qu'un enfant ne comprend pas est forcément au-dessus de lui. Le rôle de l'adulte est donc de le lui rendre accessible par décodage et explications successives. Si je devais passer la musique d'Addyman et Stewart en classe, et peut-être vais-je le faire, mon rôle serait dans un premier temps de voir leur réaction, puis de leur faire oraliser leur réaction et enfin d'en analyser avec eux les éléments constitutifs. Par expérience, je sais que cette analyse sera tout aussi difficile, voire plus, que de leur passer une symphonie de Haydn. Si l'élève en sortant du cours sent qu'il a appris quelque chose avec une certaine satisfaction, il est fort à parier qu'il aura, quelque part, grandi et que cette satisfaction l'aura fait grandir et lui donnera encore envie de grandir. Et j'ose espérer que l'enseignant y sera pour quelque chose.

Ce qui m'amène au troisième point : les musiques faites pour les enfants, et je laisserai volontairement de côté celles pour ados ou adultes et leur "ciblage marketing" dont parle à juste titre Will Zégal. Si Henri Dès a eu autant de succès, c'est non seulement parce qu'il connaissait parfaitement la tessiture des enfants, leur vocabulaire et leur monde tout en ayant une approche didactique sur le monde extérieur. De plus, musicalement, ses chansons s'apprennent en deux coups de cuillères à pot car elles sont presque toutes à répétition (chaque phrase est tout de suite répétée). Cantonner un enfant à son monde, c'est déjà reconnaître qu'il existe, lui en tant qu'enfant et son monde d'enfant. C'est une approche assez récente qui n'a même pas un siècle. Auparavant, les enfants chantaient les chansons des adultes sans qu'elles leur soient forcément expliquées. Ex. : Au clair de la lune, chanson libertine s'il en est, n'est pas une chanson pour enfant, même en se limitant au premier couplet. Alors, soit le professeur se met, et se doit, d'expliquer le texte avec une certaine naïveté réelle ou feinte en espérant que les élèves ne lui poseront pas de questions embarrassantes, soit il se dit qu'il relègue le "bébé" et ces histoires de sexe à son collègue de collège.
Savoir se mettre au niveau des enfants, pour tout pédagogue, parent ou compositeur est un travail des plus ardus. Que ce soit dans mes propres compositions ou dans le choix de mon répertoire, la question primordiale est : qu'est-ce qu'ils vont en retenir, même s'il ne l'aiment pas de prime abord. Le choix des mots, du tempo, de l'instrumentation, de la tonalité, même s'il régissent aussi les chansons pour adultes, sont encore plus importants pour les enfants. Il faut dès le départ que la chanson leur parle, qu'ils s'y reconnaissent et qu'ils en tirent quelque chose d'autre que du simple plaisir auditif. Ceci sans flatter leurs bas instincts de pipi-caca (cf.https://www.youtube.com/watch?v=8K5YF4Iw_Og). Tout pédagogue, et j'y inclus toujours les parents, se doit de se demander quel futur citoyen il est en train de former. Ce qui oblige à une censure de tous les jours dans le choix de mon répertoire. Mais comment être sûr qu'une graine que l'on plante ne devienne pas de la mauvaise graine ? L'école est un moule, certes, mais pas neutre et qui ne convient donc pas à tout le monde. Selon le vécu, la réceptivité que les enfants apportent à l'école, le même cours bénéficiera à l'un mais très peu à l'autre, voire le contraire !
Si l'on peut croire qu'il existe des recettes pour les chansons d'adultes pour qu'une chanson soit acceptable sans forcément devenir un tube uniquement en répondant aux canons de la mode, on peut admettre qu'il en existe aussi pour les enfants à condition de se "cantonner" à leur monde qui est beaucoup plus vaste qu'on ne le pense car, justement, beaucoup plus ouvert à tout que celui des adultes déjà très formaté. On peut faire chanter des chansons aux enfants dans tous les styles de musiques avec un égal bonheur, à condition que l'apprenant le vive aussi avec un égal bonheur.

Pour finir, il me revient avec une certaine émotion la phrase d'une PE (professeure d'école) : "nous sommes là pour leur apporter du bonheur !" Si au départ, je la trouvais complètement à côté de la plaque, je veux dire des Instructions officielles d'où ce mot est absent, je me suis rendu compte qu'elle avait entièrement raison car, sans bonheur, sans plaisir, rien ne passe. Alors pour en revenir à la question de départ, si la musique ne rend pas forcément heureux, on peut dire qu'elle y contribue et, je l'affirme, sans doute avec une certaine naïveté, plus que toute autre matière ! Et j'ai la chance de faire partie de cette chaîne de transmission.

[ Dernière édition du message le 12/02/2017 à 14:29:14 ]

17
Citation :
L'inverse est, là aussi, variable selon les cultures où, justement, il est presque tabou d'afficher de la tristesse à la mort de quelqu'un comme aux Antilles


À ce propos...
Au Zambèse, les femmes sont jolies et gentilles,
Alors qu'aux Antilles...
:facepalm:

   moi, j'ai pas d'blé mais j'ai du son...

18
Au Zambèse, les femmes sont jolies et gentilles,
Citation :
Alors qu'aux Antilles...
Pfff :fache:
Aux Antilles, c'est les mêmes... c'est zuste que Tambèse moins !

[ Dernière édition du message le 12/02/2017 à 20:00:46 ]

19
Citation :
La musique est-elle faite pour rendre heureux ?

J'ai lu ton interrogation en tant que compositeur ( pas en tant qu'auditeur de musique ) et ma réponse est simple. Si le fait de composer ( même si je suis mon seul auditeur ) d'arranger et de mixer un morceau me rendait malheureux... ben j'arrêterai instantanément. Et ça fait plus de 40 ans que je pratique la chose. Ce qui nous ramène à la blague du fou qui se tape avec un marteau sur les doigts et qui s'exclame : p'tain, que ça fait du bien quand on s'arrête.
Ensuite en tant qu'auditeur, je fais le tri... si ça m'agresse... je zappe ( rapp et métal par exemple ;) )
20
Citation :
J'ai lu ton interrogation en tant que compositeur ( pas en tant qu'auditeur de musique ) et ma réponse est simple. Si le fait de composer ( même si je suis mon seul auditeur ) d'arranger et de mixer un morceau me rendait malheureux... ben j'arrêterais instantanément. Et ça fait plus de 40 ans que je pratique la chose. Ce qui nous ramène à la blague du fou qui se tape avec un marteau sur les doigts et qui s'exclame : p'tain, que ça fait du bien quand on s'arrête.

Ce fou n'est donc pas si fou puisqu'il sait comment se faire du bien : en se faisant d'abord mal. C'est toute l'ambiguïté du sado-maso. Jusqu'où peut-il aller dans la douleur pour se faire plaisir ? Ceux qui écoutent de la musique agressive à longueur de journée pour crier leur colère ou leurs sentiments de révolte ou autre du genre, sont évidemment les premiers à recevoir cette agressivité exprimée vers les autres. Donc, oui, il peut y avoir un certain bonheur à être malheureux par le biais de la musique qui devient alors mal et remède contre ce mal.