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Editorial du 25 février 2017 : commentaires

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Sujet de la discussion Editorial du 25 février 2017 : commentaires

Pour vendre bien, vendons cachés. C’est ce qu’on en déduit de l’enquête menée sur la comptabilité de Gand & Bernardel, célèbres luthiers parisiens du 19e siècle. En épluchant les livres de compte de la société, Jean-Philippe Echard, conservateur du Musée de la musique à la Philharmonie de Paris, et Pierrick Gaudry, cryptologue du CNRS, sont en effet tombé sur des suites de lettres absconses en regard de chiffres, laissant à penser que les compères recouraient à la cryptographie pour masquer leurs profits réels.

Bien entendu, on est loin de la sophistication d’un chiffrement à la Enigma et c’est une bonne vieille substitution monoalphabétique basée sur le mot « harmonieux » qui a été utilisée, soit le genre de cryptographie que n’importe quel Riri, Fifi ou Loulou qui aurait lu le manuel des Castors Juniors serait à même d’utiliser. Il n’en reste pas moins que par le biais de ces registres, les historiens de la musique mettent la main sur 80 années de transactions intéressantes à plus d’un titre. C’est ainsi qu’on découvre qu’en 1885 un Stradivarius acheté 5500 francs a été vendu 8000 francs alors qu’il était affiché à 10 000 en vitrine, ce qui permit au commerçant de faire une marge de 2500 francs. Si l’on considère que le salaire annuel d’un facteur était de 600 francs à l’époque tandis que la livre de pain (soit à peu près deux de nos baguettes) valait 15 centimes, la somme semble coquette. Mais elle est pourtant sans commune mesure avec les prix imbéciles atteints par ces mêmes instruments aujourd’hui et qui se comptent en dizaines de millions d’euros, soit des sommes inatteignables même quand on est attachée parlementaire. La spéculation est à ce point ridicule que pour paraphraser une célèbre intelligence artificielle de notre époque, disons que si à 50 ans, on n’a pas un Stradivarius, c’est qu’on a réussi sa vie…

Si vous avez besoin de cordes, j’aime autant donc vous renvoyer aux fabuleuses Symphonic Strings de Spitfire Audio, ou encore un bon violon de luthier contemporain (qui savent très bien enterrer un stradivarius, si, si…) que vous enregistrerez amoureusement avec un micro Lewitt LCT 640 TS. Quant aux adorateurs de la fée électricité, ils iront selon leur goût voir le test vidéo de la console Pioneer DJM-450, ou l’interview exclusive - vidéo elle aussi - que les guitaristes d’Airbourne nous ont accordée.

Tpu gy, dfo vbzl gw h mq rtblsif ebidogzen.

Los Teignos
From Ze AudioTeam

PS : Un bon gros merci plein de bises à BlackWinny pour le sujet de cet édito.

__________________________________________________________________________________
Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

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Citation :
quand je vois des stradis a 2,7 millions!!! n'importe quoi,pure spéculation

Spéculation + croyance (probablement jusqu'à il y peu) que ça sonnait de façon incomparable + objet original/ rare.

L'autre soir, on était différents copains tous plus ou moins artistes : deux musiciens, un peintre, un photographe et une copine restauratrice d'oeuvres d'art.
Elle nous parlait de sculpture polychromes anciennes (genre du moyen âge) qui étaient tellement recouvertes de couches de peintures au fil des ans qu'on ne voyait plus la forme originale de la sculpture (les détails). Ceux-ci n'apparaîssant plus que grâce aux méthodes modernes d'imagerie.
Problème : le plupart des peintures utilisées au fil des âges pour les restaurations, mais aussi pour adapter les scultpures à la mode de l'époque sont la plupart du temps impossibles à enlever sans enlever la peinture originale, voire en abîmant considérablement le support en bois qui a souvent 4 ou 500 ans.
Là encore, l'imagerie moderne permet de distinguer formes et couleurs originales.

Là, on a commencé à parler des techniques de reproduction (notamment impression 3D) qui allaient très bientôt permettre de reproduire précidément l'objet original, même noyé sous des dizaines de couches de peinture.

Sauf que, selon elle, la reproduction ne pourra avoir la même valeur que l'objet original, car ce ne sera pas l'objet original. D'où une longue discussion sur ce qui fait la valeur d'un oeuvre, en quoi une magnifique reproduction parfaitement exacte d'un polychrome du 14è ou 15è siècle a moins de valeur que l'objet original illisible et massacré par des siècles de "restaurations" plus ou moins hasardeuses.

Le truc était de plus éclairé par le fait que des arts différents étaient représentés : la musique et la photographie qui sont des arts dont les oeuvres peuvent être mécaniquement reproduits à grande échelle (et à bas prix pour la musique) et la peinture pour laquelle on n'a pour l'instant que l'objet original encore difficilement reproductible.

Vaste débat qui, finalement, nous éloigne effectivement de l'art lui-même, y compris de son coût de (re)production pour nous amener aux notions de possession, de rareté, etc.
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Pareil avec les tableaux qui ont été volés et probablement detruits au musée d'art moderne.

Je trouve désormais que la valeur de l'œuvre initiale relève du fétichisme. C'est sûr que c'est bien de l'avoir, de savoir que c'est celle sur laquelle a posé ses mains, comme pour le manuscrit original d'un livre (quand ils n'ont pas été tapés sur ordi ! ) ; mais au final, une reproduction parfaite, réalisée par un artiste ou artisan techniquement aussi habile que l'auteur, c'est aussi intéressant à regarder. C'est l'idée qui compte.

Certes l'objet initial apporte un plus, celui de se sentir proche de l'auteur, et quand on en est fan, ça compte quand même...
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Dans l'hypothèse qu'on évoquait, il s'agissait carrément de reproduction par des moyens technologiques, genre impression 3D.
Je pense tout à fait envisageable que d'ici quelques années, on soit capable par imagerie de faire une parfaire image 3D d'un polychrome même recouvert de barbouille, jusqu'au grain du bois et de le reproduire par impression 3D en bois ou par fraisage 4 ou 5D. Et d'y ajouter les couleurs originales (lesquelles, si j'ai bien compris, on arrive déjà à détecter au travers des épaisseurs de peinture).

De fait, on aurait une reproduction bien plus fidèle à l'original que l'original lui-même. Mais voilà, pour le marché de l'art, pour le patrimoine, ça ne serait qu'une reproduction d'une valeur moindre que l'oeuvre originale pourtant défigurée.
C'est quand même curieux.
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Cela dit, l'imprimante 3D va beaucoup faciliter les choses, mais on sait le faire depuis longtemps avec les techniques utilisées par les géographes (stéréophotographie notamment). C'est ainsi que l'IGN a dupliqué des statues ou des façades en Égypte, pour pouvoir présenter la reproduction au public tout en protégeant l'original des agressions naturelles (humidité, lumière...)