Editorial du 6 avril 2019 : commentaires
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Los Teignos

Tandis que Rammstein doit expliquer de l’autre côté du Rhin que sa chanson Deutschland et son clip adolescent ne servent en rien l’idéologie nazie, en France, c’est le chanteur pour parents Aldebert qui doit se justifier du texte de Pour louper l’école qui, selon des parents d'élèves et un syndicat de police qui porte plainte, « inciterait à commettre un crime ». Autant dire qu’à ce rythme, les textes puissants de Kendji Girac vont bientôt faire figure de modèles pour les chanteurs qui ne veulent pas faire de vagues, même s’il faut bien l’avouer, être artiste, c’est précisément faire des vagues, qu’elles soient drôles, émouvantes, violentes ou engagées. Bref, quelques années après que tout le monde a bien été Charlie avec sa petite bougie à la main, il s’agira de ne pas oublier tout ce qui fut dit alors sur la liberté d’expression, sur son importance, avant d'aller la défendre en chaussant ses in-ears et en empoignant sa guitare pour rentrer dans un ampli Boss ou un simulateur d’ampli logiciel Positive Grid.
Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.
Los Teignos
From Ze AudioTeam
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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

Los Teignos

Pour avoir reçu les Aldebert au cours d'une émission, je peux te garantir en tout cas qu'ils sont très loin de chercher à faire des ventes sur de la provoc. Il y a chez eux une vraie démarche d'artisans de la chanson avec des vrais bouts de ficelles à l'origine, une grande honnêteté et une grande humilité, et comme le bouche à oreille a fini par fonctionner, comme ils passent leur temps à se produire un peu partout, gagnant leurs galons dans des petites salles comme des plus grandes et non sur les canapés de Drucker ou les fauteuils d'Ardisson , il se trouve que désormais, ils sont de ces artistes avec lesquels beaucoup aimeraient bosser.
Après, les goûts et les couleurs, je ne les discute pas mais quand on songe qu'entre la génération Sylvestre / Warring et celle d'Aldebert, la chanson pour enfant était faite par AB production, je me dis que mon fils a bien de la chance de ne pas s'être tapé Hélène et les Musclés.
Quant aux paroles de Vian, je tiens à préciser que mon fils a bien chanté la version affadie à la demande de Mouloudji, mais qu'ils ont aussi évoqué en classe le texte original de Vian qui se finit ainsi :
"Si vous me poursuivez, prévenez vos gendarmes que je tiendrai une arme et que je sais tirer"
Et à choisir, je préfère cette version comme je préfère If au Cercle des poètes disparus car, n'en déplaise à Gandhi dont l'Inde s'est finalement libérée dans un bain de sang, la paix et la liberté sont souvent une affaire de violence. C'est navrant, ça me désole et ce n'est en rien un idéal, mais c'est une réalité qu'il vaut mieux appréhender pour comprendre comment vont l'histoire et le monde. C'est pour cette même raison que j'aime la Marseillaise comme hymne parce qu'on y trouve la violence d'une Nation sans démagogie, et que si ce n'est pas un chant qui doit dicter une conduite, c'est le souvenir que ce ne sont pas Rousseau et Voltaire qui ont mis à mal l'Ancien Régime, pas plus que Danton ou Robespierre, mais le petit peuple assoiffé de sang qui a décapité de Launay.
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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
[ Dernière édition du message le 10/04/2019 à 11:54:53 ]

zetouf

Effectivement, la musique prime sur le texte pour la grande majorité des auditeurs. Les gens viennent à une chanson par la musique, mais y restent par le texte (c'est mon cas), d'où l'importance pour nous, réalisateurs/arrangeurs de faire une proposition musicale qui ne soit pas complètement décalée avec ce qui se fait par ailleurs et reste attrayante aussi bien pour nos oreilles que pour celles des éventuels futurs auditeurs. Nous essayons néanmoins d'offrir sur chaque album un grand panel d'arrangements (du chant grégorien au heavy-metal en passant par la rumba congolaise ou le quartet barbershop). C'est spécialement pour cette raison que j'adore travailler sur les albums enfantillages, c'est une vrai cour de récréation pour les arrangeurs, nous ne sommes pas enfermé et étiquetés dans un style et c'est d'autant plus amusant et varié. Le duo basse-batterie est de la plus haute importance dans les musiques actuelles, cela est vrai depuis plus de 50 ans, encore plus depuis 20 ans avec les courants de musiques électroniques et ce n'est pas un scoop. Nous apportons un soin tout particulier aux rythmiques car nous sommes nous-même les enfants de cette musique (ce qui ne m'empêche pas de savoir écrire un quatuor à cordes dans le plus grand respect des règles d'écriture classiques quand il le faut).
Nous n'avons pas non plus de soucis à venir faire chanter les Kids United (pur produit de maison de disque pour le coup...) du moment que techniquement ils chantent plutôt pas mal et qu'ils sont coachés pour être au service de la chanson d'Aldebert. Et si ça peut amener d'autre enfants à découvrir Enfantillages, on ne va pas se raconter de bobards, c'est évidemment tant mieux, mais je n'appelle pas cela une concession artistique dans le sens où ils ont fait leur taf, et plutôt bien.
La "recette" des albums enfantillages est de faire une proposition qui crée l'échange entre les parents et les enfants et c'est d'ailleurs ce qui se produit. Les concerts réunissent toute la famille des enfants aux grands-parents. Nous avons récemment joué après un spectacle pour enfants (que je ne citerai pas) où j'ai vu avec horreur tous les enfants à l'avant de la salle les yeux rivés sur des artistes déguisés dans des accoutrements approximatifs aux couleurs criardes et où les parents s'étaient réfugiés à l'arrière de la salle les yeux rivés sur leurs téléphones en attendant que ça se passe. Ce n'est pas notre conception d'un spectacle familial, nous voulons que l'échange se crée entre les générations, étant tous parents. Aldebert n'hésite d'ailleurs pas à utiliser des mots compliqués dans ses textes pour provoquer cet échange. Venez nous voir au zénith de Paris en novembre prochain pour vous faire une idée, je vous mets volontiers une place de côté.
Concernant le prix Sacem, ce que vous dites est plutôt censé et je n'ai rien à ajouter. La SACEM va évidemment récompenser ce qui lui rapporte de l'argent, mais nous ne somme qu'une goutte d'eau au milieu des millions d'euros brassés par cette société.
Pour revenir à la chanson qui fait débat, mon opinion rejoint celle de Los Teignos, à savoir que même si les enfants de primaire étaient trop bête pour comprendre le texte (ce que, par expérience, je ne crois pas), le cadre pédagogique posé autour ainsi que le dialogue prof-élève assure un éventuel garde-fou. Le but de cette chanson est évidemment de créer un amusement en décrivant des situations absurdes et décalées, ce qui est un véritable exutoire pour les enfants. Après tout, le temps scolaire est bien coupé de temps de récréation où les enfants jouent aux gendarmes et aux voleurs ou aux cowboys et au indiens. Je mets au défi quiconque de trouver dans cette école de Ludre un enfant qui s'est mépris sur le sens de cette chanson.
Ayant moi-même enseigné pendant quelques années (à l'université pour le coup avec un public un peu différent, mais ça reste de l'enseignement), je vous assure que tout peut servir de prétexte à enseigner, même une mauvaise chanson.
Enfin, pour finir, même pris au premier degré, ce texte dit simplement : "faire pipi sur un policier" = "faire n'importe quoi".
Je trouve cela plutôt raisonnable pour un texte subversif.
[ Dernière édition du message le 10/04/2019 à 12:13:47 ]

zetouf

Pour avoir reçu les Aldebert au cours d'une émission, je peux te garantir en tout cas qu'ils sont très loin de chercher à faire des ventes sur de la provoc. Il y a chez eux une vraie démarche d'artisans de la chanson avec des vrais bouts de ficelles à l'origine, une grande honnêteté et une grande humilité, et comme le bouche à oreille a fini par fonctionner, comme ils passent leur temps à se produire un peu partout, gagnant leurs galons dans des petites salles comme des plus grandes et non sur les canapés de Drucker ou les fauteuils d'Ardisson , il se trouve que désormais, ils sont de ces artistes avec lesquels beaucoup aimeraient bosser.
Merci pour ton soutien. C'est vrai que notre développement est assez atypique dans le métier.
Quant aux paroles de Vian, je tiens à préciser que mon fils a bien chanté la version affadie à la demande de Mouloudji, mais qu'ils ont aussi évoqué en classe le texte original de Vian qui se finit ainsi :
"Si vous me poursuivez, prévenez vos gendarmes que je tiendrai une arme et que je sais tirer"
Détail assez croustillant que je ne connaissais pas. C'est finalement pas si mal de traîner sur les forums AFiens


linn134

Il est tristement plus fréquent que la musique soit de qualité passable quand le texte est au mieux navrant. Ce n'est qu'un point de vue de non-chanteur qui s'est progressivement détourné de la musique à texte tant je les trouve globalement mauvais. Je le redis, concernant le chant/voix je n'ai aucune compétence et c'est un avis quelconque.
J'imagine qu'il existe de bons artisans, des petits producteurs de qualité, mais en toute honnêteté je n'ai pas le temps de les chercher, surtout si cela m'impose de passer par les casseroles mainstream. Heureusement qu'il y a YouTube finalement, on peut y découvrir des pépites.
Une fois encore il ne suffit pas que le texte soit intelligent pour que la chanson soit agréable, il faut aussi que la sauce prenne et que l'ensemble donne envie d'en reprendre. C'est tristement rare.
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"001001001111010010010010100010 !" Mireille DAC.

Myckaël Marcovic

Ceci pour vous dire que je ne doute pas du travail préparatoire dans cette école de Ludres. Mais quel qu'en soit sa qualité, il n'en demeurera pas moins vrai que les enfants ont quand même appris, via un canal officiel, même présenté de manière ludique, qu'il était possible de dynamiter une classe et le reste. Et si, dans ce contexte précis, il y a eu un garde fou, au sens propre du mot, qu'en sera-t-il pour des enfants découvrant seuls la chanson, ou pour des enseignants faisant chanter des textes sans aucune explication, quand ils les comprennent eux-mêmes ! Non, je ne dénigre pas. Je témoigne de vécu, malheureusement.
Pour revenir à la chanson qui fait débat, mon opinion rejoint celle de Los Teignos, à savoir que même si les enfants de primaire étaient trop bêtes pour comprendre le texte (ce que, par expérience, je ne crois pas), le cadre pédagogique posé autour ainsi que le dialogue prof-élève assure un éventuel garde-fou. Le but de cette chanson est évidemment de créer un amusement en décrivant des situations absurdes et décalées, ce qui est un véritable exutoire pour les enfants. Après tout, le temps scolaire est bien coupé de temps de récréation où les enfants jouent aux gendarmes et aux voleurs ou aux cowboys et au indiens. Je mets au défi quiconque de trouver dans cette école de Ludre un enfant qui s'est mépris sur le sens de cette chanson.
Les enfants ne sont pas bêtes. Ils sont naïfs et fragiles, je le répète.
Pour ce qui est de l'exutoire, n'est-ce pas pousser le bouchon un peu loin et gratuitement quand on essaie, par ailleurs de leur inculquer le respect et le bien vivre ensemble ?
Que les enfants inventent ce qu'ils veulent entre eux a toujours existé et les récréations sont faites pour ça. Mais ça reste du domaine du jeu avec leur lois, leurs règles et leur créativité qui s'arrêtent au seuil de la salle de classe. Tout le problème vient de ce que les adultes, enseignants ou non, leur proposent comme modèle de société car, quel qu'il soit, ce sera un modèle, avec tout ce qu'il peut avoir de beau ou de pervers. Qu'il ne reste pas un enfant dans cette école de Ludre chez qui un germe de cruauté n'a pas été ensemencé, comment en être certain ? Quand on sait l'oralité plus que défaillante pour la plus grande majorité des élèves, c'est une affirmation sur laquelle je ne m'avancerai pas avec tant de légèreté.
Les gens viennent à une chanson par la musique, mais y restent par le texte (c'est mon cas)
Comment peut-on faire aussi facilement d'un cas particulier, le vôtre, une généralité ? Les enfants ne restent pas sur une chanson à cause du texte, mais par son emballage, musical, tout d'abord, médiatique (l'attrait pour le chanteur, la chanteuse, son contexte culturel), ou par la façon de "vendre" en classe la chanson. Si je reste neutre, aucune, je dis bien aucune chanson ne passera. Si je m'investis et/ou fait le pitre pour illustrer la chanson, ils s'y accrochent, et je peux même "vendre" une poule sur un mur à des CM2.
Bien sûr que les Kids United chantent plutôt bien. Ce sont quand même des voix triées sur le volet. Là où est l'effet pervers, c'est qu'avec leurs jolis sourires, ils proposent quand même de dynamiter la classe. Cela aurait été Céline Dion ou La Callas, cela n'aurait en rien changé la teneur du texte. Et le deuxième effet kisscool, c'est que, comme ils sont des enfants, il y a une assimilation encore plus grande par des auditeurs enfants. "Si eux peuvent le faire puisqu'on leur a donné le droit de le chanter, alors moi aussi". Au passage, à propos des ces gamins unis, j'ai refusé de faire chanter un de leurs derniers tubes "on écrit sur les murs", parce que c'est tout simplement hors la loi ! Et que l'école n'a pas à cautionner ce genre d'acte. Et pourtant, ils chantent bien ces mignons ! Et pourquoi pas "Maréchal, nous voilà !" pendant qu'on y est, dans le cadre d'une rétrospective historique, avec un tcha-ka-poum à la mode actuelle pour bien faire passer la sauce.
je vous assure que tout peut servir de prétexte à enseigner, même une mauvaise chanson.
Alors là, si le prince dit que la chanson est mauvaise, je n'ai plus qu'à m'incliner !
Enfin, pour finir, même pris au premier degré, ce texte dit simplement : "faire pipi sur un policier" = "faire n'importe quoi".
Je trouve cela plutôt raisonnable pour un texte subversif.
Encore une fois, faire des bêtises sur soi et en faire sur les autres ne revient pas à jouer dans la même catégorie.
J'espère ne pas t'avoir froissé Myckaël, sachant que mon "bêtise ahurissante" est un brin déplacé pour ne traduire qu'une frustration de débat.
Si, quand même un peu, comme tu as pu le sentir. Surtout venant de toi qui connaît bien ma profession et la qualité de mon travail.
C'est pour cette même raison que j'aime la Marseillaise comme hymne parce qu'on y trouve la violence d'une Nation sans démagogie, et que si ce n'est pas un chant qui doit dicter une conduite, c'est le souvenir que ce ne sont pas Rousseau et Voltaire qui ont mis à mal l'Ancien Régime, pas plus que Danton ou Robespierre, mais le petit peuple assoiffé de sang qui a décapité de Launay.
Aux armes, citoyens ! Ce n'est pas dicter une conduite, ça ? C'est quoi, alors, une invitation à une valse champêtre ?
Puisque tu me relances sur la Marseillaise, j'en ai déjà parlé sur ce forum, bien qu'il soit devenu notre hymne par les erreurs de l'Histoire, ce chant de guerre est anti-républicain tant que notre devise sera Liberté-Égalité-Fraternité. La Fraternité et la guerre ne font pas vraiment bon ménage. Que des Français aillent tuer d'autres Français au nom de l'égalité me paraît une équation bancale, car pour être totale, il faudrait que les survivants se tuent aussi. Et la Fraternité ne fait pas partie de la Constitution de 1989. Aussi étrange que cela paraisse, elle n'apparaît à chaque fois que sous les derniers régimes royalistes. Pendant la Terreur, c'était : La fraternité ou la mort ! Bigre ! Qui sont ces féroces soldats, au fait ?
Cette année, j'ai découvert sur une affiche dans une classe éditée par la Mairie de Paris, un deuxième couplet des enfants :
Enfants, que l'Honneur, la patrie
Fassent l'objet de tous nos vœux !
Ayons toujours l'âme nourrie
des feux qu'ils inspirent tous deux. (bis)
Soyons unis ! Tout est possible
Nos vils ennemis tomberont,
Alors les Français cesseront
De chanter ce refrain terrible !
Le but est donc bien de ne plus chanter cet appel aux massacres qui font les gorges chaudes des djihadistes. Eh ! oui. L'école et l'Éducation nationale devrait se poser certaines questions sur le bien fondé d'apprendre la Marseillaise... Alors qu'il existe une Marseillaise de la Paix qui pourrait avantageusement la remplacer. http://frilouz.free.fr/marseil/paix/paix.html
[ Dernière édition du message le 10/04/2019 à 22:42:41 ]

Los Teignos

Si, quand même un peu, comme tu as pu le sentir. Surtout venant de toi qui connaît bien ma profession et la qualité de mon travail.

Le but est donc bien de ne plus chanter cet appel aux massacres qui font les gorges chaudes des djihadistes. Eh ! oui. L'école et l'Éducation nationale devrait se poser certaines questions sur le bien fondé d'apprendre la Marseillaise... Alors qu'il existe une Marseillaise de la Paix qui pourrait avantageusement la remplacer. http://frilouz.free.fr/marseil/paix/paix.html
À moi, il me semblerait parfaitement déplacé de chanter :
"Plus de fusils, plus de cartouches,
Engins maudits et destructeurs !
Plus de cris, plus de chants farouches
Outrageants et provocateurs (bis)
Pour les penseurs, quelle victoire !
De montrer à l'humanité,
De la guerre l'atrocité
Sous l'éclat d'une fausse gloire."
Alors que la France est toujours aujourd'hui et depuis les révolutions industrielles l'un des premiers fabricants et vendeurs d'armes au monde, qu'on est le numéro un de la mine antipersonnel et qu'à ce titre, on arrache encore des bras et des jambes à des mômes avec du Made in France au Cambodge et sous bien d'autres latitudes, et qu'il est important de garder ce statut car la prosperité de la France est liée à cela comme à l'exploitation des anciennes colonies. Un tel hymne serait alors un bel exercice d'hypocrisie, comme il l'est lorsque le God Save The Queen célèbre la Reine anglaise qui a soutenu l'Apartheid, quand le God Bless America célèbre l'Amérique née sur le massacre des autochtones indiens puis la déportation d'esclaves africains avant d'aller tester ses bombes sur les japonais. Alors oui, ça ne me fait pas plaisir d'entendre parler de sang impur abreuvant des sillons, mais ça me rappelle chaque fois que je l'entends que si la France est ce qu'elle est, c'est parce qu'elle a aussi a fait couler et fait encore couler des lacs de sang. De fait, il y a dans la Marseillaise un bout d'histoire et de vrai, même s'il est désagréable, tandis qu'il y a dans la plupart des hymnes une forme de déni et de mensonge qui m'évoque un outil de propagande plus qu'autre chose. La France, comme n'importe quelle puissante nation, c'est une magnifique et vénéneuse fleur qui pousse sur une énorme montagne de violence : ne chanter que la fleur me dérange personnellement et c'est sans doute parce qu'on apprend à des générations de Français à ne regarder que la fleur que tout le monde s'étonne ensuite de découvrir la haine que certains autres nous vouent.
Quant à la faculté des enfants à percevoir le second degré, disons que pour moi, ça dépend clairement du niveau de discours et de l'âge de l'enfant. J'ai vu des élèves de seconde ne rien saisir de l'ironie de Flaubert dans Madame Bovary alors que ce livre n'est rien d'autre que cela. Alors oui, un enfant de 6, 7 ans ne va pas capter l'ironie à moins qu'elle soit évidente et qu'on l'aide par le ton de la voix, le décalage d'une musique, ce qui est justement le cas de la chanson d'Aldebert qui n'a rien d'une affiche avec une cocarde tricolore disant :"Les élèves sont priés d'uriner sur les policiers".
D'ailleurs, puisqu'on en parle, il y a un narrateur qui dit "je" dans la chanson et à l'âge de 6 ans, un enfant sait déjà que le "je" d'un livre ou d'une chanson est un autre parce qu'il a conscience de lui-même. Et quand bien même c'est une voix d'adulte qui parle, elle parle avec un vocabulaire et un ton qui n'ont rien de crédible pour un enfant : "faire pipi sur un policier", ce n'est en effet pas un langage d'adulte, parce que les enfants savent que les adultes disent soit uriner quand ils parlent bien, soit pisser quand ce n'est pas le cas. Précisons le aussi, toute la chanson est écrite au conditionnel : pas d'injonction, juste du fantasme qui dès le premier vers est décrit comme du "n"importe quoi".
Comment imaginer alors qu'un discours au conditionnel utilisant des mots d'enfants, avec une voix dont on sent le sourire, mêlant le tout et le n'importe quoi; est un discours prescripteur ? Si jamais il y avait procèse sur le fait que cette chanson est une incitation au crime, alors je suis persuadé de voir les plaignants se faire débouter en première instance comme dans tous les appels qui suivront.
À l'inverse, je dois l'avouer : ta blague sur l'intrusion (et que je trouve excellente au demeurant), je comprends bien plus que ça puisse être ambigu, vu qu'on les entraîne pour associer le son de ce mot à une routine de survie et à la peur. Du coup, pour moi, c'est clairement plus de l'humour d'adulte mais ne va pas te flageller pour cela car je n'y vois certainement pas une faute : tu as eu un humour d'adulte et c'est bien normal vu que tu en es un, ce que les enfants peuvent parfaitement comprendre et qui est, d'ailleurs, rassurant pour eux.
En tout cas, je campe sur ma position concernant cette histoire d'Aldebert, d'autant que dans les procéduriers qui écrivent au rectorat, j'ai bien souvent croisé des parents d'élèves ravis de pouvoir dézinguer un prof pour se venger de leur propre passé scolaire. Ce qu'on ne dit pas toutefois dans les médias relatant cette affaire, c'est que toutes les autres familles de l'école soutiennent les enseignants.
Au passage, à propos des ces gamins unis, j'ai refusé de faire chanter un de leurs derniers tubes "on écrit sur les murs", parce que c'est tout simplement hors la loi ! Et que l'école n'a pas à cautionner ce genre d'acte.
L'école qui emmène des CE2 voir Carmen qui, soit dit en passant, me semble bien peu approprié pour des enfants de cet âge (en termes de forme comme de fond) ? En tout cas, encore plus que pour Aldebert, ça me semble totalement délirant d'imaginer que les enfants puissent prendre ça pour une incitation, surtout qu'il est question d'utiliser l'encre de leur veines. De quoi aurait-on peur ? Qu'ils se tailladent les bras avec leurs ciseaux à bouts ronds pour peindre avec leur sang sur les murs du réfectoire ?


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[ Dernière édition du message le 11/04/2019 à 01:47:10 ]

Los Teignos

Aux armes, citoyens ! Ce n'est pas dicter une conduite, ça ? C'est quoi, alors, une invitation à une valse champêtre ?
Puisque tu me relances sur la Marseillaise, j'en ai déjà parlé sur ce forum, bien qu'il soit devenu notre hymne par les erreurs de l'Histoire, ce chant de guerre est anti-républicain tant que notre devise sera Liberté-Égalité-Fraternité. La Fraternité et la guerre ne font pas vraiment bon ménage. Que des Français aillent tuer d'autres Français au nom de l'égalité me paraît une équation bancale, car pour être totale, il faudrait que les survivants se tuent aussi. Et la Fraternité ne fait pas partie de la Constitution de 1989. Aussi étrange que cela paraisse, elle n'apparaît à chaque fois que sous les derniers régimes royalistes. Pendant la Terreur, c'était : La fraternité ou la mort ! Bigre ! Qui sont ces féroces soldats, au fait ?
À ma connaissance, il ne s'agit pas pour les français de massacrer les français, mais bien des allemands avec lesquels nous fûmes en guerre en 1792 (n'oublions pas que l'auteur des paroles est un militaire). C'est donc un chant censé galvaniser des mecs allant en tuer d'autres comme dans toute bonne guerre.
Et il me semble que c'est toujours d'actualité vu qu'il n'y a pas si longtemps, on bombardait encore la Syrie en butant 16 enfants aux abords d'une école. Bref, la France n'a jamais cessé d'abreuver ses sillons, pourquoi faudrait-il le cacher ? Pour la même raison que l'on fait gober à des générations d'écoliers que Louis XIV ou Napoléon ne furent pas des dictateurs qui mirent l'Europe à feu et à sang mais de grands hommes pleins de talents ? Non, décidément, la France a un hymne qui lui sied à merveille. Le jour où elle aura la politique du Bhoutan ou du Tibet, alors on reparlera d'écrire son hymne, mais ce n'est pas demain la veille, j'en ai bien peur.
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[ Dernière édition du message le 11/04/2019 à 01:40:01 ]

linn134

À titre de question je me demande si justement l'apprentissage du second degré ne doit pas commencer le plus tôt possible. Quand je croise régulièrement des adultes qui en sont toujours dénués j'ai vraiment de la peine pour eux.
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"001001001111010010010010100010 !" Mireille DAC.

zetouf

Comment peut-on faire aussi facilement d'un cas particulier, le vôtre, une généralité ? Les enfants ne restent pas sur une chanson à cause du texte, mais par son emballage, musical, tout d'abord, médiatique (l'attrait pour le chanteur, la chanteuse, son contexte culturel), ou par la façon de "vendre" en classe la chanson. Si je reste neutre, aucune, je dis bien aucune chanson ne passera. Si je m'investis et/ou fait le pitre pour illustrer la chanson, ils s'y accrochent, et je peux même "vendre" une poule sur un mur à des CM2.
Vous détournez mon propos qui était juste d'expliquer que pour avoir une chance que les enfants s'intéressent aux paroles, il faut que l'emballage musical soit un minimum attrayant.
Alors là, si le prince dit que la chanson est mauvaise, je n'ai plus qu'à m'incliner !
Encore un détournement de mes propos. Je pense donc pour moi que le débat est clos, pas que je sois à court d'arguments mais surtout parce que ça commence à tourner en rond. Je pense quoi qu'il en soit avoir exposé clairement mon point de vue.
À titre de question je me demande si justement l'apprentissage du second degré ne doit pas commencer le plus tôt possible. Quand je croise régulièrement des adultes qui en sont toujours dénués j'ai vraiment de la peine pour eux.
Absolument d'accord avec ça. Une étude en psychologie et développement de l'enfant à montré que certains enfants pouvaient percevoir le second degré dès 3 ans et que la grande majorité le comprenait partir de 5 ans. Tout est question d'éducation. Les fonctionnaires qui s'occupent de nos enfants ne doivent pas oublier que leur ministère s'appelle "Education nationale" et non pas "Enseignement national". Mais on pourrait disserter des heures là dessus, pas sûr que ça soit le lieu.

Los Teignos

À titre de question je me demande si justement l'apprentissage du second degré ne doit pas commencer le plus tôt possible. Quand je croise régulièrement des adultes qui en sont toujours dénués j'ai vraiment de la peine pour eux.
Il me semble que c'est une capacité qu'on acquiert au fil du développement cérébral, même si l'on peut évidemment sensibiliser l'enfant à ce genre de choses avec des propos énormes (exemple : un gamin ne sait rien de la récitation qu'il doit apprendre, et on lui dit qu'il la sait vraiment par coeur avec un grand sourire). Un lycéen peut comprendre "Va je ne te hais point" sans qu'on lui explique l'antithèse, mais je pense que pour un collégien par exemple, c'est peine perdue. Du moins, c'est l'expérience que j'en ai avec un public de banlieue parisienne. Comme je le disais plus haut, la plupart des gosses au lycée ne comprennent rien de l'ironie mordante de Flaubert dans Madame Bovary, ce qui n'a rien de très étonnant quand la plupart des adultes passent complètement à côté pour avoir une vision très premier degré du texte.
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BIRAUD Frederic

En ce qui me concerne, cette chanson reste de l'enfantillage, et meme au premier degré ca ne devrait pas poser de probleme.
A la limite une chanson qu'on chante dans la cours de recreation quand le prof est trop loin pour l'entendre, avec le cliché du prof qui se ramene et tout le monde qui arrete de chanter sauf un (moi en general...

Maintenant, que ca puisse choquer certains ou deranger d'autres, faut peut etre aussi le comprendre,
...ou pas...
,la aussi c'est comme chacun veut bien voir ou entendre.
Apres, comme dit plus haut, il y a d'autres chansons d'Aldebert à ecouter, l'ensemble est quand meme sympa, musicalement ca swingue quand meme pas mal, le piano, les batteries, les guitares toussa, franchement respect !
C'est peut etre d'ailleurs ca le probleme (aller, je vais y aller de ma petite critique).
et puisque l'un de ses createurs semble etre ici pour en parler
J'enseigne la musique, guitare, piano, à des enfants, adolescents, certains meme sont "differents, difficiles", et, dans ce domaine, leur sortir une partition d'un morceau qui passe et qui s'ecoute, c'est faire la moitié du boulot, on se met subitement à bosser, à etre serieux, à comprendre, on peut meme parler parfois de deblocage...
Et des morceaux d'Aldebert, ou d'autres du meme genre, on m'en demande, avec cette petite lueur qui apparait au fond de l'oeil persuadé qu'on va le jouer aussi facilement qu'on s'est fait la Marche de Dark Vador et l'abordage de Kaptain Casparao precedement.
Sauf que la, l'ensemble porte beaucoup trop sur le groove et le swing, les modes issus du mineur harmonique etc... certe, c'est agreable pour moi, c'est vrai que c'est beau et que ca a du charme, mais c'est tres, trop difficile à faire reinterpreter par des enfants.
Resultat des courses, deception, perte de confiance, la lueur dans l'oeil qui menace de s'eteindre, et me vla obligé de me (et de les) rediriger vers autre chose.
Non serieusement, c'est mission impossible, essayez de jouer vos titres en mode debutant, ou plutot en mode enfant, et vous comprendrez ce que je veux dire,
Voila
Sinon musicalement, c'est vrai que c'est top, bien roots comme moi personnellement j'aime...
[ Dernière édition du message le 11/04/2019 à 22:00:05 ]

Dr Pouet


« Il n’y a rien de pire que l’ignorance », voilà un bon message pour les plus jeunes.


ElliotValentine

Et que ces enfants aient accès à l'école à une chanson un peu rigolote, sarcastique c'est rien, c'est une goutte d'eau dans un océan comparé à ce qu'ils sont abreuvés h24 sur internet, à la télé, ou chez eux.
[ Dernière édition du message le 11/04/2019 à 22:29:50 ]

BIRAUD Frederic

« Il n’y a rien de pire que l’ignorance », voilà un bon message pour les plus jeunes.
Mouais...
Si l'ignorance etait le pire, ca irait encore.
Mais l'ignorance, c'est quoi ? si ce n'est s'imaginer que le pire puisse penser s'y arreter...
[ Dernière édition du message le 11/04/2019 à 23:08:44 ]

Myckaël Marcovic

Alors je te prie de m'en excuser.
Excuses accordées. Mais qu'on ne t'y reprenne plus, vilain garnement. Sinon, je te colle au fond de la classe avec un bonnet d'âme grise sur la tête !
il y a dans la Marseillaise un bout d'histoire et de vrai
Dans Malbrough, le roi Renaud (pas le chanteur, hein !), le roi Dagobert, le chant du départ, la Carmagnole, la chanson de Craonne, Maréchal nous voilà, etc. il y a aussi un bout d'histoire et de vrai, comme tout chant historique. Est-ce un argument suffisant pour en faire un hymne ? Que la France soit d'une hypocrisie flagrante en regard de sa devise républicaine n'est pas vraiment un scoop. Mais ce n'est pas parce que ça pue dans nos toilettes qu'il ne faut pas tirer la chasse. Pour corroborer tout ce que j'ai dit sur la crédulité et la fragilité des enfants, c'est justement parce qu'on a chanté pendant des générations la Marseillaise qu'on a habitué les Français à trouver la guerre nécessaire et une justification très lucrative à produire des armes de guerre.
Los Teignos, comme tous les généraux depuis, tu sembles abonder Jules César dans son Si vis pacem para bellum, parce que, bien sûr, l'ennemi est forcément en face. Ce n'est pas avec un tel raisonnement qu'on arrivera un jour au choix du Bhoutan que tu sembles pourtant appeler de tes vœux. Moi, il y a longtemps que j'ai pris son contrepied dans un poème intitulé :
Si vis mortem para bellum.
L’urée divine sèche. Le silence fait rage.
Un bateau arrogant sortant du marécage
Lâche enfin son oiseau de liberté sevré,
Chargé de ramener vous savez quels lauriers.
Mais par la faim conduit, il s'en va dévorer
Le premier fruit venu jusqu’à s'en écœurer.
Content de son repas qu'aux autres il veut convier,
Il ramène au bateau un rameau d'olivier.
Or soudain l'on entend et l'on sent les soupirs
De la pauvre colombe que son anus expire,
Car l'olive indigeste alors se fait sentir.
Symbolique on la veut, réel est son martyre,
Condamnée à jamais depuis ce jour divin
À rapporter des pets dans les pays chauvins
Qui se goinfrent de paix et se glorifient, mais,
L'olivier a poussé sur d'immenses charniers.
Myckaël Marcovic, le 24 septembre 1985
Si tu crois qu'il faut encore des charniers pour changer la société, je te citerais Brel :
La Bastille
Mon ami, qui croit
Que tout doit changer
Te crois-tu le droit
De t'en aller tuer
Les bourgeois.
Si tu crois encore qu'il nous faut descendre
Dans le creux des rues pour monter au pouvoir
Si tu crois encore au rêve du grand soir
Et que nos ennemis, il faut aller les pendre
Dis-le toi désormais
Même s'il est sincère
Aucun rêve jamais
Ne mérite une guerre
Refrain :
On a détruit la Bastille
Et ça n'a rien arrangé
On a détruit la Bastille
Quand il fallait nous aimer
ce que j'avais résumé dans la phrase clé de mon hymne (2015), comme quoi que j'ai une certaine suite dans les idées :
Aucune vérité n'est au bout d'un canon.
J'entends déjà l'éternelle réplique : "oui, mais l'ennemi est en face !" Et ma réponse : c'est pour ça que j'ai intitulé mon hymne, Hymne à l'humanité. S'il doit un jour exister une Internationale, ça doit être une internationale de paix. Mégalo et idéaliste le père Marcovic ? Oui ! J'assume. Mais je préfère assumer ce genre d'idée, plutôt que d'entendre qu'il faut continuer à faire apprendre un chant de guerre monarchiste à 10 sous, qui ne jure que par Dieu (3e c) dans une école laïque et républicaine (cherchez l'erreur) à nos enfants. Et encore, quand je dis chanter, les dernières instructions officielles (26/07/2018) montrent un certain malaise grandissant vis-à-vis de notre hymne dont il s'agit juste "d'identifier le symbole et la symbolique", ou d'en "comprendre le sens". En 2015, le texte était sans ambiguïté : "Chanter, en comprenant le contexte de leur écriture, quelques couplets de La Marseillaise ". Sous-entendu, "si vous pouviez, chers enseignants, éviter ce troisième couplet qui fait mauvais genre dans notre soi-disant laïcité"...
Par ailleurs, allez tuer des Allemands, des Autrichiens plutôt. Mais pas que... En fait tout ennemis de la France, qui n'est pas encore une République, intérieurs comme extérieurs, monarchistes au sang bleu, donc impur à leurs yeux. D'où mon "Français contre Français". https://www.etaletaculture.fr/histoire/la-marseillaise-nest-pas-un-chant-revolutionnaire/
D'ailleurs, puisqu'on en parle, il y a un narrateur qui dit "je" dans la chanson et à l'âge de 6 ans, un enfant sait déjà que le "je" d'un livre ou d'une chanson est un autre parce qu'il a conscience de lui-même. Et quand bien même c'est une voix d'adulte qui parle, elle parle avec un vocabulaire et un ton qui n'ont rien de crédible pour un enfant : "faire pipi sur un policier", ce n'est en effet pas un langage d'adulte, parce que les enfants savent que les adultes disent soit uriner quand ils parlent bien, soit pisser quand ce n'est pas le cas. Précisons le aussi, toute la chanson est écrite au conditionnel : pas d'injonction, juste du fantasme qui dès le premier vers est décrit comme du "n"importe quoi".
Ça a beau être un adulte qui chante avec une voix d'adulte mais un langage ciselé pour un enfant, quand l'enfant se met à dire "je", c'est bien l'enfant qui s'approprie les paroles. Avoir conscience de lui-même ? Quand on chante "je frappe au n° 1, je d'mande Mam'zelle Angèle", même adulte, il y a une connivence avec ce je. C'est justement ce que demandent les Instructions officielles en musique quand elles parlent d'interpréter un chant, et non simplement de le chanter. Il doit y avoir une appropriation des paroles. Arriver à faire une différence entre le "je" chantant et le "je" chanté reviendrait à croire les enfants capables d'un second degré sur lequel je me suis déjà exprimé. Les enfants vivent un corps à corps immédiat et sans retenue avec la moindre pacotille. Un élève demande un mouchoir, ils rigolent. Il se mouche, ils rigolent. Si je leur parle d'une mouche qui vole, qui n'a rien de second degré, tout de suite, ils font la mouche. Savoir prendre quelque chose au second degré exige un certain détachement pour se différencier d'un présent dont ils ne savent se départir. Et de ce que j'entends des uns et des autres, ça n'est pas gagné au collège, ni encore plus tard.
les enfants ne sont pas identiques, comme cela a été mentionné plus haut. L'éducation par le cercle familial porte une grande responsabilité dans la capacité des plus petits à discerner le fictif du réel. L'enseignant qui proposera d'apprendre une chanson "subversive" aura probablement pesé sa décision et déroulé la pédagogie qui va avec, une explication de texte et un petit cours sur ce qu'est la fiction.
Bien sûr que tous les enfants ne sont pas identiques. Mais malgré tous les efforts qu'un enseignant déploiera pour expliquer en quoi cette chanson subversive ne doit pas l'être (bonjour l'embrouille), il n'aura jamais,
Alors, oui, quand ils diront : "je serais prêt à faire n'importe quoi", vous pouvez être sûrs qu'ils s'y voient déjà avec une certaine délectation et d'autant plus grande que c'est l'école qui leur aura appris, donc cautionné cela. De là à passer à l'action, ou pas, un jour ou l'autre, il n'y a qu'un pas qu'il leur sera d'autant plus facile de franchir qu'on leur en aura donné déjà l'idée et l'autorisation.
Avez-vous remarqué le nombre d'agressions, voire de morts, intra-collèges, lycées ou universités que l'on voit depuis quelques années ? Sans vouloir passer pour un vieux fourneau, cela existait-il il y a 50 ans ? La télévision, les "jeux" vidéos qui n'ont plus rien de jeux tant leur violence est réelle, et les chansons subversives "mignonnettes" sont passés par là.
Pour en revenir à Pour louper l'école, incitation, peut-être pas car effectivement le conditionnel est là, mais subversive, assurément et d'autant plus que l'emballage musical sera excellent. A-t-on vraiment besoin de cela dans les écoles ?
tu as eu un humour d'adulte et c'est bien normal vu que tu en es un, ce que les enfants peuvent parfaitement comprendre et qui est, d'ailleurs, rassurant pour eux.
Petit détail : c'était une répétition entre adultes enseignants. Ce sont eux qui ont eu un sourire en coin. Sinon, ce serait faire croire que des enfants puissent avoir un second degré. Etc.
En tout cas, encore plus que pour Aldebert, ça me semble totalement délirant d'imaginer que les enfants puissent prendre ça pour une incitation, surtout qu'il est question d'utiliser l'encre de leur veines.
Tu m'as mis le doute, Los Teignos. Je suis allé revoir le clip officiel.
Allez, comme si la coupe n'était pas assez pleine, après Carmen et ses mœurs légères, le crime, demain je dois mettre des CP au parfum sur l'art du vol (pas aérien) dans un projet de comédie musicale sur Oliver Twist ! Me reste plus, si je fais bien mon boulot, qu'à planquer mon portefeuille.
Mais dans quelle société v(u)it-on ?

Myckaël Marcovic

la portée réelle d'une chanson sur la construction mentale d'un enfant est pour moi proche du néant.
Heureusement que tu dis "pour moi" car c'est sans compter sur l'enracinement mémoriel d'une chanson qui peut rester gravée ad vitam aeternam contrairement à une leçon de mathématique ou de français. Et sur quoi d'autre se construit le mental d'un enfant si ce n'est sur ce qu'il retient ?
même au premier degré, ça ne devrait pas poser de problème.
Salut Frédéric que je ne pensais pas trouver ici, qui plus est sans pseudonyme ! Bravo !
Désolé, mais encore un conditionnel très personnel. Qui peut savoir ce qui advient d'une chanson dans la tête d'un enfant. Entre celui qui dit que ça compte pour nénette, et toi qui parle au conditionnel, je vous trouve, l'un comme l'autre, bien sûrs de vous.
Il se trouve que, par hasard, il m'est arrivé de rencontrer un ancien élève vingt ans plus tard. Un élève plutôt pas très investi dans mes cours. Je lui pose la question : "qu'est-ce que tu as retenu de mon enseignement ? — Les concerts !" Ce n'est donc pas les cours qu'il a retenus, mais la finalité de ceux-ci. Comment dire que ces souvenirs n'ont pas contribué à sa construction mentale ?

BIRAUD Frederic

ce que j'avais résumé dans la phrase clé de mon hymne (2015), comme quoi que j'ai une certaine suite dans les idées :
Aucune vérité n'est au bout d'un canon.
Mouais
Petit rappel
Le canon est un jeu qui se joue entre 2 bouts et à la fin, s'est toujours la verité qui se retrouve devant le mauvais.
Gary Lineker

BIRAUD Frederic

Salut Frédéric que je ne pensais pas trouver ici, qui plus est sans pseudonyme ! Bravo !
Désolé, mais encore un conditionnel très personnel. Qui peut savoir ce qui advient d'une chanson dans la tête d'un enfant. Entre celui qui dit que ça compte pour nénette, et toi qui parle au conditionnel, je vous trouve, l'un comme l'autre, bien sûrs de vous.
Pourquoi tu dis ca ?
Je n'ai pas de pseudonyme.
Et oui on s'est deja croisé, et ce ici meme.
Et sur soundcloud aussi,
Qu'est ce que tu racontes ?
Apres oui, dans mon propos ci dessus, j'emploi le conditionel tres personnel, ce qui signifie que ce que je dis plus haut n'engage que moi, et je reponds à une news la, mais tu semble en etre affecté personnellement, qu'est ce qui ce passe la ?
Il y a quelqu'un qui te repond sous pseudo en se faisant passer pour moi ?
Qu'est ce que tu racontes ?
Tu pourrais en dire un peu plus ?
Parce que moi, jusqu'à maintenant, les seules echanges qu'on a pu avoir ensemble, comme maintenant par exemple, ben ca a toujours sous le nom de frederic biraud, y'a longtemps qu'on ne s'etait pas croisé d'ailleurs, je n'ose pas te demander comment tu vas, je' sens que tu petes une de ces formes !!!
Non,
Mais plus serieusement, il y a quelqu'un avec qui tu es en contact sous pseudo et qui se fait passer pour moi ?
Je n'ai pas de pseudo, et je ne suis pas en contact obscur avec toi.
Une arnaque à mon avis
Tu pourrais en dire un peu plus la ?

props

Qui peut savoir ce qui advient d'une chanson dans la tête d'un enfant.





J'ai grandi avec ma mère qui écoutait du Sardou, est-ce que ça a fait de moi un c---ard de droite ?

Dr Pouet

Citation :« Il n’y a rien de pire que l’ignorance », voilà un bon message pour les plus jeunes.
Mouais...
Si l'ignorance etait le pire, ca irait encore.
Mais l'ignorance, c'est quoi ? si ce n'est s'imaginer que le pire puisse penser s'y arreter...
Le mieux c’est d’écouter cette chanson. Je pense que ses très beaux textes très poétiques apportent un éclairage enthousiasmant.

Anonyme

J'ai beaucoup de mal à vous suivre


Myckaël Marcovic

Parce que moi, jusqu'à maintenant, les seuls échanges qu'on a pu avoir ensemble, comme maintenant par exemple, ben ça a toujours sous le nom de frederic biraud, y'a longtemps qu'on ne s'était pas croisés d'ailleurs, je n'ose pas te demander comment tu vas, je sens que tu pètes une de ces formes !!!
Comme tu dis, il y a longtemps. Donc, je ne me souvenais plus qu'on s'était déjà croisés sur Audiofanzine.
Non, pas de détournement d'identité que je sache. Ce qu'il me sera très difficile à prouver puisque, par définition, un pseudonyme cache son auteur. En tout cas, s'il y a eu détournement, ce ne sera pas de ton fait.
Quant à ma supposée forme, j'essaie de défendre 38 ans de métier en donnant des arguments du terrain et la qualité des chansons proposées avec l'énergie du désespoir quand chacun donne son avis à l'aune de sa petite expérience personnelle, avec des "je pense que", sans n'avoir apparemment, ou ça m'a échappé, enseigné en école élémentaire.
Je finis par me demander qui sont les plus naïfs entre mes élèves et les adultes qui croient que faire chanter une chanson subversive est tout à fait anodin.
Comme l'a dit Christophe, je constate que le débat commence à tourner en rond. Si, malgré le nombre d'arguments avancés, les propos d'un professionnel de la chanson pour enfants ne vous convainquent pas, soit je suis un mauvais avocat (possible), soit chacun préfère camper sur ses positions pour ne pas perdre la face. Ah ! orgueil, quand tu nous tiens !
J'ai grandi avec ma mère qui écoutait du Sardou, est-ce que ça a fait de moi un c---ard de droite ?
C'est exactement le genre d'argument qui flingue tout soutien à Pour louper l'école : jeter le bébé avec l'eau du bain. Ce n'est pas parce qu'Aldebert a commis un faux pas avec cette chanson qu'il faut rejeter toute son œuvre ! Ce n'est pas parce que Sardou a été étiqueté (on aime bien étiqueter en France) de droite que toutes ses chansons le sont forcément. Ce n'est pas parce qu'Aldebert a écrit une chanson subversive que toutes le sont.
Et même si globalement tu t'inscris en faux sur toute l'œuvre de Sardou, cela prouve trois choses : 1) leur ancrage mémoriel dont je parlais, 2) que ses chansons ont participé à ta construction mentale pour ne pas devenir ce que tu as rejeté, 3) leur subversivité que tu juges comme telle. Tu peux donc remercier Sardou de t'avoir montré la voie à ne pas suivre. Ce qui ne prouve pas que, par ailleurs, tu n'aies pas fait des c---eries de gauche. Ou alors, tu es un saint.
Le mieux c’est d’écouter cette chanson. Je pense que ses très beaux textes très poétiques apportent un éclairage enthousiasmant.
Quoi ? Il y aurait donc des Afiens qui discutent ici et qui n'auraient pas encore écouté la chanson ? Je n'ose y croire.
Un éclairage sur quoi ? Peux-tu m'éclairer ? Aurais-je mal compris une seule ligne de cette chanson ? Car c'est bien de cette chanson-là dont tu parles, n'est-ce pas ?

props

Ce n'est pas parce qu'Aldebert a commis un faux pas avec cette chanson qu'il faut rejeter toute son œuvre !
Tu ne veux décidément pas comprendre que ce n'est justement pas un faux pas ! Le seul faux pas c'est qu'un abruti d'extrême droite a porté plainte contre un artiste

Et t'inquiète je connais très bien l'œuvre de Sardou. Mais tu ne saisis pas le deuxième degré de ma phrase


Myckaël Marcovic

J'ai grandi avec ma mère qui écoutait du Sardou, est-ce que ça a fait de moi un c---ard de droite ?
Il faut vraiment être un fin limier pour y déceler un quelconque second degré !
Et t'inquiète je connais très bien l'œuvre de Sardou
Ai-je seulement dit le contraire ?
Le seul faux pas c'est qu'un abruti d'extrême droite a porté plainte contre un artiste
je ne savais pas que les directeurs d'école étaient maintenant considérés comme des artistes : "Selon Le Figaro, le syndicat France Police a adressé une plainte auprès du procureur de la République de Nancy à l'encontre du directeur de l'école Jacques-Prévert, de Ludres (54), où une chanson d'Aldebert a été contestée par des parents."
Mauvaise information ? Détournement de fond ?
Dernier exemple de la réception aléatoire d'une consigne scolaire. Pas plus tard qu'à 10 h 30, ce matin, je dis : "on ne tape pas son voisin". Difficile d'y chercher du second degré. 6 petits mots. Devinez lesquels ont retenu leur attention ? Tape et voisin. Aussitôt dit, aussitôt fait ! Qu'eussè-je dû dire pour obtenir l'effet contraire ? On ne respecte pas son voisin ? Entre ceux qui comprennent ce qu'ils peuvent ou veulent des consignes et ceux qui, par bravade continuelle, font exactement le contraire, je ne me vois pas leur apprendre ce qu'il faudrait faire d'absurde ou de violent pour louper l'école. Quand bien même, il n'y aurait rien eu d'absurde ou de violent dans le texte, est-ce à un enseignant d'inciter des élèves à ne pas aller à l'école ? On a déjà de la peine à leur faire comprendre la chance qu'ils ont d'y être, on ne va quand même pas se tirer une balle dans le pied. Comme le dit si justement Los Teignos, certains parents savent très bien le faire.
Je viens de passer une semaine en vain à essayer d'apporter des arguments sur ce que des enfants peuvent percevoir du monde des adultes. Et, moi qui écris au moins deux chansons par semaine, je n'ai rien produit. Ça me manque.
Nous arrivons aujourd'hui au fond d'une impasse dans un dialogue de sourds (le comble pour des musiciens) ! Et comme, bien évidemment, c'est moi qui n'ai rien compris, ne le prenez pas mal si je quitte la table des nécrosiations.
À bons sourds, salutations distinguées !
[ Dernière édition du message le 12/04/2019 à 12:47:25 ]

props

C'était juste pour illustrer à quel point le fait de sortir une petite phrase de son contexte global, puis se contenter de balancer une punchline, peut être vide de sens.
Exactement comme ce qui arrive à Aldebert avec sa pauvre phrase anodine sortie du contexte.
Evidemment, si je dis à mon enfant de pisser sur un flic, je suis bien évidemment un père indigne coupable de défaut d'éducation.
Dans le contexte de la chanson, c'est, à défaut de trouver cela drôle, un sens complètement différent, celui de nommer explicitement les choses que l'on ne peut surtout pas faire. Nommer les choses en les grossissant, les amplifiant... C'est une figure de style bien connue dont le nom m'échappe.
Quant à ce syndicat France Police - Policiers en colère, il n'est pas difficile de trouver quel est son bord politique.
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