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Sujet Editorial du 6 avril 2019 : commentaires

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Sujet de la discussion Editorial du 6 avril 2019 : commentaires

Fuck you I won't do what you tell me!Tandis que Rammstein doit expliquer de l’autre côté du Rhin que sa chanson Deutschland et son clip adolescent ne servent en rien l’idéologie nazie, en France, c’est le chanteur pour parents Aldebert qui doit se justifier du texte de Pour louper l’école qui, selon des parents d'élèves et un syndicat de police qui porte plainte, « inciterait à commettre un crime ». Autant dire qu’à ce rythme, les textes puissants de Kendji Girac vont bientôt faire figure de modèles pour les chanteurs qui ne veulent pas faire de vagues, même s’il faut bien l’avouer, être artiste, c’est précisément faire des vagues, qu’elles soient drôles, émouvantes, violentes ou engagées. Bref, quelques années après que tout le monde a bien été Charlie avec sa petite bougie à la main, il s’agira de ne pas oublier tout ce qui fut dit alors sur la liberté d’expression, sur son importance, avant d'aller la défendre en chaussant ses in-ears et en empoignant sa guitare pour rentrer dans un ampli Boss ou un simulateur d’ampli logiciel Positive Grid.

Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.

Los Teignos
From Ze AudioTeam

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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

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J'espère ne pas t'avoir froissé Myckaël, sachant que mon "bêtise ahurissante" est un brin déplacé pour ne traduire qu'une frustration de débat. Bref, pas d'idiot du village dans mon esprit, mais je reste persuadé que pour juger de la valeur pédagogique du travail des instituteurs sur la chanson d'Aldebert, il faudrait avoir connaissance de ce travail et du propos qui est tenu sur cette liste d'interdits.

Pour avoir reçu les Aldebert au cours d'une émission, je peux te garantir en tout cas qu'ils sont très loin de chercher à faire des ventes sur de la provoc. Il y a chez eux une vraie démarche d'artisans de la chanson avec des vrais bouts de ficelles à l'origine, une grande honnêteté et une grande humilité, et comme le bouche à oreille a fini par fonctionner, comme ils passent leur temps à se produire un peu partout, gagnant leurs galons dans des petites salles comme des plus grandes et non sur les canapés de Drucker ou les fauteuils d'Ardisson , il se trouve que désormais, ils sont de ces artistes avec lesquels beaucoup aimeraient bosser.

Après, les goûts et les couleurs, je ne les discute pas mais quand on songe qu'entre la génération Sylvestre / Warring et celle d'Aldebert, la chanson pour enfant était faite par AB production, je me dis que mon fils a bien de la chance de ne pas s'être tapé Hélène et les Musclés.

Quant aux paroles de Vian, je tiens à préciser que mon fils a bien chanté la version affadie à la demande de Mouloudji, mais qu'ils ont aussi évoqué en classe le texte original de Vian qui se finit ainsi :
"Si vous me poursuivez, prévenez vos gendarmes que je tiendrai une arme et que je sais tirer"

Et à choisir, je préfère cette version comme je préfère If au Cercle des poètes disparus car, n'en déplaise à Gandhi dont l'Inde s'est finalement libérée dans un bain de sang, la paix et la liberté sont souvent une affaire de violence. C'est navrant, ça me désole et ce n'est en rien un idéal, mais c'est une réalité qu'il vaut mieux appréhender pour comprendre comment vont l'histoire et le monde. C'est pour cette même raison que j'aime la Marseillaise comme hymne parce qu'on y trouve la violence d'une Nation sans démagogie, et que si ce n'est pas un chant qui doit dicter une conduite, c'est le souvenir que ce ne sont pas Rousseau et Voltaire qui ont mis à mal l'Ancien Régime, pas plus que Danton ou Robespierre, mais le petit peuple assoiffé de sang qui a décapité de Launay.

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[ Dernière édition du message le 10/04/2019 à 11:54:53 ]

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Merci pour votre réponse, je vais répondre le plus clairement possible à quelques points.

Effectivement, la musique prime sur le texte pour la grande majorité des auditeurs. Les gens viennent à une chanson par la musique, mais y restent par le texte (c'est mon cas), d'où l'importance pour nous, réalisateurs/arrangeurs de faire une proposition musicale qui ne soit pas complètement décalée avec ce qui se fait par ailleurs et reste attrayante aussi bien pour nos oreilles que pour celles des éventuels futurs auditeurs. Nous essayons néanmoins d'offrir sur chaque album un grand panel d'arrangements (du chant grégorien au heavy-metal en passant par la rumba congolaise ou le quartet barbershop). C'est spécialement pour cette raison que j'adore travailler sur les albums enfantillages, c'est une vrai cour de récréation pour les arrangeurs, nous ne sommes pas enfermé et étiquetés dans un style et c'est d'autant plus amusant et varié. Le duo basse-batterie est de la plus haute importance dans les musiques actuelles, cela est vrai depuis plus de 50 ans, encore plus depuis 20 ans avec les courants de musiques électroniques et ce n'est pas un scoop. Nous apportons un soin tout particulier aux rythmiques car nous sommes nous-même les enfants de cette musique (ce qui ne m'empêche pas de savoir écrire un quatuor à cordes dans le plus grand respect des règles d'écriture classiques quand il le faut).

Nous n'avons pas non plus de soucis à venir faire chanter les Kids United (pur produit de maison de disque pour le coup...) du moment que techniquement ils chantent plutôt pas mal et qu'ils sont coachés pour être au service de la chanson d'Aldebert. Et si ça peut amener d'autre enfants à découvrir Enfantillages, on ne va pas se raconter de bobards, c'est évidemment tant mieux, mais je n'appelle pas cela une concession artistique dans le sens où ils ont fait leur taf, et plutôt bien.

La "recette" des albums enfantillages est de faire une proposition qui crée l'échange entre les parents et les enfants et c'est d'ailleurs ce qui se produit. Les concerts réunissent toute la famille des enfants aux grands-parents. Nous avons récemment joué après un spectacle pour enfants (que je ne citerai pas) où j'ai vu avec horreur tous les enfants à l'avant de la salle les yeux rivés sur des artistes déguisés dans des accoutrements approximatifs aux couleurs criardes et où les parents s'étaient réfugiés à l'arrière de la salle les yeux rivés sur leurs téléphones en attendant que ça se passe. Ce n'est pas notre conception d'un spectacle familial, nous voulons que l'échange se crée entre les générations, étant tous parents. Aldebert n'hésite d'ailleurs pas à utiliser des mots compliqués dans ses textes pour provoquer cet échange. Venez nous voir au zénith de Paris en novembre prochain pour vous faire une idée, je vous mets volontiers une place de côté.

Concernant le prix Sacem, ce que vous dites est plutôt censé et je n'ai rien à ajouter. La SACEM va évidemment récompenser ce qui lui rapporte de l'argent, mais nous ne somme qu'une goutte d'eau au milieu des millions d'euros brassés par cette société.

Pour revenir à la chanson qui fait débat, mon opinion rejoint celle de Los Teignos, à savoir que même si les enfants de primaire étaient trop bête pour comprendre le texte (ce que, par expérience, je ne crois pas), le cadre pédagogique posé autour ainsi que le dialogue prof-élève assure un éventuel garde-fou. Le but de cette chanson est évidemment de créer un amusement en décrivant des situations absurdes et décalées, ce qui est un véritable exutoire pour les enfants. Après tout, le temps scolaire est bien coupé de temps de récréation où les enfants jouent aux gendarmes et aux voleurs ou aux cowboys et au indiens. Je mets au défi quiconque de trouver dans cette école de Ludre un enfant qui s'est mépris sur le sens de cette chanson.

Ayant moi-même enseigné pendant quelques années (à l'université pour le coup avec un public un peu différent, mais ça reste de l'enseignement), je vous assure que tout peut servir de prétexte à enseigner, même une mauvaise chanson.

Enfin, pour finir, même pris au premier degré, ce texte dit simplement : "faire pipi sur un policier" = "faire n'importe quoi".
Je trouve cela plutôt raisonnable pour un texte subversif.

[ Dernière édition du message le 10/04/2019 à 12:13:47 ]

53
Citation de Los :

Pour avoir reçu les Aldebert au cours d'une émission, je peux te garantir en tout cas qu'ils sont très loin de chercher à faire des ventes sur de la provoc. Il y a chez eux une vraie démarche d'artisans de la chanson avec des vrais bouts de ficelles à l'origine, une grande honnêteté et une grande humilité, et comme le bouche à oreille a fini par fonctionner, comme ils passent leur temps à se produire un peu partout, gagnant leurs galons dans des petites salles comme des plus grandes et non sur les canapés de Drucker ou les fauteuils d'Ardisson , il se trouve que désormais, ils sont de ces artistes avec lesquels beaucoup aimeraient bosser.


Merci pour ton soutien. C'est vrai que notre développement est assez atypique dans le métier.

Citation de Los :

Quant aux paroles de Vian, je tiens à préciser que mon fils a bien chanté la version affadie à la demande de Mouloudji, mais qu'ils ont aussi évoqué en classe le texte original de Vian qui se finit ainsi :
"Si vous me poursuivez, prévenez vos gendarmes que je tiendrai une arme et que je sais tirer"


Détail assez croustillant que je ne connaissais pas. C'est finalement pas si mal de traîner sur les forums AFiens :-)
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La musique peut primer sur le texte quand on est assommé en continu de chansons imbéciles, là heureusement il peut y avoir quelques sons pour sauver le navire.

Il est tristement plus fréquent que la musique soit de qualité passable quand le texte est au mieux navrant. Ce n'est qu'un point de vue de non-chanteur qui s'est progressivement détourné de la musique à texte tant je les trouve globalement mauvais. Je le redis, concernant le chant/voix je n'ai aucune compétence et c'est un avis quelconque.

J'imagine qu'il existe de bons artisans, des petits producteurs de qualité, mais en toute honnêteté je n'ai pas le temps de les chercher, surtout si cela m'impose de passer par les casseroles mainstream. Heureusement qu'il y a YouTube finalement, on peut y découvrir des pépites.

Une fois encore il ne suffit pas que le texte soit intelligent pour que la chanson soit agréable, il faut aussi que la sauce prenne et que l'ensemble donne envie d'en reprendre. C'est tristement rare.

Instruments Kontakt gratuits / FLUIDSHELL Design
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"001001001111010010010010100010 !" Mireille DAC.

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Je vais continuer à enfoncer le clou sur la fragilité des enfants. En janvier, je suis allé à une répétition préparatoire pour Carmen, une étoile du cirque. En arrivant sur la chanson de l'Espada, j'ai lancé goguenard : "attention, intrusion !". Ce message, diffusé par haut-parleurs dans les couloirs, est celui entendu par les élèves lorsqu'on fait une simulation d'intrusion terroriste dans les écoles. Il y a eu quelques sourires en coin. Je savais, dès janvier, que ce crime de Don José sur Carmen allait poser problème. Eh ! bien, ça n'a pas loupé ! Pas plus tard qu'hier, un élève de CE2 m'a dit : "alors, ils vont embaucher une nouvelle chanteuse tous les soirs ?" Et vous croyez encore à la faculté de second degré ? Non, cet enfant, n'est pas un demeuré. Il est même assez vif et bavard en classe. Et c'est justement, parce qu'il est bavard, qu'il a pu oraliser sa question. Pour un qui en a parlé, combien se taisent de peur de paraître imbéciles ? Et là, je me suis dit : Myckaël, qu'as-tu fait ? Ce que tu croyais n'être qu'une boutade en janvier s'est avéré perturbant pour cet élève de 8 ans et certainement d'autres dont j'ai vu la mine déconfite quand je leur ai indiqué que Don José allait tuer Carmen. Ils prennent tout au pied de la lettre. Ce qu'on leur dit est vrai. Ce qu'on leur montre est vrai. Quand je leur montre des vidéos de l'opéra, en complément des chansons, ils me disent : "ah ! c'est elle, Carmen !" Il ne s'agit pas d'un rôle jouée par une chanteuse. Non, dans leur esprit, c'est elle. Le XIXe s. ? Une abstraction à mille lieues de leur réalité ! À l'enseignant de découdre-recoudre tout ça. Mais c'est pour vous dire comment pense un enfant. Qu'on ne me parle plus de second degré, je vous prie ! D'accord, je n'ai pas écrit Carmen. D'accord, ce n'est pas moi qui ai choisi ce projet. Mais c'est moi qui le fait passer. En cela, j'en deviens responsable. Je ne sais comment le Théâtre des Champs-Élysées va se dépatouiller avec ce crime en direct. Qu'il soit montré ou non, avec trucage ou non, juste évoqué, peu importe, il va avoir lieu. Et le CSA ne va pas mettre un "interdit au moins de dix ans" en bas de la scène. Je peux vous assurer que j'ai passé une mauvaise nuit.
Ceci pour vous dire que je ne doute pas du travail préparatoire dans cette école de Ludres. Mais quel qu'en soit sa qualité, il n'en demeurera pas moins vrai que les enfants ont quand même appris, via un canal officiel, même présenté de manière ludique, qu'il était possible de dynamiter une classe et le reste. Et si, dans ce contexte précis, il y a eu un garde fou, au sens propre du mot, qu'en sera-t-il pour des enfants découvrant seuls la chanson, ou pour des enseignants faisant chanter des textes sans aucune explication, quand ils les comprennent eux-mêmes ! Non, je ne dénigre pas. Je témoigne de vécu, malheureusement.

Citation :
Pour revenir à la chanson qui fait débat, mon opinion rejoint celle de Los Teignos, à savoir que même si les enfants de primaire étaient trop bêtes pour comprendre le texte (ce que, par expérience, je ne crois pas), le cadre pédagogique posé autour ainsi que le dialogue prof-élève assure un éventuel garde-fou. Le but de cette chanson est évidemment de créer un amusement en décrivant des situations absurdes et décalées, ce qui est un véritable exutoire pour les enfants. Après tout, le temps scolaire est bien coupé de temps de récréation où les enfants jouent aux gendarmes et aux voleurs ou aux cowboys et au indiens. Je mets au défi quiconque de trouver dans cette école de Ludre un enfant qui s'est mépris sur le sens de cette chanson.

Les enfants ne sont pas bêtes. Ils sont naïfs et fragiles, je le répète.
Pour ce qui est de l'exutoire, n'est-ce pas pousser le bouchon un peu loin et gratuitement quand on essaie, par ailleurs de leur inculquer le respect et le bien vivre ensemble ?
Que les enfants inventent ce qu'ils veulent entre eux a toujours existé et les récréations sont faites pour ça. Mais ça reste du domaine du jeu avec leur lois, leurs règles et leur créativité qui s'arrêtent au seuil de la salle de classe. Tout le problème vient de ce que les adultes, enseignants ou non, leur proposent comme modèle de société car, quel qu'il soit, ce sera un modèle, avec tout ce qu'il peut avoir de beau ou de pervers. Qu'il ne reste pas un enfant dans cette école de Ludre chez qui un germe de cruauté n'a pas été ensemencé, comment en être certain ? Quand on sait l'oralité plus que défaillante pour la plus grande majorité des élèves, c'est une affirmation sur laquelle je ne m'avancerai pas avec tant de légèreté.

Citation :
Les gens viennent à une chanson par la musique, mais y restent par le texte (c'est mon cas)

Comment peut-on faire aussi facilement d'un cas particulier, le vôtre, une généralité ? Les enfants ne restent pas sur une chanson à cause du texte, mais par son emballage, musical, tout d'abord, médiatique (l'attrait pour le chanteur, la chanteuse, son contexte culturel), ou par la façon de "vendre" en classe la chanson. Si je reste neutre, aucune, je dis bien aucune chanson ne passera. Si je m'investis et/ou fait le pitre pour illustrer la chanson, ils s'y accrochent, et je peux même "vendre" une poule sur un mur à des CM2.

Bien sûr que les Kids United chantent plutôt bien. Ce sont quand même des voix triées sur le volet. Là où est l'effet pervers, c'est qu'avec leurs jolis sourires, ils proposent quand même de dynamiter la classe. Cela aurait été Céline Dion ou La Callas, cela n'aurait en rien changé la teneur du texte. Et le deuxième effet kisscool, c'est que, comme ils sont des enfants, il y a une assimilation encore plus grande par des auditeurs enfants. "Si eux peuvent le faire puisqu'on leur a donné le droit de le chanter, alors moi aussi". Au passage, à propos des ces gamins unis, j'ai refusé de faire chanter un de leurs derniers tubes "on écrit sur les murs", parce que c'est tout simplement hors la loi ! Et que l'école n'a pas à cautionner ce genre d'acte. Et pourtant, ils chantent bien ces mignons ! Et pourquoi pas "Maréchal, nous voilà !" pendant qu'on y est, dans le cadre d'une rétrospective historique, avec un tcha-ka-poum à la mode actuelle pour bien faire passer la sauce.

Citation :
je vous assure que tout peut servir de prétexte à enseigner, même une mauvaise chanson.

Alors là, si le prince dit que la chanson est mauvaise, je n'ai plus qu'à m'incliner !

Citation :
Enfin, pour finir, même pris au premier degré, ce texte dit simplement : "faire pipi sur un policier" = "faire n'importe quoi".
Je trouve cela plutôt raisonnable pour un texte subversif.

Encore une fois, faire des bêtises sur soi et en faire sur les autres ne revient pas à jouer dans la même catégorie.

Citation :
J'espère ne pas t'avoir froissé Myckaël, sachant que mon "bêtise ahurissante" est un brin déplacé pour ne traduire qu'une frustration de débat.

Si, quand même un peu, comme tu as pu le sentir. Surtout venant de toi qui connaît bien ma profession et la qualité de mon travail.

Citation :
C'est pour cette même raison que j'aime la Marseillaise comme hymne parce qu'on y trouve la violence d'une Nation sans démagogie, et que si ce n'est pas un chant qui doit dicter une conduite, c'est le souvenir que ce ne sont pas Rousseau et Voltaire qui ont mis à mal l'Ancien Régime, pas plus que Danton ou Robespierre, mais le petit peuple assoiffé de sang qui a décapité de Launay.

Aux armes, citoyens ! Ce n'est pas dicter une conduite, ça ? C'est quoi, alors, une invitation à une valse champêtre ?
Puisque tu me relances sur la Marseillaise, j'en ai déjà parlé sur ce forum, bien qu'il soit devenu notre hymne par les erreurs de l'Histoire, ce chant de guerre est anti-républicain tant que notre devise sera Liberté-Égalité-Fraternité. La Fraternité et la guerre ne font pas vraiment bon ménage. Que des Français aillent tuer d'autres Français au nom de l'égalité me paraît une équation bancale, car pour être totale, il faudrait que les survivants se tuent aussi. Et la Fraternité ne fait pas partie de la Constitution de 1989. Aussi étrange que cela paraisse, elle n'apparaît à chaque fois que sous les derniers régimes royalistes. Pendant la Terreur, c'était : La fraternité ou la mort ! Bigre ! Qui sont ces féroces soldats, au fait ?
Cette année, j'ai découvert sur une affiche dans une classe éditée par la Mairie de Paris, un deuxième couplet des enfants :
Enfants, que l'Honneur, la patrie
Fassent l'objet de tous nos vœux !
Ayons toujours l'âme nourrie
des feux qu'ils inspirent tous deux. (bis)
Soyons unis ! Tout est possible
Nos vils ennemis tomberont,
Alors les Français cesseront
De chanter ce refrain terrible !


Le but est donc bien de ne plus chanter cet appel aux massacres qui font les gorges chaudes des djihadistes. Eh ! oui. L'école et l'Éducation nationale devrait se poser certaines questions sur le bien fondé d'apprendre la Marseillaise... Alors qu'il existe une Marseillaise de la Paix qui pourrait avantageusement la remplacer. http://frilouz.free.fr/marseil/paix/paix.html

[ Dernière édition du message le 10/04/2019 à 22:42:41 ]

56
Citation :
Si, quand même un peu, comme tu as pu le sentir. Surtout venant de toi qui connaît bien ma profession et la qualité de mon travail.
Alors je te prie de m'en excuser. :boire:

Citation :
Le but est donc bien de ne plus chanter cet appel aux massacres qui font les gorges chaudes des djihadistes. Eh ! oui. L'école et l'Éducation nationale devrait se poser certaines questions sur le bien fondé d'apprendre la Marseillaise... Alors qu'il existe une Marseillaise de la Paix qui pourrait avantageusement la remplacer. http://frilouz.free.fr/marseil/paix/paix.html


À moi, il me semblerait parfaitement déplacé de chanter :

"Plus de fusils, plus de cartouches,
Engins maudits et destructeurs !
Plus de cris, plus de chants farouches
Outrageants et provocateurs (bis)
Pour les penseurs, quelle victoire !
De montrer à l'humanité,
De la guerre l'atrocité
Sous l'éclat d'une fausse gloire."

Alors que la France est toujours aujourd'hui et depuis les révolutions industrielles l'un des premiers fabricants et vendeurs d'armes au monde, qu'on est le numéro un de la mine antipersonnel et qu'à ce titre, on arrache encore des bras et des jambes à des mômes avec du Made in France au Cambodge et sous bien d'autres latitudes, et qu'il est important de garder ce statut car la prosperité de la France est liée à cela comme à l'exploitation des anciennes colonies. Un tel hymne serait alors un bel exercice d'hypocrisie, comme il l'est lorsque le God Save The Queen célèbre la Reine anglaise qui a soutenu l'Apartheid, quand le God Bless America célèbre l'Amérique née sur le massacre des autochtones indiens puis la déportation d'esclaves africains avant d'aller tester ses bombes sur les japonais. Alors oui, ça ne me fait pas plaisir d'entendre parler de sang impur abreuvant des sillons, mais ça me rappelle chaque fois que je l'entends que si la France est ce qu'elle est, c'est parce qu'elle a aussi a fait couler et fait encore couler des lacs de sang. De fait, il y a dans la Marseillaise un bout d'histoire et de vrai, même s'il est désagréable, tandis qu'il y a dans la plupart des hymnes une forme de déni et de mensonge qui m'évoque un outil de propagande plus qu'autre chose. La France, comme n'importe quelle puissante nation, c'est une magnifique et vénéneuse fleur qui pousse sur une énorme montagne de violence : ne chanter que la fleur me dérange personnellement et c'est sans doute parce qu'on apprend à des générations de Français à ne regarder que la fleur que tout le monde s'étonne ensuite de découvrir la haine que certains autres nous vouent.

Quant à la faculté des enfants à percevoir le second degré, disons que pour moi, ça dépend clairement du niveau de discours et de l'âge de l'enfant. J'ai vu des élèves de seconde ne rien saisir de l'ironie de Flaubert dans Madame Bovary alors que ce livre n'est rien d'autre que cela. Alors oui, un enfant de 6, 7 ans ne va pas capter l'ironie à moins qu'elle soit évidente et qu'on l'aide par le ton de la voix, le décalage d'une musique, ce qui est justement le cas de la chanson d'Aldebert qui n'a rien d'une affiche avec une cocarde tricolore disant :"Les élèves sont priés d'uriner sur les policiers".

D'ailleurs, puisqu'on en parle, il y a un narrateur qui dit "je" dans la chanson et à l'âge de 6 ans, un enfant sait déjà que le "je" d'un livre ou d'une chanson est un autre parce qu'il a conscience de lui-même. Et quand bien même c'est une voix d'adulte qui parle, elle parle avec un vocabulaire et un ton qui n'ont rien de crédible pour un enfant : "faire pipi sur un policier", ce n'est en effet pas un langage d'adulte, parce que les enfants savent que les adultes disent soit uriner quand ils parlent bien, soit pisser quand ce n'est pas le cas. Précisons le aussi, toute la chanson est écrite au conditionnel : pas d'injonction, juste du fantasme qui dès le premier vers est décrit comme du "n"importe quoi".

Comment imaginer alors qu'un discours au conditionnel utilisant des mots d'enfants, avec une voix dont on sent le sourire, mêlant le tout et le n'importe quoi; est un discours prescripteur ? Si jamais il y avait procèse sur le fait que cette chanson est une incitation au crime, alors je suis persuadé de voir les plaignants se faire débouter en première instance comme dans tous les appels qui suivront.

À l'inverse, je dois l'avouer : ta blague sur l'intrusion (et que je trouve excellente au demeurant), je comprends bien plus que ça puisse être ambigu, vu qu'on les entraîne pour associer le son de ce mot à une routine de survie et à la peur. Du coup, pour moi, c'est clairement plus de l'humour d'adulte mais ne va pas te flageller pour cela car je n'y vois certainement pas une faute : tu as eu un humour d'adulte et c'est bien normal vu que tu en es un, ce que les enfants peuvent parfaitement comprendre et qui est, d'ailleurs, rassurant pour eux.

En tout cas, je campe sur ma position concernant cette histoire d'Aldebert, d'autant que dans les procéduriers qui écrivent au rectorat, j'ai bien souvent croisé des parents d'élèves ravis de pouvoir dézinguer un prof pour se venger de leur propre passé scolaire. Ce qu'on ne dit pas toutefois dans les médias relatant cette affaire, c'est que toutes les autres familles de l'école soutiennent les enseignants.

Citation :
Au passage, à propos des ces gamins unis, j'ai refusé de faire chanter un de leurs derniers tubes "on écrit sur les murs", parce que c'est tout simplement hors la loi ! Et que l'école n'a pas à cautionner ce genre d'acte.


L'école qui emmène des CE2 voir Carmen qui, soit dit en passant, me semble bien peu approprié pour des enfants de cet âge (en termes de forme comme de fond) ? En tout cas, encore plus que pour Aldebert, ça me semble totalement délirant d'imaginer que les enfants puissent prendre ça pour une incitation, surtout qu'il est question d'utiliser l'encre de leur veines. De quoi aurait-on peur ? Qu'ils se tailladent les bras avec leurs ciseaux à bouts ronds pour peindre avec leur sang sur les murs du réfectoire ? ;) Note que je ne suis pas un fan de Demis Roussos, mais je m'imaginais mal le gars aussi subversif. :ptdr:

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[ Dernière édition du message le 11/04/2019 à 01:47:10 ]

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Citation :
Aux armes, citoyens ! Ce n'est pas dicter une conduite, ça ? C'est quoi, alors, une invitation à une valse champêtre ?
Puisque tu me relances sur la Marseillaise, j'en ai déjà parlé sur ce forum, bien qu'il soit devenu notre hymne par les erreurs de l'Histoire, ce chant de guerre est anti-républicain tant que notre devise sera Liberté-Égalité-Fraternité. La Fraternité et la guerre ne font pas vraiment bon ménage. Que des Français aillent tuer d'autres Français au nom de l'égalité me paraît une équation bancale, car pour être totale, il faudrait que les survivants se tuent aussi. Et la Fraternité ne fait pas partie de la Constitution de 1989. Aussi étrange que cela paraisse, elle n'apparaît à chaque fois que sous les derniers régimes royalistes. Pendant la Terreur, c'était : La fraternité ou la mort ! Bigre ! Qui sont ces féroces soldats, au fait ?


À ma connaissance, il ne s'agit pas pour les français de massacrer les français, mais bien des allemands avec lesquels nous fûmes en guerre en 1792 (n'oublions pas que l'auteur des paroles est un militaire). C'est donc un chant censé galvaniser des mecs allant en tuer d'autres comme dans toute bonne guerre.

Et il me semble que c'est toujours d'actualité vu qu'il n'y a pas si longtemps, on bombardait encore la Syrie en butant 16 enfants aux abords d'une école. Bref, la France n'a jamais cessé d'abreuver ses sillons, pourquoi faudrait-il le cacher ? Pour la même raison que l'on fait gober à des générations d'écoliers que Louis XIV ou Napoléon ne furent pas des dictateurs qui mirent l'Europe à feu et à sang mais de grands hommes pleins de talents ? Non, décidément, la France a un hymne qui lui sied à merveille. Le jour où elle aura la politique du Bhoutan ou du Tibet, alors on reparlera d'écrire son hymne, mais ce n'est pas demain la veille, j'en ai bien peur.

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[ Dernière édition du message le 11/04/2019 à 01:40:01 ]

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Vos points de vue sont respectables et justes à un détail près : les enfants ne sont pas identiques, comme cela a été mentionné plus haut. L'éducation par le cercle familial porte une grande responsabilité dans la capacité des plus petits à discerner le fictif du réel. L'enseignant qui proposera d'apprendre une chanson "subversive" aura probablement pesé sa décision et déroulé la pédagogie qui va avec, une explication de texte et un petit cours sur ce qu'est la fiction.

À titre de question je me demande si justement l'apprentissage du second degré ne doit pas commencer le plus tôt possible. Quand je croise régulièrement des adultes qui en sont toujours dénués j'ai vraiment de la peine pour eux.

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Citation de Myckaël :

Comment peut-on faire aussi facilement d'un cas particulier, le vôtre, une généralité ? Les enfants ne restent pas sur une chanson à cause du texte, mais par son emballage, musical, tout d'abord, médiatique (l'attrait pour le chanteur, la chanteuse, son contexte culturel), ou par la façon de "vendre" en classe la chanson. Si je reste neutre, aucune, je dis bien aucune chanson ne passera. Si je m'investis et/ou fait le pitre pour illustrer la chanson, ils s'y accrochent, et je peux même "vendre" une poule sur un mur à des CM2.


Vous détournez mon propos qui était juste d'expliquer que pour avoir une chance que les enfants s'intéressent aux paroles, il faut que l'emballage musical soit un minimum attrayant.

Citation de Myckaël :

Alors là, si le prince dit que la chanson est mauvaise, je n'ai plus qu'à m'incliner !


Encore un détournement de mes propos. Je pense donc pour moi que le débat est clos, pas que je sois à court d'arguments mais surtout parce que ça commence à tourner en rond. Je pense quoi qu'il en soit avoir exposé clairement mon point de vue.

Citation de linn134 :

À titre de question je me demande si justement l'apprentissage du second degré ne doit pas commencer le plus tôt possible. Quand je croise régulièrement des adultes qui en sont toujours dénués j'ai vraiment de la peine pour eux.


Absolument d'accord avec ça. Une étude en psychologie et développement de l'enfant à montré que certains enfants pouvaient percevoir le second degré dès 3 ans et que la grande majorité le comprenait partir de 5 ans. Tout est question d'éducation. Les fonctionnaires qui s'occupent de nos enfants ne doivent pas oublier que leur ministère s'appelle "Education nationale" et non pas "Enseignement national". Mais on pourrait disserter des heures là dessus, pas sûr que ça soit le lieu.
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Citation :
À titre de question je me demande si justement l'apprentissage du second degré ne doit pas commencer le plus tôt possible. Quand je croise régulièrement des adultes qui en sont toujours dénués j'ai vraiment de la peine pour eux.


Il me semble que c'est une capacité qu'on acquiert au fil du développement cérébral, même si l'on peut évidemment sensibiliser l'enfant à ce genre de choses avec des propos énormes (exemple : un gamin ne sait rien de la récitation qu'il doit apprendre, et on lui dit qu'il la sait vraiment par coeur avec un grand sourire). Un lycéen peut comprendre "Va je ne te hais point" sans qu'on lui explique l'antithèse, mais je pense que pour un collégien par exemple, c'est peine perdue. Du moins, c'est l'expérience que j'en ai avec un public de banlieue parisienne. Comme je le disais plus haut, la plupart des gosses au lycée ne comprennent rien de l'ironie mordante de Flaubert dans Madame Bovary, ce qui n'a rien de très étonnant quand la plupart des adultes passent complètement à côté pour avoir une vision très premier degré du texte.

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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?