Editorial du 6 avril 2019 : commentaires
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Los Teignos
Tandis que Rammstein doit expliquer de l’autre côté du Rhin que sa chanson Deutschland et son clip adolescent ne servent en rien l’idéologie nazie, en France, c’est le chanteur pour parents Aldebert qui doit se justifier du texte de Pour louper l’école qui, selon des parents d'élèves et un syndicat de police qui porte plainte, « inciterait à commettre un crime ». Autant dire qu’à ce rythme, les textes puissants de Kendji Girac vont bientôt faire figure de modèles pour les chanteurs qui ne veulent pas faire de vagues, même s’il faut bien l’avouer, être artiste, c’est précisément faire des vagues, qu’elles soient drôles, émouvantes, violentes ou engagées. Bref, quelques années après que tout le monde a bien été Charlie avec sa petite bougie à la main, il s’agira de ne pas oublier tout ce qui fut dit alors sur la liberté d’expression, sur son importance, avant d'aller la défendre en chaussant ses in-ears et en empoignant sa guitare pour rentrer dans un ampli Boss ou un simulateur d’ampli logiciel Positive Grid.
Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.
Los Teignos
From Ze AudioTeam
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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
Dr Pouet
Myckaël Marcovic
Si l'on se censure soi-même, on obéit à une injonction non-dite, on souscrit tacitement à cette oppression, sans qu'elle n'ait besoin de se manifester ouvertement.
Ou l'on peut aussi dire qu'on a une vision plus constructive de la société plutôt que de lâcher du tout et n'importe quoi au nom de la liberté d'expression.
Eh oui hein, du politiquement correct, de la pensée unique, sinon gare à la censure, à l'opprobre!
Le politiquement correct n'est pas forcément de suivre la politique de tel ou tel gouvernement, mais de suivre une ligne directrice qui devrait nous amener vers une société plus juste, plus correcte socialement, où la lutte des classes, signe d'une disharmonie sociale, n'existerait plus, sans passer, évidemment, par la cas(s)e totalitaire, et sans toucher 20 000 Fr.
En chantant cette chanson les enfants de cette école ne se sont pas élevés et pourtant c’était le but, surtout au sein de l’école.
Effectivement. Où est l'Éducation nationale dans tout ça. Pas celle du Gouvernement, celle que l'on veut faire passer à nos enfants qui, à l'école, sont en plus élèves et qui est l'affaire de tous.
ce que dit l'artiste ne peut pas être extrait de son contexte par le public
Extraite ou pas, elle a exactement la même portée négative. Qu'on pisse sur un policier ou sur n'importe qui 1) est-ce la meilleure solution pour louper l'école ? 2) il faudrait déjà se lever, ce que ne veulent pas les enfants dans la chanson. Une incohérence de plus.
Mais ne vous méprenez pas, tout ce bruit pour rien est purement politique ; je vous invite pour cela à faire une petite recherche google sur le leader du syndicat France Police qui a porté plainte : Michel Thooris.
Qu'a-t-on à faire de Michel Thooris ? Comme si c'était lui le responsable, alors que le malaise venait d'abord, et à juste titre, des parents. Si Aldebert avait choisi de faire pipi sur un boulanger, et qu'un boulanger avait porté plainte, l'aurait-on étiqueté d'extrême droite ? Est-ce qu'il faut forcément être de droite pour porter plainte ?
Passer de phrase(s) d'un morceau à l'intégralité de l’œuvre et à sa qualité, pour gonfler et alimenter une "polémique" faut vraiment avoir un vie creuse, et pas de soucis pour s'inventer des croisades comme celle là...
Il existe peut-être des enseignants à la vie creuse et sans souci. Je n'en suis pas. Et la croisade vaut le déplacement.
Surtout qu'il est fort probable que ceux qui jugent n'ont même pas écouté le morceau et encore moins un CD pour gamin avant de juger.
Je fais ça tous les jours depuis 38 ans. C'est donc fort de cette expérience que je me permets de juger.
Les enfants comprennent très bien ce qui est permis et interdit, et justement Aldebert joue à évoquer les pires énormités pour que les enfants associent cela à des choses qu'on ne peut pas faire. Il fait justement l'inverse de l'incitation à la violence et de l'apologie du terrorisme !!!
Je crois mille fois plus à la vertu d'un bon exemple qu'à celle du contre-exemple. Cf. ce que j'ai dit sur "on ne tape pas son voisin". On a rappelé plus haut qu'il était interdit d'interdire. Si cette injonction porte en elle-même son infirmité, elle montre aussi et surtout son inefficacité. À chaque fois qu'on dit qu'il ne faut pas faire une chose, en sous-entendant parce qu'elle est mauvaise, on fait découvrir cette chose à ceux qui, peut-être, n'y aurait jamais pensé et qui, un jour de mauvais temps ou par bravade, passeront à l'acte. Si c'était Salomon qui était monté au Mont Sinaï et non Moïse, il en serait descendu, d'après sa sagesse légendaire, avec des tables positives et non une suite de commandements prohibitifs dont l'efficacité reste encore à démontrer. Comme me disait mon prof de philo, la loi est un moyen de faire le mal moyennant une punition.
Prenons un exemple plus actuel : le feu tricolore (je suis en train d'enseigner Menthe abricot cerise d'Anne Sylvestre à des CE1). Le feu rouge est présenté comme une interdiction de rouler, une injonction d'arrêt absolu et puni d'amende si on le grille (4 points + 135 €). C'est pourquoi, il est donc grillé tous les jours à Paris, quelques soient les usagers. Le feu vert, en revanche est présenté comme une autorisation à rouler, sans aucune pénalité si on ne démarre pas, uniquement si on bloque le carrefour (art. R415-2). Il ne viendrait donc à personne l'idée même de s'y arrêter. C'est tout le fond de la bonne ou de la mauvaise consigne, qui m'échappe pourtant quand je dis par mégarde "ne pas taper sur son voisin". Évidemment, ça ne marche pas.
Vous détournez mon propos qui était juste d'expliquer que pour avoir une chance que les enfants s'intéressent aux paroles, il faut que l'emballage musical soit un minimum attrayant.
Par expérience, c'est l'inverse qui se passe. Plus l'emballage est attrayant, moins les enfants s'intéresseront aux paroles. Parfois, je vois des enfants chanter des chansons en plus ou moins anglais. Quand je leur demande s'ils comprennent ce qu'ils chantent, la réponse est sans appel : non ! Mais la musique est géniale. Je ne leur jette pas la pierre. J'avais la même attirance pour les chansons des Beatles quand j'étais jeune, sans avoir jamais rien compris à ce qu'ils chantaient. Et même réaction encore hier matin avec des CP à qui je devais enseigner une portion d'Oliver Twist. Ils ont fini par sauter comme des cabris par ce que la musique était géniale, super entraînante, mais sans rien comprendre aux paroles largement hors de leur portée.
J'ai passé toute mon enfance soit en pension, soit en colonie où l'on chantait a capella. Des centaines de chansons apprises par cœur. Impossible de passer à côté du texte quand il n'y a que le texte sans emballage.
Myckaël Marcovic
J'ai retrouvé le passage où Vian parle de la guerre :
"S'il s'agit de défendre ceux que j'aime, je veux bien me battre tout de suite. S'il s'agit de tomber au hasard d'un combat ignoble sous la gelée du napalm, pion obscur dans une mêlée guidée par des intérêts politiques, je refuse." in Textes et chansons, Lettes ouverte à M. Paul Faber, (conseiller municipal de la Seine qui avait demandé que la chanson soit censurée en janvier 1955).
Et cette phrase de Rainer Maria Rilke dans les lettres à un jeune poète :" Une œuvre d'art est bonne quand elle est née d'une nécessité."
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