Sujet de la discussionPosté le 13/04/2024 à 04:00:13Editorial du 13 avril 2024 : commentaires
Après analyse des textes de 12 000 chansons anglophones appartenant à différents genres musicaux (country, hip-hop, pop, blues, rock et R&B) publiées entre 1980 et 2020, Eva Zangerle, directrice d’un groupe de recherche à l’Université d’Innsbruck en Autriche, en est venue au constat que la musique populaire occidentale tendait vers une diminution importante de la complexité des paroles comme de la variété du vocabulaire musical utilisé. « Dans tous les genres musicaux, explique-t-elle, nous avons trouvé une tendance à la simplification et la répétition ». Selon l’étude, les thèmes positifs et joyeux diminueraient aussi au profit de la colère, de la tristesse et du dégoût, tandis que le « je » et le « moi » tendrait à supplanter le « nous ».
Il y a sans doute bien des façons d’analyser la chose. En vis-à-vis d’Oscar Wilde qui faisait remarquer que « les plaisirs simples sont le dernier refuge sain dans un monde complexe. », on pourrait ainsi souligner qu’il y a dans cet appauvrissement une forme d’efficacité pavlovienne encouragée par l’industrie de la musique : plus on fait court, simple, plus on répète et plus il est simple de produire comme de vendre.
D’un point de vue musicologique, on pourrait aussi considérer l’influence de la musique électronique mainstream au cours de ces quarante dernières années, instrumentale en grande partie et délaissant la sophistication harmonique ou rythmique pour mieux explorer la richesse du son lui-même.
On pourra enfin questionner cet égotisme grandissant en regard de sociétés plus individualistes après l’effondrement des grands idéaux, et où les nouveaux médias et leurs algos tendent à nous placer en alpha et oméga de notre petit univers, ce qui impacterait aussi la richesse de notre culture, et donc notre vocabulaire textuel comme musical, par manque de diversité…
Ou alors, comme le disait Constantin Brâncuși, cette « simplicité [serait] la complexité résolue », auquel cas on se méfiera de tomber dans une énième querelle des anciens et des modernes comme il s'en est probablement tenu lorsque le blues, puis le jazz, puis le rock sont arrivés en désespérant systématiquement les générations précédentes outrées par tant d'inculture : les débats sont ouverts sur le sujet, comme ils le sont pour les tests de la semaine : celui du clavier de scène Astrolab d’Arturia, du quadruple préamp Pure Drive Quad de SSL, celui de la pédale Pico Deep Freeze d’Electro Harmonix, le tout étant complété par un guide pour avoir LE son de John Mayer.
Ce que les études montrent c'est plutôt que le QI baisse avec les nouvelles générations et il semblerait que ce soit du aux écrans et leur contenu, la baisse des liens sociaux et interactions humaines, notamment chez les enfants en bas ages et plus tard aussi ...