La DR-110, tout de plastique argenté vêtue, est sortie en 1983. C'est la dernière DR analogique. Elle possède néanmoins un écran de contrôle LCD extrèmement pratique : il permet de visualiser toutes les parties des instruments programmés dans un pattern, comme sur une partition. Sa forme est carrée (environ 14 cm de côté), et elle est très légère. Elle était vendue avec une housse en mousse et plastique, pratique et anti-chocs. Les pads pour déclencher les sons sont en caoutchouc souple, très sympas, avec un bon gros dessin stylisé des différents instruments. Le point fort de la DR-110 est la "P-bus", c'est à dire une modification de la sortie ligne : si on branche un instrument (guitare, clavier, voix, etc) DANS la prise de sortie, on entend la DR-110 ainsi que l'instrument en question via la prise casque. Pour les répètes chez soi, plus besoin d'ampli ! Un casque suffit.
Les contrôles d’accent, volume, balance entre les instruments, et tempo sont possibles par de petits potentiomètres accessibles. Hélas : pas de volume par instrument (il faut jouer avec les accents), et pas d’indication de tempo affichée. On règle la vitesse en aveugle, impossible de connaître le nombre de BPM. Une fonction « shift » permet d’économiser la place en assignant deux fonctions aux pads de contrôle : soit programmation, soit sélection du pattern choisi. Enfin il y a une trappe pour les 4 piles 1,5 V, une prise adaptateur secteur, une sortie « trigger » (mais pas d’entrée), une sortie ligne et une pour les écouteurs.
Mais la championne du look ergonomique est la DR-220. Sortie en 1986, elle se présente sous la forme d’un petit boîtier en long (un peu moins de 20 cm, et environ 5 cm de large). Facile à ranger, livrée avec housse, et toutes les commandes sont accessibles par pads en caoutchouc. Il est facile de la programmer rapidement, toujours grâce aux pads à deux fonctions (vive la touche shift !). Pas de potards rotatifs ici, boîte plate et moins fragile ! Des touches « + » et « - » seront vos principaux alliés, car ils contrôlent le tempo et les volumes séparés de chaque instrument (on notera l’apparition des toms, absents de la 110, et davantage de cymbales), un plus par rapport à la DR-110. Le volume général se situe sur le côté, il est à glissière. Contrairement à la DR-110, le tempo est affiché sur le LCD en BPM, ouf ! Petit point faible : cet écran LCD est plus petit à cause de la forme de la DR-220, donc il n’y a de la place que pour afficher un seul instrument à la fois. Dommage.
Les sorties sont les mêmes que sur la 110, mais il y a un plus : une entrée « trigger ». Par contre, plus de « P-bus » ! On se demande pourquoi, c’est génial ce truc ! A noter qu’il existe deux versions de la DR-220 : E (comme électronique), et A (comme acoustique). Si la E est argentée, comme la 110, la DR-220-A est d’un horrible marron ! Faute de goût ! Le noir eût été de meilleur aloi.
Les DR-550, 660, et 770 reprennent la forme de la 110. Les petits potentiomètres sont remplacés par un gros potard rotatif et plat (deux sur les 660 et 770, ce qui est plus pratique). Les écrans de contrôle possèdent tout ce qu’il faut (n° de pattern, kit, tempo, etc). La couleur est désormais noire, avec sérigraphie blanche (DR-550 et 660) ou jaune (DR-770), ce que personellement j’apprécie moins. Les pads sont plus petits et plus nombreux. Parfois on s’y perd. La grande différence avec ces modèles : les prises MIDI ! Là, les 110 et 220 prennent un sacré coup de vieux.
Par contre une petite marche arrière pour la DR-770 : pas de piles !
Capacité
Point de vue mémoire, la DR-110 est ridicule : 16 presets et 16 banques utilisateurs, plus deux chaînages de 126 patterns chacun. La DR-220 double les capacités pour les patterns, et offre 8 chaînages. Mais ça n’est pas encore Indianapolis. Enfin chaque boîte, 110, 220-A et 220-E, n’offre qu’une seule série de sons, avec 6 sons pour la DR-110 et 11 pour les 220. C’est peu. En 1996, il fallait donc acheter les deux DR-220 pour avoir un kit convenable.
La 550 propose 91 sons, 64 presets, 64 user banks. On respire mieux, mais c’est pas encore ça. La 660 double le score, ce qui est confortable, et la 770 offre carrément 400 presets et 400 user banks, avec 255 sons de basse et de percussions différents, sans parler des effets (reverb, flanger, equaliser, ambiance). Le luxe !
Son
C’est la partie essentielle : plus que les capacités de ces bécanes, le son est l’élément qui va déterminer quelle DR sera la votre. On va y aller chronologiquement.
Revenons un instant à la DR-55 (l’ancêtre de 1979) : les sons pom/pff gardent un certain charme. Analog addicts, bienvenue ! Mais c’est très limité. Pour drogués des 70's en manque uniquement.
La DR-110 est celle que j’utilise. Elle a un son unique, que l’on ne retrouve sur AUCUNE machine numérique moderne, si performante soit-elle. La fonction « balance » permet de mettre en valeur tel ou tel instrument et change le son aussi sûrement qu’un effet. Les 6 sons restent dans la tradition analogique, et sonnent d’enfer, pas vieillots du tout, un brin nostalgiques. La grosse caisse est à mourir. Mais la DR-110 est destinée aux adeptes du « tout électronique » uniquement…
La DR-220, selon le modèle, sera une copie de kit acoustique ou électronique. Les sons E sont durs et plats, les toms sont nuls, la caisse claire moyenne. Le reste est correct. Les sons de la A sont simples et peuvent être efficaces avec une guitare acoustique, mais ils ne sont pas variés. Le défaut de la 220 est que cette machine digitale fonctionne à partir de samples moyens, la qualité sonore s’en ressent. Toutefois, le kick, les charleys et le clap de la E peuvent bien donner en passant par un flanger ou autre effet. Les prises trigger peuvent aider le bidouilleur qui veut se lancer en trafiquant les sons de la DR-220.
La DR-550 possède 8 kits de batterie, dont un réunissant les TR 808 et 909. Ce mélange est une très bonne idée, le kit est intéressant et très fun, les amateurs d’analogique peuvent s’amuser à mélanger les sons. Les autres sons restent de bonne facture, une bonne base pour jouer en groupe ou faire une maquette quelque soit le style.
La DR-660 n’a pratiquement que de bonnes sonorités, l’exception étant les sons de basse-synthé, qui deviennent vite lassants. Outre que ce batteur robot possède plusieurs batteries dans un espace confiné à l’extrême, il est très réaliste : sur certaines maquettes, il est pratiquement impossible de faire la différence avec un vrai batteur. Un regret : le mélange TR 808/909 de la DR-550 a disparu, les deux kits sont séparés. Il faut le customiser dans les kits « utilisateur ». Grosse qualité : la 660 offre un panel de sons qui plaira à tous.
La DR-770, c’est un peu du superflu si on est pas un home studiste acharné. Les transitions en shuffle et les notes fantômes sont programmables, et c’est un plus qui donne du réalisme à la chose, mais ce n’est pas forcément indispensable. Si tu veux une DR-770, il faut l’exploiter à fond, tant elle a de possibilités. Sinon, la 660 est toujours une des meilleures drum machines digitales à ce jour. De plus, les prix des 550 et 660 baissent depuis la sortie de la 770. C’est un détail à ne pas négliger, car la 660 a beaucoup de ressources.
Fiche technique et comparatif
Mémoire : | 8 × 4 banques |
Patches : | 16 preset, 16 utilisateur |
Mesures : | 128 × 2 |
Tempo : | de 45 à 110 |
Dimensions : | 160 × 110 × 30 mm |
- Le son analogique unique
- La très faible consommation en piles
- La P-bus
- La mémoire très insuffisante
- Seulement 6 instruments
DR-220 A
- L’ergonomie
- Les sons trop plats, qui nécessitent des effets
- L’ergonomie
- Pas assez d’instruments pour une copie d’un kit acoustique
DR-550
- Un seul potentiomètre pour régler volume/tempo/bank
- Les sons
- Facile à programmer
- Mémoire conséquente
- Prix d’occasion attractif au vue des possibilités
DR-770
- Banque de sons et mémoire énormes
- Pour les pros uniquement
Le son de la DR 110 dans mes compos.