Si l'avènement des baladeurs a créé de nouvelles façons d'écouter de la musique, la hausse de la pollution sonore a de son côté crée de nouvelles contraintes, d'où l'apparition de casques à réduction de bruit ambiant comme l'ANC7 qui nous occupe aujourd'hui.
Ce casque n’est pas à priori destiné à une utilisation studio ou musicien, mais à l’écoute de musique dans des environnements bruyants.
Le principe ? Annuler une partie du bruit ambiant pour permettre une écoute de la musique dans les meilleures conditions possible. Comment cela fonctionne-t-il ? Pour lutter contre un bruit, il y a trois solutions : isoler acoustiquement, émettre un bruit plus fort et annuler le bruit par opposition de phase. L’ATM-ANC7 cumule les trois méthodes.
Opposition de phase : qu’est-ce que c’est ?
Le son est une onde qui se propage dans l’air. On peut le simplifier en le représentant par des sinusoïdes. Si deux sources émettant un même son ont la même phase, les sons s’ajoutent. Si elles sont en opposition de phase, les signaux s’annulent et produisent… du silence. Comme on le voit sur le diagramme, les signaux A et B sont exactement opposés. Quel que soit le point de temps que vous prenez, si vous additionnez les deux, vous obtenez une valeur = 0.
Prenez deux haut-parleurs correctement branchés : vous les faites émettre tous les deux le même son. Les haut-parleurs vibrent et ainsi poussent et « tirent » l’air ambiant, ce qui crée et transporte le son. Mais si vous inversez les branchements d’un des deux haut-parleurs en mettant le ‘plus’ sur le ‘moins’ et vice versa, l’un des deux va pousser pendant que l’autre va tirer. Résultat ? Une annulation de la vibration de l’air, donc du son. Dans la réalité, les choses ne se passent pas si simplement. Le son émis par des haut-parleurs est rarement une simple sinusoïde et même deux haut-parleurs identiques ne produiront pas exactement les mêmes réactions. De plus, le son ne se propage pas en ligne droite, mais en arcs de cercle et les ondes sonores vont rebondir sur les murs de la pièce. Les deux signaux ne seront donc pas partout en opposition de phase. Par contre, si vous écoutez de la musique sur des enceintes en opposition de phase, vous ressentirez des « trous » dans certaines fréquences et il peut arriver que vous obteniez, à certains endroits de votre pièce, un quasi-silence.
On voit donc que l’opposition de phase peut servir à « annuler » du son. Cette technique a fait du bruit (oui, oui, je sais…) dans l’industrie automobile il y a quelques années : les constructeurs y voyaient un moyen de diminuer considérablement le bruit des moteurs. Hélas, sa mise en oeuvre n’est pas évidente dans une voiture qui fait caisse de résonance et où les bruits du moteur ne sont pas émis par une source ponctuelle, mais une vaste zone et transmis par vibrations à tout le véhicule. J’ignore si les études se poursuivent.
Mais le problème posé par les dimensions d’une voiture ne l’est plus au niveau d’un casque qui constitue une source ponctuelle au niveau de chaque oreille.
C’est donc sur ce principe que fonctionne l’ATH-ANC7. Celui-ci comporte une électronique intégrée. Chaque oreillette du casque est munie d’un micro qui capte le son ambiant et le restitue dans le casque en inversant la phase. Théoriquement, cela annule le bruit ambiant. Totalement ? Non. Car le corps humain comporte d’autres capteurs du bruit externe que le pavillon de l’oreille : entre autres les os du crâne qui sont mis en vibration. Mais Audio-Technica annonce tout de même jusqu’à 85 % d’annulation du bruit. Pas si mal. Pour le vérifier, il aurait fallu de complexes systèmes de mesures, mais quel intérêt ? Voyons plutôt l’efficacité à l’usage.
En condition
Le casque a été testé dans plusieurs conditions : marche en ville, trajet en métro et voyages en fourgon. Ce dernier est un Peugeot Boxer Diesel un peu ancien qui est très bruyant au-delà de 110 km/h. Un bruit peu gênant sur courtes distances, mais épuisant lors de longs trajets. Dans tous ces cas, le casque s’est montré plutôt efficace. En ville, il l’est même trop : l’isolation extrême des bruits ambiants représente un danger certain pour le piéton. C’est donc à éviter. D’autant que des casques bien moins coûteux pourront procurer de meilleures qualités sonores. Dans les environnements vraiment bruyants comme le métro ou mon vieux fourgon, le résultat est vraiment merveilleux. Le bruit ambiant est fortement atténué permettant d’écouter la musique à un niveau raisonnable. Le casque possède déjà une excellente isolation par rapport à sa taille. Dès qu’on le met, les bruits ambiants sont déjà pas mal atténués. Mais dès qu’on l’allume, on sent toute de suite le phénomène d’opposition de phase.
Le casque peut être utilisé en passif (non allumé) pour économiser la pile dans un environnement calme, mais le son est alors assez moyen, comme étouffé. La pile qui est une AAA (LR03) et assure une trentaine d’heures d’autonomie.
Dès qu’on allume le casque, le monde change ! Les bruits ambiants sont considérablement réduits (s’ils sont forts) et disparaissent presque totalement (s’ils sont faibles). Le volume sonore de la musique augmente considérablement et le son devient infiniment meilleur. En écoute dans un environnement calme, celui-ci présente alors une très bonne qualité. Tout de même moins précis que l’ATH-M50. Les basses sont bien présentes, mais les médiums sont un peu moins bien définis et les aigus peuvent devenir un peu agressifs. Tout ceci est à relativiser et l’ATH-ANC7 offre une très bonne qualité pour écouter de la musique, même si celle-ci n’est pas tout en fait en rapport avec son prix.
Du bruit à la musique
Par contre, les choses changent lorsqu’on passe dans un environnement bruyant. On voit bien que c’est exactement là que le casque s’exprime au mieux et que ses concepteurs ont bien réussi leur contrat. Sachant qu’un bruit résiduel reste perceptible, les aigus qui pouvaient auparavant sembler agressifs deviennent simplement clairs et présents. Évidemment, ce casque ne transformera pas un train de banlieue, un métro, la cabine d’un vieux fourgon ou d’un avion en auditorium. Par exemple, le bruit résiduel va forcément masquer plus ou moins certaines fréquences, surtout dans le grave. J’ai noté aussi dans certains cas de légers et faibles grésillements dans l’écouteur droit. Ceux-ci ont été entendus dans des silences entre morceaux ou avec une musique à très bas volume avec le moteur de mon fourgon à bas régime (conflit du système d’opposition de phase avec certaines fréquences ?). Ces grésillements disparaissent totalement dès qu’on monte un peu le son.
Mais l’ATH-ANC7 permet vraiment d’écouter de la musique avec des conditions de qualité et de conforts inespérées et exceptionnelles dans une ambiance sonore très bruyante. Ajoutons que la qualité de fabrication du casque est aussi propre que celle de l’ATH-M50 et que le confort est vraiment très bon. Le casque est livré avec de nombreux d’accessoires dont une housse semi-rigide de transport à même de protéger son investissement dans les voyages et outre la prise mini jack et 6,35 mm, un adaptateur pour les prises audio spéciales des avions. Le câble droit de 1m60 est détachable et le casque est un peu plus petit qu’un casque de studio, plutôt dans les dimensions d’un casque hi-fi, mais un peu plus lourd compte tenu de l’électronique embarquée.
La question d’une éventuelle utilisation studio s’est posée. Avec un casque à annulation de bruit, on peut espérer isoler le bruit d’un instrument pour effectuer un placement de micro en n’entendant que le monitoring. Hélas, cela ne fonctionne pas complètement : on l’a dit, le pavillon de l’oreille n’est pas le seul récepteur sonore du corps. Face à une batterie ou un ampli basse, du son passe toujours. De plus, on peut se poser la question de la résultante du mélange du son monitoré et de la source (quasi identique) envoyée en opposition de phase. Le son monitoré est parfaitement audible, mais les essais effectués laissent pour l’instant trop de doutes quant à la fidélité pour accorder sa pleine confiance à ce système en studio.
Conclusion
Compte tenu de son tarif (199 € TTC), l’achat de l’ATH-ANC7 mérite réflexion. Il s’avère par contre un excellent investissement pour ceux qui sont souvent confrontés à des environnements bruyants. Car outre le fait qu’il permet d’écouter de la musique dans d’excellentes conditions pour ces milieux, l’efficacité de l’atténuation de bruit représente une véritable protection pour les oreilles et diminue considérablement la fatigue. On peut même se demander si ce casque ne peut avantageusement remplacer les casques de sécurité pour les gens travaillant en environnement bruyant. Avec en plus le plaisir de pouvoir écouter de la musique en bénéficiant d’un très bon son.