Hier, j’ai téléchargé une application mobile pour faire voler les chats, en version gratuite !
C’est formidable les applications, on ne sait plus où donner de la tête tellement il y en a pour tout. Et comme je n’avais jamais vu un chat voler, je me suis dit que celui de ma voisine ferait très bien l’affaire. Techniquement, je ne sais pas comment cela fonctionne, je ne suis qu’un littéraire. Mais il suffit de prendre en photo l’animal, d’indiquer la vitesse de croisière désirée et puis hop, le matou est comme aspiré en l’air. J’ai testé, ça marche bien. Par contre, ils auraient pu dire que la version d’essai couvrait seulement dix mètres d’autonomie. Parce que j’habite au huitième étage et à cette hauteur, chat fait tâche ! Alors je me suis dit que l’espèce féline avait beau être intrépide, elle n’était pas encore prête à se voir pousser des ailes. Et j’ai finalement téléchargé l’application TonePrint, pour pouvoir tester le nouveau combo de chez TC Electronic. Télécommander un ampli avec son téléphone portable est peut-être moins novateur que de faire planer les minous, mais il faut dire les choses telles qu’elles sont : que l’on soit contre ou pour, on n’arrêtera pas le progrès…
Chat alors !
Un combo de 250 watts (RMS), monté avec deux HP de dix pouces et tweeter, un accordeur et un DSP intégrés et vendu pour moins de 499 € (tarif à partir du 1er février 2014, au lieu de 549€ TTC), ça doit bien vous titiller un peu. Personnellement ce genre de proposition bien commerciale a le don d’aiguiser mes sens et ma curiosité. Sachant, de surcroit, que nos amis danois sont derrière cette offre et qu’ils ont le chic pour faire bouger les choses sur le marché de l’ampli pour basse, je vais passer directement au test pour ne pas abuser de votre patience. Commençons par les dimensions du BG250–210 : un parallélépipède de 62 cm de haut pour 45 cm de large et d’une profondeur de 37 cm. Vingt kilos à la pesée, ce qui ne sera pas rien pour les plus fins d’entre vous, tout en restant très léger pour la puissance annoncée.
Deux beaux dix pouces en façade, surplombés d’un tweeter (dommage qu’il soit piezo et constamment actif), un accordeur intégré calibré pour les basses en six cordes (il fonctionne donc très bien pour les cinq et quatre cordes), une sortie DI, un égaliseur trois bandes (avec boost et cut), un gain d’entrée, un volume de sortie, une entrée auxiliaire en mini-jack, une sortie casque au même format, une seule entrée instrument, un mute (pour s’accorder en silence) et enfin, le fameux TonePrint. Sur le panneau de contrôle, la chose se présente sous forme de deux potards et de deux switchs (pour activer l’effet) : chaque potard contrôle la balance entre le Dry et Wet, affectée à l’effet choisi. Qui dit deux potards, implique donc deux effets sélectionnables en façade, ce qui est un vrai plus par rapport au système équipant la BH250 (la version tête d’ampli de la marque).
Malgré cela, je ne pourrai m’empêcher de poser une question qui fâche : pourquoi ?
Et comme je suis un peu normand et pas du tout impressionné par le type viking, je vais même le faire directement dans la langue des fabricants (que je maîtrise parfaitement mal).
Hvorfor ?
Moi si je demande, c’est juste qu’un détail me chiffonne tout particulièrement : j’ai beau me creuser la tête, que je pensais bien remplie, je ne vois toujours pas pourquoi nos amis ont pensé à nous ajouter un TonePrint de plus (ce qui techniquement n’a rien d’anecdotique, puisque cela double le nombre de contrôles en façade) mais ne nous permettent pas de cumuler les deux effets.
N’importe quel bassiste (même mal intentionné) poserait la même question si on le mettait face à un tel paradoxe. Moi même quand j’ai vu les deux potards, j’ai directement téléchargé un compresseur et une disto pour mixer les deux à loisir. Pour me rendre compte, par la suite et un peu dépité, que la chose n’était pas possible. Un constat pareil a un peu un goût d’inachevé, c’est dommage car je sais que bon nombre d’entre vous vont penser comme moi : donnez deux blocs de Lego à un môme et empêchez-le de les emboîter… Je sais, la comparaison est violente, j’aurais pu parler d’un chien à qui on lancerait une balle qui ne rebondit pas. Mais je rappelle à chacun que les musiciens sont avant tout de grands enfants et que la cruauté envers les animaux, c’est mal.
À l’eau !
Maintenant que j’ai fini de râler, revenons à des choses plus positives. Car malgré ce fâcheux détail, il reste bien des choses à soulever sur ce DSP (un acronyme pour Digital Sound Processor). Premièrement, vous avez accès à six types d’effets (octaver, chorus, flanger, compresseur, disto et vibrato), téléchargeables gratuitement sur votre smartphone préféré qui servira d’interface : on lance l’application, on choisit son preset, on colle le haut-parleur du portable à un des micros de la basse et on lance le signal (to beam en anglais). En quatre secondes le signal transmis à l’ampli affecte le DSP et vous disposez du préset pour votre office. Dans un test précédent, j’avais mis à l’épreuve le TonePrint du BH250 et avait éprouvé quelques soucis avec mon Sony Ericsson pour commander l’application. Apparemment, ce problème a été réglé, car j’ai toujours le même mobile et il fonctionne très bien sur le combo. Il est toujours regrettable de ne pas pouvoir modifier les paramètres d’usine soi-même, via un logiciel ou la même application. Mais qui sait, si les Danois ne nous réservent pas cette option pour des jours à venir. Il est possible de mettre à jour le firmware de l’ampli en connectant un ordinateur au tableau de bord, via un câble USB fourni.
Pour résumer, je vois quelques avantages à cet ingénieux système :
- Il se passe de câbles supplémentaires
- Tant que TC fera le travail pour alimenter les listes de TonePrint, votre DSP ne vieillira pas
- Il est facile d’utilisation, toutes les opérations passent par l’application et ne nécessitent pas de connexion à un quelconque réseau
Et je vois aussi une ou deux choses à améliorer, bien que je ne sois pas ingénieur danois :
- La possibilité de mixer les deux TonePrint (je sais, j’insiste juste un peu)
- La possibilité de faire évoluer soit même les effets, car un seul potard est vraiment limité
Et la compagnie ne propose pas de logiciel permettant de le faire.
Pour ce descriptif, je finirai par souligner la qualité de fabrication qui peut surprendre si on considère le prix de vente de ce combo. Pour 499 €, il n’y a aucune faute de commise, que ce soit les finitions ou la qualité des composants qui s’affichent en façade (potards, switch et connexions). J’appuierai cette mention spéciale, car j’ai constaté ces derniers temps une baisse du niveau général sur l’amplification dite « bon marché ».
L’ampli sifflera trois fois… trop fort
Pour ce test, j’ai utilisé deux basses (JB Standard US, Ibanez ATK 300) et j’ai réalisé des prises mixant la sortie DI et une prise micro (M88). Vous constaterez que le résultat présente un souffle quasi constant, sur toutes les prises. La chose est tout à fait volontaire et naturelle : je tenais à vous faire profiter du ramage de notre ami tweeter piezo, qui comme vous pouvez l’entendre n’est pas avare de son volume ! Concernant la diffusion d’un ampli, l’emploi d’un piezo peut certes se révéler pertinent, mais pouvoir gérer son volume serait un plus. Le souffle constant que ce combo génère ne vous dérangera certainement pas sur scène, mais son emploi en studio et une capture de l’enceinte demanderont des talents d’ingénieur que je ne maîtrise pas.
- 1 Neutre 00:18
- 2 Bosse mediums 00:22
- 3 Bosse mediums comp 00:15
- 4 Slap 00:23
- 5 Slap comp 00:17
- 6 Mediator 00:17
- 7 Disto 00:17
- 8 Clean Tube Drive 00:20
- 9 Clean Chorus 00:23
- 10 Clean Flanger 00:24
- 11 Clean Octaver 00:18
- 12 Clean Vibrato 00:28
J’avais choisi la version 2×10 pouces, pour cet essai, pour deux raisons.
Pour la première, il faut reconnaître que votre serviteur a des goûts de luxe : quand on me laisse le choix entre trois amplis, comptez sur moi pour choisir le plus cher (c’est là mon côté princesse).
Deuxièmement, la signature sonore d’une enceinte montée en dix pouces est parfaitement gravée dans mon esprit, car je joue sur cette configuration et connais le grain de la plupart des 210 du marché. Alors je sais que certains d’entre vous ont plus le budget du 15 pouces, ou préfèrent simplement les gros boomers. Je sais aussi que sur cette série, ne comportant pas de sortie pour enceinte supplémentaire, le choix de la bonne configuration sera critique.
Sachez que la série BG se propose en 4 modèles : un 15 pouces, un 12 pouces, deux fois 8 pouces ou deux fois 10 pouces. Personnellement, je suis un aficionado du 10 pouces pour son temps de réponse difficile à égaler, sauf sur quelques produits en 2X12 qui peuvent avoir ma préférence.
Le douze pouces seul n’étant pas une option, pour moi et mes besoins en volume. Ces prises sont réalisées avec mon interface Steinberg UR22, mixant la sortie DI de l’ampli et une capture micro (Beyerdynamic M88). Sur le premier enregistrement, vous pouvez entendre le son de l’ampli avec tous ses réglages à plat. Le rendu neutre est propre sans être aseptisé. Comme j’utilise encore ma vieille Jazz Bass pour ce test, je pense que vous n’aurez aucun mal à reconnaître le grain de ses deux micros.
Pour la seconde prise, comme pour la troisième j’ai poussé légèrement la bande des graves et celle des médiums, sur la troisième j’ai copieusement téléchargé un préset de compression sur le premier module TonePrint. Afin de vous faire apprécier les qualités du compresseur, j’ai placé deux pêches en milieu de ligne et en fin de ligne : vous remarquerez, à cette occasion, qu’il y a peu de contraste entre les notes jouées normalement et les plus pêchues. On peut donc considérer que ce compresseur fonctionne plutôt bien.
Pour les deux extraits qui suivent : opération identique, avec cette fois des médiums en retrait et un double pic sur graves et aigus. L’équilibre du grain (ni trop bas ni trop cristallin) est assez confortable pour le slap, j’apprécie personnellement de ne pas avoir un signal trop typé en percussion. Notez tout de même que pour obtenir ce grain, avec pourtant une Jazz Bass particulièrement pertinente dans ce style, il a fallut pousser à fond les deux bandes extrêmes.
J’ai eu plus de mal avec le rendu au plectre, les deux extraits sont réalisés avec une ATK 300 passive accordée en SI-MI-LA-RE. D’ordinaire, trouver un réglage pour ce type de jeu n’est pas du tout un souci. Là j’ai mis un peu de temps et pour être franc je ne suis qu’à moitié convaincu par le résultat obtenu : on a beau avoir une jolie teinte des fréquences de médiums, il manque, tout de même, un petit quelque chose. Un je-ne-sais-quoi qui permettrait un rendu cent pour cent efficace. Pour les rockeurs, jouant exclusivement au plectre, je pense que la version équipée d’un 15 pouces fera bien mieux l’affaire. Et avec la compression adéquate, proposée en TonePrint, on peut toujours se débrouiller pour faire le travail. Au sujet de la distorsion en revanche, je vais être bien moins mitigé : aucune des saturations proposées ne m’a vraiment convaincu.
Sur les dernières prises, vous avez plusieurs TonePrints : du chorus, du flanger et de l’octaver.
Je ne vous fais entendre qu’une version par effet, mais les déclinaisons proposées gratuitement par TC Electronic sont nombreuses. J’ai été vraiment séduit par le Tube Drive qui agit comme un Boost sur le gain et gonfle les harmoniques là où il faut, si seulement on pouvait lui associer une petite compression…
La belle affaire que voilà !
On pourrait lire ce test et penser que je n’ai dit que du mal de ce combo. Pourtant, si je châtie bien le travail de nos amis danois, c’est que j’apprécie cette marque pour son sens de l’innovation et le rapport qualité-prix de ses produits. Et elle impose encore son excellence. Le BG250 délivre une puissance largement suffisante pour les petites et moyennes scènes, offre un son de qualité passant sur la plupart des styles et intègre un accordeur et un DSP constamment mis à jour. Pour moins de 500 € (nouveau tarif au 1er février 2014), avec cette qualité de réalisation et cette configuration d’enceinte, la concurrence va encore devoir se méfier de la marque qui monte. Essayez ça pour moi et en attendant vos retours, je vais trouver un nouveau chat, un peu moins plat, pour ma voisine !