Après la série des D.I., c’est maintenant une bonne partie de la gamme de pédales pour guitare de Behringer que nous allons passer au crible ! Car ce ne sont pas moins de 28 modèles que la marque propose aux musiciens soucieux de leur budget.
Aucun effet n’a été oublié : distorsions, compresseurs, égaliseurs, modulations, délais, reverbs… C’est une famille complète dont le prix plancher permet un accès aux délires guitaristiques en tous genres au plus fauché des gratteux.
Déballage
Après réception au bureau d’un paquet volumineux (ça n’est pas tous les jours qu’on reçoit une vingtaine de produits à tester en une seule fois !), on constate que toutes ces pédales sont livrées avec un mode d’emploi simple, mais clair. Pour pinailler un peu (c’est l’âge), je regrette juste le concept marketing qui régie la rédaction de ces manuels, dont par exemple le tutoiement et le ton très « Toi le jeune qui fait de la guitare »…
Hormis la Wha, les pédales se présentent sous 2 formes. Les plus nombreuses reprennent un format proche de celui des pédales Boss : coque plastique, mini potards peu accessibles et même système de switch. La qualité de fabrication semble correcte, mais on peut émettre quelques doutes sur la résistance au fil du temps (et des concerts) de ces pédales. On est très loin des pédales « boutiques » ! Mais on est aussi très loin de leur prix.
Une mention spéciale doit être attribuée au système de changement de la pile ! Je pensais que le summum de la non-ergonomie avait été atteint depuis longtemps avec les pédales boss, mais Behringer a accompli l’exploit de développer un système où pas moins de deux mains et deux trombones ou assimilés sont obligatoires pour ouvrir le compartiment à pile. Il est en effet nécessaire de presser deux plots simultanément pour libérer le capot du switch !
Le deuxième type de pédale est lui aussi directement inspiré de pédales existantes : La Small Stone et la Big Muff d’Electro Harmonix, ici renommées respectivement Vintage Phaser et Vintage Distortion. Le boîtier semble plus solide, mais c’est au prix d’une taille conséquente, qui ne s’imposait pas vraiment au vu de celle du circuit imprimé qu’il contient. Sur ces 2 modèles, le changement de pile s’effectue plus simplement grâce à un système de clip plus basique, mais bien plus efficace !
Toute une ribambelle…
Tout d’abord, voici la liste des pédales que nous avons pu tester :
- HB01 Hellbabe
- VD1 Vintage distortion
- TO800 Vintage Tube Overdrive
- NR100 Noise Reducer
- OD100 Overdrive Distortion
- UT100 Ultra Tremolo
- DGI21 Guitar Amp Modeler
- VP1 Vintage Phaser
- UO100 Ultra Octaver
- CS100 Compressor Sustainer
- DM100 Distortion Modeler
- UD100 Ultra Distortion
- UF100 Ultra Flanger
- UM100 Ultra Metal
- AB100 Instrument Amp / Selector
- UC100 Ultra Chorus
- UP100 Ultra Phase Shifter
- AM100 Acoustic Modeler
- BO100 Blues Overdrive
- PB100 Preamp Booster
- TO100 Tube Overdrive
- EQ700 Graphic Equalizer
Côté fonctionnement, tout est parfaitement standard. Ces pédales n’ont rien d’exotique et les contrôles sont généralement clairs et ne nécessitent pas d’explication quant à leur utilisation. On regrettera l’absence de true bypass, mais sauf accumulation de pédales en série, le son ne subit que peu ou pas de modification en passant dans le circuit des pédales.
La Hell Babe
C’est donc avec la Hell Babe que Behringer s’attaque au grand classique de la pédale guitare : La Whawha ! Pour ce faire, la marque allemande ne lésine pas sur les fonctionnalités :
Tout d’abord, au contraire de la plupart des modèles connus de whawha, pas de switch de mise en route ! La Hell Babe possède un déclenchement optique : Il suffit de poser le pied sur le plateau pour enclencher l’effet et de le retirer pour retrouver un son normal. La vitesse de relâche de l’effet est réglable par une mini-vis presque inaccessible sous la pédale. De plus, la Hell Babe possède un système de ressort qui remet la pédale en position talon dès que vous relâchez la pression du pied. Pour les non habitués de ce système, un temps d’adaptation est nécessaire, mais c’est assez efficace
Il est à noter qu’à l’origine, la pédale reçue en test avait un réglage de temps de relâche beaucoup trop court, ce qui avait pour conséquence de bypasser l’effet dès que la pédale revenait en position talon. N’hésitez donc pas à régler vous-même ce paramètre !
La Hell Babe possède des réglages très poussés du filtre :
- Une molette de réglage de la plage de fréquences (de 440 Hz à 250 Hz) permettant de faire varier la fréquence « plancher » de la Hell Babe, c’est-à-dire la fréquence en position « Talon ».
- Un réglage du « Q », autrement dit la pente du filtre.
- Un réglage de la fréquence maximum atteinte en position « Talon décollé », pouvant monter jusqu’à 2,2 KHz.
S’ajoute à tout cela un boost à niveau réglable (jusqu’à +15 dB), permettant d’ajouter du gain lorsque l’effet Wha s’enclenche, idéal pour partir en solo.
Bref, une pédale customisable à souhait, avec un son agréable en toutes circonstances. Un petit bémol sur le boost, pas forcément très musical et ayant tendance à très facilement salir le son. Certains apprécieront, mais il est très typé.
Effets et saturations
Les Modulations, EQ et Octaver
Sans rentrer dans le détail de chacune des pédales, ces modulations sont assez réussies ! Elles sont efficaces, même si elles ne font pas preuve d’une grande originalité.
Le Vintage phaser est assez classique, et effectivement très vintage, au contraire de l’Ultra phase shifter, lui beaucoup plus moderne. Le chorus, le flanger et le trémolo sont eux aussi parfaitement utilisables, de même que l’Octaver, même s’il ne tient pas forcément la note très longtemps ! L’égaliseur tient lui aussi bien son rôle, et permettra de sculpter le son à la demande.
Les Overdrive / Distos
Les distorsions sont quant à elles plus inégales, même si sur ce sujet, tout jugement reste assez subjectif. Parmi mes préférées tient en bonne place la Vintage Distortion, assez loin de son modèle de chez Electro Harmonix mais qui donne un son fuzz 70’s très percutant ! Je suis fan !
Très bon point aussi pour la Vintage Tube Overdrive : Directement inspirée de la Tube Screamer originelle, elle est basée sur le fameux OpAmp JRC4558. Le son est crémeux, et largement au niveau de son inspiratrice. La plus réussie de ces pédales à mon avis
La Vintage distortion est elle aussi très à mont goût : Assez Lo-Fi et très fuzz, j’adore !
Les pédales typées métal sont quant à elles beaucoup moins réussies : l’Ultra Metal et l’Ultra Distortion ont un son très synthétique, avec un syndrome du « nid d’abeille » assez marqué : seule la Distortion modeler tire à peu près son épingle du jeu, alors que paradoxalement c’est la seule pédale à modélisation numérique du lot.
Les utilitaires
Le compresseur fonctionne lui aussi très bien. Assez 80’s dans l’esprit et très brillant, il fait aussi bien l’affaire en funk qu’en mode « guitare hero ».
L’Acoustic modeler ne m’a par contre pas du tout convaincu. Mais là pas de secret : On ne fera jamais une guitare acoustique d’une guitare électrique. Sur une prise perdue au fond d’un mix, cette pédale permet de faire vaguement illusion, mais guère plus.
Mention passable également pour le Noise Reducer, qui n’est lui non plus pas très efficace, car s’il ne nuit pas trop au sustain, il ne permet pas non plus d’enlever vraiment les bruits de fond.
L’Amp Selector qui permet de relier au choix 2 instruments à un ampli, ou 1 instrument à 2 amplis est très bien conçu, et permet un ajustement des niveaux. Le son est parfaitement respecté.
Pour finir, voici quelques exemples audios enregistrés par kon-tiki et votre serviteur avec une stratocaster US, un sansamp et une MOTU Ultralite : Compressor, Octaver, Tremolo, Acoustic modeler, Blues distorsion, Distorsion modeler, Graphic EQ, Hell Babe, Noise reductor, Overdrive distorsion, Tube Overdrive, Ultra Chorus, Ultra distorsion, Ultra flanger, Ultra metal, Ultra phase shifter, Vintage distorsion, Vintage phaser.
Conclusion
Certes, ces pédales ne sont pas miraculeuses. On n’obtient pas un son de qualité « boutique » à une fraction du prix, il n’y a pas de secret. Néanmoins, malgré quelques franches déceptions (les distos « métal », L’acoustic modeler), les produits proposés par Behringer sont d’une qualité sonore très honnête et permettront au débutant ou au guitariste soucieux de son portefeuille d’avoir des effets corrects à un moindre coût. La marque s’offre même le luxe d’avoir quelques pédales vraiment intéressantes dans le lot. Mon coup de cœur va notamment à la TO 800, version très convaincante de la Tube Screamer originale.
Le seul reproche restera la qualité de fabrication, qui à mon sens remet en cause la longévité des pédales. Cela reste toutefois un moindre mal vu les prix proposés par Behringer !