La marque NuX propose depuis quelques temps une série de pédales baptisée Reissue Series qui regroupe des recréations d’effets ou amplis qui ont véritablement marqué leur époque. Mon confrère NeoGeoFanatic s’était chargé de tester la Plexi Crunch issue de la même série, et qui reproduit le son et les réactions d’un ampli Marshall. C’est aujourd’hui à mon tour de poser le bout de la botte sur une pédale NuX. La Recto Distortion, comme son nom et son look peuvent l’indiquer, est donc censée reproduire les sonorités et comportements d’un ampli Mesa Boogie de la série Rectifier, véritable star dans les années 90 quand on parlait de grosse saturation.
NuX rectifie la distorsion
On l’avait vu avec la Plexi Crunch et c’est aussi le cas avec la Recto Distortion, NuX se plaît à développer des visuels simplistes mais efficaces pour ses pédales rendant hommage à des amplis classiques. Dès l’ouverture de la boîte en carton, on comprend sur quel ampli se base la Recto Distorstion. Le boîtier est entièrement noir et les boutons de potentiomètres sont visuellement les mêmes que ceux qu’on trouve sur un ampli Mesa Boogie Rectifier. À la nuance près que ceux de la pédale sont en plastique et leur manipulation n’inspire pas vraiment confiance… Relativisons quand même et souvenons-nous que la pédale coûte 45 €. L’inscription et la police employées pour le nom de la pédale rappellent également le logo apposé sur les amplis dont elle est inspirée, comme sur la Plexi Crunch, la Steel String ou la XTC Drive (inspirées des amplis Dumble Overdrive Special et Bogner Ecstasy). Le châssis a l’air assez robuste et le poids de la pédale (230 grammes) est rassurant. Le foot switch True Bypass semble solide, sans plus, comme les fiches jack d’entrée et sortie. La fiche d’alimentation se trouve sur le dessus de la pédale et elle est parfaitement alignée avec le perçage du châssis, ce qui n’est pas toujours le cas, même sur des pédales à plusieurs centaines d’euros. La recto Distortion a donc droit à un bon point pour sa finition plutôt soignée malgré des potards un peu fragiles.
La pédale donne accès à des réglage de Bass, Treble, Gain et Master. L’appellation « Master » est bien entendu un réglage de volume et nous rappelle bien que le circuit de la pédale est directement dérivé de celui d’un ampli. Selon la marque, la Recto Distortion est donc conçue pour développer un son de distorsion lourd, épais et assez resserré dans les basses. On a même droit à un boost de gain sur le haut du spectre pour donner une sensation de son plus direct et présent. Ce n’est pas totalement faux, mais cette saturation plus poussée dans les aigus a pour effet de conférer au son un côté creusé dans les médiums qui surprend un peu. La pédale est imaginée pour être utilisée par-dessus un son clair, c’est donc ainsi que j’ai procédé en la branchant directement sur la petite tête Ampeg GVT15H qui incarne une parfaite plateforme à pédales d’effet.
- Gain Mini – EQ 12o’clock00:52
- Gain 12o’clock – EQ Messing02:28
- Max Gain01:41
- Boosted with Behringer TO800 – Standard Tuning02:33
- Boosted with Behringer TO800 – Drop C03:18
Dès qu’on enclenche la pédale, même avec le gain à zéro, on sent que le son se transforme. Son caractère est très fort, et on constate immédiatement ce côté « scooped », typique des sonorités métal des années 90. Avec le gain au minimum sur une guitare équipée de humbuckers, on a droit à un léger crunch plutôt sympa d’ailleurs. Mais on n’est pas venus pour ça et on augmente le gain pour voir ce que la pédale a dans le ventre, en laissant l’égalisation à midi. En augmentant le gain, on sent une déferlante de saturation s’abattre sur nous, un son épais et riche, pas spécialement resserré dans les basses. On a le sentiment de jouer sur un mélange entre les modes Vintage et Modern proposés sur l’ampli original : l’égalisation creusée dans les médiums fait penser au mode Modern alors que la réponse un peu spongieuse de la pédale rappelle le mode Vintage.
C’est assez spécial mais on reconnaît bien le côté craquant de cette distorsion si spécifique. En montant le gain davantage, on ressent le besoin de baisser un peu les basses qui deviennent vite boueuses et trop présentes. Pour un jeu à la maison ce n’est pas vraiment dérangeant, mais dans un contexte de groupe, il faudra veiller à garder le réglage Bass assez bas pour bien sortir du mix. Le réglage Treble fonctionne bien mais il est centré sur une fréquence assez étrange qui a tendance à déglinguer les tympans si on le met à fond. Une fois les basses un peu atténuées et le niveau d’aigus satisfaisant, on augmente le gain jusqu’aux trois quarts. Le son s’épaissit encore sans être trop brouillon et on reconnaît bien le timbre si particulier des amplis Mesa Boogie, c’est chouette. En revanche, pour des basses bien resserrées, il faudra repasser. Une fois n’est pas coutume, on place le gain à fond, histoire de. On gagne en sustain et un peu en épaisseur mais on perd beaucoup de définition, c’est dommage. Cela dit, on retrouve ce symptôme sur l’ampli original si on pousse le gain trop haut, c’est donc plutôt logique que la pédale réagisse de la même manière. En revanche, le circuit manque de dynamique et on peut difficilement obtenir un joli son en baissant le volume de la guitare.
Chug chug
Pour finir ce test, j’ai procédé comme beaucoup de guitaristes possesseurs de Mesa Boogie Rectifier et j’ai placé une Tube Screamer devant la Recto Distortion. Pour rester dans le thème, mon choix s’est porté sur la Behringer TO800 proposée à moins de 25 € en moyenne. En plaçant le gain à midi et en utilisant la TO800 comme un clean boost (volume à fond, gain à zéro), on retrouve ce côté bien resserré dans les basses et très « tight ». La pédale réagit extrêmement bien et on retrouve le son typique d’un Mesa Boogie boosté, son très apprécié encore de nos jours par de nombreux guitaristes chevelus. Dans ce contexte, avec une pédale inspirée de la Tube Screamer qui a tendance à gonfler les médiums, on obtient un son qui fonctionnera très bien en groupe. Il faut cependant passer pas mal de temps sur l’égalisation de la pédale et de l’ampli pour trouver un bon son, les réglages de la pédale étant bizarrement fichus.
Mesa vs NuX ?
Cela n’a pas beaucoup de sens de comparer le son d’un ampli à plus de 2 500 € et celui d’une pédale à 45 €. Cependant, cette petite Recto Distortion est une bonne surprise. Le son rappelle sérieusement celui d’un Mesa, avec ce mélange bizarre mais pas désagréable des modes Modern et Vintage qu’on trouve sur la série Rectifier. Elle peut constituer une première approche plutôt sympa et ludique de ce son assez particulier pour quiconque est curieux vis-à-vis des amplis Mesa. Bien que les potards semblent fragiles et que les boutons en plastique fassent franchement cheap, son tarif imbattable de 45 € lui permet d’avoir un rapport qualité/prix plus que correct.