Rocktron. Depuis longtemps, cette marque est appréciée des guitaristes, notamment pour la qualité de ses racks, quand la mode était aux « frigos » remplis d'effets. Notamment, cette compagnie s'est bâti une solide réputation à cause de son produit phare, le Hush, un noise suppressor révolutionnaire pour son époque. Rapidement, Rocktron a décliné ses effets en pédale, le Hush bien sûr, mais aussi la panoplie complète des effets, sous un format bien costaud dans de solides boitiers métalliques.
Est-ce à cause de la tombée en désuétude des racks ? En tout cas, Rocktron sort depuis quelques temps une pléthore de nouveautés au rayon pédales, avec les séries Cyber (pédales programmables), Boutique (qui seront l’objet d’un prochain test), et Reaction, que nous testerons ici et qui semblent devoir à terme remplacer les modèles « classic series ».
En l’occurrence, nous aurons à faire ici à un trio de pédales : la Distorsion I, qui comme son nom l’indique est… une distorsion. Puis la Super Charger, qui comme son nom ne l’indique pas, est une pédale d’overdrive, et enfin la Super Boost, qui, on le devine, est un booster.
Allez, déballons le trio, voyons de quoi tout cela à l’air !
Présentation générale
Exit le lourd boitier métallique, les Reaction Series se présentent sous la forme plus classique et plus compacte popularisée par Boss. Enfin, c’est ce qu’on se dit avant d’ouvrir l’emballage… car une fois sorties de leurs boîtes, ces pédales se révèlent bien plus massives que leurs sœurs ainées. À la fois plus longues, larges, elles semblent usinées dans une pièce de métal bien épaisse qui apporte à la pédale un poids… plus que certain !
La mise en route de l’effet (câblé en true bypass) se fait donc classiquement par une pédale « à la boss » surmontée de son pad en caoutchouc. Au dessus, on retrouve le nom de la pédale sur une plaque métallique, laquelle s’enlève en dévissant à la main deux petites vis pour donner accès à la trappe de la pile. À condition de ne pas paumer les petites vis, c’est tout de même plus facile et pratique que le système auquel nos amis japonais nous ont habitués (qui n’a jamais couru après le ressort de la pédale qui se fait immanquablement la malle quand on change la pile ?)
La mise en route de la pédale active une petite paire de LEDs blanches, judicieusement placées car éclairant les potards et la sérigraphie de la pédale, assez profondément renfoncées pour éviter toute manipulation intempestive lors d’un coup de pied généreux. Là encore, c’est une trouvaille bien pensée pour ceux qui font de la scène: pas moyen de louper les noms des paramètres une fois plongé dans l’obscurité, il sera donc possible d’influer sur les réglages « au vol » sans risque de se tromper.
Pour le reste, que ça soit pour les jacks, les potards, la finition de la pédale, rien à redire. C’est du costaud, du massif, on sent que c’est fait pour durer et endurer les pires traitements. Une fois posées sur scène, peu de risque de voir ces pédales bouger, vu la masse de métal dans laquelle elles sont faites, et peu de danger de casse vu la conception. Bref, tout ceci est de bon augure… reste à voir comment tout ceci va sonner… c’est l’essentiel, isn’t it ?
Place au gros son avec la Distorsion I !
Distorsion I
Seule pédale de la gamme réaction dédiée aux distorsions, on retrouve sur celle-ci les contrôles auxquels on s’attend : un potentiomètre de gain, un potentiomètre level, une section d’égalisation. Il s’agit ici d’une version à médiums semi-paramétriques… Comme on ne dispose au total que de quatre potentiomètres sur la pédale, deux potentiomètres concentriques permettent le contrôle de l’égalisation : les contrôles basses / aigus sur l’un, le contrôle des médiums (fréquence / gain de la bande médium) sur l’autre.
Branchons-nous donc pour voir ce que cette pédale a dans le ventre… Pour que vous puissiez vous rendre compte, j’ai comme à l’habitude enregistré quelques samples à votre intention. La guitare utilisée est de type Les Paul (une Kraken Janus custom), un ampli à transistors (ZT Amplification Lunchbox), un baffle Marshall en V30 repris par un M160. Le tout directement dans la carte son et sans subir aucun traitement.
- 01 Distortion I Metal00:29
- 02 Distortion I Glam00:23
- 03 Distortion I differents gains00:57
- 04 Distortion I parametrique creux mediums00:15
- 05 Distortion I parametrique boost mediums00:23
Il ressort assez rapidement que cette pédale est vraiment dédiée aux distorsions… Le sample utilisant différents gains montre qu’à de faibles taux de gain, la pédale se comporte d’une manière un peu « raide », et n’est pas trop à l’aise dans le registre des overdrives fins, coupant le son assez brutalement.
Par contre, dès qu’on commence à monter dans les tours, la Distorsion I se met à chanter de belle manière. C’est une distorsion dense, avec une belle dynamique et une attaque qui ressort bien.
Pour peu qu’on sache s’en servir, l’égalisation semi-paramétrique ouvre les portes d’un tas de styles. Du coup, la distorsion I se sent à l’aise aussi bien dans les registres Heavy-Rock, que Glam (cf. samples), Death Metal ou tout autre style demandant un taux de saturation dépassant le simple stade de l’overdrive.
Au final, la Distorsion I a tous les atouts pour faire face sans rougir à la concurrence, surtout si on prend en compte sa construction extrêmement robuste qui permettra de tout lui faire subir sans broncher.
- les sonorités
- la polyvalence
- la construction
- pas à l’aise en overdrive
Quant aux overdrives… eh bien il y a une pédale pour ça, et justement elle est la prochaine à passer sur le grill.
Super Charger
Un potard de gain, un tone, un level, une plaque verte avec le nom de la pédale dessus, le tout dédié aux overdrives… la Super Charger reprend les contrôles et un design plus qu’éprouvés depuis une certaine pédale mythique toute verte et japonaise qui fait figure de mètre-étalon en la matière depuis les années 80.
Et effectivement, on trouvera un petit air de famille aux overdrives délivrés par la Super Charger. Les différents samples le montrent, on peut aller d’un overdrive léger à quelque chose de confinant presque à la distorsion, qui permet de jouer aussi bien du blues que du rock. Contrairement à son ainée, la Super Charger va encore plus loin en terme de gains, et surtout son voicing coupe un peu moins le bas du spectre. La tonalité est également un peu plus efficace, permettant d’aller d’un son « ouaté » à un son assez agressif.
Branchée sur un ampli à lampes qui crunch, on pourra booster celui-ci avec la Super Charger, utilisation que recommande d’ailleurs Rocktron sur son site.
- 01 bypass super charger00:12
- 02 super charger 100:10
- 03 super charger 200:12
- 04 super charger 300:14
- 05 super charger 400:14
- 06 super charger 500:15
Cette pédale est donc un bon overdrive, permettant d’aller de sons légers à bien plus velus, et reste plus polyvalente que la plupart de ses concurrentes (il faut dire que ce marché est très saturé… sans mauvais jeux de mots !)
- les sonorités
- la construction
- rien
Il nous reste à présent la Super Booster, dont le test sera des plus simples…
Super Booster
Dernière pédale de notre test et non des moindres… la Super Booster n’a en tout et pour tout besoin que d’un seul potentiomètre de contrôle. Son rôle: offrir jusqu’à +25 dB de gain au signal appliqué en entrée, le tout de manière absolument transparente.
Pour le test, j’ai donc sorti ma tête Jet City JCA 20H (testée par AudioFanzine en mars dernier), et j’ai appliqué de plus en plus de gain.
Résultat: aucun mensonge sur la marchandise. Augmenter le gain du boost augmente le gain de la distorsion de l’ampli, en faisant tordre plus fort l’étage de lampes du préampli, et sans en changer le grain. Simple, efficace, que demander de plus ?
- 01 JCA 20H sans super booster00:09
- 02 JCA 20H plus super booster 100:10
- 03 JCA 20H plus super booster 200:10
- 04 JCA 20H plus super booster 300:10
- 05 JCA 20H plus super booster 400:09
- simplissime d’utilisation
- très transparente
- rien
Conclusion
Rocktron a réussi à concevoir de dignes héritières à sa série « classic ». Bâties comme des tanks, ces trois pédales ne manquent pas d’atouts pour se positionner face à la concurrence, dont leur prix de 115€ prix public. Les sonorités sont de qualité, d’une belle polyvalence (enfin, sauf le boost…), et vu leur construction, ces pédales ne sont pas prêtes de vous laisser en rade. À essayer.