Le marché est rempli de pédales d'effets en tout genre, certaines nous font envie, d'autres non, mais nous n'avons pas toujours le porte-monnaie adéquat pour nous les offrir. Alors, nous rêvons un jour d’en créer une, mais faute de courage et d'expérience, nous n'osons pas nous lancer. Tout ceci va changer ! Nous allons voir comment fabriquer son premier effet !
Le choix !
Quand on parle de booster dans le DIY (Do It Yourself), on pense souvent à l’éternelle pédale d’Electro Harmonix : la LPB1. Le schéma de cette dernière est facile à se procurer, la fabrication d’une dizaine de parts est à la portée de tous. Mais ce n’est pas l’effet que j’ai sélectionné pour cette semaine ! Nous allons nous faire les crocs sur de l’exotique, munie de 11 composants. J’ai le plaisir de vous présenter la Super Hard On, alias : la SHO ! Il s’agit d’un booster permettant de booster votre son, ou de le « crader » un peu, beaucoup, à la folie.
Maintenant que nous avons le schéma, il ne faut pas encore se lancer, un peu de patience mes amis ! Nous n’allons pas expliquer en détail le fonctionnement de la pédale, car ce n’est pas le sujet de cet article, mais simplement préciser que : R = résistance, C = condensateur, In = jack d’entrée, Out = jack de sortie, 9V = alimentation, Z = diode zener et Q = transistor (notre pièce maîtresse). Tout le monde a été identifié, l’heure n’est pas encore au câblage, mais plutôt au « layout ».
Le laya quoi ?
Le « layout » signifie : dessiner au propre le placement des composants, afin de faciliter l’étape de fabrication (ceci est une traduction approximative de la langue Kryptonienne). Mais attention cette étape est importante ! Car un mauvais placement et votre effet fonctionnera mal ou pas du tout. Donc il faut prendre tout son temps pour ce dessin. Mais comme je suis sympa, je vous l’ai déjà dessiné.
Nous noterons quelques points importants :
– Le potentiomètre est un 5K Reverse Log, chez certaines boutiques sa référence : C5K
– Le fil bleu à côté de C2 est un jumper, afin de relier le condensateur à la masse.
– Mon logiciel ne permet pas de dessiner les jacks (sinon il serait parfait).
– R7 est la résistance qui permet de limiter le courant dans la LED.
– N’ayant pas pu dessiner la LED : LED – est la patte négative et LED+ est la patte positive (la plus grande).
Chauffe petit fer !
Il faut maintenant réunir tout le matériel nécessaire à la fabrication. En plus de la liste fournie avec le dessin, il nous faudra : une pince coupante, une pince normale, un fer à souder, une perceuse, de l’étain, du fil, un jack stéréo, un jack mono, un boîtier, une prise alimentation 2,1mm, un knob, une prise pour pile 9V, une LED et son support. Tout est sur la table, il ne reste plus qu’à chauffer le fer !
Nous commençons par souder les composants sur la plaque à bandes. Pour bien positionner les pièces, nous posons en premier la résistance R3 et le condensateur C1, histoire d’avoir un point de départ. Ensuite il ne reste qu’à continuer en les soudant dans l’ordre de lecture (de gauche à droite).
N’oubliez pas de souder le Jumper (pardonnez mon daltonisme, il est rouge sur ma photo et bleu sur le dessin). Une fois ceci fait, il faut découper la carte. Nous allons laisser deux colonnes libres à droite et à gauche et une ligne en haut en plus. Tracer au marqueur (pour facilité la découpe) et découper. Nous pouvons la couper, soit avec une paire de ciseaux, soit une scie à métaux, soit au laser, ou ce que nous avons sous la main.
La carte est finie pour le moment. Passons au boîtier, il va falloir placer toutes les parts dedans avant de percer. Ici nous avons choisi un Hammond 1590B pour l’emballage, mais libre à vous de choisir ce que vous désirez. Pour les débutants, nous conseillons quand même de choisir la taille au-dessus, car tout rentre de justesse. Pour gagner de la place, je cale le potentiomètre sous notre plaque à bandes. Cette dernière a perdu ses angles, dans le but de la coller le plus haut possible.
Tout est en place ? Alors, un coup de marqueur sur l’emplacement de chacune des pièces. Le perçage est une étape délicate, nous recommandons de commencer avec un petit foret (diamètre 5), puis d’augmenter petit à petit, afin d’éviter la moindre bavure. Ensuite libre à vous de décorer votre effet comme vous le sentez (pourquoi pas des petites fleurs), mais il faut le faire avant d’assembler le projet.
Assemblons et serrons le tout. Notons quelques points importants :
– La pédale face contre terre est à l’envers, donc le Jack Stéréo In est à gauche
– La LED est à gauche (et à droite sur mon dessin), car je n’avais pas la place de la mettre ailleurs.
– L’orientation des 9 broches du footswitch doit être à l’horizontale.
La dernière ligne droite ! Nous devons câbler le tout. Pour le coup il n’y a pas d’ordre précis, mais si vous avez opté pour notre disposition, alors nous vous conseillons de souder en premier le potard, qui se trouvera sous votre plaque.
Pour ne pas vous embrouiller, nous avons volontairement attendu le dernier moment, avant de vous expliquer comment relier les jacks au circuit. Comme un dessin vaut tous les mots, voici les explications :
Quelques petites réponses aux questions que vous avez en tête (nous sommes télépathes !)
– Souder le fil rouge de la pile sur la fiche centrale comme sur le dessin, car cette broche est déconnectée lorsque vous brancherez votre alimentation secteur.
– La masse de la pile sur le Jack IN ? Vous l’aurez sans doute compris, en guitare nous utilisons du Mono, donc la fiche stéréo du Jack se met à la masse lorsque vous branchez votre guitare, donc active la pile. Cela permet de désactiver la pile lorsqu’on n’utilise plus la pédale.
Vingt minutes plus tard… Le câblage est fini, nous revissons la plaque arrière. Si vous avez opté pour notre disposition, n’oubliez pas de mettre un peu de mousse entre la plaque et le potard. On y insère un jack dans l’entrée pour voir si tout fonctionne. La LED ne s’allume pas… Le stress commence à se faire sentir. On appuie sur le footswitch. Miracle ! La LED brille de mille feux !
Nous courrons en direction de l’ampli, armée d’une LP et de notre nouvel effet. La pédale fonctionne à merveille ! C’est un beau booster et plus si affinité. De 0 à 4 nous avons un Boost transparent, idéal pour ajouter quelques décibels à notre solo. De 5 à 7 nous sommes dans le Crunch chaleureux. De 7 à 10 c’est la saturation comme nous aimons. La petite garde un esprit « Tubey » permettant d’avoir un bon son Rock Old School. Direction l’enregistrement ! Nous prenons notre LP, une tête Marshall à lampe, un micro PG57 et un petit cab 1×12'' muni d’un V30.
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Alors content ? Ce projet est à la portée de tous, à condition d’avoir les outils pour le réaliser. Ce petit effet vous coûtera en moyenne une trentaine d’euros. C’est le prix à payer pour avoir un nouveau son sympathique ainsi que la fierté et le plaisir de le faire soi-même.