L’histoire des Character Series débute il y a un peu plus de deux ans, lorsque Tech 21 décide de commercialiser cinq pédales simulant chacune un ampli de légende. Le succès est immédiat, et pousse la marque à sortir trois nouveaux modèles en 2010. Nous avons testé la Oxford, pédale aux écorces d’orange...
Cette gamme de pédales a pour vocation première d’être un substitut d’ampli, et de permettre au guitariste de se brancher directement dans une table de mixage ou une carte son. Mais pas seulement. Ces petites boites peuvent aussi se brancher dans un ampli et lui apporter une couleur différente, chose importante pour le guitariste avide de nouveaux horizons sonores.
Jusqu’à présent, la gamme était composée de cinq modèles, la British simulant un Marshall, la Liverpool aux accents de Vox Beatlesien, la Blonde reprenant les traits sonores d’un ampli signé Léo Fender, la California mimant un Mesa Boogie, et enfin pour les bassistes la VT Bass, couleur Ampeg. Les pédales couvrent déjà un large panel sonore, mais Tech 21 a voulu aller plus loin en annonçant pas moins de quatre nouveaux modèles : la Leeds très Hi-Watt pour ceux qui ont raté le fameux concert des Who, la US Steel qui ouvre les portes de l’antre Métal aux guitaristes à cheveux gras, la VT Bass Deluxe qui offre une version améliorée de la VT Bass et enfin, la Oxford qui nous intéresse aujourd’hui et qui annonce tout de suite la couleur, avec son boitier tout d’orange vêtu.
Cette pédale nous fait donc faire un bon de 40 ans en arrière, en simulant les fameux amplis de la marque Orange, figures de prou du Glam Rock incarné par des groupes comme T-Rex. Cependant, la pédale permettra aussi quelques virées dans les contrées hantées par des formations plus sombres comme Black Sabbath. Pour résumer, cette pédale nous promet des sons clairs, et de quoi faire du bon vieux rock 70’s, du métal vintage et même du stoner. Alors en route vers la cité universitaire.
C’est par Isis que ça se passe
Première question que doivent se poser nos lecteurs : dans quelles situations cette pédale pourrait m’être utile ? Eh bien, un peu dans toutes. La pédale, tout comme ses soeurs de série, est aussi bien à l’aise branchée dans un ampli, que dans une table de mixage ou une carte son. Il est donc envisageable d’arriver en concert avec cette pédale, pourquoi pas quelques autres, et c’est tout, pour peu que la salle vous accueillant dispose d’une sonorisation. Fini les lumbagos infligés par ces diables d’amplis qui ont toujours la bonne idée de peser autant qu’un cheval mort. Bien sûr, rien ne vous empêche de garder votre ampli et de brancher la boiboite en entrée, à l’instar d’une pédale de disto, afin de transformer votre Fender clair comme de l’eau de roche en méchant stack crasseux. Il sera aussi possible de chainer la Oxford avec d’autres pédales d’effets, comme une wah placée devant ou un Flanger et une réverbe placés derrière.
Le principal avantage de cette pédale est donc le fait même que ce soit une pédale : sa taille et son poids lui permettent de se glisser aisément dans une housse de guitare. Au déballage, Tech 21 nous sort le grand jeu, avec une boite en aluminium frappée de leur logo et renfermant précieusement notre pédale orange métallique. Un sticker et un maigre manuel anglophone plus tard, nous nous tournons vers la petite orange, renfermant la fameuse technologie SansAmp entièrement analogique. Il faut dire qu’une pédale numérique nous aurait étonnées, la marque de fabrique de Tech 21 étant le « tout analogique », les démarquant ainsi d’une bonne partie des autres constructeurs de simulateur d’amplis. Nous verrons plus tard dans le test que cette conception entièrement analogique apporte de nettes différences, tant sur le plan ergonomique que sonore.
Commençons simplement avec les entrées et sorties, qui sont au nombre de deux au format jack 6,35 mm. L’entrée au niveau instrument accueillera le jack de votre guitare et activera la pédale lorsque le connecteur sera enfiché. Si vous utilisez la pédale avec une pile, il faudra donc déconnecter le jack de l’entrée; afin de préserver votre petite pile de 9V. L’autonomie annoncée est de 100 heures environ, mais il sera évidemment possible d’utiliser un bloc secteur, non fourni mais standard, et le brancher sous la prise jack « out ». La position de la prise secteur est assez inhabituelle, et peu pratique. On aurait préféré la voir derrière, dommage.
La sortie jack est asymétrique et a une impédance de 1kOhm, qui permettra à la Oxford de se brancher dans l’entrée guitare d’un ampli. Cependant, le volume de sortie autorisera aussi à sortir en niveau ligne afin d’attaquer confortablement la table ou la carte son. Le constructeur assure aussi la possibilité d’utiliser de longs câbles, classe.
Passons maintenant aux contrôles…
Contrôle surprise, sortez une copie double
On note la présence de six potards et d’un switch, en plus de l’obligatoire footswitch qui respire la qualité et qui permet de bypasser (buffered bypass) la pédale. On retrouve donc un égaliseur trois bandes (grave, médium et aigu), qui ont la particularité de pouvoir couper mais aussi, contrairement à certains égaliseurs passifs, booster les fréquences. La bande médium permet d’agir autour de 500Hz (+/- 12dB), la bande grave à 120Hz (-12 à +22 dB) et la bande aiguë à 2,5kHz (-12 à +30dB). Nous verrons qu’il jouera un rôle très important.
Afin de gérer les niveaux d’entrée et de sortie, nous utiliserons les potards « Level » pour la sortie et « Gain » pour l’entrée. Le potard de Level est très efficace, car il permet de passer d’un niveau instrument à un niveau ligne. Il faudra donc le manier avec précaution afin d’éviter de faire saturer l’entrée de votre ampli ou de votre carte son. Le potentiomètre de gain permet quant à lui d’augmenter le volume et la saturation sur la première moitié de sa course, et la saturation seulement sur la deuxième moitié.
Le potard « Character » est sûrement celui qui génère le plus d’interrogation, il a pourtant un rôle primordial. Ce bouton permettra de changer progressivement la réponse en fréquence et le type d’ampli. Il influencera aussi sur le gain et l’attaque, il faudra donc d’abord le régler avant de s’attaquer au gain et à l’égaliseur. Nous verrons en effet que les différents réglages interopèrent de manière très significative.
Enfin, un petit switch permet d’activer ou désactiver le simulateur de haut-parleur, imitant un greenback repris par plusieurs micros. Ceci est une nouveauté du cru 2010 que vont apprécier les guitaristes voulant utiliser la pédale avec leur ampli. Tech 21 conseille d’essayer cependant les deux réglages et de se fier à ses oreilles, ils ont bien raison ! Le switch agit comme un filtre coupe haut de 6dB par octave et le guitariste devra essayer et tourner les boutons afin de trouver la meilleure combinaison simulateur de haut-parleur – égaliseur.
Où Tamise la pédale ?
Il est temps de choper la première guitare qui vient et de la brancher dans la Oxford, qui sera quant à elle reliée à notre carte son. On commence avec les réglages à midi, puis on tourne le potard de « Character ». Ce dernier permet de transformer le son et de passer d’un ampli clean ou crunchy avec un son plus tranchant très brit-pop à un ampli beaucoup plus chargé en basses et en gain comme on peut l’entendre sur certains morceaux de Led Zep ou Black Sabbath. Évidemment, tous les intermédiaires sont possibles, ce qui confère à ce réglage une très grande importance. Afin d’illustrer nos propos, voici un exemple sonore : nous poussons peu à peu le potard Character, les autres réglages restent inchangés.
L’égalisation est aussi ultra efficace, et le fait que l’on puisse booster certaines fréquences influe aussi sur le niveau de saturation. Tous les réglages interfèrent, ce qui donne à la Oxford des possibilités quasi infinies. En contrepartie, le guitariste pourra passer du temps à régler la pédale. Mais quel bonheur de sentir les différents potards véritablement modeler le son ! Le gain a lui aussi une grande action, tout comme le volume qui permettra de gérer n’importe quelle situation. L’impression de pouvoir régler le son à sa guise est très forte, et le panel sonore est assez vaste. De plus, la Oxford réagit très bien aux coups de poignets et possède une très bonne dynamique, permettant au guitariste de conserver toute son expressivité.
Quant à la qualité de la modélisation, elle nous a convaincus. Le souffle est très bas, même avec le gain poussé, et le son nous a paru très équilibré et troublant de vérité. La pédale fera bien l’affaire en live et pourquoi pas en studio. Certes, la Oxford garde un son assez typé, un prix relativement élevé (environ 200€) et ne permet pas de sauver ses presets, mais elle fait à la perfection tout ce qu’elle entreprend, sans esbroufe.
Afin de vous faire votre propre opinion, voici quelques exemples sonores, réalisés avec une Telecaster Deluxe munie de micro Seymour Duncan P-Rails, une Gibson Les Paul Studio et une Gretsch G5129 munie de micros TV Jones Magna’Tron :
- T21 Les Paul 100:16
- T21 Les Paul 200:20
- T21 Gretsch 100:30
- T21 Gretsch 200:21
- T21 Telecaster clair00:29
- T21 Telecaster crunch00:26
- T21 Telecaster crunch 200:29
- T21 Telecaster sat 100:21
- T21 Telecaster sat 200:25
- T21 higain00:10
Conclusion
Tech 21 continue sur sa lancée en rajoutant une pierre à l’édifice Character Series. La Oxford est sans surprise et fait tout ce qu’on lui demande. À l’aise dans toutes les configurations, elle comblera à coup sûr les guitaristes adeptes des sons « à l’orange ». Les différents réglages sont très efficaces et donnent à cette pédale de grandes possibilités sonores. La qualité du son est sans faille et chaque guitariste devrait avoir une pédale SansAmp ou Character Series dans sa housse de guitare, au cas où. Le tout analogique a encore de beaux jours devant lui.