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Guide d’achat
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Choisir son jeu de cordes pour basse - Quelles cordes de basse acheter ?

Vos cordes de basse sont mortes, le son est d’une platitude sans nom, l’une d’elles vient de casser en pleine répet, et la rouille commence à ronger les mécaniques. Il est temps de les changer.

Choisir son jeu de cordes pour basse : Quelles cordes de basse acheter ?

Mais lesquelles ache­ter ? Au prix d’un set de cordes pour basse (de 15 à 50 euros selon les marques et les modèles), autant ne pas se trom­per !

Bien­ve­nue dans un des petits enfers quoti­diens du bassiste, le choix des cordes. Élément très person­nel et trop souvent sous-estimé dans lequel se recoupe un ensemble de facteurs très divers. Le bon jeu de cordes pour une basse donnée (avec ses carac­té­ris­tiques tech­niques), pour un objec­tif de son donné (en fonc­tion du style musi­cal à abor­der) et un bassiste donné (avec sa façon de jouer et sa morpho­lo­gie) est une combi­nai­son de nombreux critères. Rien de plus banal que la corde et pour­tant, c’est sur celle-ci que se posent vos doigts, à chaque instant du jeu, d’où l’im­por­tance non négli­geable d’un bon choix !

Nous allons essayer ici de passer en revue les diffé­rents éléments impliqués au moment du choix d’un set de cordes. Bien sûr, si les diffé­rents facteurs à prendre en compte sont présen­tés ci-après dans un certain ordre, il va de soi que ces éléments se recoupent large­ment, et qu’il faut les consi­dé­rer tous dans leur ensemble. D’autre part, nous allons partir du prin­cipe que vous choi­sis­sez vos cordes dans l’ab­solu, pas en tenant compte unique­ment de ce qui est dispo­nible dans votre boutique habi­tuelle. Pour chacun des termes, j’es­saie­rai de donner la traduc­tion anglaise, en effet nous verrons que la prédo­mi­nance des termes et influences améri­caines est incon­tes­table dans ce domaine.

Aver­tis­se­ment : j’omets volon­tai­re­ment de citer expli­ci­te­ment des marques, pour deux raisons :

  • Comme indiqué, le choix de cordes est éminem­ment subjec­tif, ce qui sonne bien pour l’un est moche pour l’autre, ce qui fait mal aux doigts pour l’un est super confor­table pour l’au­tre… Aucune impar­tia­lité possible.
  • N’ayant pas tout testé moi-même (ce qui ne serait de toute façon pas objec­tif), et ne dispo­sant pas de la liste complète des toutes les cordes dispo­nibles sur cette planète, je ne saurais prétendre à une exhaus­ti­vité pour­tant indis­pen­sable si je m’avi­sais de recom­man­der une marque ou un modèle.

Je vais donc me « conten­ter » de vous donner les éléments pour choi­sir, dans votre cas précis, ce qui semble­rait être le « cahier des charges » d’un jeu de cordes qui vous corres­pond. Quel fabri­cant y corres­pond ? On peut toujours en parler sur le forum (topic spécial « cordes ») mais là, vous aurez plusieurs sons de cloche (et ça, c’est bien).

Diapa­son rouge

La toute première ques­tion à prendre en compte, dans le choix d’un jeu de cordes, est la longueur desdites cordes. En effet, celle-ci doit être adap­tée au diapa­son (« scale ») de la basse.

Ce diapa­son corres­pond à la longueur de corde vibrante, c’est-à-dire entre le sillet à un bout, et le pontet du cheva­let à l’autre bout. Cette longueur est usuel­le­ment donnée en pouces (unité de mesure anglo-saxonne). Le diapa­son le plus courant est 34 pouces (soit 86,36 cm), c’est le diapa­son histo­rique des basses Fender et par exten­sion, c’est devenu le stan­dard du marché. Il est couram­ment dénommé « long scale » par oppo­si­tion au diapa­son plus court d’autres marques histo­riques.

Ne négli­geons pas cepen­dant les autres tendances :

« Short Scale »

Le « short scale » ou diapa­son court, est présent sur de nombreuses basses typées vintage (la plupart des Dane­lec­tro, les basses de type Hofner Violin popu­la­ri­sées par Sir Paul McCart­ney…). On trouve ainsi des basses de diapa­son 32 pouces voire 30 pouces. Pour ces basses, il existe des jeux de cordes spéci­fiques chez de nombreux fabri­cants. Atten­tion néan­moins, d’un fabri­cant de basse (ou de cordes) à l’autre l’ap­pel­la­tion « short scale » corres­pond soit à 32 pouces, soit à 30 pouces. Il est possible d’adap­ter des cordes légè­re­ment trop longues sur un diapa­son plus court (des cordes de 34” sur un 32”, des cordes de 32” sur un 30”), mais un trop grand diffé­ren­tiel risque d’être un peu dur à monter (sauf à couper une grande propor­tion de la corde).

« Extra Long Scale »

Le « extra long scale » est un diapa­son plus long que le stan­dard 34”. Le plus courant est 35 pouces, on rencontre égale­ment des cas (rares) de basses en 34,5 pouces (chez certains luthiers) ou en 36 pouces. Le béné­fice attendu de ce diapa­son allongé est une augmen­ta­tion de la tension de la corde à tirant égal, notam­ment pour les basses au registre étendu vers le grave (5 et 6 cordes, accor­dage plus grave que le stan­dard, etc.).

Pour ces cordes « extra long scale » il existe bien souvent une version adap­tée chez la plupart des fabri­cants de cordes. Le set « stan­dard » d’un fabri­cant couvrira géné­ra­le­ment le 34”, éven­tuel­le­ment le 35” (sur ce point, ne pas hési­ter à deman­der au fabri­cant ou à un cama­rade bassiste pour être sûr avant d’ache­ter, tout de même), mais guère plus. Pour des basses à très long manche, ache­tez des cordes adap­tées !

« Fanned Frets »

une basse Ding­wall avec un diapa­son compo­site et les frettes en éven­tail

Le « fanned fret », ou frettes en éven­tail, égale­ment appelé « diapa­son compo­site », est assez ancien mais a été remis au gout du jour par le luthier Novax aux États-Unis. Un certain nombre d’autres luthiers se sont empa­rés de l’idée (breve­tée aux USA).

Il s’agit d’une adap­ta­tion pour les instru­ments à cordes pincées, d’un prin­cipe ancien et mis en œuvre notam­ment dans les pianos : les cordes corres­pon­dant aux notes les plus graves sont plus grosses, mais aussi plus longues que les cordes des notes plus aiguës.

Dans ce cas d’une basse, le diapa­son est donc plus long du côté des cordes graves que du côté des cordes aiguës (ici sur cette Ding­wall, 37 pouces côté grave, 34 pouces côté aigu). Le choix des cordes devra très logique­ment tenir compte de cette parti­cu­la­rité.

Le règne des tirants

Autre élément physique de la corde outre sa longueur : son diamètre ou « tirant ». Là encore, domi­na­tion de l’in­dus­trie améri­caine oblige, ils sont expri­més en pouces ou plutôt en centième de pouce : un La stan­dard a un diamètre de 0,080 pouce, on dira que c’est une corde de 80 ou de 0.080 (les deux façons d’écrire se rencontrent).

Pour une corde d’une note donnée (par exemple le Mi), plus la corde est fine, plus elle sera souple sous les doigts et facile à faire bouger. Plus la corde est grosse et plus elle sera dure sous les doigts, mais le son sera plus net et « sec ».

Sur une basse 4 cordes, accor­dée norma­le­ment (Mi-La-Ré-Sol du grave vers l’aigu), les cordes ont le plus souvent des tirants de 100 – 80 – 60 – 40. Par conven­tion cepen­dant, les tirants d’un jeu de cordes sont indiqués dans l’ordre inverse, de l’aigu vers le grave. Un jeu stan­dard est donc 40–60–80–100 ou simple­ment 40–100.

Il est possible, toujours dans le cadre d’un accor­dage normal, d’uti­li­ser des cordes plus fines, on parlera alors de tirants « légers », par exemple 35–55–75–95. Ce genre de cordes sera appré­cié d’un bassiste utili­sant des tech­niques modernes (slap, tapping…) car les cordes souples répon­dront plus faci­le­ment sous les doigts.

Il est égale­ment possible, toujours pour un accor­dage normal, d’uti­li­ser des cordes plus grosses, par exemple 45–65–85–105 (noté simple­ment 45–105). La corde sera plus dure sous les doigts, peut-être plus fati­gante à jouer, mais le son sera plus net au niveau des attaques.

Les exemples que je cite montrent une progres­sion par 0,02 pouces (un palier de 20) entre chaque corde, mais cette progres­sion n’est pas systé­ma­tique : chez certains fabri­cants, le set de cordes stan­dard pourra par exemple être 45–65–80–100. D’autres fabri­cants ont des tirants inter­mé­diaires, comme un Mi en 102 ou un Sol de 46.

Il n’y a pas de meilleur tirant, ou de plus adapté à une basse précise. Ce point est inté­gra­le­ment une affaire de préfé­rence person­nelle d’un bassiste.

En outre, pour un même tirant (par exemple une corde de 100 pour un Mi grave), la sensa­tion physique de dureté de la corde sous les doigts pourra être diffé­rente entre une marque et une autre, ou d’un modèle de corde à l’autre. Ce point peut prove­nir du maté­riau de construc­tion de la corde (nous en parle­rons plus loin) mais aussi de l’in­ter­ac­tion entre une corde précise et les carac­té­ris­tiques de la basse (rigi­dité du manche, trans­mis­sion des vibra­tions dans le corps).

Ainsi, un bassiste à la recherche d’une corde plus ou moins tendue que son type de corde actuel pourra aussi bien cher­cher du coté d’une corde plus épaisse ou plus fine de la même marque et modèle, qu’une corde de même taille mais d’un autre fabri­cant ou maté­riau.

Enfin, pour les bassistes dési­rant s’ac­cor­der plus grave ou plus aigu que la normale, le tirant des cordes employées est le levier le plus courant pour adap­ter l’ins­tru­ment à la tona­lité souhai­tée. En effet, s’ac­cor­der plus grave que la normale avec des cordes prévues pour un accor­dage normal va résul­ter dans des cordes trop souples, pas assez tendues, et un jeu diffi­cile et peu précis. Réci­proque­ment, s’ac­cor­der plus aigu que la normale avec des cordes stan­dard va accroitre la tension exer­cée par les cordes sur le manche, au risque d’en­dom­ma­ger celui-ci. Le recours à des cordes plus fines est dans ce cas encore plus indis­pen­sable.

Une basse en bois du Japon et des cordes du même métal

Troi­sième élément de choix des cordes, le maté­riau dans lequel elles sont construites, et plus globa­le­ment la construc­tion de la corde elle-même.

corde contrebasse

Ici un petit point d’his­toire s’im­pose: les premières cordes de basse élec­trique sont, fort logique­ment, appa­rues en même temps que la basse élec­trique elle-même, c’est-à-dire au XXe siècle, début des années 50 (1951 plus exac­te­ment, en ce qui concerne la basse élec­trique par Léo Fender). Desti­née à parer aux aléas du trans­port d’une contre­basse ainsi qu’à jouer le rôle de pendant grave de la guitare élec­trique égale­ment récente, elle emprunte des carac­té­ris­tiques aux deux mondes. Il en va de même pour ses cordes:

 

  • Les micros fonc­tionnent à l’aide d’un champ magné­tique, les cordes doivent donc être en métal pour provoquer une varia­tion de ce champ magné­tique, contrai­re­ment aux cordes des instru­ments à cordes « clas­siques » qui sont à l’époque en boyau (avant l’ap­pa­ri­tion du nylon).
  • Les cordes de ces instru­ments clas­siques ont une surface exté­rieure lisse: on dit que leur « file­tage » est plat.

Afin de combi­ner ces deux éléments, les premières cordes de basse sont donc en métal (plus exac­te­ment en nickel). La tech­nique de construc­tion consiste à enrou­ler un fil de métal en faisant un ou plusieurs tours autour d’un premier fil recti­ligne appelé âme de la corde. Le fil exté­rieur enroulé autour de l’âme est en fait un ruban plutôt qu’un fil, afin que la surface exté­rieure de la corde soit lisse. On dit que cette corde est à « filet plat »

Des cordes filet plat

cordes basse

C’est à partir de ce premier type de corde que se déve­loppent ensuite trois voies d’évo­lu­tion de la construc­tion des cordes de basse :

Le maté­riau de construc­tion :

Les proprié­tés magné­tiques du nickel étant peu satis­fai­santes (surtout tenu compte des proprié­tés magné­tiques égale­ment peu perfor­mantes des micros de l’époque), les fabri­cants de cordes s’at­tachent à tester divers maté­riaux. Outre le nickel pur (« pure nickel ») que l’on peut encore trou­ver actuel­le­ment, les deux maté­riaux les plus courants actuel­le­ment sont donc d’une part l’acier pur (en anglais « Stain­less Steel » soit « acier inoxy­dable »), d’autre part l’acier plaqué d’une fiche couche de nickel (« nickel plated steel »). Notons que les cordes en pur nickel sont deve­nues très rares et que lorsque dans la vie courante on oppose cordes acier ou cordes nickel, on parle en fait le plus souvent pour ces dernières de cordes qui sont unique­ment plaquées de nickel.

Du point de vue du bassiste, les deux maté­riaux diffèrent sur trois points

  • * les cordes en acier sont en géné­ral plus rugueuses et rêches au toucher que leurs équi­va­lents à surface nicke­lée (que ce soit pur nickel ou placage nickel). Il y a des bassistes pour qui c’est imper­cep­tible (d’au­tant plus que c’est très variable d’une marque à 'autre), et d’autres pour qui l’un des deux maté­riaux est rédhi­bi­toire (certains sont inca­pables de jouer sur des aciers, qui leur irritent le bout des doigts, d’autres sont inca­pables de jouer sur des nickels, qui sont trop glis­santes pour eux).
  • les cordes acier ont en géné­ral un son plus creusé que les cordes nickel, c’est à dire plus riches en fréquences très graves et (lorsqu’elles sont neuves) en fréquences très aiguës, tandis que les nickels ont géné­ra­le­ment tendance à avoir des médiums plus présents. Ces diffé­rences sont assez flagrantes sur des cordes neuves, et condi­tionnent aussi large­ment la façon dont les cordes vieillissent.
  • La façon de vieillir des cordes est très diffé­rente. En effet en dehors de tout problème méca­nique qui endom­ma­ge­rait la corde, le vieillis­se­ment est essen­tiel­le­ment dû à la corro­sion (oxyda­tion) du métal de la corde, en parti­cu­lier à l’ex­té­rieur. Les cordes perdent une partie de leurs carac­té­ris­tiques sonores (et aussi visuelles).

Les cordes acier, au départ plus « brillantes » aussi bien niveau son (c’est-à-dire riches et aigus et en claquant) qu’au niveau visuel (couleur acier brillante), deviennent très vite plus mattes, c’est-à-dire qu’elles perdent leurs aigus en même temps qu’elles perdent leur couleur et deviennent plus sombres. Ce son mat devient rapi­de­ment assez sourd, les cordes acier sont rare­ment utili­sables sur une durée assez éten­due (ceci étant à l’ap­pré­cia­tion du bassiste, certains trou­vant que la corde manque déjà d’ai­gus au bout d’une à deux semaines, quand d’autres s’en accom­modent plusieurs mois).

Les cordes nickel, au départ moins riches en aigus que les acier, ont tout de même un brillant sonore carac­té­ris­tique lorsqu’elles sont neuves. Ce brillant dispa­raît lui aussi en quelques jours à semaines, la corde devient « matte ». La diffé­rence cepen­dant se situe dans la qualité de ce vieillis­se­ment, consi­déré comme plus agréable par certains bassistes, ce qui donne­rait aux cordes nickel une meilleure longé­vité, à condi­tion bien sûr d’ap­pré­cier ce son plus mat. En fait plutôt qu’une longé­vité, c’est une accep­ta­bi­lité plus grande du son, avec une courbe de chan­ge­ment du son plus étalée dans le temps.

Notons au passage que puisque les cordes ont des carac­té­ris­tiques sonores assez diffé­rentes lorsqu’elles sont neuves par rapport à quelques jours ou semaines après leur instal­la­tion, du coup un certain nombre de bassistes préfèrent le son des cordes plus mattes par rapport aux neuves.

Le file­tage exté­rieur de la corde

cordes basse

Les premières cordes de basse étaient à filet plat, c’est-à-dire lisses à l’ex­té­rieur (en anglais « flat­wound », comme les cordes de contre­basse. Dans les années 60 sont appa­rues des cordes dont le file­tage exté­rieur était réalisé avec un fil et non un ruban, et qui sont donc moins lisses au toucher, plus rugueuses, avec l’as­pect du fil visible. On appelle ces cordes des « filets ronds » ou « round­wound ».

Ce type de cordes est devenu depuis très majo­ri­taire par rapport aux plats. Il existe des filets ronds en acier et en nickel, de même que des plats en acier et en nickel.

cordes basse

Les filets plats ont un son plus mat que les ronds dès le départ, asso­cié aux musiques dites « vintage » inspi­rées des sons de basse des années 50 ou 60. Ce son est plus stable dans le temps, après une première phase de rodage de quelques semaines géné­ra­le­ment, le son d’un jeu de cordes à filets plats évolue géné­ra­le­ment peu pendant parfois plusieurs années.

En termes de toucher sous les doigts, les cordes filets ronds sont très diffé­rents des plats. Les filets plats sont à la fois plus doux (en raison de leur surface lisse) et plus « accro­cheurs » c’est-à-dire oppo­sant une résis­tance à la surface du doigt, par exemple pour effec­tuer un slide. Si le toucher des cordes à filet rond est assez compa­rable d’une marque et d’un modèle à l’autre (au moins tant que l’on reste entre cordes acier ou entre cordes nickel), en revanche le toucher des cordes à filet plat est très variable d’une marque à l’autre.

Enfin notons qu’il existe aussi, pour faci­li­ter des choses, des construc­tions inter­mé­diaires

  • Les filets demi-ronds (« half-round ») sont des cordes construites avec un file­tage exté­rieur effec­tué avec un fil de forme ni complè­te­ment ronde, ni complè­te­ment plate, à peu près ovale. La surface est d’un toucher inter­mé­diaire entre filet rond et filet plat, le son égale­ment.
  • Les « ground­wound » sont des cordes à filet rond dont la surface exté­rieure a été poncée pour avoir un effet lisse comme un filet plat. Le toucher est censé être très simi­laire à un filet plat tandis que le son se rappro­che­rait d’un filet rond.

La tech­nique de construc­tion de la corde

Une corde de basse est consti­tuée d’un fil plein sur lequel est enroulé une ou plusieurs épais­seurs de fil, comme nous l’avons vu plus haut. Pour une corde d’un tirant léger, il peut n’y avoir qu’un seul fil autour de l’âme de la corde. Pour une corde d’un tirant lourd, il y a de nombreuses épais­seurs de fil autour de l’âme.

cordes basse

À partir de cette façon de faire assez simple, les fabri­cants de cordes ont poussé l’ex­plo­ra­tion de la tech­nique de construc­tion de la corde dans plusieurs sens :

  • Jouer sur la forme de l’âme : la plupart des fabri­cants utilisent une corde dont l’âme est ronde, comme le fil enroulé autour par la suite. Certains ont imaginé utili­ser une âme d’une autre forme (hexa­go­nale notam­ment). Ceci est censé faire varier les proprié­tés de la corde, et notam­ment renfor­cer sa rigi­dité à tirant équi­valent par rapport à la construc­tion tradi­tion­nelle.
  • Démar­rer l’en­rou­lage au bout de la corde ou plus loin : au niveau du cheva­let et du pontet, la corde forme un angle qui peut être assez prononcé si le diamètre de la corde est élevé. Afin de réduire cet angle, des fabri­cants ont imaginé réduire le diamètre de la corde à ce niveau en faisant démar­rer une partie du file­tage plus loin. Appe­lée « taper­wound ». elle est d’au­tant plus signi­fi­ca­tive sur les cordes de gros diamètre, bien entendu.

 

cordes basse

Dans une version encore plus pous­sée, certains fabri­cant vont jusqu’à ne pas mettre du tout de file­tage au niveau du début de la corde, lais­sant là l’âme à nu (c’est poétique non ?). On appelle cela « expo­sed core ».

Le débat entre le gain de souplesse de la corde (qui amélio­re­rait les vibra­tions) proposé par ce type de construc­tion, au regard de la fragi­lité suppo­sée que cela entrai­ne­rait, alimente et alimen­tera encore des pages et des pages de forum de bassistes dans toutes les langues…

 

  • La corro­sion étant l’en­nemi n°1 de la corde de basse, des fabri­cants ont imaginé tout simple­ment recou­vrir la corde d’un enduit très fin, de type poly­mère plas­tique, afin de proté­ger le métal en-dessous contre l’oxy­da­tion. Ce type de cordes « enduites » (ou « coated ») a pour avan­tage attendu de conser­ver les proprié­tés « claquantes » de la corde quasi neuve plus long­temps. Autre consé­quence immé­diate et prévi­sible, cela change égale­ment beau­coup le toucher de la corde, qui devient plus glis­sante. Certains bassistes adorent, d’autres détes­tent… les goûts et les couleurs…
  • Parlons juste­ment des couleurs : le gris acier est telle­ment XXe siècle ! Depuis quelques années à peine, des fabri­cants proposent des cordes colo­rées, soit par le biais de cordes enduites comme précité (et dont le revê­te­ment serait coloré), soit en tein­tant direc­te­ment le métal de la corde. Pourquoi ne pas essayer des cordes rose bonbon ?

5, cordes, 6 cordes, 7 cordes, trop-de-cordes…

Avec la popu­la­ri­sa­tion de plus en plus pous­sée des basses à registre étendu (5 cordes bien sûr, mais aussi 6 voire 7 !), de nombreux fabri­cants proposent main­te­nant des jeux de cordes déjà assem­blés pour ce type de basse. Aux 4 cordes tradi­tion­nelles sont ajou­tées des cordes plus grosses (pour les notes plus graves) ou plus fines (pour les cordes plus aiguës).

Cepen­dant de nombreux bassistes jouant sur ces basses à registre étendu sont confron­tés à des besoins très spéci­fiques, et la progres­sion un peu « auto­ma­tique » des tirants dans ces jeux de cordes est souvent battue en brèche. Par exemple, à partir d’un jeu de 4 cordes en 45–65–85–105, on imagine que la corde de Si grave sera un 125 (105 + 20, comme pour les diffé­rences entre les 4 autres cordes). Or si un 105 est un Mi d’un calibre normal à tendance un peu lourde, un Si grave de 125 est plutôt consi­déré comme léger, le stan­dard serait plutôt à 130 ! Ques­tion de tension à main­te­nir malgré l’ac­cor­dage grave.

Les jeux de cordes des fabri­cants auront donc tendance, quand on atteint les 5 voire 6 cordes, à ne plus vrai­ment suivre de règle. D’autre part, de nombreux bassistes passant (par exemple) de 4 à 5 cordes vont avoir tendance à ache­ter le même jeu que pour leur basse 4 cordes, pour s’aper­ce­voir que le Si grave proposé par le fabri­cant dans le pack pour 5 cordes ne leur plait pas…

À ce problème existe une solu­tion, qui malheu­reu­se­ment multi­plie le problème du choix des cordes : ache­ter ses cordes à l’unité, au moins pour les cordes du registre étendu (la 5e voire 6e corde). La plupart des fabri­cants vendent en effet leurs cordes à l’unité dans une grande variété de tirants en dehors de ceux préas­sem­blés dans les packs. N’hé­si­tez pas à pana­cher si besoin ! Revers de la médaille : à choi­sir sépa­ré­ment ses 4 cordes prin­ci­pales puis par exemple son Si grave, on multi­plie le problème du choix par deux : rien en effet n’em­pêche de ne pas mettre le même type de corde voire la même marque !

Notons au passage que cette pratique du pana­chage est courante chez les contre­bas­sistes, qui vont avoir tendance à adop­ter une à deux cordes d’une marque et d’un type, puis une à deux d’un autre type voire une autre marque. La basse élec­trique moderne à 6 cordes et la contre­basse clas­sique, même combat…

Quand et comment chan­ger ses cordes ?

Chan­ger ses cordes quand elles cassent : cela parait évident, mais ça va mieux en le disant : quand une corde de basse casse (ce qui est très rare), c’est que les 4 (5, 6…) sont usées. Chan­gez-les toutes ! Ne serait-ce que pour conser­ver un son homo­gène, et ne pas avoir une corde neuve qui sonne très claquant alors que les autres sont ternes !

Note : si vos cordes de basse cassent régu­liè­re­ment, et en parti­cu­lier toujours la même corde / au même endroit, il ne s’agit proba­ble­ment pas d’usure de cordes, mais d’un problème sur l’ac­cas­tillage qui endom­mage celle-ci (le plus courant étant un pontet un peu rugueux qui cisaille la corde). Un tout petit coup de lime à l’en­droit incri­miné peut résoudre vos problèmes pour bien moins cher qu’un nouveau jeu de cordes…

Chan­ger ses cordes quand elles sont mortes : oui, mais quand ? On touche là à quelque chose de très person­nel, entre les goûts du bassiste (a quel point de fraî­cheur aimez-vous vos cordes : complè­te­ment neuves, complè­te­ment faites, ou entre les deux ? Et vos fromages ? :D) et son porte-monnaie (à 20 euros le jeu de cordes, qui les change toutes les semaines ? Atten­dez d’être une rock star endor­sée pour chan­ger tous les jours…).

Dans tous les cas, au moment d’un chan­ge­ment de cordes, si vous rempla­cez un jeu par le même (même marque, mêmes tirants), norma­le­ment pas de souci, allez-y. Vous trou­ve­rez sur le net des tuto­riaux sur ce point d’en­tre­tien courant. Profi­tez de ces quelques minutes pour faire un léger check-up : passer un coup de chif­fon voire de polish sur le corps et le manche, coup de chif­fon aussi sur les parties métal­liques. Si votre basse est active, contrô­lez l’état de charge de la pile.

Véri­fiez aussi vite fait l’in­to­na­tion de votre basse : accor­deur en main (vous en avez peut-être de toute façon besoin pour réac­cor­der votre basse), jouer une corde à vide (la ! la ! laaaaaaa !) puis la même à l’oc­tave (case 12), puis l’har­mo­nique case 12 (doigt fine­ment posé sur la corde au-dessus de la 12e frette, sans appuyer). La note à vide doit être juste, mais aussi l’oc­tave et l’har­mo­nique. Ce n’est pas le cas ? Un réglage s’im­pose !

Si vous chan­gez de tirants ou de type de cordes, ou simple­ment de marque (même avec le même tirant théo­rique !), la tension exer­cée sur le manche par les cordes peut chan­ger la cour­bure de celui-ci. Un contrôle voire réglage du manche est indis­pen­sable, de même qu’un réglage de l’in­to­na­tion de la basse. Si vous êtes un peu brico­leur ou déjà expé­ri­menté, avec un bon tuto­riel c’est loin d’être infai­sable et vous appren­drez beau­coup de choses sur votre instru­ment.

Atten­tion : soyez tout de même sûrs de ce que vous faîtes dès que vous abor­dez le truss rod.

En cas de doute (il n’y a pas de honte à ne pas savoir régler sa basse), ou si c’est votre premier chan­ge­ment de corde, faîtes appel à un pro. Votre prof de basse, ou un luthier. De nombreux maga­sins proposent aussi ce service réglage. Certains y sont meilleurs que d’autres. Le bouche à oreille parmi les amis musi­ciens vous donnera les bonnes adresses. Le net peux aussi y contri­buer, mais méfiance : on poste beau­coup pour donner de mauvais avis, on poste rare­ment pour compli­men­ter…

Conclu­sion

Voilà, il ne vous reste plus qu’à surfer sur les sites des fabri­cants pour déter­mi­ner quel sera votre prochain jeu de cordes. On sous-estime souvent à quel point un bon jeu de cordes, adapté à la basse, elle-même bien réglée, fait beau­coup pour le confort de jeu et le son. La plus belle basse du monde ne sonne pas avec des cordes mortes et réglées comme une arba­lète. Un bon jeu de cordes, un bon réglage, et vous vous y senti­rez comme dans des pantoufles !

Enfin, je tiens à présen­ter mes excuses aux lecteurs agres­sés par les jeux de mots idiots :).


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