J’ai lu quelque part que le génie de Léo Fender concernait surtout ses choix commerciaux. Il a été un des premiers constructeurs à avoir compris que le succès d’un instrument électrique passe par la qualité de son amplification. Il a donc accompagné chaque nouveau modèle de guitare d’un équivalent au rayon des amplis. Sans le Bassman, la Précision aurait certainement mis plus de temps à connaître le succès ! C’est avec cette même logique que nous donnons suite au guide d’achat sur les basses par un second, concernant cette fois, les amplis.
Watt for ?
Il n’y a pas si longtemps, vous avez acheté votre première basse et un petit combo pour jouer chez vous. Vous avez fait vos premières armes, mais l’heure est grave, car vous allez devoir maintenant faire vos preuves : vous voilà dans un groupe ! ça y est, on va enfin pouvoir vous entendre ! La pratique de votre art va pouvoir sortir des quatre murs de votre chambre pour s’exprimer collectivement, dans la joie et la bonne humeur. Là, en fonction de la situation géographique de mes lecteurs, il y a deux types de situations possibles : vous êtes un rat des villes, vous vivez en appartement et vos frères d’armes partagent le même type de logement. Parce que la mamie du haut est cardiaque et votre voisin du bas, un ancien champion de boxe pas mélomane du tout, vous avez abandonné l’idée d’inviter votre groupe à se produire dans votre salon. Vous êtes donc contraints d’aller dans un studio de répétition pour pouvoir jouer. Second cas de figure, au moins un des membres du groupe est un rat des champs et goûte à la douceur de la vie rurale, dans une maison avec un grand garage ou un sous-sol. Du coup, le groupe en profite pour investir les lieux.
Eh bien dans les deux cas, chers amis bassistes, il va vous falloir un ampli, un poil plus costaud que votre vingt watts ménager. Dans le premier cas, cet ampli vous servira à vous produire sur scène ; dans le second, il vous servira à vous faire entendre en répétition comme en concert. Eh oui, il va encore falloir sacrifier quelques économies sur l’autel de votre passion ! Mais je préfère parler d’investissement et vais même essayer de vous guider vers une bonne affaire. Commençons par un peu de théorie, dont le premier mérite et d’avertir et de permettre par la suite, un raisonnement logique dans votre achat.
So Watt ?
Je vais donc commencer par rappeler quelques éléments de base concernant l’amplification de votre instrument. Ô combien importante, puisqu’elle constitue le dernier chaînon dans la production de votre son, avant qu’il ne s’insinue au creux des oreilles du public et surtout, des vôtres !
Comment fonctionne un ampli ? Schématiquement, il est composé de trois éléments distincts :
Égaliseur standard à trois bandes |
Le préampli : Il reçoit le signal électrique de la basse (très faible dans son intensité et fort en impédance) et l’adapte avant de passer à l’étage de puissance. En fait, on pourrait presque considérer ce dernier comme un premier étage de puissance. Pour cela, il est doté d’un gain et d’un égaliseur plus ou moins sophistiqué pour corriger au besoin le grain de l’instrument, en modifiant ses fréquences. On utilisera pour cela les bandes d’égalisation, qui permettent de pousser ou de couper des ensembles de fréquences. Il y a trois types de bandes : basse, médium et aigüe. Sur la plupart des façades embarquées, on retrouve ce classique de l’égalisation.
Il est cependant possible de voir cet étage agrémenté d’une double bande de médiums (bas médiums et hauts médiums) d’un semi-paramétrique toujours affecté aux médiums (balayage de la fréquence et niveau) ou d’une interface graphique pour régler cette tâche.
Egaliseur à 4 bandes | Égaliseur semi-paramétrique avec sélecteur de fréquence médium |
Égaliseur graphique |
Certains préamplis proposent à leur utilisateur la possibilité d’user de “raccourcis”, filtres et autres boost, sous la forme simple d’un switch permettant de pousser ou de couper le gain des fréquences dédiées au graves (boost), aux médiums (contour) et aux aigus (boost).
à droite juste avant le master, le “Shape” Control |
Enfin, à l’instar des préamplificateurs dédiés à la guitare électrique, nos préamplis comportent parfois plusieurs étages permettant de jouer sur la couleur du son, la distorsion du signal, en mettant à contribution un circuit comportant des éléments spécifiques, tels que des lampes de préamplification (12Ax7, ECC83, ECC82…) ou une simulation de ces dernières. Il est alors possible de choisir un canal ou un second et parfois de mixer les deux.
Préampli à deux canaux |
La saturation peut aussi se proposer en passant le signal par un second gain qui vient pousser le signal jusqu’à le faire gerber.
Préampli avec étage de saturation |
L’amplificateur : Son rôle est des plus élémentaires, il amplifie le signal suffisamment pour qu’il soit diffusé par le ou les haut-parleurs. Depuis 1975, grâce à l’initiative de la compagnie Marshall, les amplis disposent d’un gain supplémentaire à celui du préampli. On l’appelle Master, ou volume général. Son avantage premier est de pouvoir gérer les niveaux de sortie des deux étages en simultané et d’obtenir un son saturé, sans avoir à pousser le volume général.
Il existe plusieurs classes de fonctionnement d’amplificateur de basse. Afin de vous éclairer sur ce point sans me répéter, je vous renvoie au chapitre qui lui est dédié au sein d’un précédent test. Notre amplificateur génère de la puissance électrique, cette dernière étant exprimée en watts, c’est cette puissance qui définira an grande partie, votre volume de sortie maximal.
En plus des différentes classes d’amplification, les composants qui génèrent la puissance peuvent varier. De la lampe aux transistors (de type classique ou MOSFET), les fabricants proposent différentes solutions pour des coûts et des avantages variables et plus ou moins discutables.
Enfin, les bassistes que nous sommes peuvent disposer d’un système en bi-amplification. Cela ne veut pas dire que leur ampli tourne à voile et à vapeur, mais implique que le signal qui sort de l’ampli est scindé en deux parties (hautes fréquences et basses fréquences) grâce à un filtre crossover pour les diriger sur des enceintes différentes. De cette manière, le musicien pourra répartir les aigus et les graves sur une enceinte ou l’autre en fonction de leur spécificité propre. Nous verrons un peu plus bas les caractéristiques sonores des configurations types que vous trouverez sur le marché de l’enceinte.
L’enceinte : appelée aussi caisson ou baffle (ou cab), elle constitue le dernier maillon de votre chaine sonore. Composée d’un ou plusieurs haut-parleurs et d’une structure consolidée (faite de panneaux en bois aggloméré ou d’alliage). Les haut-parleurs répondent à l’acronyme HP et au surnom de gamelle, ils se proposent aux bassistes en plusieurs tailles. Allant généralement de huit à dix-huit pouces (la norme dans ce domaine étant d’oublier notre système métrique pour adopter des unités de mesure anglaises), les configurations qui nous concernent se concentrent généralement sur le quinze pouces, le dix pouces et le douze pouces. Leur rôle est de produire le son à partir du signal électrique sortant de l’ampli via un procédé simple : un aimant servant de générateur de champ magnétique continu fait bouger une bobine de cuivre en fonction de la tension du courant qui la parcourt, comme cette bobine est rattachée à une membrane, son mouvement entraine une vibration de cette dernière, produisant un son.
À droite, deux versions du 4X10 pouces, à gauche de bas en haut, un 15 pouces, un 2X10 et un douze pouces |
Plus le diamètre d’une gamelle est important, plus sa surface vibratoire (la membrane) sera large et à même de faire des mouvements amples, afin de reproduire correctement les basses fréquences. On considèrera donc le quinze pouces comme un boomer (haut-parleur pour les graves), le dix pouces et le douze comme des enceintes médiums et les tailles inférieures préposées aux aigus. Autre type de haut-parleur spécialisé dans la reproduction des aigus et que l’on retrouve souvent sur la façade de nos amplis : le tweeter (que l’on traduira par “corne d’aigus” dans la langue de Molière et que l’on ne confondra pas avec le site communautaire homophone). Il existe des tweeters à cône (réduction d’un HP classique), les tweeters à dôme (on remplace la membrane par un élément solide) et les tweeters piézo-électriques (un cristal de quartz ou de baryum voit sa taille varier en fonction de la tension qui le parcourt, ces variations mettent en mouvement une membrane pour produire le son).
Le choix du ou des haut-parleurs ne se limite pas à leur taille, mais aussi à leur conception : du type d’aimant utilisé à la membrane, le rendu ne sera pas le même en fonction de la nature de ces éléments.
Connectiques d’une enceinte de 2X10 pouces, avec contrôle du volume de tweeter |
A l’origine, nos enceintes ne comportaient qu’un gros boomer de quinze pouces pour encaisser surtout les fréquences graves, mais les fabricants ne tardèrent pas à proposer des configurations associant plusieurs gamelles. Ainsi, Fender déclina le premier ampli pour basse équipé de quatre haut-parleurs de dix pouces (appelé communément 4X10) à peine deux ans après le premier Bassman, dès 1954. Depuis, ce type d’enceinte s’est démocratisé, on retrouve dans tous les catalogues de fabricants d’amplis ce classique, avec le 2X10 (deux HP de 10 pouces), le traditionnel 1X15 (une gamelle de quinze pouces) et parfois du douze pouces, seul ou appairé (1X12 ou 2X12). Enfin les ajustements du caisson et le positionnement des enceintes sont tout aussi importants pour permettre une bonne diffusion, car un caisson ne se cantonne pas au simple rôle de support pour les HP. Sa fonction principale est de diriger les ondes sonores, d’abord en façade et surtout à l’intérieur de ses parois. Car un haut-parleur produit aussi une onde sonore vers l’arrière et il est très important de prévenir cette onde de venir interférer avec celle projetée en façade. Le volume de l’enceinte encaisse donc cette onde qui résulte sur une pression acoustique (en gros, un déplacement de l’air). On l’aménage d’ailleurs à cet effet en usant de panneaux internes et de la laine acoustique. Une astuce caractérise nos enceintes, qui se doivent d’assurer du volume et une bonne couverture des fréquences graves : il s’agit du caisson Bass reflex. Le principe est simple, on renvoie la pression acoustique en façade par un ou plusieurs évents (en général en bas du caisson, à distance du HP). Voilà pourquoi on retrouve de larges ouvertures sur les caissons de basse.
Ces dernières n’ayant rien d’une chatière, n’en déplaise aux facéties de votre animal de compagnie préféré.
Pour résumer les choses en une phrase, le préamplificateur définit le signal, l’ampli fournit la puissance électrique et l’enceinte diffuse un volume sonore.
Le préampli, l’amplificateur de puissance et l’enceinte peuvent se proposer en version combinée, on parlera alors de « combo ». Mais il est aussi possible de jouer sur une tête d’ampli (comportant ampli et préampli) dissociée des enceintes, il s’agit alors d’un « stack » (ou un deux-corps). Certaines marques proposent même des préamplificateurs indépendants de leur amplificateur.
Combo ou Stack ?
Voilà la première bonne question à se poser et pour y répondre, nous nous pencherons sur les avantages et inconvénients de chaque système.
Le combo : le tout-en-un, c’est avant tout une solution pratique permettant gain d’espace, facilité logistique et économie de connectiques. On allume le combo, on y branche sa basse et il suffit de monter le volume pour pouvoir jouer. Le marché du combo est aujourd’hui étendu et propose une variété de configurations de HP, un large panel de préamplis et d’amplis, pour des puissances allant aujourd’hui jusqu’à 750 watts ! Mais de mon point de vue, on ne choisit pas une solution combo pour taper dans la grosse puissance, il y a pour cela les deux corps qui proposent généralement de meilleures performances sur les gros volumes de sortie. Communément, on choisit cette solution pour son accessibilité tarifaire et pour le côté pratique de ses proportions. Jusqu’à 300 watts, c’est un choix à la portée d’un large public. Au-delà de cette puissance, un combo a ses limites dues à son format, surtout pour notre instrument (rappelez vous, l’onde sonore, la pression acoustique, tout ça…). Quand il y a moins de place, l’air circule plus difficilement et cela bride les performances des haut-parleurs. Les combos de gamme supérieure et de forte puissance proposent des alternatives à ce défaut (raccordement à une enceinte supplémentaire, performances accrues de leur diffusion en multipliant ses pôles), mais ils se heurtent alors à la rude concurrence des systèmes en deux corps.
Exemple d’alimentation à découpage avec dissipateur de chaleur |
Le Stack : le deux corps élimine les problèmes de volume précédemment cités. La tête d’amplification est séparée des HP qui jouissent pleinement du volume du caisson. On peut aussi considérer le fait que les vibrations subies par l’ampli et le préampli sont amoindries, du fait que ces composants ne sont pas rattachés à l’enceinte. Mais la qualité principale de la solution en deux corps réside dans sa modularité. Vous pouvez acheter une tête d’ampli et faire varier sa diffusion au gré de vos besoins. Contrairement au combo, rien ne vous empêche de changer d’enceinte ou d’ampli si l’un ou l’autre ne vous convient plus.
Le deux corps propose ainsi des puissances supérieures à la solution combo et une alternative au rachat d’un système complet, quand vos besoins viennent à changer. Certaines têtes (amplis de Classe D comprenant une alimentation à découpage) peuvent même fonctionner sans baffle et donc être utilisées seules pour s’enregistrer, pas besoin de trimballer son enceinte au studio. Mais attention ! Dans la plupart des cas, une tête doit être connectée à un baffle pour ne pas surchauffer et se voir transformer en fumigène improvisé (et coûteux).
Les défauts d’une solution en deux corps : son prix, généralement supérieur, et son encombrement, les dimensions des caissons indépendants étant légèrement augmentés.
Il existe cependant des caissons indépendants de moindre volume et poids, à performances égales. C’est tout l’enjeu des technologies actuelles telles que l’aimant en néodymium qui équipe de plus en plus nos haut-parleurs ou le recours à l’enceinte isobarique, pour ne citer que ces deux solutions.
Les critères de choix
Maintenant que vous avez acquis les principes de bases et pour ceux qui n’ont pas abandonné cette lecture fastidieuse, je vais tenter de vous conseiller dans le choix de votre matériel. Il est difficile pour moi de donner des solutions à chacun de vos besoins personnels et cet article n’a pas pour fonction de faire la publicité d’une marque ou d’un modèle en particulier. Je me limiterai donc à vous fournir les clés d’un bon investissement. Vous apprendrez donc à choisir votre amplification en fonction des éléments précédemment décrits. Le plus dur sera de pouvoir réunir toutes ces qualités dans un seul combo si vous choisissez cette solution d’amplification, il sera pourtant nécessaire d’estimer séparément ses composants.
Un bon préamplificateur
Le choix d’un préampli doit répondre à votre goût quant à sa définition. En tant que bassistes, nous avons un penchant naturel pour un rendu linéaire (qui reproduit au mieux le grain naturel de l’instrument) avec un peu de chaleur en plus. Mais certains d’entre nous, à l’instar de nos faux frères guitaristes, vont chercher une couleur particulière : un grain un peu plus rock ou carrément rond, la teinte caractéristique de la distorsion qui passera au besoin par un étage à lampes. Il existe donc des préamplis plus ou moins neutres et dans le cas ou ces derniers viennent colorer le son, leur incidence est considérable à l’écoute. Il faut souvent essayer un maximum de marques pour se rendre compte des grains qu’elles proposent. L’idéal pour cela serait de pouvoir entendre le signal d’un préampli sans passer par l’ampli et l’enceinte, en utilisant un casque ou une sortie ligne.
À ce sujet, j’en viens sur un autre point important concernant les connectiques embarquées. Voilà ce que l’on peut trouver sur un étage de préamplification et qui peut se rendre bien pratique pour l’utilisateur :
– L’entrée jack : c’est le minimum, sauf pour les amplis belges ! (Je peux me permettre hein, étant wallon, une fois) C’est donc là que l’on branche sa basse. Cette entrée peut être double, pour permettre de brancher deux instruments (l’un actif, l’autre passif), elle peut aussi être simple et disposer d’un switch faisant baisser le gain d’entrée de 10 décibels (pour les basses actives). Dans quel but ? Simplement pour réduire les différences de gain entre ses deux types d’électronique équipant nos basses chéries.
- Sortie casque (mini-jack) : pratique sur les amplis de salon, plus rare sur les gros systèmes qui ne sont pas forcément faits pour cela.
– Entrée auxiliaire (mini-jack ou RCA) : permet de brancher une source extérieure (lecteur, ordinateur, etc.) pour pouvoir s’en servir à l’entraînement. Comme pour le casque, on la trouve rarement sur les amplis de scène. Mais c’est une option qui se croise de plus en plus sur les façades des amplis de cent watts.
Détail du Direct Out avec post EQ et Ground/lift |
– Line out (jack) : une sortie non symétrique (qui en général ne passe pas par l’égaliseur du préampli) qui vous permet d’envoyer le signal vers un autre ampli, pour multiplier votre pôle de diffusion.
– Direct out (XLR) : Permet d’envoyer un signal symétrique vers une table de mixage ou un enregistreur, très commode en studio comme sur scène pour « repiquer » le son. Elle est souvent accompagnée de deux switch (Ground/lift et post Eq) qui permettent respectivement d’éviter le phénomène des boucles de masse* et bypasser l’égaliseur du préampli pour égaliser sur la table.
– Boucle d’effet (deux jacks) : permet de monter ses effets en parallèle, pour pouvoir moduler leur niveau sur le signal et surtout placer la chaîne d’effet après l’égaliseur. Quand vous branchez vos pédales entre l’instrument et l’ampli, on appelle ça un montage en série, l’égaliseur vient alors corriger le signal modulé par l’effet. De plus, le signal sonore partant de votre instrument passant obligatoirement par les circuits de vos pédales, il s’en trouvera modifié. C’est la raison pour laquelle on a inventé le concept de True Bypass qui n’équipe malheureusement pas toutes nos pédales.
Détail d’une boucle d’effet, ici doublée |
Ceci est une liste exhaustive des raccordements de votre étage de préamplification. Vous remarquerez cependant que tous les fabricants ne proposent pas forcément l’ensemble de ces connectiques. À vous d’estimer quels sont réellement vos besoins afin d’estimer l’offre et de prévoir les câbles en conséquence. Pour ce qui est des réglages du préampli, à commencer par l’égaliseur, le marché est assez varié. Les fabricants n’ont pas tous la même philosophie sur ce point, certains se limitant à un égaliseur à trois bandes, d’autres passant par le semi-paramétrique, quand ils n’usent pas de la solution graphique. Mon conseil serait de vous laisser choisir un système qui vous ressemble. Pour ma part, j’aime les choses simples : Une bande grave, sa sœur en médium et une dernière pour les aigus et je suis capable de faire ma popote. Maintenant, il peut m’arriver d’avoir besoin de pousser certaines fréquences dans les médiums et dans ce cas, un semi-paramétrique sera le bienvenu (dans les faits, je m’en passe tout à fait). Pour tous mes amis bassistes un peu énervés et qui aiment les amplis qui saturent, je vous invite à bien vérifier que votre ampli dispose d’un gain en plus du volume général ou au mieux qu’il propose un étage séparé attribué à la chose, avec pourquoi pas, une ou deux lampes de drive pour donner un joli grain à votre son de trublion à quatre cordes.
On utilise aussi les lampes en préamplification pour apporter un lot d’harmoniques propres à la distorsion de cette dernière, attention il ne faut pas confondre distorsion du signal et saturation. Dans le cas présent, le son restera clair, mais verra son signal teinté par le truchement des lampes.
La puissance ?
Avantages de la class D couplée à une alimentation à découpage : la miniaturisation, ici une tête de 400 watts RMS ! |
Ici, il suffit de choisir la puissance qui vous convient. Pour commencer à jouer en groupe, on vous conseillera de ne pas descendre en dessous de 80 watts pour la basse. Pour ma part, je ne peux que vous encourager à prévoir plus, afin de toujours disposer d’une réserve de puissance et de ne pas jouer continuellement en poussant votre système dans ses limites. Un ampli proposant de 150 à 200 watts me paraît idéal pour bien commencer, après tout, qui peut le plus peut le moins. Vous pourrez ainsi faire face à des besoins impondérables en puissance si cela s’avère nécessaire et vous allongerez la durée de vie de votre ampli.
En plus de la puissance, il y a un autre facteur à souligner, celui de l’encombrement et de la logistique. Car dans une tête d’ampli, ce qui pèse le plus lourd et prend beaucoup de place reste l’alimentation. Il existe aujourd’hui des alims à découpage, qui réduisent considérablement les problèmes de poids et de format. J’en utilise moi-même une et j’adore pouvoir glisser mes 400 watts dans ma housse de basse. Il n’est pas rare aujourd’hui de tomber sur des systèmes miniatures qui proposent un son de qualité pour la basse, employant la classe D. À nous d’en profiter puisque ce type d’amplis est surtout fait pour la guitare basse !
Sorties pour enceintes sur une tête descendant jusqu’à 2 ohms. Il lui faudra deux enceintes de 4Ohms pour développer toute sa puissance |
Sur certains combos comme sur les têtes d’ampli de manière générale, vous remarquerez qu’un ampli propose des seuils de puissance (exprimés en watts) en fonction de son impédance (exprimée en Ohms). Comme je n’aime pas paraphraser les autres et qu’il existe déjà un excellent dossier sur le sujet, je vous renvoie à Une histoire d’Ohms de Doktor Sven pour vous cultiver sur le sujet.
À propos du tout lampes
Il existe de nombreux inconditionnels du tout lampes, nostalgiques du son vintage ou idolâtres de têtes de légendes comme les premières SVT, la Fender Bassman de 59 ou la mythique DR201 d’Hiwatt. Si le matériel peut facilement plaire à un public averti pour son grain chaleureux, il est nécessaire de rappeler qu’il ne s’adresse pas à toutes les bourses. Et que son utilisation requiert moult précautions : temps de chauffe, de refroidissement, fragilité au transport, maintenance des lampes. Personnellement, je ne suis pas sensible aux charmes des lampes, je n’ai rien contre bien sûr, mais je trouve la technologie des transistors contemporains tout à fait à même de fournir un grain chaleureux, sans encombrer le musicien de la logistique du tout lampes. Aujourd’hui l’alternative des systèmes hybrides (à la fois à lampes pour le préamp et à transistors pour l’ampli) permet de jouer sur les deux tableaux. Je conseillerais donc pour un premier achat de choisir un système à transistor ou l’entre-deux précédemment cité.
Choisir son enceinte
Si vous optez pour un combo, vous n’aurez qu’à choisir la bonne configuration parmi celles proposées par la marque. Le ou les HP embarqués dans votre combo sont prévus pour marcher en binôme avec l’ampli intégré. Indispensable à votre deux corps, une enceinte peut aussi compléter la diffusion de votre combo s’il prévoit une sortie à cet effet. Les combos qui proposent ce type de raccord ne développeront leur pleine puissance qu’une fois reliés à une extension. Dans le cas de l’achat d’un cab, il est important de respecter les critères de puissance d’encaissement et d’impédance. Évidemment comme vous êtes des lecteurs modèles et que vous avez parfaitement retenu les préceptes du Doktor Sven, je n’aurai pas à revenir sur ce chapitre (je reste cependant à disposition des cancres sur le forum).
Je tiens à souligner le fait qu’une bonne enceinte pourra relever le niveau d’une mauvaise tête et qu’un choix judicieux en la matière s’impose pour aboutir au son dont vous rêvez.
Ne lésinez donc pas sur son budget. Vous êtes tout à fait libre de panacher les marques pour aboutir à vos fins, je serais même enclin à vous encourager à le faire. Il me reste donc à vous éclairer sur les spécificités sonores des configurations de base, que l’on retrouvera dans tout bon catalogue de constructeur.
1X15 pouces : C’est la référence de base, proposant l’appui d’un gros boomer pour donner le change dans les basses. Le 1X15 pouces, c’est un peu la genèse de l’amplification de basse et cette configuration, bien que rudimentaire fonctionne toujours de nos jours. De nombreux bassistes se satisferont de son emploi exclusif et à cet égard, bon nombre de fabricants ajoutent un tweeter au boomer pour l’aider à retranscrire les aigus. Car si la membrane d’un HP de quinze pouces fera toujours le travail dans les fréquences graves en produisant de larges vibrations, elle reste peu performante en matière de temps de réponse, justement à cause de l’amplitude de son battement. C’est pourquoi je conseille l’emploi du quinze pouces comme enceinte de complément, surtout si le musicien est du genre à pratiquer un jeu percussif. Je suis pour ma part un fan inconditionnel de l’association du 1X15 et du 2X10.
2X10 pouces : parfaites pour assurer de jolis médiums, crever votre plafond à coup d’aigus, assurer une réponse efficace en slap ou donner du mordant à un jeu au médiator. Les enceintes équipées de deux haut-parleurs de dix pouces sont aussi appréciées pour le faible encombrement qu’elles proposent. Elles peuvent donc s’utiliser seules pour leur ergonomie et leur signature sonore, qui favorisera plus la dynamique que les infras. Mais c’est en complément d’un quinze pouces que l’on jouira au mieux de leurs performances. Disposer de ces deux enceintes permettra aussi de moduler au mieux votre équipement en fonction de vos besoins. Utilisées seules elle peuvent sublimer un style de jeu imposé par un genre, en collaboration elles assurent une configuration des plus efficaces, assurant la diffusion d’un signal très large dans ses fréquences.
4X10 pouces : Il faut savoir que le bon rendu amplifié de notre instrument repose certes sur une diffusion performante des fréquences graves, mais la capacité d’un Cab à retranscrire la pulsion est tout aussi importante. Car si vous écoutez une ligne de basse, vous remarquerez que les musiciens que nous sommes ne passent pas leur temps à jouer des rondes. Bien au contraire, nous nous évertuons à calque notre jeu sur celui de la grosse caisse. Le 4X10 pouces a donc été développé au fil du temps pour pouvoir assurer un rendu correct dans les graves, tout en assurant un temps de réponse performant. Pour se faire, on associe quatre HP de moindre taille et cela marche depuis des décennies.
Contrairement au 1X15 et au 2X10, je considère le 4X10 comme la meilleure solution de diffusion en solo avec le 2X12. Une bonne enceinte dans cette catégorie pourra assurer seule la retranscription d’un large bouquet de fréquences tout en répondant à la plupart des impératifs de temps de réponse et de puissance. C’est un peu le couteau suisse de l’amplification pour basse, qui fonctionne très bien en association d’un boomer de 15 pouces.
2X12 pouces : C’est mon cab favori. À la fois peu encombrant et aussi performant par sa bande passante que par la dynamique qu’il propose. Il peut descendre très bas tout en restant précis dans les médiums et les aigus. Cette configuration a pourtant deux défauts : elle n’est pas vraiment complémentaire du 1X15 ou du 2X10 et elle est bien plus rare sur le marché.
C’est donc un bon parti à considérer pour un usage isolé, comme cab unique.
Pour illustrer ce comparatif, voici un tableau qui expose les différentes caractéristiques sonores de ces configurations au sein de la gamme Pro Line chez EBS. Vous y trouverez les différentes bandes passantes proposées en fonction du type d’enceinte.
EBS PROLINE |
Proline 212 |
|||
Bande Passante |
De 35 Hz à 3KHz |
De 70 Hz à |
De 70 Hz à |
De 30 Hz à |
Sensibilité |
103 Db |
100 Db |
103 Db |
99 Db |
Et quelques exemples sonores de ces quatre types d’enceinte :
- 8×1000:19
- 1×1500:19
- 2×1000:19
- 1×15+2×1000:19
- 2×1200:19
- 4×1000:19
Watt else ?
Voici mes conseils en quelques points :
Pour l’achat d’un combo :
– Pensez à vous assurer une bonne réserve de puissance, il sera difficile d’en ajouter par la suite.
– Évitez de considérer les gadgets en tout genre. Les accessoires (effets, processeur DSP, simulations, accordeur, etc.) peuvent toujours servir, mais ne doivent pas vous détourner de l’essentiel. À savoir la qualité sonore et le volume de sortie.
– Ses dimensions et son poids doivent rester pratiques, c’est l’attrait principal de la solution combo.
– Bien choisir les haut-parleurs qui l’équipent en fonction de votre jeu.
– Fuir toute forme de distorsion non désirée, si un combo bave en magasin à volume moyen, ne l’achetez pas.
– Considérez les connectiques embarquées, une boucle d’effets et une sortie DI ne sont plus un luxe de nos jours et s’avèrent très vite pratiques.
– Si le combo est puissant (au-delà de 200 watts) vérifiez avant son achat que cela ne se fera pas au prix d’une enceinte supplémentaire. Auquel cas, il vous faudra prévoir un budget en plus.
– Considérez chaque élément (préampli, ampli et caisson) du combo de manière séparée avant d’en apprécier la synthèse.
– Les réglages en façade doivent être accessibles et faciles à lire, vous devez pouvoir en juger sur scène et ainsi pouvoir corriger rapidement votre son dans des conditions d’éclairage parfois limites.
– Si le combo est massif, considérez les facilités de transport qu’il propose (ajout de roulettes, bras télescopique et autre commodité n’ont rien d’un luxe pour vos lombaires)
Pour l’achat d’un Stack :
– Ne pas lésiner sur le prix des enceintes, avoir une super tête c’est bien, lui assurer une diffusion correcte doit rester une priorité pour profiter de l’investissement.
– Ne pas hésiter à panacher les marques, c’est aussi l’avantage d’un système en deux corps.
– Ne pas se planter dans le choix de la puissance et de l’impédance de ces enceintes. La règle d’or étant de ne jamais descendre en dessous de l’impédance minimale d’une tête (c’est comme le port-salut, c’est écrit dessus, enfin généralement derrière) et d’utiliser des enceintes qui encaissent un plus de puissance que ne fournira l’amplificateur. Si vous descendez en-dessous de l’impédance d’une tête, elle se transformera en chauffage d’appoint avant de faire une jolie fumée blanche. Si vous envoyez trop de puissance à votre enceinte, ses haut-parleurs connaîtront des dommages aussi irréversibles.
– Toujours essayer ces futures enceintes avec sa propre tête ou un modèle identique, avant d’acheter.
– Si vous désirez plusieurs enceintes, favorisez leur complémentarité, surtout en matière de bande passante.
– Les réglages en façade doivent être accessible et faciles à lire, vous devez pouvoir en juger sur scène et ainsi pouvoir corriger facilement votre son dans des conditions d’éclairage parfois limites.
– Pensez au budget des câbles, une tête d’ampli se raccorde avec des câbles HP, leur qualité sera un gage de sécurité électrique. N’oubliez pas qu’entre votre ampli et vos enceintes, c’est bien du courant qui passe et non du son…
– Une enceinte avec des roulettes amovibles est un plus (j’insiste à nouveau pour vous éviter des séances de kiné), sinon prévoyez l’achat d’un chariot diable (préférez un modèle de type escalier) ou l’aide d’un pote déménageur qui s’improvisera backliner.
Dans les deux cas, je vous conseille d’éviter tous les préjugés. Il est nécessaire d’essayer moult choses avant de trouver bonheur. Ce que dit votre pote musicien ou les informations que vous glanerez sur les forums ont bien une valeur en soi, mais rien ne vaudra l’expérience de votre conduit auditif et de la masse cérébrale qui se trouve (en principe) derrière ce dernier.
Seul votre jugement personnel sera à même de savoir ce qui est bon pour vous, n’oubliez pas qu’on n’entend pas tous un son de la même manière. La perception sonore est un ressenti individuel, n’achetez pas un ampli parce qu’il plait à votre voisin, mais parce que vous l’avez essayé et pris le temps d’en apprécier les qualités intrinsèques. Prenez votre temps, ne vous précipitez pas lors de l’achat et soyez pleinement convaincu avant de faire chanter votre carte de crédit. Je vous souhaite de faire du bruit et par tous les diables, qu’il soit joli !!!
Lexique Bonus
Bande Passante : C’est la fourchette de fréquences que votre amplification est à même de couvrir. Elle s’exprime en Hertz (Hz) et Kilo Hertz (kHz). Pour vous donner quelques repères, l’oreille humaine perçoit des sons allant de 20 Hz à 20 kHz, la voix d’un individu couvre en moyenne de 50 Hz à 3 kHz.
Bi-amplification : Amplification permettant de scinder le signal entre deux amplis et de répartir ses fréquences sur des pôles de diffusion adaptés. On passera par exemple la partie grave du signal sur une enceinte de 15 pouces et le reste sur un 2X10 pouces.
Boomer : Haut-parleur spécialisé dans la diffusion des graves.
Cab : C’est le diminutif de “cabinet” en anglais. C’est la structure qui accueille les HP dans un combo ou une enceinte.
Caisson : Voir Cab
Combo : Équipement qui combine l’étage de préamplification, l’ampli de puissance et l’enceinte.
Cross-over : Permet de séparer les fréquences sur les systèmes bi-amplifiés. Ce bouton va situer le point de rupture du signal en deux bouquets de fréquences.
Distorsion du signal : C’est la modification du signal d’origine, par les composants qu’il traverse. On considère que la distorsion est une conséquence inévitable dans le cadre de l’amplification. Plutôt que de concevoir la chose comme un défaut sur le rendu, on préfère l’employer à son avantage en cultivant la distorsion, pour qu’elle vienne sublimer le signal d’origine. C’est en tout cas une pratique courante chez les fabricants d’amplis qui ne visent pas le côté Hi-Fi, mais un caractère sonore défini (on parlera de couleur).
Gamelle : Synonyme de haut-parleur
Haut-parleur : Élément moteur de l’enceinte, il convertit un signal électrique en vibration pour aboutir à la production du son.
Impédance : Voir Une Histoire d’Ohms pour un exposé complet sur la chose. Pour faire court, impédance vient du mot anglais “To impede” qui signifie faire obstacle, le terme décrit l’opposition d’un circuit électrique au passage du courant qui le traverse. Quand un ampli envoie un signal à une enceinte, cette dernière retient à ses bornes une partie du courant. Ainsi l’amplificateur voit sa puissance bridée. Pour lui permettre de développer toute sa puissance, il faut baisser la résistance induite par les enceintes, soit en choisissant des cabs de moindre impédance, soit en multipliant le nombre des baffles pour diviser la résistance qu’ils provoquent. Tous les détails se trouvent dans le dossier précédemment cité.
MOSFET : Nouvelle génération de transistors équipant les amplificateurs de puissance et permettant leur miniaturisation.
Néodyme : Nouveau type d’aimants composant les nouvelles générations de HP. Bien plus puissants que les aimants en céramique, ils permettent de limiter le poids des HP.
Pression acoustique : C’est l’onde atmosphérique (un déplacement d’air) qui se produit lorsqu’un son est généré. Dans une enceinte, quand le haut-parleur entre en action, il génère un mouvement d’air qu’il faut canaliser ou au mieux, exploiter.
Puissance RMS, puissance en crête et puissance programmable : Sont trois normes de tests effectués afin d’évaluer les limites d’encaissement d’un ou de plusieurs haut-parleurs au sein d’une enceinte. Au-delà de cette limite, une gamelle peut se mettre à fumer avant de se taire à jamais. On mesure une puissance RMS en balançant pendant un minimum de huit heures, un bruit blanc (un signal sonore comprenant toute la gamme des fréquences, à valeur égale) dans l’enceinte, de manière continue et à une puissance constante estimée comme maximale. Une puissance programmable (Program) veut simplement dire que l’on a utilisé une autre méthode pour éprouver le caisson : au lieu de tester la membrane avec un bruit blanc, on balance de la musique dans l’enceinte. Le signal étant moins difficile à supporter pour les HP, puisqu’ils ne chauffent pas en continu, la valeur d’encaissement est supérieure. Le but premier étant d’éprouver un matériel dans des conditions proches de son emploi. La puissance en crête (Peak), quant à elle, correspond à un test employant des sons courts, à niveau très élevé. On peu parler de pulsions ne dépassant pas le couple de secondes.
Sensibilité : C’est l’indicateur de capacité de l’enceinte à transformer le courant fourni par l’ampli en volume sonore. Il exprime donc le nombre de décibels (dB) obtenus pour une puissance donnée de 1 watt.
Stack : Solution d’amplification dont les éléments (préampli/ampli et enceintes) sont séparés.