Marque réputée pour son atypisme, Parker propose désormais des guitares électro-acoustiques et acoustiques comme cette PA22, aux formes baroques et originales. Mais la qualité est-elle au rendez-vous ? C’est ce que nous allons voir dans ce test…
En matière de guitare, Parker est très certainement ce qui est arrivé de plus original et innovant depuis Fender et Gibson. Ken Parker, le fondateur de la marque, a toujours cultivé sa différence, et la recherche, axée autour des technologies acoustiques et des matériaux a apporté à la marque ses lettres de noblesse.
C’est dans ce même esprit d’innovation que l’équipe de développement de Parker a conçu la PA22, une acoustique aux formes inconnues jusqu’alors. Si les premières Parker ont toutes été fabriquées aux USA, l’acoustique présentée ici provient des usines chinoises de la marque. Il est à noter que toute la création et le design de l’instrument (choix des essences de bois, études acoustiques, recherche…) ont été réalisés chez Parker, aux USA. La délocalisation en Chine concerne donc uniquement la production, qui, on le sait, peut être plus ou moins bonne, en fonction de l’usine, et du suivi apporté par les ingénieurs.
Look baroque
L’originalité de cet instrument saute aux yeux dès que l’on se retrouve en possession de l’étui rigide fourni. De forme assez standard, celui-ci possède un revêtement de type cuir usé, très doux au toucher, et assez épais. La poignée, elle aussi équipée de ce fameux revêtement, est très agréable et vous pourrez transporter l’instrument sans vous faire d’ampoules ! Dès l’ouverture de cet étui le ton est donné : l’intérieur est luxueux, tout vert, avec des tissus de protection d’excellente qualité. Sincèrement même les Gibson custom shop n’ont pas de tels étuis, Parker devrait en vendre, il ferait des heureux ! Outre la qualité des matériaux utilisés, cet étui offre une véritable protection aux chocs, ainsi qu’une barrière thermique et hygrométrique vraiment appréciable pour un instrument acoustique, par essence sensible aux variations environnementales.
La PA22 surprend du premier coup d’œil par ses formes. Ce n’est ni une dreadnought, ni une folk, ni une jumbo. La forme de son corps est très géométrique, presque comme une arbalète ! Elle ne dispose pas de pans coupés, au contraire, ses extrémités sont bombées, le corps de l’instrument fait vraiment moyen âge à tendance baroque. Son manche lui aussi répond à ce design, avec la signature ‘P’ en bas du manche, à la place des frettes. La tête, qui est toute petite, possède un creux en ‘V’ à son extrémité, avec une seconde signature ‘Parker’. Des formes donc surprenantes, qui ne plairont pas à tout le monde.
Il reste que le choix des bois est pour le moins impressionnant, une vraie invitation au voyage ! La PA22 est dotée d’une table en cèdre du Canada, d’un dos et des éclisses en sapelli d’Afrique, d’un manche en acajou d’Indonésie et d’une touche en palissandre, d’un chevalet en ébène d’Afrique et de mécaniques grover fabriquées à Taiwan. Si vous ajoutez à cela une finition (vernis) réalisée au Japon, vous aurez presque fait le tour de la planète !
Manche baraque
La touche Palissandre est particulièrement réussie, et aucun gommage n’est à signaler, le bois est très peu crevassé, signe de qualité. Le frettage est parfait, aucun défaut n’est présent, à noter à ce sujet la présence de la fameuse ‘frette zéro’ qui apporte un meilleur sustain au son, et une justesse accrue.Le manche et la tête de l’instrument sont recouverts de palissandre, donnant une unité de ton très agréable à regarder, d’autant plus que le manche de la PA22 est composé de cinq pièces de bois (Cf. site de Parker).
Le manche, justement, de forme en ‘V’ est très typé 60’ : il est large, mais peu épais. La touche est assez plate, très légèrement bombée, une action basse est possible si vous la faites régler par un bon luthier. Cela sera d’autant plus utile que la largeur du manche le rend un peu délicat à manipuler !
Le sillet de la PA22 est en os, ce qui assure une bonne circulation des cordes et une plus grande rigidité dans le maintien des cordes. La guitare dispose d’un truss-rod en métal ultra léger, et l’accès au réglage de manche se fait au niveau de la tête.
Les détails sont nombreux sur cette PA22, dont notamment un large binding sur les tranches des éclisses, mais également sur les angles des deux pans du corps. La rosace, de toute beauté, est de petite taille, ainsi que le pickguard, sous-proportionné par rapport au corps de l’instrument.
Le choix des bois est important chez Parker, et un soin particulier est toujours apporté à la sélection des essences. Ce n’est pas étonnant de la part d’un fabricant high-tech qui fût le premier à proposer des guitares en composite. D’autre part, la finition des instruments Parker est assez constante, ce n’est pas pour rien que le vernissage des instruments est fait au Japon : ce sont les rois du vernis polyuréthane ! À ce titre, la PA22 est irréprochable, le vernis brillant est un vrai miroir.
Autant vous le dire tout de suite : cet instrument est très bien fini, et aucun détail n’a été laissé de côté. Le poids de cette guitare est faible, d’environ 2 Kg, et l’équilibre corps /manche est très bon. Évidemment, si cet instrument avait bénéficié d’une électronique, le poids aurait été plus conséquent. C’est d’ailleurs dommage qu’il n’en soit pas équipé, vu le prix de la bête.
Sonne comme un roc
La PA22 est censée être un instrument ultra versatile, et multi usages. Son look et son design unique brouillent justement bien les cartes. C’est pour cela qu’il va falloir l’essayer dans divers registres afin de se faire une idée précise des sonorités qu’elle procure. Afin de ne pas fausser les tests par un traitement à lampes, toutes les prises audio de cet essai seront réalisées directement dès les préamplis transistor d’une carte RME Fireface 400.La première chose qui saute aux oreilles lorsque l’on commence à gratter des accords sur cette Parker est son niveau sonore : ce n’est pas une guitare effacée, et son spectre est large et profond. Pas autant qu’une jumbo, mais bien plus qu’une dreadnought. Ceci est dû à la forme biscornue de son corps ? Peut-être, en tout cas c’est déroutant au départ, les notes sont amples et le sustain énorme. Il ne manque ni de basses, ni de médium/aigu sur cette Parker ! D’autre part, j’ai eu une bonne surprise en essayant cet instrument : le confort de la forme du corps est grand, et le pan bas du corps en forme d’arc se pose à merveille sur la jambe, c’est confortable !
Après quelques (longues) minutes de prises en main, j’essaie une rythmique au médiator, le son sort vraiment clair et puissant, presque trop, et la position avec le micro n’est, de fait pas évidente à trouver. L‘amplitude sonore de cet instrument oblige à maîtriser ses attaques, sous peine de se retrouver avec d’importantes différences de niveau à l’enregistrement ! Les harmoniques sortent incroyablement bien, et lorsqu’on joue des notes longues, on sent vivre le son (on entend souvent la seconde harmonique – la quinte à l’octave résonner).
Le jeu en rythmique est très présent au niveau spectre sonore (on a du son !), et c’est un avantage énorme en studio, car cela vous laisse la possibilité de mixer votre son (et de placer des filtres) comme vous le souhaitez. La puissance acoustique de la bête vous permettra même de baisser un peu le niveau d’entrée du micro.
Le jeu en arpège se révèle également très agréable, un régal pour les amateurs de picking ou autres. Là aussi, la PA22 excelle, tant au niveau de la qualité du son qu’au niveau de la dynamique sonore. La puissance et la précision de cette Parker impose par contre un jeu très précis, et lors de l’enregistrement des tests de son j’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois, tant la moindre approximation s’entend… c’est une guitare qui ne pardonne pas les erreurs. Le manche n’est pas très facile à jouer, il est large et les petites mains pourront avoir un peu de mal à jouer dessus. D’autant plus que le manche n’est pas des plus faciles et rapides.
Pour finir, la tenue d’accord, assurée par les mécaniques à bain d’huile grover est très bonne, je n’ai pas eu à raccorder l’instrument durant les heures de test.
Conclusion
Parker aime la perfection des bois et l’originalité des formes. La rigueur d’assemblage est également à signaler, c’est propre ! Cette PA22 acoustique est dans la lignée de ce que cette marque, qui cultive l’excellence, sait faire. Les formes adoptées par Parker pour la gamme acoustique sont discutables au niveau look, et ce n’est clairement pas fait pour plaire à tout le monde.
Reste que le corps de cette PA22, outre son aspect baroque est vraiment ergonomique pour un jeu assis. L’instrument est parfaitement équilibré également, et cela se ressent sur le son, à la fois rond et précis. À instrument précis musicien précis, la prise en main de cette bombe sonore est dure et cela vous forcera à affiner votre jeu ! D’autant plus que le manche, rude à jouer rendra ‘physique’ vos interprétations musicales.
Il est à regretter par contre que Parker n’ait pas installé un système de micros Fishman sur ce modèle (comme sur la P8E), car les prises de son peuvent s’avérer assez fastidieuses à mettre en place tant l’instrument possède un spectre sonore large, et une dynamique énorme.
Le choix des bois, venant des quatre coins de la planète semble donc avoir porté ses fruits et le résultat des recherches du custom shop Parker nous montre encore une fois que tout n’a pas été inventé en matière de guitare, même si l’innovation a un prix, 1 099 € pour cette Parker PA22 (le ticket d’entrée de la gamme !).
[+] Originalité de l’instrument
[+] Choix des matériaux
[+] Assemblage
[+] Qualité de finition du vernis
[+] Sonorités larges rondes et très définies
[+] L’étui ultra design !
[-] Pas d’électronique pour le prix
[-] Nécessite un bon niveau de guitare pour sortir le meilleur de l’instrument
[-] Manche assez difficile