Jared James Nichols se fait tranquillement un nom sur la scène blues et c'est tout naturellement qu'Epiphone pense à lui pour un modèle signature à apprécier sur douze mesures, comme il se doit...
Depuis quelques années, Jared James Nichols opère une montée en flèche assez fulgurante dans le milieu de la guitare blues. Il a, dès le début de sa carrière, été reconnu par ses pairs comme un guitariste à la personnalité et aux talents incontestables. Sa guitare de prédilection, une Gibson Les Paul Custom équipée de micros P-90 qu’il a largement modifiée, est rapidement devenue assez célèbre. Tant et si bien que Gibson, via sa marque Epiphone, a proposé au musicien de développer un modèle signature basé sur cette Les Paul et baptisé « Old Glory ». L’instrument devait être au départ construit en très petite production, mais face à la demande, Epiphone a finalement relancé la construction de plusieurs séries. « Old Glory » s’est vue légèrement actualisée en ce début d’année pour devenir la « Gold Glory » que j’ai le plaisir de tester aujourd’hui.
Double Gold, mono micro
Cette « Gold Glory » reprend les caractéristiques principales de sa grande sœur « Old Glory ». On retrouve un corps de Les Paul Custom 1955 (le modèle équipé de deux micros P-90) avec son binding à sept plis sur la table et à cinq plis au dos de la guitare. La table possède un galbe assez joli mais pas totalement conforme à celui d’une table de Les Paul originale.
Le manche est collé à la caisse et il est sculpté selon le profil « « ’50s Rounded C », un profil assez épais mais confortable qui assure une bonne prise en main. La touche en ébène au rayon de 12 pouces est sertie de 22 frettes Medium Jumbo pour un diapason de 24.72 pouces. Les repères en forme de blocs, véritable marque de fabrique du modèle Les Paul Custom répondent également à l’appel. En revanche, seulement sept repères rythment la touche contre dix normalement. La touche est laissée nue à partir de la 15e frette, c’est dommage. Corps et manche sont entièrement construits en acajou.
Une des nouveautés de cette « Gold Glory » est de disposer de la (plus très) nouvelle tête de manche Kalamazoo qui lui va plutôt bien. Cette dernière porte le nouveau logo de la marque, le célèbre diamant splitté et elle est peinte en noir avec un « stinger » descendant très bien réalisé portant la signature du guitariste. Toute la guitare est recouverte d’une finition Gold Vintage Aged originale et agréable au toucher. Il s’agit d’une sorte de vernis satiné/mat qui, en plus de conférer à la guitare un look vintage très chouette, permet un bon confort de jeu.
L’accastillage est proposé en finition Nickel brossé pour ajouter une touche vintage à l’ensemble. Il intègre des mécaniques Grover Rotomatic qui tiennent particulièrement bien l’accord, un chevalet Wrap Around « Lightning » Bar et des boutons de potentiomètres Top Hats noirs avec inserts métalliques. Le sillet est fourni par Graph Tech et mesure 43mm. Enfin, le cache truss-rod est orné de l’inscription « Blues Power », signature iconique de Jared James Nichols. L’électronique est assez basique et regroupe un micro Seymour Duncan P-90 avec capot Dogear, un réglage de volume et un de tonalité. Les potentiomètres sont signés CTS.
Une glorieuse Les Paul
À vide, la guitare dégage un volume sonore tout à fait convenable. Cependant, et c’est assez surprenant, le corps ne vibre pas beaucoup. Le manche en revanche, est très résonnant et on sent toutes les ondes sonores se propager jusqu’à la tête. La guitare développe quand même un assez bon sustain, même à vide. J’allume mon petit combo Marshall Origin 5 et branche « Gold Glory ».
- Clean:chorus:tone tweaking01:43
- Crunch – JHS Charlie Brown : SuperBolt02:25
- Lead – Carl MArtin Panama + Fulltone OCD Ge01:32
Équipée que d’un seul micro en position chevalet, cette Les Paul Custom est étonnamment polyvalente. Le micro répond bien aux différentes sollicitations, qu’elles soient d’ordre dynamique ou électronique. Les micros P-90 ont cette particularité d’être très répondants et d’offrir un caractère mordant qui a beaucoup de charme. Ce Seymour Duncan qui équipe la belle signature Jared James Nichols ne fait pas exception.
Les sons clairs, sans être transcendants, sont très corrects et même originaux. Le réglage de tonalité permet de calmer un peu les fréquences aiguës de manière très musicale pour qu’elles ne soient pas trop agressives ni perçantes. On le sait cependant, le son clair n’est pas son terrain de jeu favori, le bluesman du Wisconsin baissant le volume de sa guitare quand il souhaite passer sur un son moins saturé. J’actionne donc quelques pédales de saturation pour entendre la réaction de la guitare.
En sons crunch avec mes fidèles JHS Charlie Brown ou Superbolt, l’instrument excelle particulièrement. Le son est précis, détaillé et avec beaucoup de caractère. Les accords sonnent de manière ample et très riche alors que les notes seules jouissent d’une bonne attaque, d’un sustain agréable et d’un timbre particulier. La guitare ne possédant pas de table en érable, elle génère un son plus direct et moins brillant qu’une Les Paul « standard », dans le bon sens du terme. Ce côté plus mat et direct se ressent d’ailleurs quand on joue la guitare à vide. On peut passer, comme le fait Jared James Nichols, d’un gros crunch à un son clair par simple manipulation du potard de volume.
Le manche est confortable mais ne plaira à tout le monde ; il est quand même plutôt épais, il faut aimer. Il n’est sans nul doute pas étranger au sustain assez conséquent développé par l’instrument. Cette Les Paul Custom affiche un poids tout à fait raisonnable, elle est confortable et agréable à jouer. J’enclenche ma Carl Martin Panama (testée dans nos colonnes) pour passer sur une saturation beaucoup plus énervée. Le Seymour Duncan P-90 ne bronche pas et retranscrit la même précision et le même grain typiques entendus en sons crunch. Un souffle caractéristique accompagne le son dans la mesure où un micro P-90 est un micro simple bobinage.
Pour le blues, mais pas que
Même si cette « Gold Glory » donne envie de jouer du blues, elle est très à l’aise dans pas mal de registres. Son unique micro en position chevalet n’est pas un frein mais force au contraire à varier le son avec ses doigts et/ou son médiator. On peut attaquer les cordes plus ou moins près du chevalet pour changer de sonorité : le micro étant très bien conçu et précis retranscrira chaque variation de jeu. Plutôt bien construite, cette Les Paul Custom inspire solidité et robustesse et constitue un outil fiable et efficace dans beaucoup d’applications. Les finitions sont bonnes dans l’ensemble et la teinte Double Gold Vintage Aged se patinera rapidement si on joue la guitare régulièrement. Son rapport qualité/prix est très correct ; comptez 690 € environ, housse comprise, pour ce modèle qui offre un charme indéniable et une approche très originale de la Les Paul, qu’on soit fan de Jared James Nichols, ou pas. On l’avait vu avec le test de la Les Paul Custom Joe Bonamassa, Epiphone met le paquet pour les modèles signature, c’est aussi le cas avec cette « Gold Glory ».