Elle est noire, d'une beauté sobre et nous arrive tout droit du Custom Shop de Washburn. Son nom ? Pilsen Idol. Son ambition ? Prouver qu'on peut faire vivre le mythe Les Paul sans pour autant s'appeler Gibson…
Généralement, les produits Washburn sont souvent directement associés à certains artistes comme Nuno Bettencourt ou (feu) Dimebag Darell, grâce à la politique d’endorsement très volontaire de la marque.
Une fois n’étant pas coutume, avec la Pilsen Idol, Washburn nous propose une guitare qui n’est associée à aucun autre nom que le sien, preuve de la confiance de la marque dans ses productions haut de gamme.
Haut de gamme est d’ailleurs un terme qui correspond parfaitement à cette guitare entièrement fabriquée dans le Custom Shop de la marque, dans la banlieue de Chicago. Le nom même de « Pilsen » vient d’un quartier ouvrier de Chicago et symbolise pour la marque le savoir-faire des employés du custom shop.
Déballage
D’inspiration « Les Paul », la Pilsen joue la carte de l’originalité avec une corne plus acérée et une jonction corps / manche très moderne et ergonomique. Autre différence avec sa devancière : un chanfrein abdominal permet un confort de jeu accru. Au premier regard, elle ne correspond pas vraiment à l’idée que l’on se fait d’un modèle issu d’un Custom Shop : ici pas de table flammée AAA, pas de binding, pas d’incrustations en nacre… Noir et sobriété sont les deux mots qui la désignent le mieux. Au second regard, on remarque que Washburn s’est ici concentré sur l’essentiel : chevalet Tone Pro, mécaniques Grover, micros Seymour Duncan (’59 en position manche et Custom Custom en chevalet), et système « Buzz Feiten » sensé permettre une intonation parfaite de la guitare (cf Encadré). Du sérieux donc. La qualité des bois n’est pas "visible" puisque la totalité de la guitare arbore une finition « gloss » noire du plus bel effet pour qui aime la sobriété (mais les goûts et les couleurs…). A la lumière, cette sobriété est égayée par quelques paillettes métalliques du plus bel effet. C’est donc en jouant cette guitare « à vide » que l’on peut le mieux apprécier la lutherie : corps en acajou, table en érable, manche collé en acajou, touche en palissandre. Le son est ample, riche et précis, très « Les Paul » dans l’esprit, puisque la Pilsen en reprend les caractéristiques techniques en plus de la forme générale. |
Le système d’accordage est assez déroutant. La petite note explicative glissée dans la housse livrée avec la guitare est très succincte et m’a laissé dubitatif. Même sur le site de Buzz Feiten, l’utilisation et les contraintes du système restent floues et il m’a fallu d’intenses recherches sur Internet pour comprendre que seuls certains accordeurs permettent le réglage précis d’une guitare équipée du Buzz Feiten Tuning System. La première solution recommandée étant de l’accorder à l’oreille. C’est donc effectivement à l’oreille que j’ai le plus souvent accordé la Pilsen, tant l’usage d’un accordeur « standard » ne permet d’obtenir une même justesse sur toute la longueur du manche. Bien que très subtile, la correction d’intonation n’en est pas moins audible, surtout en comparaison directe avec une guitare non équipée du système. Les successions d’accords proches et de renversements sonnent effectivement plus naturels, notamment en son saturé où le « battement » caractéristique d’un problème d’intonation disparaît pratiquement. Propre à satisfaire le guitariste exigeant à l’oreille exercée, ce système à déjà convaincu nombre d’artistes émérites, au nombre duquel on trouve Robben Ford ou Steve Vai. |
Plug in !
Branchée, La Pilsen Idol démontre son caractère volcanique. Le manche n’est pas forcément facile à appréhender pour des petites mains comme les miennes, mais il est à l’usage confortable et rapide, et un peu moins large que certaines Gibson. Là encore, tout est question de goût.
Si le micro grave n’apporte pas grande originalité, il met parfaitement en valeur l’excellente lutherie de la Pilsen, qui est parfaitement au niveau de qualité que l’on peut attendre d’un Custom Shop. La belle délivre avec ce micro des sonorités très rondes et chaleureuses, parfaites pour le blues, le jazz, et le gros son rock dès qu’on passe en saturé.
Le Seymour Duncan Custom Custom placé en position chevalet est quant à lui beaucoup plus surprenant. N’ayant jamais eu l’occasion de le tester auparavant, j’ai déjà constaté que son niveau de sortie est considérablement plus élevé que celui du micro manche. Avec un registre situé dans le très haut médium, son utilisation en son clair seule me paraît trop nasillarde, à moins de le splitter et/ou de l’utiliser en association avec le ’59. En son saturé (voire très saturé), il s’avère toutefois autrement plus convaincant et excelle dans un registre lead Hard Rock ou Métal.
Notons enfin la possibilité de splitter les 2 micros grâce aux deux potards de tonalité Push / Pull (pourquoi pas Push/Push ?) démultiplie les possibilités de la guitare et la rend apte à couvrir un maximum de registres.
Conclusion
Cette guitare va droit au but. Pour qui n’aime pas les fioritures, la Pilsen Idol est le compromis idéal. En se concentrant sur la lutherie et en fournissant de base un équipement haut de gamme sans s’embarrasser de finition tape à l’œil ou d’accessoires superflus, Washburn nous propose un modèle Custom Shop à un prix ultra compétitif : 1599 € prix public.