Nouvelles venues au catalogue de la marque, les Les Paul Standard sont déclinées en deux versions : Standard 50’s et Standard 60’s. Les deux guitares issues de la même série partagent des caractéristiques communes mais diffèrent sur quelques détails.
Le fabricant ayant connu quelques déboires juridiques et financiers a changé de PDG l’été dernier et on peut observer les effets de ce changement avec ces nouveaux instruments. Présentées au NAMM en début d’année, les nouvelles guitares Gibson se sont fait attendre mais sont enfin disponibles. C’est au tour de la Standard 60’s de dévoiler ses caractéristiques et de passer au banc d’essai.
Cette Standard 60’s est construite autour d’un corps en acajou surmonté d’une table en érable flammé. Selon la marque, il s’agit d’un érable de qualité AA. Le manche de la guitare est en acajou également, serti d’une touche en palissandre elle-même équipée de repères de forme trapézoïdale réalisés en acrylique. L’accastillage est chromé et les mécaniques sont signées Grover. Il s’agit du modèle Rotomatic avec boutons chromés. Le chevalet est le célèbre ABR-1 lancé en 1953 sur le modèle Super 400 et un an plus tard sur la Les Paul Custom. Le cordier est un Stop Bar en aluminium.
Une des autres différences avec le modèle Standard 50’s se trouve sur les potentiomètres ; les boutons sont, sur la Standard 60’s, les Gold Top Hats à sommet argenté. Ils sont équipés, comme sur le modèle 50’s, de pointeurs métalliques. Le sillet est en graph-tech pour une guitare « vegan-friendly ». Le profil du manche est un autre point qui marque une différence entre les modèles 50’s et 60’s ; en effet, la Standard 60’s est équipée du manche Slim Taper bien connu des fans de la marque. Ce manche est apparu en 1960 sur la Les Paul Standard alors que Gibson réduisait le gabarit de ses manches depuis 1959. Il présente un profil fin mais surtout assez plat. Il offre la même largeur au sillet que le modèle 50’s, soit 43,05 mm.
Toute l’électronique est câblée à la main et Gibson a choisi d’utiliser des condensateurs Orange Drop. La firme a développé de nouveaux micros pour cette Standard 60’s, les BurstBucker équipés d’aimants Alnico 5. Ils offrent un niveau de sortie supérieur à celui développé par les aimants Alnico 2. Ces nouveaux micros sont baptisés BurstBucker 61’. On retrouve la configuration classique de la marque : deux potards de volume, deux potards de tonalité et un sélecteur à trois positions.
L’instrument est bien construit et les quelques défauts de finition présents sur les séries précédentes ont totalement disparu. En inspectant la guitare on est immédiatement frappé par la qualité des bois. L’acajou du dos qui est teinté à l’aide d’un vernis rouge (comme en 1960) révèle un beau motif et beaucoup de relief. L’érable de qualité AA qui constitue la table est également soigneusement sélectionné pour son veinage flammé. Cela confère à la guitare un aspect classique et élégant.
La crème de la Cream
La Gibson Les Paul Standard 60’s est très agréable à jouer. À vide, la guitare se fait sentir, on sent le manche et le corps de la guitare vibrer à chaque note jouée. C’est un gage de qualité, d’autant que la guitare s’améliorera avec le temps. En la branchant, le verdict est le même. Ce modèle, de par sa construction et sa conception, développe beaucoup de sustain. Même en son clair, on est étonné par la durée de chaque note et la proportion que prennent les accords. L’identité sonore du modèle est bien là ; la légère bosse dans les aigus due à la table en érable se ressent très bien, sur toutes les positions de micros.
Les BurstBucker 61 sont légèrement plus puissants que les BurstBucker 1 ou 2, mais conservent les caractéristiques phoniques du célèbre PAF qui équipait les premières Les Paul Standard. Néanmoins, ils font tordre un ampli en son clair assez vite. En variant l’attaque on peut obtenir des sons clairs tout à fait convaincants, mais en strumming ou en appliquant une attaque plus féroce, on va irrémédiablement faire saturer l’ampli. En son crunch/gain moyen, la guitare semble s’ouvrir et toute sa personnalité s’affirme. Les accords sont pleins et riches en harmoniques et les notes seules sont très chantantes. Les micros offrent suffisamment de précision et de détails pour s’attaquer sans rougir à des registres sensiblement plus énervés. En augmentant le niveau de saturation, la Les Paul est un allié redoutable. Le son est très épais et conserve tout le niveau de détail que l’on attend si on commence à entreprendre des solos musclés.
On se balade sur le manche avec plaisir et chaque note semble vivre jusqu’à la suivante. L’instrument donne une rassurante impression de qualité et on se familiarise rapidement avec. Cette Les Paul Standard 60’s, qui est très polyvalente, reste très à l’aise dans les sonorités blues rock. On comprend pourquoi de si nombreux musiciens des « Swinging Sixties » en ont rapidement fait leur instrument de prédilection. De Keith Richards à Eric Clapton en passant par Peter Green ou Paul Kossof, toutes ces légendes du blues rock ont choisi ce modèle pour ses qualités que l’on retrouve dans cette nouvelle Les Paul Standard 60’s. Le fait que l’instrument soit réactif et dynamique facilite son apprivoisement, on se sent rapidement proche de la guitare.
- Les Paul 60's Clean Neck both Bridge01:19
- Les Paul 60's Clean Neck both Bridge (attack)01:51
- Les Paul 60's Crunch Neck both Bridge (attack)02:43
- Les Paul 60's Lead Neck both Bridge02:48
La (presque) nouvelle Gibson Les Paul Standard 60’s
La firme américaine semble être revenue à des standards de production dignes de sa réputation. Cette nouvelle Les Paul Standard est un bon instrument avec de nombreuses qualités. Mais on a le sentiment d’avoir entre les mains un modèle Traditional de l’an dernier, mieux réalisé. Les nouveautés n’en sont pas vraiment. Toutefois, Gibson est de retour et propose des guitares fiables, bien construites et aux sonorités authentiques. L’identité et la personnalité du modèle sont préservées et la marque de Nashville réussit de surcroît à diminuer le prix de ses instruments. What else ?
Si l’histoire de la Gibson Les Paul vous intéresse, n’hésitez pas à lire cet article !