Quand ils ne font pas des guitares pour Steve Vai ou Korn, les gens d'Ibanez créent des petites bombes en entrée/milieu de gamme. La preuve en 6 cordes et 22 frettes avec une Black Beauty abordable.
Réputé pour ses collaborations avec les plus grands guitaristes du monde, Ibanez est à l’origine d’innovations majeures en matière de guitare électrique, développées sur les modèles prestigieux des stars. Cette expérience permet aujourd’hui au fabricant nippon de produire des guitares de qualité pour quelques centaines d’euros.
Première impression !
À peine sortie du carton, la S 470, toute vêtue de noir laqué, en met plein les mirettes.
Une beauté sobre qui rend la guitare passe partout, si ce n’est les repères « S Inlay » de la touche en forme d’ondulations (on aime ou pas).
Toutes les pièces métalliques chromées sont finies « façon anthracite ». Bref, le look de l’instrument est imparable !
Le poids de la guitare est plus important qu’on ne se l’imagine, surtout que le corps de l’instrument est très plat et profilé, comme sur les modèles Sabre. C’est le seul petit inconvénient de l’acajou.
On remarque la cavité du jack encastrée dans le corps de la guitare, et le renfort plastique du sélecteur de micros. Deux détails « de sécurité » que l’on retrouve sur beaucoup d’autres modèles de la marque. La S 470 respire la fiabilité, alors voyons ce qu’elle a dans le ventre !
Tour d’horizon
Jouée « unplugged », la guitare n’a pas un sustain hallucinant, mais son équilibre spectral semble parfait. Après quelques plans funk bien claquants, on sent que l’instrument a du répondant et de la dynamique, ce qui laisse présager de bonnes choses.
Côté feeling, la bête interpellera immanquablement le shredder qui est en vous. Le profil du manche Wizard II est particulièrement apprécié des solistes contemporains, et il faut avouer que les phrases en legato coulent toutes seules. Les frettes jumbo sont bien polies sur les dessus, mais se montrent un peu raides sur les extrémités, ce qui est assez gênant lors des démanchés brutaux. Le réglage en usine a été soigné, on va pouvoir brancher l’instrument.
Showtime !
L’essai se fait sur un stack Marshall JCM900, ampli qui a le mérite d’équiper beaucoup de studios de répétition. Un bon point de repère donc !
Les sons clairs sont jolis, cristallins, mais un peu froids. L’idéal pour les cocottes modernes (les fameux sons récurrents que l’on entend dans les prods des Neptunes, par exemples). Sur les positions de micros intermédiaires, on entre vraiment dans le domaine de la variété, surtout en arpège. Sur la position grave, le son garde un côté « creusé », mais gagne en chaleur et en rondeur. Les plans à la Little Wing s’imposent. En jouant sur la tonalité, on accède à une sonorité plus jazzy, mais ce n’est pas la vocation de la S 470. Passons sur le canal disto !
Les crunch sont agréables, et la guitare répond bien aux nuances de médiator. Le son est plein et coloré, certainement grâce à la densité de l’acajou. Lors des phrasés bluesy, la nipponne s’en sort honorablement.
En position aiguë, les riffs façon AC/DC font vraiment illusion. En poussant le gain, on arrive vite en territoire métallique. Les rythmiques étouffées sont un régal, et les harmoniques sifflées accrochent facilement. En aller retour sur le micro manche, les coups de médiator « roulent » joliment, et ce n’est pas Paul Gilbert qui dirait le contraire !
Attention toutefois de ne pas trop saturer le son, au risque de perdre dynamique et définition. Les micros coréens, s’ils ne sont pas mauvais, ne font, hélas, pas de miracle et ont une tendance à la microphonie (c’est à dire qu’ils ont tendance à reprendre les bruits extérieurs).
Just For Fun !
Branchée dans une tête Mesa/Boogie Rectifier, la japonaise conserve les caractéristiques précitées, à quelques variantes près. La grande différence concerne les sons clairs, qui se réchauffent un brin, et se montrent plus rock dans l’esprit. Sur le canal lead, à très fort volume, la S 470 réagit bien, mais le gain ne devra jamais dépasser midi, au risque d’écraser le son et de perdre l’intelligibilité des notes en accords. Décidément, des micros américains, ce serait bien !
Vu qu’on a le son bien juteux du Boogie, on en profite pour insérer un delay dans la boucle d’effets, et on se laisse aller à quelques « Vaieries » avec le nouveau vibrato ZR (Zero Resistance) de type « Lo-Pro Edge », qui tient parfaitement l’accord, et qui est esthétiquement très beau. La tige se sert à l’aide d’une bague qui se visse sur le socle. Ce système a fait ses preuves, et est de loin le plus fiable.
Je la prends !
On s’y fait vite, mine de rien, à cette petite guitare. A tel point qu’on ne voit plus les heures défiler. Le confort est optimal, et les sonorités attractives. Rien à dire, si ce n’est concernant les micros qu’il serait sage de remplacer un jour ou l’autre. Vu son prix, les amateurs de guitares TGV et polyvalentes ne devraient pas hésiter trop longtemps.