8 entrées/sorties analogiques, dont 2 avec préampli, et 2 numériques S/PDIF-AES, full duplex en 24bits et 96kHz : Echo se lance sur le marché du Firewire avec une interface dont l'élégance présage, comme à l'habitude de la marque, un produit de qualité. Courons donc rencontrer la belle…
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Tous les Afiens connaissent bien Echo, qui a su se faire une réputation avec ses interfaces baptisées de jolis noms féminins, plus généralement réservés aux hits légendaires du rock’n’roll ou aux universelles icônes du Louvre qu’aux appareils électroniques. C’est en effet avec Layla, Mona ou Gina que la marque est devenue synonyme de qualité et de fiabilité, et ce dès les temps moyenâgeux de l’interface numérique.
Fière de ses succès dans le domaine PCI, il était donc logique qu’elle se lance dans la bataille féroce du Firewire, menée aujourd’hui par des armées de plus en plus nombreuses.
Voici donc 2 nouveaux produits utilisant cette fameuse connexion iEEE 1394a pour les intimes, l’Audiofire12 et l’Audiofire8, ce dernier modèle faisant l’objet du test de la semaine…
Elégance
L’aventure commence par une indéniable émotion esthétique ! Quelle ligne, quels galbes, quelle finesse que ceux dont le magnifique boîtier en aluminium brossé de l’Audiofire se voit affublé ! C’en est même presque inquiétant, tant la face avant parait désertée de toute sophistication technologique, foisonnant habituellement sur la plupart des produits concurrents, sous forme de leds, bargraphs, potars, entrées et sérigraphies en tout genre ! Ici, au contraire, rien de clinquant. L’effet Zen est entièrement garanti, et l’on pourra sans aucune gêne faire trôner l’engin à côté du Titanium le plus racé sans lui coller la honte d’un voisinage grossier, au goût vestimentaire insupportablement déplacé.
Notons malgré tout qu’Echo fournit 2 oreillettes que l’on fixera éventuellement, sans vis et simplement en les insérant dans des fentes prévues à cet effet, aux parois latérales de l’interface pour pouvoir l’intégrer dans n’importe quel rack : bien vu !
Sobre devant !
De l’épure donc, avec une face avant simplement pourvue de 2 entrées universelles jack 6.35mm/XLR, accompagnées de deux potentiomètres pour le réglage du niveau des 2 pré-amplis qui leur sont affectés et de 3 leds de contrôle du gain, d’un discret switch pour la mise en marche de l’alimentation Phantom 48V, suivi de son petit led témoin de bon fonctionnement, et d’une prise casque jack 6.35mm, également escortée de son potar de volume.Pour le reste, une large partie presque nue, à peine vêtue du traditionnel logo d’Echo et d’un second switch de commutation, destiné celui-ci à la mise sous tension générale de l’appareil : la classe dans le dépouillement !
Précisons au passage que l’Audiofire nécessite une alimentation secteur externe que l’on effectue au moyen du traditionnel câble 220 volt à 3 branches. Les amateurs d’enregistrements sauvages en pleine nature, loin des réseaux EDF, devront donc s’y faire : la carte ne peut être alimentée par le port Firewire… Ce qui, de toutes façons, ne change pas grand-chose pour les configurations portables, puisque la plupart des laptops sont équipés de mini prises Firewire, qui ne permettent pas l’alimentation autonome, obligeant les inconditionnels de liberté électrique à se rabattre sur les solutions USB.
Mais revenons à nos moutons, et faisons un peu le tour de notre interface…
La face cachée…
Vous l’avez deviné, la plupart des connexions de l’Audiofire sont cantonnées à la face cachée de l’appareil.
En effet, en retournant le rack, on découvre les 6 entrées et les 8 sorties analogiques (+4dBU) au format jack 6.35 symétrique TRS, l’interface numérique S/PDIF coaxiale 24 bits (qui peut être commutée en AES/EBU logiciellement), les prises Midi In et Out, ainsi qu’une entrée /sortie Word-Clock pour se synchroniser en esclave ou en maître avec n’importe quel matériel numérique compatible.
Ensuite, excellente initiative, sont également au rendez-vous 2 inserts, pareillement au format jack 6.35, qui permettent d’utiliser des effets externes pour traiter les entrées micro/line 1 et 2 du panneau frontal, avant numérisation.
Et l’on termine en beauté avec une double prise FireWire, qui permettra bien sûr d’intégrer la carte dans une chaîne à ce format.
Les connecteurs sont dans l’ensemble de très bonne qualité, offrant des contacts sûrs et sans crachotis, pour un total de 10 entrées/sorties audio, permettant l’enregistrement et le monitoring simultané en 24bit et 96Khz : de quoi voir venir ! Installons donc notre biniou sans plus attendre…
Y’a t’il un pilote dans l’avion ?
Le CD fourni par Echo permet d’installer sur l’ordinateur les drivers Mac et PC de la carte, ainsi que la console virtuelle de commande. Comme dans la plupart des cas avec les interfaces Firewire, on commence par installer avant de brancher. Aucun problème : tout se déroule comme sur du velours. Une fois les drivers installés, on connecte le câble Firewire, XP mouline quelques secondes (le test a été effectué sur un Pentium 4 cadencé à 2.8 Ghz avec 1Go de Ram) et nous lance son petit wizzard habituel : 2 ou 3 clic, et c’est parti ! Enfin presque…
En effet, premier réflexe de bon blaireau qui vient de craquer dans les 800 euros pour s’en prendre plein les tympans : se dépêcher d’écouter son album préféré pour voir si l’on va vraiment décoller, et même peut-être entendre quelques détails jusque là laissés dans l’ombre acoustique par le misérable chuintement du périphérique audio à 2 tim’s de sa carte mère.
Un petit tour donc dans le panneau de config à la rubrique Sons pour affecter MediaPlayer ou WinAmp à l’interface, et là… Rien ! Pas plus d’Audiofire que de beurre en broche ! Quékispass ? Ouvrons Live, pour voir… De ce côté, pas de soucis, tout baigne, le pilote ASIO de l’Audiofire est disponible, et l’on peut immédiatement charger une bonne boucle dans la Session View, pour profiter enfin de la qualité de nos nouveaux convertisseurs.
Vous avez bien sûr deviné… Il n’y a pas de driver WDM dans la version du CD Rom ! Quelle horreur ! Comment profiter de nos 800 Go de MP3, si on ne peut même pas faire chantonner Itune dans ce magnifique rack argenté ? Echo ne pouvait laisser passer une telle lacune ! Alors rassurez-vous, un petit tour sur le site permet de remédier sans plus tarder à cette grave dépression, en téléchargeant la dernière mise à jour du pilote, numérotée 1.06, qui, elle, comble ce cruel manque, en fournissant des drivers individuels pour les 8 sorties analogiques et les 2 sorties numériques de l’Audiofire !
Premium Préamps
Dès la première écoute, la carte s’avère très convaincante. Le son est précis, mais chaleureux, avec une excellente dynamique. Les DSP, dont les caractéristiques techniques fournies par Echo précisent qu’ils sont conçus par Texas Instruments et Analog Devices selon une nouvelle technologie, couplée à une nouvelle architecture Firewire baptisée Fireworks, permettent un monitoring à la latence quasiment imperceptible, même lors de l’utilisation de plugins.
D’autre part, la qualité des préamplis est également au rendez-vous. Transparence, relief, dynamique : sur les différents enregistrements effectués (voix, caisse claire, guitare acoustique et électrique, cabassa, cajun), les timbres ressortent parfaitement, soulignant chaque fréquence sans aucune coloration.
Indéniablement, Echo n’a pas lésiné sur la conception de ses préamplis, qui permettront dans la plupart des configurations de se passer d’un investissement supplémentaire dans ce domaine. Seul petite ombre au tableau : les potars qui servent à régler le niveau…
Mets de l’huile…
En effet, une petite manipulation de ces 2 potars de réglage du gain d’entrée laisse au bout des doigts une nette frustration, à cause d’une certaine résistance à la rotation souple et fluide qui est généralement l’apanage d’un produit de cette qualité. Ça frotte pas mal, surtout pour le canal de droite sur notre modèle à l’essai, et à l’usage, cela s’avère carrément inconfortable.
Alors, bien que ce manque d’huile dans les rouages de l’Audiofire se ressente beaucoup moins pour le potar de niveau casque, il est néanmoins dommage que les seuls contrôleurs physiques de la face avant, et même de toute la machine, laissent cette impression de « cheap » que l’on ne retrouve nulle part ailleurs.
Notons au passage qu’en ce qui concerne le volume de la sortie casque, il offre suffisamment de puissance pour répondre parfaitement à tous les besoins de monitoring.
Mais puisque nous sommes dans la partie critique de ce test, avouons également qu’un 4ème potar destiné au réglage du niveau de sortie master des sorties ligne 1 & 2 aurait aussi été particulièrement apprécié, et n’aurait sans doute pas rompu le style svelte et pur de l’interface. Là encore, oubli maladroit ou économie mal placée…
Console virtuelle
Allez, si l’on peut émettre encore une petite critique au sujet des leds témoins de niveau de la face avant, qui, avec leurs 3 niveaux seulement, n’offrent qu’un piètre contrôle visuel, on se rattrape allègrement sur la console virtuelle qui permet d’effectuer les différents réglages de gain et de monitoring.
Très stable, visuellement réussie, elle donne la main sur le mix des 8 entrées analogiques et des 2 entrées numériques pour chacune des 5 sorties stéréo, analogiques et numériques, autorisant ainsi 5 mixages indépendants.
Bien qu’elle ne dispose pas d’une fenêtre permettant un contrôle de type Surround où les 8 canaux analogiques pourraient être mixés en même temps (qui aurait été fort bienvenue), elle offre toutefois une ergonomie idéale à la plupart des projets multipistes.
Conclusion
Forte de son expérience dans le domaine de la numérisation audio, la marque Echo se lance donc sur le marché Firewire en nous livrant une interface professionnelle, dotée d’excellents préamplis, et d’une architecture souple et puissante, pouvant gérer simultanément 10 entrées et 10 sorties. Si l’on ajoute le petit bonus logiciel, avec le séquenceur audio-numérique Traktion de Mackie (décidément, on le trouve à tous les coins de rue, celui-là !), qui en plus d’être très complet (plugins, freeze, VST compatible, automation…) est très simple d’accès (dommage toutefois que l’on ne nous offre ici que la version 1 !), on est vraiment gâté !Reste toutefois le prix, un peu plus élevé que celui de modèles concurrents offrant le même type de configuration et qui, s’il peut s’expliquer par la qualité des préamplis, la gênera peut-être pour s’imposer sur un marché déjà bien encombré. Une interface à considérer, quoi qu’il en soit…