Dans la jungle des cartes audionumériques qui fleurissent chaque jour, il devient de plus en plus difficile pour les constructeurs de se différencier. D'où l'apparition d'interfaces hybrides regroupant carte audio, interface MIDI et préampli
Avec l’US-122, Tascam a voulu concevoir une carte à la fois complète et simple d’utilisation. On y trouvera donc tous les ingrédients qui font le succès d’une carte tout en un : deux entrées audio, tout d’abord, permettent d’enregistrer simultanément deux instruments mono, chaque entrée possédant deux connecteurs, l’un en Jack 6 '35 et l’autre en XLR.
Une alimentation Phantom permet d’utiliser un microphone statique, cas que nous allons étudier dans la suite de cet article. Des inserts pour chaque entrée permettent d’ajouter un effet en série comme sur une table de mixage, ce qui souligne une fois encore le côté hybride de l’appareil. Les sorties casque et ligne sont pourvues chacune d’un potentiomètre de réglage de volume, fonction élémentaire et pourtant parfois oubliée sur certaines cartes ! Nous aurions préféré des sorties au format jack mais soit, passons sur ce détail. Enfin, pour compléter la panoplie d’outils de la carte, on trouve une entrée/sortie MIDI en face arrière.
Tascam ayant racheté Nemesys, la firme inclut dans son package, en toute logique, des drivers GSIF, et surtout GigaStudio 24, version limitée du célèbre échantillonneur virtuel. Les classiques drivers WDM, MME et ASIO sont disponibles sur PC. Les utilisateurs de Macintosh pourront quant à eux profiter des drivers ASIO, Sound Manager, CoreAudio, OMS et Free MIDI.
Les mains dans le cambouis ?
… Que nenni ! L’installation de la carte a pris en tout et pour tout seulement quelques minutes. Tascam a testé sa nouvelle interface audio avec plusieurs chipsets USB. Son fonctionnement est garanti avec quatre d’entre eux : Intel 82371, 82371, 82801 et ALi. Les utilisateurs de PC possédant ce type de chipset pourront donc acquérir cette carte sans crainte d’une quelconque incompatibilité au niveau du Chipset. Pour les autres, une recherche préalable d’informations sur Internet ou un appel téléphonique au distributeur français évitera de mauvaises surprises d’incompatibilité. Sur Mac, aucun problème à signaler à première vue.
La machine de test est un PC à base de processeur AMD Athlon à 1,7 GHz avec 512 Mo de RAM et avec une carte mère Asus A7N8X Deluxe. C’est une configuration largement supérieure à la configuration minimum recommandée par Tascam : nous ne devrions donc pas avoir de problème de surcharge du CPU ou de la mémoire. Nous avons testé la carte sous Windows XP avec le Service Pack 2 installé. Les utilisateurs de Windows 98 (de plus en plus rares) devront absolument veiller à appliquer le patch Microsoft visant à éviter certains tracas avec l’USB.
Comme pour la plupart des périphériques USB, l’installation des drivers doit précéder le branchement de la carte à l’ordinateur. Par sécurité, le téléchargement des derniers drivers sur le site US est préférable à l’utilisation du CD-ROM fourni. L’installation se fait sans problème sur notre PC de test. Attention cependant, certains utilisateurs disent avoir eu des problèmes avec certains chipsets VIA. Les musiciens possédant ce type de chipset devraient donc se renseigner avant un éventuel achat.
Après installation, aucun panneau de contrôle de la carte n’est visible dans la barre des tâches. Il faut donc aller dans le panneau de configuration de Windows pour y accéder. La mise en route n’en demeure pas moins rapide.
USB1, quand tu nous tiens…
Que ce soit dans un lecteur grand public type WinAmp ou dans Sound Forge, l’écoute d’un WAV nous fait rencontrer quelques coupures, certes assez rares mais malgré tout très gênantes. Limite de la bande passante de l’USB 1 ? C’est en théorie peu probable, puisqu’il s’agit là d’une simple lecture de deux canaux (une piste stéréo) en 44 KHz 16 bits. Et pourtant, les coupures sont bien là. Serions nous victimes de l’instabilité du flux USB ? C’est possible.
Dans le même ordre d’idée, les tests de synchro de Cubase SX ne sont pas concluants lors du premier lancement de l’application (six pertes de synchro lors du test), ce qui ne nous empêche pas, une fois les drivers ASIO choisis, de pouvoir enregistrer et lire en même temps, et ce sans aucune perte de synchro.
Pendant toute la session du test (qui a tout de même duré 2 jours) la seulese instabilité que nous ayons rencontré fut un reboot du système, dû au débranchement du câble USB. Attention donc pour les musiciens nomades qui font du live à ne pas débrancher ce dernier par inadvertance, car le plantage est assuré. Mis à part ce point, nous n’avons subi aucun crash pendant le test, les derniers drivers téléchargés sur le site US de Tascam semblant stables – au détail près des coupures dans Sound Forge.
Premiers enregistrements
Si l’US-122 se veut « généraliste », on constate d’ores et déjà que les guitaristes sont plutôt bien servis. Côté hardware pour commencer, car les deux entrées audio XLR peuvent être commutées en jack haute impédance nommées « Line / Guitar In ». Notons au passage que le gain de chaque entrée est réglable via deux gros potentiomètres rotatifs.
Côté software, on passe ensuite au travers d’un accordeur intégré au panneau de contrôle de l’interface audio. On branche la guitare, on augmente légèrement le gain, on met le switch sur « Guitar » (l’autre option étant « Mic in ») et l’accordage de la guitare se fait en quelques instants grâce aux LED virtuelles. L’accordeur intégré est suffisamment précis (par pas de 5 centièmes de ton) pour être efficace. Un outil auquel il est bon d’avoir pensé !
On apprécie rapidement d’avoir l’US-122 à côté de soi. Ainsi, on dispose des connecteurs d’entrée / sortie audio ainsi que des connecteurs MIDI à portée de main ce qui permet de brancher / débrancher rapidement les instruments et appareils sur la carte. Afin d’être exhaustifs, nous avons testé l’enregistrement de l’US-122 dans tous les modes possibles : microphone dynamique, microphone statique, guitare, et combinaison de ces derniers.
Lors de l’enregistrement, la fonction « Direct Monitoring » permet une écoute avec une latence très faible de la source (en théorie 1,5 ms, et inaudible en pratique).
Ce mode peut être commuté en mono/stéréo afin d’entendre la source dans les deux enceintes. En effet, par défaut, lorsque l’on utilise le direct monitoring, l’entrée 1 redirige la source sur l’enceinte de gauche et l’entrée 2 sur l’enceinte de droite. Le mode mono permet d’éviter ce désagrément.
En pratique, il est vraiment préférable d’utiliser le mode direct monitoring car en passant par le monitoring de Cubase SX, la latence est, sur PC, à la limite de l’acceptable – environ 15–20 ms – même si l’on réduit au maximum la taille des buffers. Lors de l’enregistrement, il faudra donc se passer d’éventuels effets appliqués à l’instrument enregistré : ces effets sont inaudibles pendant l’enregistrement si l’on utilise le monitoring direct de la carte.
Venons-en aux enregistrements à proprement parler. Nous avons tout d’abord commencé par une guitare électrique, branchée sur le « niveau ligne ». Après avoir réglé la sensibilité correctement, le rapport signal/bruit et la qualité sonore sont très satisfaisants. Vient ensuite l’enregistrement d’une guitare sèche avec un microphone statique alimenté en 48V (un Superlux CM-H8CH pour ne pas le nommer). Le résultat est très propre grâce à des préamplis de qualité honorable. Puis nous avons enregistré une voix a capella, dont le rendu est lui aussi d’une qualité très satisfaisante, surtout au vu du positionnement de la carte.
Très bien, les préamplis sont donc de bonne facture et la synchro du flux audio ne pose aucun problème en ASIO. Il reste à faire le même test, mais avec deux instruments enregistrés simultanément. Ici, tout se passe bien lorsque l’on enregistre une guitare électrique sur l’entrée 1 (niveau ligne) et un microphone dynamique sur entrée 2 (sans alim phantom, donc). Là où les choses se gâtent, c’est lorsque nous est venue l’idée d’utiliser d’une part l’alimentation Phantom pour l’entrée 1, afin d’enregistrer via le microphone statique, et d’autre part la guitare sur l’entrée 2 (donc niveau ligne, sur l’entrée jack).
Le son de la guitare est alors extrêmement mauvais dans ce cas. En effet, il semblerait que l’US-122 n’arrive pas à alimenter en 48V correctement l’un des canaux et pas l’autre. Pourtant, le canal 2 étant branché sur l’entrée Jack et non XLR, la logique voudrait que l’alimentation Phantom soit automatiquement désactivée sur ce canal, et que l’on évite le parasitage dû à cette alimentation inutile…
En fin de compte, il est donc possible d’enregistrer deux canaux de bonne qualité simultanément avec l’US-122, sous réserve que l’alimentation Phantom soit utilisée ou bien sur les deux entrées, ou bien sur aucune d’entre elles.
Conclusion
D’un design original, l’US-122 répond aux attentes du musicien néophyte ou amateur jouant en solo à deux. Cette carte s’avère simple d’utilisation tout en regroupant les fonctions classiques pour s’enregistrer simultanément sur 2 pistes, du moment que les deux instruments enregistrés utilisent tous deux l’alimentation 48 V ou qu’aucun des deux ne l’utilise.
Pour un prix public de 286 € TTC, Tascam nous propose un bon rapport qualité / prix avec l’US-122. On regrette simplement une latence un peu élevée sur PC et quelques légers dérapages dans le flux audio lors de l’utilisation via Sound Forge.