Sujet Pourquoi le travail est-il posé comme valeur?
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Agentcarotte
Au final, on est à peu pres tous d'accord pour accepter cette situation. Et on a pas vraiment le choix.
Pourtant, en cette période d'élection, que ce soit par le biais des candidats ou des discussions de particuliers, on se rend compte que le travail est pour bcp une VALEUR prédominante, qui permet notamment de classer les gens entre fainéants, méritants, parasites et autres.
Même ceux qui à la base ont conscience que le travail est à la base une contrainte engendrée par notre choix de société finissent par poser des jugements liés à ce dernier. Considérant que si eux ont courbé l'échine, les autres devraient en faire de même.
Il y a aussi une sorte de valorisation de l'effort rappelant de lointains souvenirs judéo-chrétiens liés à la souffrance et l'acceptation de sa condition. Tout ceci passant évidemment par une dépréciation de ce qui ne suit pas ces préceptes.
Pour vous, c'est quoi le travail? Pensez-vous que l'on nous forme à l'adopter comme valeur tres tôt? Pourquoi cela réussit-il mieux que la valeur de la réussite ou compétition?
Agentcarotte
Cela ne change rien au fait de savoir comment on considere le travail et du coup le type de jugement que l'on porte sur les choix des autres.
khaledo
La valeur du travail est effectivement subjective, ne serait-ce que parce que la définition du "vrai" travail diffère chez chacun. Certains ne considèrent pas le travail artistique comme du travail à proprement parler. Chaque individu crée sa propre échelle de valeur dans le travail.
En regardant du côté historique, on peut distinguer des évolutions. Le mot travail vient du latin tripalium, instrument de torture à trois pieux que l'on utilisait dans la Rome antique. Déjà, au départ, on ne peut pas dire que ce soit valorisant ou valorisé.
Dans l'antiquité grecque, l'idéal se situe dans le fait d'être oisif, ce qui permet d'entretenir le corps et l’esprit. De plus cela laisse le temps de participer aux affaires de la Cité. D'où l’usage fréquent des esclaves dont la valeur n’est pas estimée en terme de travail mais d’utilité.
Dans la Bible, c'est assez controversé. La bible encourage par exemple le don aux pauvres mais elle condamne la paresse. D'un autre côté, encore, elle dénonce l'exploitation abusive du travail par certains (les riches...). Le Travail a été une valeur judéo-chrétienne mise en avant par la suite mais c'est également un des fondement idéologique du protestantisme.
Finalement, ce n'est vraiment que sous le régime de Vichy que l'on voit naître la devise "travail, famille, patrie" qui fixe ces 3 valeurs comme des valeurs morales et sociales fondamentales.
Ce qui est marrant par contre, c'est que le travail des femmes n'est pas du tout valorisé voire même découragé...
Après la seconde guerre mondiale, vient la période des fortes croissances et notamment des "trente glorieuses". Les classes moyennes accèdent à un nouveau mode de vie et les activités liées aux loisirs participent dès lors à l’épanouissement personnel aux côtés des activités professionnelles, et remettent ainsi en cause l'idée du travail au profit de la société du loisir.
En parallèle, l’évolution de la nature des tâches provoque un déplacement de valeur : on passe de l’effort physique à l’intellectualisation des tâches.
Finalement, il n'y a pas si longtemps que ça, en mai 68 avec le mouvement social, le travail comme valeur a été rédicalement contesté. Les ouvriers dénoncent leurs conditions de travail et la jeunesse dénonce les valeurs de rationalité, de productivisme, de consumérisme qui ne font plus sens pour elle.
Dans les années 1970, des auteurs ont même prédit la fin du travail.
Aujourd'hui cette valeur est de nouveau récupérée par les politiques et relayée par les médias.
Mais pour moi c'est tout à fait démagogique et populiste. Cela fait partie de ces idées simplistes qui sont facilement exploitables électoralement. On peut décliner les phrases choc à l'infi "La France qui se lève tôt", "le travail est une libération, le chômage est une aliénation". Bref, on fait remonter l'aigreur des gens qui en ont marre de trimer comme des ânes, bien souvent pour pas grand chose, et on leur explique qu'ils n'ont pas beaucoup parce qu'ils paient pour les autres. C'est navrant!
Idéologiquement, la gauche devrait se démarquer de tout ceci, mais ce n'est plus le cas. La droitisation de la France et du monde occidental est indéniable. Chacun pour sa peau, l'autre est un frein sauf s'il me sert à monter.
Regardez le film de Pierre Carles intitulé "Attention danger travail"...
La société actuelle stigmatise le fénéant et l'on se lance dans une sorte de chasse aux sorcières. La condamnation du "branleur" est enfouie en chacun de nous, ne serait-ce que parce qu'on nous le rabache en permanence depuis notre plus tendre enfance, mais aussi par simple jalousie. Jalousie de ne pas avoir été capable de vivre ça, de ne pas réussir à sortir du moule.
Il faut voir que finalement ce que l'on stigmatise c'est aussi le faible et la différence.
Malheureusement, non, la subjectivité de la valeur Travail n'est pas assez démontrée. Mais pourquoi le serait-elle quand ce type de raisonnement pourrait mener à un refus du modèle si bien installé dans notre inconscient individuel et collectif?
Alceste Floupe
Sinon, +1.
http://itunes.apple.com/fr/artist/s.t./id48463807 + http://nicolasreau.bandcamp.com/
Agentcarotte
Citation : Malheureusement, non, la subjectivité de la valeur Travail n'est pas assez démontrée. Mais pourquoi le serait-elle quand ce type de raisonnement pourrait mener à un refus du modèle si bien installé dans notre inconscient individuel et collectif?
Evidemment, mais ce que je trouve dramatique c'est l'essentiel des individus n'ont pas cette démarche de remise en question d'eux-mêmes. Quitte à ne pas aboutir aux mêmes conclusions que nous.
Les documentaires de Pierre Carles sont intéressants mais tres limités quand-même. Leur intérêt est principalement de pouvoir montrer à certains que certains types de pensée existent, et pas forcément réservées à un type spécifique de personne.
Citation : Bref, on fait remonter l'aigreur des gens qui en ont marre de trimer comme des ânes, bien souvent pour pas grand chose, et on leur explique qu'ils n'ont pas beaucoup parce qu'ils paient pour les autres.
C'est ce que je disais dans je ne sais quel thread, qu'en se plaçant du côté des "méritants", Sakozy est sûr de voir la population se reconnaitre en majorité. Mais au final, si l'on remonte la chaine des responsabilités, on peut dire que c'est principalement la bassesse de bon nombre de gens qui rend cela possible. Les jalousie, les rancoeurs, les envies etc.
Parce qu'apres tout, il n'y a aucun mal à avoir le travail, l'effort, comme valeur morale. C'est la manière dont on juge ceux qui ne partagent pas cette derniere qui pose pb = pas la cause, les conséquences.
Pourquoi chacun ne peut-il pas s'occuper de son cul pour améliorer sa condition sans passer par une déconsidération des autres et des jalousies (cf: fonction publique tant critiquée.)
Laminttikia
Citation : Mais pour moi c'est tout à fait démagogique et populiste. Cela fait partie de ces idées simplistes qui sont facilement exploitables électoralement. On peut décliner les phrases choc à l'infi "La France qui se lève tôt", "le travail est une libération, le chômage est une aliénation". Bref, on fait remonter l'aigreur des gens qui en ont marre de trimer comme des ânes, bien souvent pour pas grand chose, et on leur explique qu'ils n'ont pas beaucoup parce qu'ils paient pour les autres. C'est navrant!
Sans vouloir entrer dans la polémique (d'autres le font bien assez), desolé mais je ne vois pas ce que ça a de navrant ou de simpliste
Prouve-moi que ce raisonnement est absurde et ne peut pas se tenir ;)
Je me demande aussi de quelles ressources vivent les gens qui refusent de travailler sous pretexte qu'ils n'aiment pas ça ( je ne connais pas grand monde qui aime le travail pourtant ). Je ne parle évidemment pas des marginaux qui, eux, n'ont pas choisi de profiter du système.
Et je voudrais savoir si ces gens ont conscience de qui produit ces ressources
Pour finir, le travail posé comme valeur ? Je n'y crois pas, on a de plus en plus tendance à aller vers l'inverse.
Hors sujet : Je sens que je n'aurais pas dû poster ici. Je vais encore me faire des amis
Agentcarotte
Citation : Prouve-moi que ce raisonnement est absurde et ne peut pas se tenir
Il peut se tenir, sauf qu'il ne conduit à rien de bon selon moi.
Le fait de monter les gens contre les autres est pas vraiment sain. Faudrait pas oublier non-plus que n'importe qui peut se retrouver dans une situation difficile et là, libre à ceux prêt à vendre leur cul sans que cela détruise leur mental de le faire, sauf que je suis pour qu'on laisse le choix et le temps à chacun de trouver le compromis qui évite le ressentiment envers une société qui ne leur laisse pas d'autre choix que celui de marcher ou crever (il y a pas qu'une manière de crever à petit feu).
Crois tu réellement qu'une société où les gens ne sont pas maîtres de leur destin est une société saine qui peut fonctionner à long terme?
Crois tu que monter les uns contre les autres est utile pour la cohésion et l'appaisement d'une population?
Ce n'est pas fournir un emploi et un pouvoir d'achat - sans même évoquer son niveau - qui suffit à rendre les gens heureux.
Pourquoi monter les gens contre ceux qui sont aidés par l'état (une réelle minorité qui plus est) en leur faisant croire que leur pouvoir d'achat et le fruit de leur travail est entammé par l'existence de ces derniers alors qu'au final, c'est lors de la redistribution de toutes les richesses créées par les personnes actives que se trouve plutôt le probleme.
Simplement parce que c'est plus facile et que cette valeur du travail, de l'effort, de la réussite provoque une certaine admiration pour les puissants, qu'on se dit qu'il y a du mérite (ce qui est sans doute pas faux en partie, mais ne justifie pas une disproportion aussi énorme des trains de vie).
Citation : Je me demande aussi de quelles ressources vivent les gens qui refusent de travailler sous pretexte qu'ils n'aiment pas ça ( je ne connais pas grand monde qui aime le travail pourtant ).
Il n'y a déjà sans doute que tres peu de monde qui refuse de travailler, faut arrêter cinq minutes. On est tous d'accord pour dire que c'est une nécéssité pour acheter sa relative liberté. Ensuite, tes sous-entendus me donnent envie de te répondre qu'ils font du traffic d'enfants et vendent tous de la coke.
Et lorsque tu dis que peu de monde aime le travail, j'ai fait un sondage ailleurs pour avoir une idée à ce sujet. Sur une soixante de personnes (non représentatives), une quarantaine a répondu qu'elle ne se posait pas vraiment la question, que c'était leur taf et c'est tout.
Et à force de voir des gens à longueur de journée, je peux te dire que je crois à la fidélité de cette proportion.
Bcp font ce qu'ils ont à faire sans trop broncher. Pas vraiment de rêves, pas vraiment de but spécial, ils se plaignent mais continueraient sans doute leur vie si ils touchaient un p'tit butin.
Le meilleur exemple est celui des personnes cinquantenaires, ouvrieres, qui voient leur usine fermer, peuvent esperer toucher le chômage en attendant une pré-retraite, mais qui pleurent leur travail et disent que même en trouvant ailleurs, ça ne sera pas pareil.
Je pense souvent à une phrase de Fight Club: "Vous êtes la merde de ce monde prête à servir à tout".
Okay, c'est un film divertissant, pas un ouvrage de philo méritoire, mais c'est tellement vrai.
Parce qu'une majorité n'a pas d'ambition de vie, ne connait pas cette sensation de subir les événements, cela ne donne pas le droit à mon avis de juger ceux qui ne leur ressemblent pas et ne sont pas prêts ou capables de supporter les mêmes sacrifices. Sacrifices que les premiers ne considerent d'ailleurs pas comme tels bien souvent.
Citation : Pour finir, le travail posé comme valeur ? Je n'y crois pas, on a de plus en plus tendance à aller vers l'inverse.
Tu crois vraiment ça? Ce n'est pas parce que les gens aspirent à avoir plus de temps libre qu'ils ne portent pas au firmament l'effort ou la considération sociale.
Laminttikia
Citation : Faudrait pas oublier non-plus que n'importe qui peut se retrouver dans une situation difficile
Je n'ai jamais dit ou même pensé le contraire et dans mon message précédent je ne parlais que des gens qui choisissent de ne pas travailler ... Par contre
Citation : sauf que je suis pour qu'on laisse le choix et le temps à chacun de trouver le compromis qui évite le ressentiment envers une société qui ne leur laisse pas d'autre choix que celui de marcher ou crever
Personnellement, je peux t'affirmer que j'aurais bien plus de fierté (il ne s'agit même pas de fierté mais d'amour propre) à aller faire un boulot que je n'aime pas ou pour lequel je n'ai pas été formé qu'à attendre un poste qui me corresponde parfaitement (et qui n'arrivera peut être jamais) pendant des mois ou des années. Ce qui d'ailleurs n'empêche pas de chercher mieux à côté.
D'ailleurs pour parler un peu de moi, je suis en ce moment en stage en entreprise. Ce stage est censé être de niveau ingénieur mais ça ne m'a pas empêché de passer ma journée d'hier à faire de la saisie sous Excel et à coller des étiquettes
Je suis encore vivant
Citation : Crois tu réellement qu'une société où les gens ne sont pas maîtres de leur destin est une société saine qui peut fonctionner à long terme?
Oh que non, j'aime trop la liberté.
Mais justement j'estime qu'on est plus libre en ayant un travail pour ramener de l'argent à la maison qu'en attendant les aides.
Citation : Crois tu que monter les uns contre les autres est utile pour la cohésion et l'appaisement d'une population?
Il n'est pas question de monter les gens les uns contre les autres mais de prendre conscience que dans le monde d'aujourd'hui une société ne peut pas fonctionner de la sorte. Ou alors c'est la chute assurée.
Citation : Ce n'est pas fournir un emploi et un pouvoir d'achat - sans même évoquer son niveau - qui suffit à rendre les gens heureux.
Je le sais. Ce que je ne sais pas c'est ce qu'il faudrait pour rendre les gens heureux (et c'est une vraie question, pas d'ironie).
Citation : Et lorsque tu dis que peu de monde aime le travail, j'ai fait un sondage ailleurs pour avoir une idée à ce sujet. Sur une soixante de personnes (non représentatives), une quarantaine a répondu qu'elle ne se posait pas vraiment la question, que c'était leur taf et c'est tout.
C'est bien ce que je dis, personne ne peut dire qu'il aime aller travailler, et j'avoue que je ne vois pas le problème.
Pour moi le travail n'est pas un terrain de jeux, on doit y aller par nécessité et non pour s'amuser. Tant mieux pour ceux qui ont un travail qui les passionne, mais pour les autres il reste toujours les loisirs qui , eux rapportent moins d'argent.
Citation : Tu crois vraiment ça?
Hélas oui, c'est en tout cas l'impression que j'ai. Mais crois moi j'espère sincérement me tromper.
A+
Agentcarotte
Le pb est à mon sens qu'il ne prend pas en compte le fait que aller à contre-courant de ses idéaux et envies n'est pas tolérable pour tout le monde.
J'ai détaillé un peu plus avant.
Citation : Il n'est pas question de monter les gens les uns contre les autres mais de prendre conscience que dans le monde d'aujourd'hui une société ne peut pas fonctionner de la sorte. Ou alors c'est la chute assurée.
Ouais, sauf que l'énorme majorité se plie aux regles et travaille. La minorité ne pese pas lourd. Cf ce que je disais ds le precedent post, on prend pour cible les plus faciles à toucher.
Quand au fait de contenter tout le monde, on ne peut pas, mais on peut laisser aux gens le temps de découvrir par eux-même ce qu'ils peuvent esperer ou non.
Je le disais ailleurs, la réalité est là pour rappeler les rêveurs au panier.
Ca a un coût, mais ce dernier pourrait être finançable par une taxation des transactions boursieres, par des prises de position minoritaires ds le capital d'entreprises du cac. par la rationalisation de la gestion des entreprises publiques en situation de monopole, par l'idée de Sarkozy de taxer les importations etc....
Lonewolf
On te montre Roger, qui vit aux crochets de la sécu, bouh c'est mal, par contre marie charlotte fille héritière qui n'a jamais approché un boulot de sa vie et attends tranquillou les millions a papa, voila la vie de rève.
Le souci il est là, ceux qui te pronnent la valeur du travail, sont des gens qui n'ont jamais vraiment travaillé, du moins pas dans le sens ou l'entendent 90% des gens.
Travailler c'est survivre, ok, mais alors que chacun puisse choisir son mode de survie tant qu'il n'est pas au dépend des autres (pas être homme politique de droite quoi )
Laminttikia
Citation : Ca a un coût, mais ce dernier pourrait être finançable par une taxation des transactions boursieres, par des prises de position minoritaires ds le capital d'entreprises du cac. par la rationalisation de la gestion des entreprises publiques en situation de monopole, par l'idée de Sarkozy de taxer les importations etc...
C'est vrai d'un côté, mais des taxes je crois qu'il y en a déjà pas mal quand même
Citation : On te montre Roger, qui vit aux crochets de la sécu, bouh c'est mal, par contre marie charlotte fille héritière qui n'a jamais approché un boulot de sa vie et attends tranquillou les millions a papa, voila la vie de rève.
Bien sûr que Marie Charlotte n'est pas plus méritante que Roger.
Mais dans un sens il me semble tout à fait normal que son père ait le droit de faire profiter qui il veut de l'argent qu'il a gagné lui même en se bougeant le cul.
Citation : Travailler c'est survivre, ok, mais alors que chacun puisse choisir son mode de survie tant qu'il n'est pas au dépend des autres (pas être homme politique de droite quoi )
Tout à fait d'accord avec toi ;)
Mais tu sais droite ou gauche, niveau démagogie je crois que c'est très proche
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