Sujet Qu'est-ce qui vous amuse automatiquement ?

C'est un petit peu dommage d'en avoir vraiment rien à carrer je trouve, même si on aime pas le foot, cela reste un énorme vecteur d'éducation pour beaucoup de gamins dans notre pays et de voir à sa tête un type aussi peu recommandable ça devrait nous gêner un peu plus amha.

Clair que ça occupe une bonne place chez mes élèves. Des fois, ça me permet des ouvertures. J'ai un élève dyslexique avec lequel ça ne fonctionnait pas du tout. Dès le moment où j'ai appris qu'il était déjà repéré par des clubs, j'ai tapé la causette sur le sujet avec lui. Ben depuis, non seulement je n'ai plus de problèmes de comportement mais en plus il s'accroche pour bosser et avec succès. Magique.
A noter que maintenant, les filles qui portent des maillots de foot sont de moins en moins rares.

Citation de Projacks :

C'est un petit peu dommage d'en avoir vraiment rien à carrer je trouve, même si on aime pas le foot, cela reste un énorme vecteur d'éducation pour beaucoup de gamins dans notre pays et de voir à sa tête un type aussi peu recommandable ça devrait nous gêner un peu plus amha.

Oui, mais quelle éduction ?
Autant j'ai connu des entraîneurs de foot qui faisaient des trucs fantastiques à des gamins qui en avaient bien besoin, autant j'ai vu des parents recommander devant un entraîneur à leur gamin de blesser tel joueur adverse parce qu'il était trop bon ? Et l'entraîneur de se taire et laisser faire !

Et quels modèles le foot donne t-il aux gamins ? Un sport d'équipe où l'individu est glorifié et où un butteur sera toujours infiniment mieux payé qu'un excellent défenseur ou gardien de but ? Que la réussite, c'est de rouler en voitures de sport, porter des costume de luxe et baiser des mannequins ou des putes (même pas très majeures) ?
Et se foutre de la gueule du monde qui brûle en prenant l'avion pour un match à 2 heures de train ?

On me serine toujours que le foot est un truc génial d'éducation des jeunes et de socialisation, mais tout ce que je vois du foot ou presque est justement ce que je voudrais ne plus voir dans notre société.

Il a fallu l'excellent looking for Eric de Ken Loach pour que je comprenne enfin la ferveur populaire pour le foot, ce moment ensemble, où les gens vibrent à l'unisson, partagent quelque chose et peuvent se lâcher.

Mais même ça me débecte. Car finalement, ça en dit long sur le manque de tout ça dans notre société (on le retrouve pourtant en partie dans le spectacle vivant) et en plus, c'est un "ensemble" un peu particulier car très partiel et partial, où on "communie", mais contre l'ensemble adverse traité comme un ennemi, insulté, vilipendé, etc. Et quant il s'agit de se lâcher dans un stade, les fachos ne sont pas en reste.

Racisme, sexisme, histoires de pognon... Le Graët semble bien représentatif du monde du foot.

Et on ne me fera pas croire que c'est un brave type qui s'est mis à péter les plombs par sénilité. D'autant que j'ai été Guingampais et ai donc un peu connu le bonhomme et surtout sa politique. Politique qui consistait à construire à grands (très grands pour la ville) frais un stade de foot dans une ville de 20 000 habitants qui n'avait même pas... de médiathèque.
Et de construire ce stade sur les espaces de jeu des jeunes et des enfants du quartier HLM, en se foutant littéralement de la gueule des opposants* en affirmant que "les jeunes pourraient aller jouer sur le terrain" (mon cul) et que "les habitants du quartiers pourraient voir gratuitement les matchs depuis leurs fenêtres", ce qui n'a évidemment été vrai que pour ceux dont les fenêtres donnent sur le stade... et son suffisamment hauts pour voir par dessus les tribunes, donc très peu, les autres habitants subissant surtout les nuisances et la pertes des espaces de jeu des enfants).

* opposants dont j'étais et qui ne s'opposaient en rien à la construction d'un stade, mais pas à ses conditions et pas à la place d'une bibliothèque digne de ce nom dans une ville comportant 5 lycées et s'apprêtant à recevoir des filières du supérieur.

De ce que je vois, mes élèves qui pratiquent en club sont humbles, ils y bossent dur, apprennent le sens de l'effort, de l'abnégation, à être à l'heure, à être réguliers, à écouter les autres et une autorité. Ils y trouvent à se valoriser autrement que par de l'intellectuel. Et ça fait souvent un point d'appui pour les profs.
Ceux qui se la ramènent le plus n'en font souvent pas ou plus.

Hier soir, je suis passé devant un des terrains près de chez moi. Il était tard, il y avait du vent, un peu de pluie. Les gamins étaient là. J'ai regardé 10 min. Ca bossait dur, des exercices ardus, pas funs, répétitifs mais j'imagine nécessaires avec des entraîneurs à la fois encourageants et sévères, pros. Loin, loin, loin des excès du football spectacle.

Et de ce que je sais de mes élèves, c'est plusieurs fois par semaine, plus les matchs le week-end, à travers tout le département ou en interdépartemental.

Bref, c'est du boulot, en plus de l'école.