Sujet Pour le féminisme

Yanis, 24 ans, et Chloé, attendent main dans la main de comparaître. Ils sont mignons les amoureux. Seul bémol : Lui est prévenu de harcèlement et elle partie civile. Le 29 avril 2020, les policiers ont découvert Chloé entourée de feuilles de papier manuscrites. (Thread)

Chloé a expliqué la raison de ce tas de feuilles : parce qu'elle avait mis deux ou trois fois de l'alu dans le micro-onde, Yanis a établi un texte de 9 pages qu'elle devait confier 100 fois. "Nous étions d'accord, c'était ça ou elle retournait chez sa mère", admet-il.

Un jour il lui reproche de ne pas assez avancer. Elle : "J'ai copié six fois, ça m'a pris 12 heures, je ne peux même plus suivre mes cours d'infirmière".

Policier : Etes-vous séquestrée? Elle (qui pleure) : Non mais il ne préfère pas que je sorte tant que je n'aurai pas fini de copier. On creuse : elle n'a pas les clefs de l'appartement. Un soir, il lui refuse l'entrée, elle doit dormir dans la voiture.

Je suis absolument hors de moi. Je venais à peine d’arriver au parc pour la promenade quotidienne de ma fille, quand j’ai aperçu deux (très) jeunes filles en train de parler avec deux hommes (très) adultes sur la pelouse.

J’ai ralenti et j’ai tendu une oreille, au cas où, quand j’ai entendu une des filles dire « mais laissez-nous s’il vous plaît ! ». Je me suis donc arrêtée, et j’ai demandé aux filles si elles voulaient me suivre. Elles ont dit oui tout de suite et se sont précipitées vers moi.

Les mecs sont restés comme des connards avec leurs canettes de bière à me crier que mes tatouages étaient moches (oh wow), mais ils ont pas bougé. On avait à peine fait quelques pas que les deux gamines ont éclaté en sanglots.

Elles m’ont dit qu’elles n’arrêtaient pas de leur dire de partir et de les laisser tranquilles et qu’ils voulaient pas, qu’ils demandaient leur âge (15 ans…), où elles habitaient, le nom de leur lycée.

On est allées se poser beaucoup plus loin le temps qu’elles arrivent à joindre l’adulte qu’elles devaient retrouver et qu’elle nous rejoigne. Elles n’arrivaient pas à arrêter de pleurer en s’excusant et en répétant « ils voulaient pas partir ».

Je leur ai dit que rien n’était de leur faute, qu’elles n’avaient rien fait de mal, mais elles s’excusaient quand même. Elles ont dit qu’elles regardaient les gens mais que personne s’arrêtait pour les aider.

Tout ça avec ma fille dans sa poussette, à me dire qu’entre elle, moi, et deux gamines de 15 ans terrorisées, les deux grands connards étaient quand même en position de force si jamais ça devait dégénérer. Envie de cracher du feu. Je les hais.

Eh les mecs qui viennent draguer les meufs qui me répondent dans mes mentions et ceux qui me demandent l’ethnie des gars en question, vous pouvez sauter dans le feu avec eux, ils vous attendent.

Je repense à la façon dont elles tremblaient sans réussir à s’arrêter de pleurer en me disant « ils arrêtaient pas de se rapprocher de nous même quand on leur demandait d’arrêter » putain quelle rage, mais quelle rage, j’ai la mâchoire serrée j’arrive pas à décolérer.

J’ai rarement vu autant de peur et d’incompréhension sur des visages d’adolescentes, elles sont traumatisées et elles vont se coller cette trouille au bide pendant des années. J’ai de la lave en fusion à la place des organes.

J’arrête pas de ressasser putain. Ce qui me brise le cœur en dix mille morceaux c’est de voir à quel point elles ne comprenaient pas pourquoi ils ont continué alors qu’elles disaient non. Elles se pensaient protégées par ces mots, par leur refus, et aujourd’hui elles ont compris.