Pour le féminisme

Des jeunes femmes comme Flore, qui errent sonnées sur le trottoir porte de Saint-Cloud vers 22 heures, Etienne (qui préfère garder l’anonymat), qui travaillait non loin du bureau de la star du JT, assure en avoir vu des dizaines tout au long de sa carrière au sein de TF1. « Elles me faisaient l’effet d’agneaux qu’on mène à l’abattoir », se souvient le journaliste, qui parle d’« un système industriel ». « Faites le calcul : une à deux jeunes femmes par semaine, multiplié par quarante semaines et par vingt ans, je vous laisse imaginer. Bien sûr certaines étaient consentantes, mais pas toutes. » A l’époque, il le reconnaît, leur présence était constatée mais pas questionnée, tant chacun s’y était habitué. « Sachant que toute personne qui rentre à TF1 doit être annoncée, que quelqu’un doit venir la chercher puis la raccompagner, qu’elle doit disposer d’un badge, etc., je ne peux pas imaginer que la direction de TF1 ne se soit jamais interrogée sur le nombre de visiteuses reçues par le journaliste », s’indigne-t-il.

De nombreuses personnes se seraient ainsi rendues « complices », souvent à leur corps défendant, d’une organisation qui permettait au présentateur de « consommer de la chair fraîche » à loisir. Ainsi ces assistants à qui revenait la tâche de conduire les jeunes femmes jusqu’au bureau du présentateur, sitôt le générique de fin du journal lancé. « Personne ne bronchait, par peur de se faire virer », raconte un témoin de cette époque.