Après avoir abordé des applications concrètes de la compression au niveau macrodynamique lors des deux précédents articles, plaçons-nous maintenant du point de vue microdynamique en commençant par la quête du son « punchy ».
Cible
Identifions d’abord notre cible. Qu’est-ce qu’un son qui a du « punch » ? Si nous prenons la traduction littérale du mot anglais, il s’agit d’un « coup de point », entendez par là quelque chose qui a de l’impact, dont la puissance laisse une marque. Comment traduire cela d’un point de vue sonore ? Eh bien tout simplement par un son dont l’attaque est prédominante, un son qui frappe, bref, un son « pêchu ».
Avant de passer à l’aspect technique de la réalisation d’un tel son au moyen d’un compresseur, posons-nous tout de même la question de son utilité au sein d’un mix. Un son « punchy » donne bien évidemment plus d’impact et d’agressivité à l’instrument, mais il a aussi un autre effet non négligeable lorsqu’on se replace dans le contexte de notre puzzle sonore. En effet, la mise en avant de l’attaque fera immanquablement passer l’instrument ainsi traité au-devant de la scène sans avoir à toucher au fader de volume et sans se soucier du phénomène de masquage fréquentiel. Mine de rien, cela peut s’avérer diablement utile.
Pas à pas
Comme je vous le disais, le but est de mettre en avant l’attaque du son. Pour ce faire, nous allons utiliser la compression d’une façon un peu particulière puisque nous allons littéralement remodeler l’enveloppe dynamique du son.
Les réglages des temps d’attaque et de relâchement sont ici essentiels. Pour un son punchy mais respectant le timbre de l’instrument, un temps d’attaque suffisamment long pour laisser passer les transitoires naturelles sera de mise. Il est possible de rogner un peu plus en abaissant ce temps d’attaque, mais le timbre de l’instrument en fera les frais. En ce qui concerne le temps de relâchement, il convient de le choisir relativement long de façon à ce que l’action du compresseur atténue le déclin naturel du son, ce qui aura pour effet d’accentuer l’écart de niveau entre les transitoires et le reste du signal, d’où l’obtention de l’impact recherché. Attention cependant à ne pas utiliser un temps de relâchement trop long, car il faut absolument que le compresseur soit revenu au repos avant l’apparition de la prochaine transitoire !
Pour ce qui est du niveau seuil, fixez-le en gardant à l’esprit qu’il définit ici la portion d’enveloppe dynamique du signal qui sera remodelée. Le ratio, quant à lui, sert à définir la puissance de ce remodelage. Plus le ratio sera élevé et plus l’écart entre les transitoires et le reste du signal sera grand. Attention tout de même à ne pas y aller trop fort sous peine de voir la note musicale complètement étouffée au profit de l’aspect percussif de l’instrument, enfin, sauf si c’est ce que vous souhaitez bien sûr.
Pour finir, un mot sur le « make-up gain » et le knee. D’après vous, est-ce que l’adjectif « doux » peut se rapporter de près ou de loin à quelque chose de « punchy » ? Bien sûr que non. Moralité, ici la règle est « hard knee » quoi qu’il arrive. Quant au « make-up gain », vous pouvez l’utiliser pour éventuellement remonter le déclin de la note jusqu’au niveau qu’il avait avant compression. Mais prenez garde, cela remontera le niveau du signal dans son ensemble et les attaques que vous venez d’accentuer risquent fort de taper dans le rouge. Prudence donc…