Je vous l’avais annoncé dès le premier article, cette série sur le mixage est un bien long voyage, pour vous comme pour moi ! Et comme dans tout périple, une pause est parfois nécessaire afin de faire le point et de mieux repartir sur des bases saines. Après plus d’un an de rendez-vous hebdomadaires, il me semble que le moment est opportun pour un tel entracte.
Compte-rendu provisoire
Alors, où en sommes-nous exactement ? Nous avions commencé par établir une stratégie de mixage de façon à articuler au mieux les différents éléments de la musique à travailler au sein d’un puzzle sonore en quatre dimensions, et ce, en accord avec l’intention émotionnelle première du morceau. Suite à cela, nous nous sommes attelés à la tâche en commençant par une mise à plat afin de constituer les fondations de notre mix. Les quatre dimensions étaient alors déjà bel et bien présentes avec les volumes respectifs des instruments ainsi que l’interprétation des musiciens pour la profondeur, la tessiture naturelle des instruments pour la hauteur, les panoramiques pour la largeur, et bien sûr l’arrangement instrumental en soi pour l’évolution dans le temps.
Vint alors le temps d’une campagne d’égalisation. À cette occasion, nous avons pu affiner l’articulation entre les éléments du puzzle grâce à un dégraissage fréquentiel en bonne et due forme ainsi qu’à quelques retouches afin d’endiguer les éventuels phénomènes de masque. D’autre part, nous avons également accentué le relief de certains instruments tout en façonnant le contraste des pistes les unes par rapport aux autres. Enfin, nous avons effectué les prémisses du travail sur la sensation d’espace. Et tout ça en respectant les buts que nous nous étions fixés au départ bien entendu.
Après un réajustement de la mise à plat – car n’oublions pas que nous sommes dans une boucle - nous avons abordé le délicat passage du traitement de la dynamique. Grâce aux différentes techniques présentées, nous avons été capables de traiter les pistes qui en avaient besoin, et surtout, nous avons laissé tranquilles celles dont les variations de la dynamique respiraient déjà naturellement. Et bien sûr comme toujours, cela s’est fait en accord avec notre vision du mixage. Puisque nous sommes toujours en plein cœur de notre fameuse boucle, il y a de fortes chances pour que notre étape de gestion de la dynamique ait entraîné de légères révisions au niveau de la mise à plat ainsi qu’en regard de l’égalisation.
Et maintenant, qu’avons-nous obtenu ? Eh bien, si tout s’est passé comme prévu nous devrions nous retrouver face à une phase charnière du mixage. Je m’explique… À ce stade, 75 % du travail est fait. Notre titre doit présenter une belle cohérence sonore tant sur le plan fréquentiel qu’au niveau dynamique, ce qui se traduit par des instruments clairement identifiables par l’auditeur, mais formant tout de même un ensemble harmonieux. Chaque élément « respire » à l’unisson de l’esprit du morceau. Si nous comparons avec le rendu effectué après l’étape de « Gain Staging », nous devrions constater un gain significatif par rapport aux objectifs fixés. Notre puzzle sonore en quatre dimensions se révèle de plus en plus et il ne manque plus qu’à renforcer la sensation d’espace 3D, puis à exacerber le mouvement naturel du morceau.
Si pour une raison ou une autre, vous ne vous retrouvez pas dans la situation décrite dans le paragraphe ci-dessus, c’est qu’il y a « quelque chose de pourri dans l’empire du Danemark ». Et ne comptez malheureusement pas sur les prochaines étapes pour résoudre le problème. Votre salut passera forcément par un retour à la racine de notre boucle, à savoir la mise à plat suivie de tout le tralala.
En revanche, si votre morceau suit paisiblement son chemin en regard de votre vision du mix – et c’est bien là tout le mal que je vous souhaite – rendez-vous la semaine prochaine pour la suite de nos aventures !