Le réglage de panoramique semble simple. On tourne les boutons « Pan » pour disposer les différentes pistes dans le champ stéréo et le tour est joué... En fait, il s'agit de bien plus que ça...
De part et d’autre
En matière de panorama sonore, le but est d’attribuer une place précise à chaque élément dans le champ stéréo afin qu’il ne soit pas gêné ou partiellement masqué par un autre élément à la même place. Imaginez la chose comme s’il s’agissait d’un groupe sur scène. Il ne vous viendrait pas à l’idée de placer certains musiciens les uns derrière les autres. Vous les disposeriez plutôt côte à côte pour qu’ils soient tous visibles.
D’autres facteurs influencent les réglages de panoramique, notamment le volume de chaque piste, qui permet de placer les instruments plus ou moins en avant de la scène sonore (plus un élément est fort, plus il semble être placé devant les autres), mais aussi les fréquences. En effet, imaginons que vous placiez deux pistes au même endroit du panorama sonore. Si le spectre de l’une est centré dans le grave et le bas-médium tandis que celui de l’autre occupe essentiellement le haut-médium et l’aigu, alors elles entreront moins en compétition que si elles avaient un contenu fréquentiel similaire – l’égalisation peut donc vous aider à définir plus clairement la bande de fréquences de chaque piste.
Les forces du centre
Concernant le panoramique, quelques principes de base peuvent aider les néophytes du mixage. Il ne s’agit pas de lois absolues mais plutôt de recommandations établies sur la base des observations faites par les ingénieurs du son depuis des décennies, de règles ayant prouvé leur efficacité. La première dit que la grosse caisse, la caisse claire, la basse et la voix principale doivent être au centre du panorama stéréo. Ces éléments importants doivent être centrés, sans quoi le mix paraîtra déséquilibré.
Certains ingénieurs du son les mettent parfaitement au centre, d’autres préfèrent les disposer très légèrement de côté pour que chaque élément ait sa propre place dans le champ stéréo. Tournez les boutons Pan de 3 à 8 pas dans l’une ou l’autre direction en fonction de leur incrémentation dans votre DAW (la plupart des Pans possèdent 64 valeurs possibles de part et d’autre du centre, d’autres offrent 100 pas de réglage).
Les parties de guitare rythmique doublées sur des pistes mono séparées sont généralement « pan-potées » de sorte que l’une soit quelque part entre tout-à-gauche et 10 heures et l’autre quelque part entre tout-à-droite et 2 heures. Une fois encore, vous devrez les intégrer aux autres éléments situés près des bords du champ stéréo et leur trouver une place distincte, très généralement de façon symétrique par rapport au centre.
Attention sur les ailes
Les pistes stéréo confrontent l’ingénieur du son à d’autres problèmes. Commencez par les écouter attentivement en solo pour savoir quelle est leur largeur. Selon la façon dont la piste a été enregistrée, l’énergie sonore peut s’être accumulée vers le centre ou, au contraire, sur les bords du champ stéréo. Tenez-en compte pour placer la piste dans le panorama sonore. Avec un bouton Pan conventionnel, vous pouvez déplacer une piste stéréo vers l’un ou l’autre côté du champ sonore, ce qui revient non seulement à transporter l’énergie vers un côté, mais aussi à réduire la largeur du signal.
Dans certaines DAWs, notamment Pro Tools et Cubase (où c’est une option), le mixeur offre un Pan gauche et un Pan droit indépendants dans chaque piste stéréo. Ce système est pratique parce qu’il permet de ramener les extrémités vers le centre tout en conservant la piste au milieu du champ stéréo. Ainsi, on peut contrôler la largeur des pistes stéréo et attribuer un espace propre à chacune d’elles.
Où placer la batterie ?
Si vous « pan-potez » les pistes individuelles d’une batterie dans le but de maximiser leur authenticité, veillez à ce que leur position dans le panorama sonore reflète l’agencement réel du kit. Ainsi, on placera le charley plutôt à l’opposé du tom basse, le tom aigu légèrement excentré du côté du charley et le tom médium du côté du tom basse. Regardez la photo d’un kit de batterie pour vous aider à disposer ses éléments.
Vous devrez aussi décider de « pan-poter » la batterie en adoptant soit la perspective du public, soit celle du batteur. Dans le premier cas, le charley est à droite, dans le second il est à gauche. Selon moi, tant que la répartition spatiale des éléments de la batterie entre eux est cohérente, la perspective d’écoute du kit ne joue qu’un rôle mineur.
C’est à vous
Utilisez ces recommandations comme point de départ puis affinez l’agencement des éléments dans l’espace jusqu’à ce que l’ensemble soit clair et équilibré. Vérifiez régulièrement votre travail au casque pour apprécier encore plus distinctement la position spatiale des éléments du mix.